dimanche 20 mars 2022

Histoire — 21 mars 1921 instauration de la Nouvelle politique économique

12 mars 1921, alors que la Russie meurt de faim et que les révoltent grondent, Lénine rompt avec le communisme de guerre et cède un peu de liberté aux paysans, aux commerçants et aux entrepreneurs en lançant sa « Nouvelle Politique Économique ». Explications.

Situation en 1921

À la fin de la guerre civile, les bolcheviks contrôlaient les villes russes, mais 80 % de la population russe étaient des paysans. Bien que presque tous les combats aient eu lieu en dehors des zones urbaines, la population urbaine avait considérablement diminué. La guerre avait perturbé les transports (en particulier les chemins de fer) et les services publics de base. Les maladies infectieuses prospèrent, en particulier le typhus. Les expéditions de nourriture et de carburant par chemin de fer et par les voies navigables avaient considérablement diminué. 

Les habitants de la ville ont d'abord connu une pénurie de mazout, puis de charbon, jusqu'à ce qu'ils aient recours au bois. La population des villes du Nord (en dehors des capitales) avaient diminué en moyenne de 24 % par rapport à 1917. Les villes du nord recevaient moins de nourriture que les villes du sud agricole. Petrograd a perdu à elle seule 850 000 personnes, soit la moitié du déclin de la population urbaine pendant la guerre civile. La faim et les mauvaises conditions ont chassé les habitants des villes. 

Les travailleurs ont migré vers le sud pour se rapprocher des paysans et de leurs surplus alimentaires. Les habitants qui s'étaient établis récemment dans les villes sont repartis à la campagne où ils avaient encore de la famille. Les travailleurs urbains formaient le noyau du soutien bolchevique, de sorte que l'exode posait un sérieux problème. La production en usine a été fortement ralentie ou arrêtée. Les usines manquaient de 30 000 ouvriers en 1919. Pour survivre, les citadins vendaient des objets de valeur personnels, fabriquaient des objets artisanaux à vendre ou à troquer et cultivaient des potagers. La pénurie aiguë de nourriture les a poussés à obtenir 50 à 60% de la nourriture au marché noir. Le manque de liquidités a poussé au troc, système largement inefficace. La sécheresse et le gel ont conduit à la famine russe de 1921, au cours de laquelle des millions de personnes sont mortes de faim, en particulier dans la région de la Volga, et le soutien urbain au parti bolchevique s'est érodé.  Les ouvriers ont organisé des manifestations contre la politique de rationnement du Parti bolchevique qui attribuait les rations en priorité à l'Armée rouge, aux membres du Parti et aux étudiants. La rébellion des soldats et des marins de Cronstadt éclate en mars 1921, alimentée par l'anarchisme et le populisme. En 1921, Lénine a remplacé la politique de réquisition alimentaire par une taxe, marquant l'inauguration de la nouvelle politique économique. 

La nouvelle politique économique

La NEP restaura une certaine propriété privée dans certains domaines de l’économie, surtout l’agriculture. Elle remplaça la politique du « communisme de guerre ». En 1921, les niveaux économiques étaient inférieurs aux niveaux d’avant la Première Guerre mondiale. La production de cuivre par exemple, le secteur le plus touché, était à 1,7 % de son niveau d’avant-guerre. Les industries nationalisées reçurent plus d’autonomie. Un système de marché fut introduit dans l’agriculture.

Pour expliquer la NEP, Lénine se réfère au fait que la Russie était encore une nation essentiellement agraire, avec une population urbaine très réduite et une base industrielle faible. Elle ne satisfaisait donc pas les critères économiques nécessaires pour le socialisme. Lénine justifia ultérieurement l’introduction de la NEP en déclarant que les piliers de l’industrie, c’est-à-dire les grandes usines productrices de charbon, fer, électricité, etc., seraient encore sous contrôle de l’État. La NEP amoindrit les restrictions commerciales et tenta de rétablir des alliances avec les pays étrangers.

Les paysans furent autorisés à louer de la force de travail.

Bilan de la NEP

La production agricole augmenta fortement. Au lieu de la réquisition des surplus agricoles sans compensation par le gouvernement, les fermiers pouvaient désormais vendre leurs excédents, et donc être incités à produire plus de grains. Cette incitation couplée avec la fin des domaines semi-féodaux permit à la production agricole d’atteindre les niveaux d’avant la Révolution et de les dépasser. Alors que le secteur agricole devenait de plus en plus dépendant des petites fermes familiales, les industries lourdes, les banques et les institutions financières restaient détenues et gérées par l’État.

