Jeudi, 8 heures du matin. Les Wunderlich, Dirk et Petra et leurs quatre enfants, entament leur journée d’école à domicile. Tout semble calme autour de leur maison dans les environs de Darmstadt. Quand, soudain, la sonnette retentit. À travers la fenêtre, le père de famille voit une véritable armée investir la paisible demeure. Une vingtaine de personnes : travailleurs sociaux, officiers de police et même des agents spéciaux armés. À travers la porte, on lui signifie qu’on veut lui parler. Dirk essaie de poser une question, mais en quelques secondes trois policiers s’approchent avec un bélier pour défoncer la porte. Il obtempère.
Brusquement, les policiers poussent Dirk Wunderlich dans un fauteuil et l’immobilisent. Les forces de l’ordre sont là pour embarquer les enfants. Elles empêchent les parents de passer tout appel téléphonique.
Selon le témoignage de M. Wunderlich, « C’était chaotique, car ils m’ont dit qu’ils avaient l’ordre d’emmener les enfants. Dès que je bougeais, les policiers me saisissaient, comme si j’étais un terroriste. On ne peut pas imaginer qu’une telle chose se produise dans notre calme et paisible village. On aurait dit une scène d’un film de science-fiction. Nos voisins et les enfants ont été traumatisés par cette invasion. »
Le tort, le seul tort des Wunderlich ? Celui de vouloir instruire leurs enfants à la maison : c’est interdit en Allemagne et même la Cour européenne des droits de l’homme – surtout elle – reconnaît le droit des États signataires de la Convention d’organiser comme ils l’entendent l’obligation d’instruction, pour assurer l’intégration au sein de la communauté et la mixité sociale de tous les enfants. Ces mêmes objectifs furent utilisés sous le régime nazi qui, lui aussi, interdisait l’instruction à domicile.
À cette aune les Wunderlich sont de dangereux malfaiteurs et ils ont été traités comme tels. Dirk montre-t-il le moindre signe de vouloir bouger ? Les agents spéciaux sont là pour le saisir de force.
Les quatre enfants, âgés de 7 à 14 ans, ont donc été emmenés sans ménagements, sans même que leur mère ne puisse les embrasser : « C’est trop tard maintenant », lui lance un agent spécial en l’écartant violemment. L’aînée, Machsejah, est embarquée, flanquée de deux volumineux policiers.
Les voisins, témoins de la scène, pleurent.
Aussitôt les enfants emmenés – ravis – par les agents de l’État, les parents Wunderlich ont été convoqués par la direction des services sociaux. Ils s’y sont rendus, accompagnés de leur avocat Andreas Vogt qui a sauté dans le premier train pour pouvoir venir les conseiller. Ils ont évidemment contesté l’opération de force par laquelle leurs enfants leur ont été enlevés. Réponse : il va falloir attendre que le juge rentre de ses vacances. Comme on pouvait s’y attendre, et comme l’a précisé Me Vogt à la Home School Legal Defense Association (HSLDA), les autorités n’ont fait preuve d’aucune empathie envers les Wunderlich.
La HSDLA a eu accès à l’ordonnance judiciaire du 28 août, signée par le juge Koenig de Darmstadt, qui a autorisé l’emploi de la force pour « saisir » les enfants : il n’y est question que du fait que les Wunderlich continuent de les scolariser à la maison, aucune allégation de mauvais traitements ou d’autres manquements n’y figure. Pas même une accusation d’instruction insuffisante.
Pire, l’ordonnance précisait que l’utilisation de la force à l’encontre des enfants, si nécessaire, était autorisée, au motif que les enfants avaient « adopté l’opinion de leurs parents » quant à l’instruction à domicile et qu’il fallait s’attendre à ce qu’il n’y ait « aucune coopération » de la part des parents comme des enfants.
Michael Farris, président de HSLDA, a dénoncé l’opération en affirmant que « l’Allemagne a brutalement violé les droits de cette famille ». « Ce dernier épisode, le rapt de quatre beaux enfants innocents, est un acte abominable de la part d’un État voyou. » Et de souligner qu’une telle opération contrevient directement aux droits fondamentaux de l’homme : « L’Allemagne a ratifié de nombreux traités de sauvegarde des droits de l’homme qui reconnaissent le droit des parents de donner une éducation conforme à leurs convictions religieuses. L’Allemagne n’a tout simplement pas respecté ses obligations en vertu de ces traités ou comme démocratie libérale. »
Ces appels à la décence et au respect de traités garantissant les droits des parents a quelque chose de touchant et de naïf : la liberté scolaire et religieuse au Canada et au Québec, notamment, n’a jamais été aussi empiétée par l’État que depuis l’adoption de chartes qui prétendent solennellement les défendre. (cf. affaires Lavallée et Whatcott). Mais, il semble bien que les parents aient bien peu d’autres recours (si l’on exclut l’exil) que de s’appuyer sur le droit, d’autant plus celui-ci donne plutôt raison aux familles qui choisissent la scolarisation à domicile.
