samedi 17 janvier 2009

Nier un fait essentiel serait une marque de respect ?

Lettre intéressante parue dans la Voix de l'Est de ce samedi.

Patrice Perreault a écrit une lettre intéressante, publiée mardi, sur le dialogue et le cours d'éthique et culture religieuse (ÉCR). Sa lettre faisait suite à ces questions que je suppose un peu ironiques de la part de M. Andries : « M. Perreault, dans sa réponse, affirme que la crucifixion est un fait historique. Ne manque-t-il pas ainsi de respect envers l'Islam qui affirme en parlant de Jésus : « Mais ils ne l'ont pas tué; ils ne l'ont pas crucifié, cela leur est seulement apparu ainsi » (Coran 4:157)? Remettre en doute cet aspect central du Coran, n'est-ce pas ériger un obstacle au dialogue respectueux ? »

Il s'agissait donc de savoir si, en prétendant que la crucifixion est un fait historique, on n'érigeait pas un obstacle au dialogue respectueux, véritable clé de voûte du cours d'éthique et de culture religieuse. Imaginons le débat en classe ÉCR sur le sujet entre musulmans et chrétiens convaincus !

M. Perreault répond : « En émettant une hypothèse, est-il possible de considérer, compte tenu de la culture du Proche-Orient ancien, qu'un envoyé de Dieu ait connu une mort aussi ignominieuse puisque la crucifixion manifestait, dans la compréhension de l'époque, un rejet divin ? Par le regard musulman sur cet événement, je vois plutôt une marque de grand respect à l'endroit du christianisme, un respect propre à susciter le dialogue. »

Il semble qu'il y ait confusion ici : M. Perreault dit que les musulmans en niant la crucifixion marquent un grand respect, propre au dialogue alors que la question était, si je comprends bien, l'inverse : ne manque-t-on pas de respect envers l'Islam en affirmant la crucifixion.

Quoi qu'il en soit, M. Perreault veut tellement défendre le cours ÉCR et son miraculeux « dialogue » qu'il en vient à affirmer que nier l'acte fondateur d'une religion - la crucifixion de Jésus et donc sa résurrection - est une marque de respect envers cette religion et que cette négation fondamentale est propre à susciter le dialogue! On voit bien à quelles extrémités la vénération du dialogue peut mener : nier l'essence d'une foi serait un respect fondamental envers celle-ci !

M. Perreault en vient même à décrire Jésus comme un envoyé de Dieu — son titre dans le Coran, rassoûl en arabe — et non le Fils de Dieu. Ce qui est pour le moins étrange pour un agent de pastorale catholique!

Pour ce qui est de la compréhension de l'époque d'un être divin qui ne pourrait mourir crucifié au Proche-Orient, M. Perreault semble confondre la nouveauté de ce concept à la mort de Jésus-Christ et le sentiment au Proche-Orient devenu massivement chrétien six siècles plus tard.

On observe là le résultat de cette volonté de « dialogue » et d'ouverture comme nouvelles vertus cardinales: l'affadissement de ses croyances, le reniement, le relativisme et le subjectivisme. Aucune de ces choses ne me semble favorable à un meilleur vivre-ensemble, à un pluralisme réel, car on semble surtout vouloir que tous deviennent fades et indécis.

Marie-France Tremblay

Mme Courchesne croit et est pour le libre choix

Entretien dans le Journal de Montréal avec Mme Courchesne. On y apprend que celle-ci « croit » dans le nouveau cours d'éthique et de culture religieuse (ah ! si c'est une question de foi, c'est différent, ça se respecte...) et qu'elle est pour le libre choix mais dans le domaine de l'enseignement dit privé.

Extraits :
COURS D'ÉTHIQUE ET CULTURE

Situation : Le nouveau cours d'éthique et de culture religieuse fait des remous. Des parents opposés au nouveau cours sont descendus bruyamment dans les rues de Montréal pour réclamer la liberté de choix. Une action en justice a aussi été entreprise.

Réponse « Le cours est là, il est obligatoire et il est là pour rester. Je crois beaucoup en ce cours-là. C'est un beau cours et un bon cours. Les parents qui contestent veulent un cours de religion, mais nos écoles sont laïques et il [n'] (sic) y en a plus de cours de religion. »
On notera :
  1. Que la ministre « justifie » le cours par un jugement esthétique ;
  2. qu'elle ne justifie en rien le caractère obligatoire de ce cours plutôt que son caractère facultatif ;
  3. que de nombreux parents ne veulent pas de ce cours parce qu'il contient trop de « culture religieuse », pendant trop d'années et dès six ans (voir le Mouvement laïque québécois)
  4. que le fait que les écoles publiques soient laïques n'implique pas l'absence de cours de religion (voir la Belgique, l'Allemagne, l'Alsace, etc.)
  5. que le fait que les écoles publiques soient laïques n'explique en rien pourquoi ce cours est obligatoire dans les écoles privées confessionnelles.
Enfin, il n'y a pas une action en justice, mais deux pour l'instant. Une à Drummondville (écoles publiques) et l'autre à Montréal (collège privé Loyola). Les journalistes devraient faire leur travail...

LIBRE CHOIX DU RÉSEAU (PRIVÉ OU PUBLIC)

Situation : Pour une onzième rentrée scolaire consécutive, les écoles publiques du Québec se vident à un rythme effréné, alors que la popularité des établissements privés ne se dément pas. En l'espace de cinq ans, le réseau public a perdu près de 75 000 jeunes. Certains intervenants jugent que le gouvernement devrait cesser de financer à 60 % ces établissements.

Réponse « Sur 9 milliards, c'est 400 M$ qu'on donne au privé. Sincèrement, je ne pense pas que ça ferait une grande différence de le redonner au public. Mais ça pourrait réduire le libre choix. Je pense qu'on doit recréer des milieux de vie dans les écoles publiques où les parents vont avoir confiance que leurs enfants sont encadrés. »


Ici le libre choix est subitement valable, mais pas pour le cours d'éthique et de culture religieuse, même pas dans le privé !