jeudi 30 mars 2017

Québec — La maternelle 4 ans n’a pas atteint ses objectifs, selon une étude

Voici une nouvelle qui ne surprendra pas les lecteurs de ce carnet au vu des études précédentes qui tendent à montrer que l’éducation formelle très précoce a — en général — peu d’effets à long terme. Les gains observés en maternelle s'atténuant au bout d'une année d'école. Voir Maternelle publique et gratuite : sans effet sur les résultats au primaire, « Le système de garderie universel en Suède forme des enfants moins instruits » et Les CPE ont échoué sur le plan pédagogique... comportemental et démographique. Ceci dit dans certains cas avec des enfants très défavorisés et des programmes de très bonnes qualités, on peut obtenir de bons résultats. Mais cela ne s’applique pas à un grand nombre d’enfants, il faut vraiment que les enfants viennent de milieux dysfonctionnels ou qui ne permettraient pas à l’enfant d’apprendre la langue d’enseignement avant qu’il ne rentre à l’école.

La réponse du milieu éducatif à cet échec était prévisible, pavlovienne : il faut plus de moyens, plus de subventions. Plus d’argent donc, mais au dépens de qui ? De quels autres enfants ?

Ceci dit nous ne sommes pas contre l’aide ponctuelle à des enfants très défavorisés, car ces enfants méritent d’être aidés. Mais, il faudrait aussi se demander qui sont ces enfants défavorisés ? Ceux de familles pauvres, de familles immigrées ne parlant pas le français, de familles monoparentales ? Et si l’on tentait également de réduire ce bassin de familles défavorisées ? En favorisant le développement économique, en limitant l’immigration de personnes ne parlant pas le français, en valorisant la stabilité des couples ?



Une première étude sur la qualité éducative de la maternelle quatre ans, depuis son déploiement en 2013, démontre qu’elle n’a pas atteint ses objectifs.

Ceci s’explique par un manque de qualité, selon la psychologue et professeure Christa Japel au Département d’éducation et formation spécialisées de l’UQAM, qui a piloté l’étude.

La conclusion de son étude est sans équivoque : l’initiative a raté sa cible, puisqu’elle ne réussit pas à favoriser la préparation à l’école des enfants issus de milieux défavorisés.

« On n’a pas alloué assez d’argent aux enseignants pour mettre en place un milieu qui est stimulant et accessible pour les enfants de quatre ans », explique Christa Japel, qui épingle au passage le manque de formation ciblée des enseignants.

La psychologue ne recommande pas pour autant l’abolition du service. Elle suggère plutôt au gouvernement de bonifier la qualité des services. « J’aimerais bien mettre en perspective le résultat parce que je veux bien qu’il serve à améliorer les maternelles, pas à les abolir, ce serait vraiment dommage », conclut-elle.

Le gouvernement a implanté la maternelle quatre ans en milieu défavorisé pour réduire l’écart entre les enfants de ce milieu et ceux qui sont plus nantis lorsqu’ils commencent leur scolarisation à cinq ans.

Dans leur méthodologie, la psychologue et son équipe ont choisi quelque 300 enfants dans 30 écoles différentes en milieu rural et urbain. L’année suivante, ces mêmes enfants ont été comparés avec un groupe témoin issus des mêmes écoles et des mêmes quartiers, qui n’avaient pas fréquenté la maternelle quatre ans. Les chercheurs n’ont observé aucune différence entre les deux groupes.

La psychologue salue l’énergie et les efforts du personnel de ces maternelles, mais constate que près d’un quart des enseignants n’a pas suivi de cours spécifiques en enseignement préscolaire. Elle note également le manque de personnel et de soutien matériel.

Le ministre de l’Éducation du Québec, Sébastien Proulx, appuie le programme. « Ce que j’entends c’est que c’est un bon programme et qu’il faut continuer, dit-il, mais s’intéresser à la qualité. C’est ce que je fais en service de garde, c’est ce que je fais à l’école, c’est ce que je vais faire en maternelle tant quatre ans que cinq ans dans notre système. »

Il promet même d’augmenter prochainement le nombre de classes pour les enfants de quatre ans.

Quant au chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, il estime que le gouvernement doit réinvestir dans le programme de maternelle quatre ans en milieu défavorisé.