Cependant, comme le gouvernement soviétique ne mena pas une politique d’industrialisation à la même vitesse que le développement de la partie libéralisée de l'économie, cela créa un déséquilibre dans l’économie où le secteur agricole croissait beaucoup plus vite que l’industrie lourde.


Trafic d'enfants au cœur de l'Europe en Ukraine


Moldavie — 88 % des réfugiés ukrainiens choisissent le russe comme langue d'enseignement, 6 % l'ukrainien

Sur 631 demandes déposées par des réfugiés ukrainiens pour une éducation temporaire, 37 enfants ont choisi d’étudier en moldave, 40 en l’ukrainien et 554 parents ont décidé que leurs enfants devraient étudier dans les écoles russes. La langue russe a été interdite dans les écoles ukrainiennes au-delà du primaire depuis 2020. Plus de détails ci-dessous.

La Moldavie continue de fournir assistance à ses voisins — le pays accepte activement les réfugiés. Cette aide comprend l’éducation des enfants.

Le ministère de l’Éducation de la Moldavie a publié des données à ce sujet. On apprend ainsi que seuls 6 % des réfugiés ukrainiens ont choisi un enseignement en ukrainien pour leurs enfants alors que 88 % choisissent le russe.

Les enfants peuvent fréquenter les écoles à la fois comme élèves et comme auditeurs. En outre, les enfants auront accès aux activités parascolaires, à l’assistance psychologique et aux activités informelles des centres de jeunesse, a expliqué le ministre de l’Éducation et des Sciences, Anatolie Topala.

Actuellement, il y a 75 demandes d’inscription dans les établissements préscolaires et 631 demandes d’enseignement temporaire, dont :

  • 307 candidatures pour les 4 premières années ;
  • 302 demandes pour 5e à 9e années ;
  • 22 candidatures pour les 10e à 12e années.

Quant à la langue d’enseignement, 37 enfants ont choisi la langue officielle, 40 l’ukrainien et 554 — le russe. 


Étant donné la situation géographique de la Moldavie, on peut supposer que la majorité des réfugiés ukrainiens qui s’y trouvent sont originaires du Sud de l’Ukraine et donc majoritairement russophones. Une fois, hors d’Ukraine et libres de choisir la langue d’enseignement, ils optent donc pour le russe.

Selon les données officielles, il y a 102 836 personnes de nationalité ukrainienne sur le territoire de la Moldavie, dont 48 405 sont des enfants.

Politique d’ukrainisation forcée

L’ukrainien a été institué comme principale langue d’enseignement dans toutes les écoles ukrainiennes financées par l’État dans une loi rentrée en vigueur en 2020. Cette réforme devrait être achevée d’ici septembre 2023 pour les écoles dispensant un enseignement dans les langues minoritaires qui sont les langues officielles de l’Union européenne (comprendre principalement les minorités hongroises et moldaves/roumaines d’Ukraine). Et dans les écoles enseignant en russe, le changement eut lieu dès la rentrée 2020.

La mesure, annoncée en octobre 2019 par la ministre ukrainienne de l’Éducation et des sciences de l’époque, Hanna Novosad, Elle s’appuie sur une législation sur l’éducation et la langue qui a été promulguée par le parlement ukrainien au cours des quatre années précédentes. Cette loi ukrainienne « sur l’éducation » a été la première à déclarer l’ukrainien comme le seul moyen d’instruction dans les écoles après le cycle primaire (qui comprend 4 années). Adoptée en 2017 et fortement contestée en raison de son article 7, « La langue de l’éducation », la loi a été reconnue par la Cour constitutionnelle d’Ukraine le 16 juillet 2019. Le même jour, la loi ukrainienne « Sur la garantie du fonctionnement de l’ukrainien comme langue d’État » est entrée en vigueur et a réaffirmé la primauté de la langue ukrainienne dans l’éducation, elle ne garantit aux minorités un enseignement dans leur langue maternelle que dans les seules écoles maternelles et primaires. Les dispositions respectives de la loi de 2017 sont également précisées à l’article 5 de la loi ukrainienne récemment adoptée « sur l’enseignement secondaire général complet », qui est entrée en vigueur en mars 2020.

