vendredi 12 septembre 2008

« Tolérance et diversité dans une société pluraliste » à l'œuvre : rappel à l'ordre des directeurs, tous les élèves soumis à l'ECR

Prêcher par l'exemple qu'on dit !

Le Monopole de l'Éducation a de nouveau montré sa crispation, son manque de souplesse et son intolérance envers les parents qui refusent que leurs enfants assistent au cours d'éthique et de culture religieuse imposé à la population québécoise à coup de slogans culpabilisants sur l'apprentissage du dialogue (sic!), de la diversité croissante et de la tolérance. Toute chose que le gouvernement n'applique évidemment pas quand il s'agit d'imposer sa philosophie du « vivre ensemble ». Rappelons que le gouvernement refuse à une école confessionnelle qu'elle enseigne plutôt l'éthique et les cultures religieuses d'un point de vue catholique, de manière conforme donc aux convictions religieuses des parents. Refus donc. Ça doit être cela la liberté, la tolérance et la diversité à l'œuvre.

Dernier exemple en date : le conseil des commissaires du Val-des-Cerfs de Granby qui refuse d'exempter 16 élèves du cours d'éthique et culture religieuse (ECR). Les parents sont en furie. Mais la commission scolaire a confirmé qu'elle s'entêterait ne fléchirait pas.

Plusieurs directions d'école avaient accordé le droit de retrait de leurs enfants, dans un esprit de conciliation, aux parents qui en avaient fait la demande. Mais des ordres leur sont parvenus d'en-haut. Qui a parlé d'autonomie des écoles encore ?

Les directions d'école ont été ramenées à l'ordre, mercredi après-midi, au cours d'une réunion à la commission scolaire. Certaines écoles permettaient aux parents de retirer leurs enfants du cours d'éthique et culture religieuse. Hors de question, maintient la commission scolaire. « Les directions ont reçu une directive claire », a répliqué Sandra Thibodeau à la Voix de l'Est. Mme Thibodeau est responsable de la « communication » auprès de la Commission scolaire du Val-des-Cerfs.

« Mme Courchesne est une émotive »

Quelques extraits révélateurs sur la personnalité de Mme Courchesne tirés d'un article de La Presse :
« La ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, est une émotive. J'ai passé une heure dans son bureau de Montréal, jeudi.

[...]

L'entrevue se déroulait calmement. Mme Courchesne causait réforme, compétences transversales, sondages, drogue, violence.

L'entrevue a dérapé lorsque la question des subventions à l'école privée est arrivée comme une bombe. « Il faut revaloriser l'école publique », a affirmé Mme Courchesne.

Des mots creux qui ne veulent rien dire. Valoriser, je veux bien, mais comment ? Combien de ministres ont « valorisé » l'école publique à coups de projets « tellement formidables » ? Résultat ? Nul. La saignée se poursuit. Les parents fuient l'école secondaire publique et refusent d'y envoyer leur ado.

Les chiffres sont renversants. Dans certaines régions du Québec, un élève sur trois fréquente une école secondaire privée. Un sur trois, c'est énorme.

[...]

— Avez-vous envoyé vos enfants à l'école publique ? ai-je demandé à la ministre.

— Non, a-t-elle répondu.

[...]

« Ils sont allés au privé parce qu'ils étaient pensionnaires et que j'étais sous-ministre. Je n'avais pas les moyens d'avoir une nounou qui coûtait une fortune, alors faites attention ! » a-t-elle lancé d'une voix aiguë.

[...]

La discussion s'est ensuite égarée sur le rôle des commissions scolaires dans la « valorisation » de l'école publique. La ministre s'est énervée et a monté le ton. Elle a de nouveau justifié le choix de l'école privée pour ses enfants. Lorsque le chapitre privé-public a été clos, elle avait les larmes aux yeux.

Émotive.

« J'suis pas fâchée, j'suis pas fâchée, a-t-elle protesté. Je parle avec fougue et passion. »

La ministre a la mèche courte. En août, elle a débarqué dans le bureau d'une journaliste à la tribune de La Presse, à Québec, pour l'engueuler sur le choix d'un mot dans un article. Elle la montrait du doigt et parlait fort. Du jamais vu.

Les journalistes de la tribune ont envoyé une lettre officielle au bureau du premier ministre Jean Charest pour se plaindre de Mme Courchesne. Intimidation, ont-ils dit. »

Séparer religion et éthique ?

Nous avons déjà abordé la question : il est faux de dire que les parents religieux seront contents du volet d'éthique du cours d'ECR alors que ce cours imposé par le Ministère de l'Éducation ne présente pas ce volet conformément à la morale de leur religion mais de façon « pluraliste » ou « relativiste ». Parfois cette présentation sera même tout simplement tendancieuse comme c'est le cas du dossier sur le clonage d'ERPI.