Sources : Le Devoir et Radio Canada

Le programme Head Start aux États-Unis

Head Start est un programme du Département de la Santé, de l’Éducation et des Services sociaux des États-Unis qui fournit une éducation complète, des services d’implication parentale, de santé, de nutrition, aux enfants à faibles revenus et à leurs familles. Head Start a été créé en 1965 et fut modifié par le Head Start Act de 1981. Ce programme a été profondément refondu en décembre 2007. C’est aussi le programme ayant la plus grande longévité parmi ceux destinés à régler la pauvreté systémique aux États-Unis. De 1965 à 2005, plus de 22 millions d’enfants en âge préscolaire avaient participé au programme Head Start. Le budget de 6,8 milliards de dollars en 2005 a permis d’offrir ces services à plus de 905 000 enfants, 57 % d’entre eux avaient quatre ans ou plus, et 43 % en avaient trois ans ou moins.

Selon l’histoire administrative du Bureau des Opportunités économiques, les enfants qui terminent le programme Head Start et qui sont placés dans des écoles défavorisées ont de moins bons résultats que leurs homologues dès la deuxième année du primaire. Ce n’est qu’en isolant ces enfants, par exemple en les dispersant et en les envoyant dans des écoles plus performantes que les gains acquis en maternelle pourraient être maintenus par rapport à leurs homologues.

Dans un article publié par le New York Times en 2009 et intitulé « Head Start Falls Further Behind » (Head Start prend encore du retard), Besharov et Call discutent une évaluation de 1998 qui a conduit à une réévaluation nationale du programme. Les auteurs déclarent que la recherche concluait que le programme actuel avait peu d’impact significatif.

En 2011, le chroniqueur du magazine Time, Joe Klein, a appelé à l’élimination de Head Start, en citant un rapport interne selon lequel le programme est coûteux et a un impact négligeable sur le bien-être des enfants au fil du temps. Klein a écrit :
« Prenez environ un million d’enfants de 3 et 4 ans parmi les plus pauvres, mettez-leur le pied à l’étrier sur le plan de la socialisation et de l’instruction en leur fournissant gratuitement un enseignement préscolaire, si cela fonctionne, cela permet d’économiser de l’argent en produisant moins de criminels et moins de bénéficiaires de l’aide sociale... Voilà 45 ans que ce programme a été introduit. Nous consacrons plus de 7 milliards de dollars à Head Start auprès de 1 million d’enfants chaque année. Nous avons finalement des preuves indiscutables quant à l’efficacité du programme, preuves fournies par le ministère de la Santé et des Services sociaux : Head Start ne fonctionne tout simplement pas. »

Toutefois, pour W. Steven Barnett, directeur de l’Institut national pour la recherche de l’éducation de la petite enfance à l’Université Rutgers, « Si l’on considère toutes les preuves et pas seulement celles citées par des partisans d’un côté ou de l’autre, la conclusion la plus précise est que Head Start produit des bénéfices modestes, y compris quelques gains à long terme pour les enfants »

Enfin, les chercheurs Fryer et Levitt n’ont trouvé aucune preuve selon laquelle la participation à Head Start avait un effet durable sur les résultats scolaires pendant les premières années à l’école.


Harcèlement scolaire: le cauchemar des bons élèves

On parle souvent de harcèlement à l’école. Curieusement on ne dit rien du phénomène suivant qui est pourtant très bien documenté et inquiétant et dont les professeurs ont souvent fait état dans l’indifférence générale : dans beaucoup de collèges et de lycées, ce sont les bons élèves, les “intellos” qui font l’objet de harcèlement.


“Marion, 13 ans pour toujours” : un téléfilm choc sur le harcèlement scolaire en France Un film sur l'histoire vraie de Marion, une collégienne qui s'est suicidée à l'âge de 13 ans parce qu'elle ne supportait plus les agressions verbales et physiques de ses camarades.

Sur ce sujet, silence des défenseurs des droits des enfants et de ceux qui militent à juste titre contre les horribles discriminations. La discrimination dont font l’objet les bons élèves, ceux qui travaillent, écoutent le professeurs, la discrimination, parfois des élèves “intelligents” ou doués, la discrimination des élèves précoces, des élèves qui lisent : personne n’en parle, ou si peu !

La stigmatisation des “intellos”

Il est évoqué en long et en large le rejet de la différence physique, les facteurs ethniques, territoriaux, religieux, sociaux qui peuvent expliquer une forme de rejet ou d’intolérance et on ne parle guère de ce rejet, pourtant hautement inquiétant au sein d’une institution qui serait censée promouvoir les qualités intellectuelles : le rejet et la discrimination des élèves différents parce qu’ils aiment lire ou parce qu’ils veulent travailler, parfois parce qu’ils sont doués pour les études, bref parce qu’ils sont des “intellos”.