La loi détermine trois modèles d’enseignement de la langue ukrainienne dans les écoles secondaires d’Ukraine. 

Le premier concerne les peuples autochtones tels que les Tatars de Crimée, qui ont le droit d’être éduqués dans leur propre langue, l’ukrainien étant enseigné comme matière distincte, à n’importe quel niveau scolaire.  Notons que cette décision n'est généreuse qu'en apparence puisqu'elle s'applique à une région administrée par la Russie et que la Russie l'applique déjà. Enfin, les Tatars sont des conquérants turcs qui se sont installés au XIIIe siècle en Crimée. Avant eux la Crimée était peuplée par des Sarmates, des Grecs, des Goths, des Alains, des Khazars et des Slaves.

Le deuxième modèle concerne les minorités nationales d’Ukraine dont les langues sont des langues officielles de l’UE (principalement le hongrois et le roumain). Le cycle primaire est disponible pour eux dans leur langue minoritaire (avec l’ukrainien comme matière distincte), tandis que les cycles supérieurs voient une expansion progressive de l’enseignement de la langue ukrainienne — de vingt pour cent en cinquième année à quarante pour cent en neuvième année (collège) et à soixante pour cent de toutes les matières pendant les trois années de la fin du secondaire (lycée). 

La troisième classe s’applique aux « autres minorités », c’est-à-dire aux Russes et aux Ukrainiens russophones qui fréquentent des écoles secondaires de langue russe. Pour eux, l’enseignement de la langue ukrainienne devrait être d’au moins 80 % dans les collèges et les lycées, avec la possibilité d’avoir le russe enseigné comme matière en option. La loi stipule également clairement que ces dispositions ne s’appliquent qu’aux écoles financées par l’État et autorisent toutes les écoles privées à choisir librement leur langue d’enseignement ; néanmoins, les écoles privées doivent enseigner la langue ukrainienne et veiller à ce que leurs élèves acquièrent le niveau de maîtrise défini par l’État.

Élèves dans les écoles pendant l’année scolaire 2019/20

Au cours de l’année scolaire 2019/20, 4 072 704 élèves étaient inscrits à temps plein dans des écoles secondaires dans toute l’Ukraine, dont 4 032 366 fréquentaient des écoles financées par l’État et 40 338, soit 1 %, fréquentaient des écoles financées par le privé. Sur le nombre total de 4 032 366 élèves fréquentant des écoles financées par l’État, 92,4 % recevaient un enseignement en ukrainien, 6,7 % recevaient un enseignement en russe et 0,9 % recevaient un enseignement dans d’autres langues minoritaires, dont le hongrois (16 583 élèves), le roumain (16 109), moldave (2 498), polonais (1 697), slovaque (147), bulgare (58) et tatar de Crimée (53).

En tant que langue minoritaire, en 2019/2020, le russe était la langue d’enseignement de 269 956 élèves dans les écoles financées par l’État et de 11 301 élèves dans les écoles privées en Ukraine.

En 2019/20, il y avait encore 125 écoles secondaires de langue russe en Ukraine.

Attitudes linguistiques et opinions sur les langues dans l’enseignement

Traditionnellement, le sud-est de l’Ukraine est plus russophone que les autres régions du pays. Une enquête menée en mars 2019 par l’Institut international de sociologie de Kiev (KIIS) a montré que 47,9 % des personnes interrogées ne parlent que le russe ou principalement le russe dans le sud de l’Ukraine, un peu plus (49,5 %) le font à l’est, et bien plus encore (82,6 %) dans le Donbass. Plus de la moitié des répondants de ces régions souhaitaient avoir le même temps alloué pour apprendre le russe que pour l’ukrainien dans les écoles secondaires (57,1 % dans le sud, 52,9 % dans l’est et 73,5 % dans le Donbass, contre 15,8 % au centre et 7,6 % à l’ouest, le cœur du nationalisme ukrainien russophobe). Il faut cependant noter que ces enquêtes sont sujettes à caution étant donné le climat malsain entretenu par le gouvernement de Kiev dans l’Ukraine post-Maïdan à l’égard du russe. 

 

Sources : Tsargrad, Interfax, Ministère ukrainien de l’Éducation