Nous reproduisons ci-dessous une lettre ouverte envoyée à la Voix de l'Est par Patrick Andries (elle est aussi ici pendant quelques jours) :
« La Voix de l'Est nous apprenait récemment qu'aucun élève n'échapperait désormais au cours d'éthique et culture religieuse à Granby alors que certaines écoles conciliantes avaient permis jusque là aux enfants de parents objecteurs de ne pas assister à ce cours. C'était inacceptable pour la commission scolaire et le Ministère.
Selon le ministère de l'Éducation, ce nouveau programme fait la promotion du dialogue, de la tolérance et d'un nouveau « vivre ensemble » ouvert sur la diversité. Il est frappant de constater la cruelle contradiction entre ce prétendu contenu et les actions de ce même Ministère qui parle de sanctions contre les enfants (échec possible, signalement potentiel à la DPJ), ne dialogue pas, refuse toute conciliation et diversité d'opinions dans ce dossier. Prêcher par l'exemple, disait-on dans un vivre ensemble précédent...
Je ne suis pas un de ces parents touchés par les décisions crispées du Ministère. Cependant, je ne puis qu'avouer mon admiration pour ces parents courageux qui sont prêts à braver une machine administrative qui brandit si facilement la menace. Il suffit de penser aux sacrifices importants que sont prêts à s'imposer ces parents alors qu'à notre époque, où de plus en plus les deux parents travaillent, il est si difficile de retirer ses enfants de l'école en pleine journée. Il n'est pas douteux que ces difficultés logistiques et les menaces du Ministère découragent nombre de parents.
Éric Choinière affirmait que « le comité de révision est d'avis que ce cours n'est pas susceptible de causer préjudice à l'élève ».
Les séances devant ce comité de révision se seraient déroulées dans une absence glaciale de dialogue et les motifs de l'avis négatif que j'ai pu lire ne sont guère plus élaborés que ceux de M. Choinière, alors qu'on avait pourtant soumis au comité un argumentaire de plus de 70 pages rédigées par un avocat prônant l'exemption.
Rappelons aussi la différence de traitement entre ces parents et ceux qui s'opposaient au cours de religion pour leurs enfants. Ceux-là furent exemptés sans difficulté. On comprend le raisonnement du ministère de l'Éducation : la religion peut causer des préjudices à des enfants alors que le cours relativiste ou pluraliste préparé par le Ministère ne saurait le faire.
Or, cela n'est en rien évident. Notons d'abord que le gouvernement n'a avancé aucune étude pour démontrer que son cours améliorait vraiment le vivre ensemble ou que ce cours ne pourrait en aucun cas influer sur le cheminement de foi des enfants, un sujet d'inquiétude des parents de Granby. Ceci alors que des témoignages d'anciens élèves d'ÉCR dans les écoles-pilotes indiquent que ce cours a bien agi sur leur foi, parfois en la raffermissant (voir Le Nouvelliste de jeudi dernier).
Le Ministère a également oublié qu'encore récemment le cardinal Ratzinger, dans son document Dominus Jesus, condamnait le pluralisme et le relativisme; perspective adoptée par le cours d'ÉCR.
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle l'école secondaire privée catholique Loyola s'oppose à l'imposition du cours d'ÉCR alors qu'elle enseigne déjà la morale et un cours de culture religieuse. Pourquoi est-il si difficile de comprendre que des écoles privées catholiques (juives, protestantes...), ou ici des parents de ces confessions, veuillent enseigner l'éthique et les religions du monde à partir d'une perspective conforme à leur foi ? Est-ce que le ministère de l'Éducation est en train de dire que sur ces sujets délicats, il détient la vérité révélée et que seule sa manière d'enseigner ces sujets est la bonne ?
La véritable tolérance et le pluralisme de fait ne sont décidément pas du côté du Ministère. »