Ce terme est là, bel et bien pour stigmatiser, souvent violemment, une catégorie particulière et quand même très bien représentée, d’élèves pas tout à fait acquis à la violence (qui parfois prévaut dans les établissements scolaires) et mal intégrés au caïdat local que font régner une poignée de meneurs. Je pense notamment aux lycées professionnels où l’on a pu voir des élèves pétitionner pour… pouvoir simplement étudier dans le calme: leur seul tort est de vouloir travailler, d’avoir parfois la tête dans les nuages de la culture, de l’histoire, des mathématiques, d’être de doux rêveurs dans un monde de rapports de force et de compétences strictement utilitaires.

J’ajouterai que ces élèves, nombreux, viennent de tous les milieux sociaux. Tous ! Ils peuvent être fils de femme de ménage, enfants d’ouvriers immigrés, jeune fille musulmane souhaitant s’émanciper par le travail d’un milieu qui n’encourage guère les femmes à faire des études, fils d’instituteurs, de cadres : tout le monde peut faire l’objet de ce bannissement abject.

Discrimination passée sous silence, car peu exploitable politiquement ?

Mais curieusement ce “racisme” là ne trouve guère d’écho. Personne n’en fait la phénoménologie naïve, en s’étonnant, en mesurant, en circonscrivant, puis enfin en s’indignant qu’une telle chose ait pu surgir au sein de… l’école de la République: le sanctuaire du savoir ??

Pas sociologiquement correcte ? pas redevable d’une explication marxiste en terme de lutte des classes ? Non inscriptible dans la lutte “anti-raciste” ? Non rabattable dans les plis de la “pensée politique” préformée ? Ne s’inscrivant pas suffisamment dans l’opposition dominants vs dominés ? Stigmatisant (ce serait un comble, mais je m’attends toujours au pire avec notre “intelligentsia” !) les caïds des collèges, ratonneurs d’intellos, peut-être, mais qui sont eux-mêmes des “victimes du système” venant de couches défavorisées??

Étonnant silence. Indécent oubli ! Criminelle abstention. Le harcèlement, les études le montrent, concernent très souvent de bons élèves parfois de brillants élèves et qui viennent assez souvent de milieux défavorisés. Ces élèves ni leurs parents n’ont les moyens, matériels et moraux, de se défendre ou de soustraire leur fils ou leur fille à ce qui peut parfois devenir un enfer. Cela est-il acceptable ?

Boucs émissaires faciles

Une anecdote qui en dit long pour terminer: dans un bon collège avec des enfants de cadres supérieurs, un élève me cite lors d’un débat une émission qu’il a vu sur Arte parlant d’égyptologie. Les moqueries de ses camarades fusent : “Arte !?! tu regardes ça! Trop mort de rire ! Le bouffon !”

Inutile de préciser que j’ai vertement mouché les aboyeurs. Formé à l’école de Meirieu, j’aurais sans doute remis vertement en place… mon intello : “Mounir ce n’est pas bien d’essayer d’intimider tes camarades et de te placer en position de supériorité ! Est-ce que tu arrives à comprendre pourquoi c’est une forme de violence ?? Te crois-tu supérieur parce que tu regardes Arte ? Fais ton auto-critique devant la classe !” Je n’exagère nullement. Ce sujet ne prête pas à rire.

Les profils du bouc-émissaire sur qui la violence collective se déchaîne parfois (les meneurs entraînant les autres) sont multiples mais catégorisables. Bien entendu il y a des élèves médiocres aussi dont le seul tort est d’être en surpoids, d’avoir la mauvaise couleur de peau, de religion, les mauvais vêtements le mauvais accent ou d’être… une fille gentille. Mais il y a aussi beaucoup d’élèves rejetés parce qu’ils montrent des aptitudes intellectuelles, un goût pour l’étude, le travail, que certains cadors jugent “un truc de pédale” (expression entendue!).

Anxiété, dépression, décrochage scolaire et pour finir..échec scolaire, finissent par être leur lot et ce, dès le collège, si la discrimination et les intimidations ont commencé à l’école primaire.