Petra, son épouse, s’est dite « atterrée » par la descente des forces de l’ordre et la saisie de ses enfants : « Nous sommes vidés. Nous avons besoin d’aide. Nous nous battons, mais nous avons besoin d’aide. »
Les Wunderlich ont derrière eux un parcours semé d’embûches. Pour fuir l’interdiction de l’école à la maison dans leur pays, ils ont tenté de s’établir dans d’autres pays de l’Union européenne, mais les difficultés matérielles – Dirk Wunderlich n’ayant pas réussi à trouver du travail notamment à cause de la langue – les a contraints à retourner en Allemagne. Dès leur arrivée l’an dernier, les passeports des enfants furent saisis pour empêcher toute nouvelle tentative de « fuite ». À l'automne 2012, Dirk et Petra Wunderlich ont perdu la garde légale de leurs enfants parce qu’ils les éduquaient à la maison. Le 22 novembre 2012, la famille Wunderlich avait reçu la visite de deux travailleuses sociales qui avaient prévu d’emmener les enfants de la famille à l'école pour les évaluer afin de les placer dans une classe correspondant à leur niveau. Lorsque les travailleuses sociales ont demandé aux enfants de les « suivre », les enfants ont refusé. C'est à cette occasion que les travailleuses sociales avaient déclaré « Accompagnez-nous maintenant de gré ou plus tard de force ». Ces menaces ne sont pas restées vaines.
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Selon le témoignage de M. Wunderlich, « C’était chaotique, car ils m’ont dit qu’ils avaient l’ordre d’emmener les enfants. Dès que je bougeais, les policiers me saisissaient, comme si j’étais un terroriste. On ne peut pas imaginer qu’une telle chose se produise dans notre calme et paisible village. On aurait dit une scène d’un film de science-fiction. Nos voisins et les enfants ont été traumatisés par cette invasion. »
Le tort, le seul tort des Wunderlich ? Celui de vouloir instruire leurs enfants à la maison : c’est interdit en Allemagne et même la Cour européenne des droits de l’homme – surtout elle – reconnaît le droit des États signataires de la Convention d’organiser comme ils l’entendent l’obligation d’instruction, pour assurer l’intégration au sein de la communauté et la mixité sociale de tous les enfants. Ces mêmes objectifs furent utilisés sous le régime nazi qui, lui aussi, interdisait l’instruction à domicile.
À cette aune les Wunderlich sont de dangereux malfaiteurs et ils ont été traités comme tels. Dirk montre-t-il le moindre signe de vouloir bouger ? Les agents spéciaux sont là pour le saisir de force.
Les quatre enfants, âgés de 7 à 14 ans, ont donc été emmenés sans ménagements, sans même que leur mère ne puisse les embrasser : « C’est trop tard maintenant », lui lance un agent spécial en l’écartant violemment. L’aînée, Machsejah, est embarquée, flanquée de deux volumineux policiers.
Les voisins, témoins de la scène, pleurent.
La famille Wunderlich en 2012 avec au centre Mike Farris, président et fondateur de la HSLDA |
Aussitôt les enfants emmenés – ravis – par les agents de l’État, les parents Wunderlich ont été convoqués par la direction des services sociaux. Ils s’y sont rendus, accompagnés de leur avocat Andreas Vogt qui a sauté dans le premier train pour pouvoir venir les conseiller. Ils ont évidemment contesté l’opération de force par laquelle leurs enfants leur ont été enlevés. Réponse : il va falloir attendre que le juge rentre de ses vacances. Comme on pouvait s’y attendre, et comme l’a précisé Me Vogt à la Home School Legal Defense Association (HSLDA), les autorités n’ont fait preuve d’aucune empathie envers les Wunderlich.
La HSDLA a eu accès à l’ordonnance judiciaire du 28 août, signée par le juge Koenig de Darmstadt, qui a autorisé l’emploi de la force pour « saisir » les enfants : il n’y est question que du fait que les Wunderlich continuent de les scolariser à la maison, aucune allégation de mauvais traitements ou d’autres manquements n’y figure. Pas même une accusation d’instruction insuffisante.
Pire, l’ordonnance précisait que l’utilisation de la force à l’encontre des enfants, si nécessaire, était autorisée, au motif que les enfants avaient « adopté l’opinion de leurs parents » quant à l’instruction à domicile et qu’il fallait s’attendre à ce qu’il n’y ait « aucune coopération » de la part des parents comme des enfants.
Michael Farris, président de HSLDA, a dénoncé l’opération en affirmant que « l’Allemagne a brutalement violé les droits de cette famille ». « Ce dernier épisode, le rapt de quatre beaux enfants innocents, est un acte abominable de la part d’un État voyou. » Et de souligner qu’une telle opération contrevient directement aux droits fondamentaux de l’homme : « L’Allemagne a ratifié de nombreux traités de sauvegarde des droits de l’homme qui reconnaissent le droit des parents de donner une éducation conforme à leurs convictions religieuses. L’Allemagne n’a tout simplement pas respecté ses obligations en vertu de ces traités ou comme démocratie libérale. »
Ces appels à la décence et au respect de traités garantissant les droits des parents a quelque chose de touchant et de naïf : la liberté scolaire et religieuse au Canada et au Québec, notamment, n’a jamais été aussi empiétée par l’État que depuis l’adoption de chartes qui prétendent solennellement les défendre. (cf. affaires Lavallée et Whatcott). Mais, il semble bien que les parents aient bien peu d’autres recours (si l’on exclut l’exil) que de s’appuyer sur le droit, d’autant plus celui-ci donne plutôt raison aux familles qui choisissent la scolarisation à domicile.
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L'Ambassade de la République fédérale d'Allemagne
C.P. 379,
SUCC. A
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K1N 8V4
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13-15, avenue Franklin D. Roosevelt,
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Rue J. de Lalaing, 8 - 14
1040 Bruxelles
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