C'est avec intérêt que nous avons lu l'article Séparer éthique et religion dont nous reproduisons quelques extraits ci-dessous :
« [O]n ne peut pas tracer une frontière étanche entre éthique et religion.

[...]

[S]i l'éthique peut se passer de religion, celle-ci, par contre, ne peut pas se développer sans dimension morale. Le but fondamental de toute religion, c'est de proposer à l'humain une conception globale, holiste, de la vie en ce monde, ce qui comporte une cosmologie, une anthropologie, une sociologie et une éthique, au sens d'une façon d'envisager les rapports aux autres et au monde sur la base de cette conception de la vie. Au risque de me répéter, s'il est possible de parler d'éthique sans référence à Dieu, il est impossible de parler de Dieu sans en inférer des conséquences sur notre « vivre ensemble ».

[...]

[Selon certains] développons un discours éthique indépendant de toute référence religieuse, afin d'arriver à nous côtoyer sereinement par-delà les différences qu'engendrent nos appartenances de foi. Mais une fois qu'on a dit cela, quels pourront être les repères pour construire ce discours éthique commun, rassembleur ?

Jacques Beauchemin a bien montré, dans La société des identités, que c'est un pari extrêmement difficile à tenir. Pourquoi ? Parce que l'éthique part toujours d'une conception de l'humain, et que cette conception de l'humain n'existe pas, pour un individu X, indépendamment de sa propre conception générale de la vie, qui est la plupart du temps influencée par 1000 facteurs, dont le religieux n'est pas le moindre.

Besoin d'un exemple ? On a parfois la prétention de dire que la Charte universelle des droits de l'Homme est, justement, universelle, et qu'elle devrait pouvoir s'imposer partout, en surplomb, en quelque sorte, de toute religion et de toute culture. Mais il y a des coins du globe où elle est impossible à mettre en œuvre, car l'anthropologie locale y résiste radicalement. Pensons à l'Inde « profonde », si imprégnée de la mentalité des castes : souvent, même l'individu qui pourrait bénéficier de ces droits n'en envisage même pas l'existence, tant il est imprégné d'une conception de la vie où l'égalité fondamentale des individus est absente. Je ne veux pas partir ici un débat sur les Droits de l'Homme en Chine, mais est-ce si sûr que le bafouement de ces droits est essentiellement une question liée à un état de dictature qui cherche à se maintenir ? Certes, il y a probablement de cela. Mais n'y a-t-il pas aussi, plus intrinsèquement, une mentalité commune où la dignité individuelle n'a pas le même écho qu'en Occident ? Tout cela pour dire que notre charte « universelle » a toutes les chances d'être très occidentale, toute imprégnée qu'elle est de l'humanisme grec, du droit romain et de l'anthropologie personnalisante judéo-chrétienne, le tout ayant été progressivement assumé par la société civile depuis les Lumières.

Attention : je ne prétends pas que l'Occident et le christianisme ont raison puisque les « Droits de l'Homme » y sont nés. Je pense personnellement que cette conception des droits devrait idéalement en venir à imprégner toute culture. Mais si je le pense, n'est-ce pas précisément parce que je suis moi-même un occidental ?

Ce que je prétends, donc, c'est à l'extrême difficulté d'une opération pour identifier les valeurs communes, une opération qui prétende pouvoir justifier rationnellement ce choix sur la base d'un humanisme universellement acceptable. Il restera toujours des gens pour dire : « moi, dans ma façon de voir la vie humaine, telle valeur n'est pas vraiment recevable ». Tout ce qu'on pourra leur dire, ce sera : « ici, c'est comme ça, si tu veux vivre en terre québécoise, tu devras t'y plier. » Mais on ne pourra pas lui PROUVER que ça doit être comme cela.

[...]

Ce cours [d'ECR] permet d'aborder 2 thèmes humains fondamentaux: l'éthique ET la question de la religion dans la vie humaine. Rien dans la description ne dit que le discours éthique doive être influencé par quelque posture religieuse que ce soit. Certes, avant il y avait « Enseignement moral et religieux catholique » (par exemple), où tout était marqué par la foi chrétienne. Comme c'est ce cours qui a été aboli et remplacé, le nouveau cours devait prendre acte du vide, de sorte que les 2 thèmes sont pris en compte, mais chacun pour ce qu'il est : parfois on parlera de questions éthiques, et parfois on parlera de questions religieuses.

Seulement, comme je l'ai montré, si on peut penser qu'il sera possible de parler d'éthique sans référence religieuse, on ne pourra cependant pas parler de religion sans parler d'éthique, sous l'angle de : « voici ce que pensent ces croyants de la vie, de l'homme, du monde, etc. et, en conséquence, voici leurs valeurs... ».