Cumulant les “handicaps” de plusieurs profils de bouc émissaire, on n’ose pas imaginer ce qu’il advient, parfois, dans l’école d’aujourd’hui, dans certains “endroits” oubliés par la République, des filles intellos, lectrices, soucieuses de bien faire, timides, anxieuses mais aussi en surpoids, n’ayant pas le bon profil ethnique ou religieux et n’ayant, pour faire valoir auprès de l’établissement et de l’institution scolaire, leur droit à la paix, la sécurité, parfois simplement leur droit à l’existence, qu’une mère agent d’entretien qui parle mal le français…


Les petits grammairiens, les petits latinistes, les petits collectionneurs de noms de dinosaures, les petits joueurs d’échecs : potentiellement presque tout le monde, si l’on ne s’employait pas à écrêter les aspirations à l’élévation…les départs de lumière.

Peut-être pourrait-on concevoir une école qui protège toutes les intelligences et tous les talents du massacre ? Après tout dans l’expression “lieu de vie” chère aux réformateurs il y a tout de même le mot “vie” qui peut ménager une petite place à la vie de l’esprit ?

Source (légèrement modifiée et raccourcie): Le Causeur

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Cégeps : légère baisse chez les francophones, lègere hausse chez les anglophones

Légère baisse chez les francophones, petite hausse chez les anglophones, augmentation pour les techniques et mini désintérêt pour les programmes préuniversitaires, notamment en sciences humaines… Voilà quelques grandes tendances qui se dégagent des données préliminaires compilées au terme du premier tour des demandes d’admission dans les cégeps.

Suivant la courbe démographique, les 32 établissements collégiaux francophones du Service régional d’admission du Montréal métropolitain (SRAM) font face à une légère baisse des demandes d’admission (-1,8 %), plus marquée en région (-2,4 %). « C’est ce à quoi on s’attendait, on n’est pas en hausse démographique », constate Geneviève Lapointe, directrice des communications au SRAM. « Pour nous, une baisse de 1,8 %, c’est 1143 dossiers de moins. Peut-être qu’elle ne sera plus là au terme des 2e et 3e tours. » Le portrait est encore incomplet. Et les demandes d’admission ne se traduisent pas nécessairement en inscriptions, insiste-t-elle.

Hausse à Dawson

Contrairement au réseau collégial francophone, le cégep Dawson, le plus gros établissement collégial anglophone et l’un des plus populeux du Québec, voit ses demandes d’admission augmenter de +2,3 %, malgré la courbe démographique. Quoique petite, l’augmentation de la clientèle semble se confirmer si l’on se fie aux données des dernières années. « Pour nous, la hausse des demandes d’admission se passe en majorité dans les programmes techniques, c’est pour nous une surprise parce que ce n’est généralement pas le cas », explique Donna Varrica, responsable des communications. C’est d’ailleurs une nouveauté, les années précédentes ayant été marquées par un plus grand engouement pour les programmes préuniversitaires. « Je ne peux pas vous expliquer pourquoi, on n’a pas fait de sondages auprès des étudiants. […] Il y a eu beaucoup de travail sur la promotion des programmes techniques parce qu’ils permettent d’accéder rapidement au marché du travail, mais n’empêchent pas d’aller à l’université. Ça ouvre deux portes au lieu d’une. »

Moins de préuniversitaires, plus de techniques

Toujours à Dawson, les programmes préuniversitaires en sciences humaines et arts, lettres et communication suscitent moins d’intérêt. C’est d’ailleurs aussi le cas une grande partie des cégeps francophones ailleurs au Québec. « Il y a eu une diminution en sciences humaines, tous profils confondus », confirme Mme Lapointe, du SRAM. « C’est l’endroit où on a constaté la plus grande diminution, mais elle est de l’ordre de 3,6 %. Ce n’est pas alarmant. » Les techniques sont quant à elles au même niveau que l’an dernier (51 %).

Selon le service régional d’admission au collégial de Québec (SRACQ), les demandes pour les programmes techniques dans les cégeps de la région de la Capitale-Nationale ont augmenté de 1 %, alors que le secteur préuniversitaire a été légèrement plus populaire (2 %).

Fait à noter : les techniques des arts et des communications graphiques connaissent une hausse marquée de près de 10 %. À Québec comme à Montréal, les techniques de l’administration (comptabilité, gestion, etc.) semblent également très à la mode. Le SRACQ rapporte une hausse de 6,3 % en techniques administratives et le SRAM, une hausse de 22 % pour la Technique de comptabilité de gestion.

Source : Le Devoir

« Si j’étais ministre de l’Éducation... » de Mathieu Bock-Côté

Mathieu Bock-Coté (MBC) se met dans la peau d’un futur ministre de l’Éducation. Nous sommes d’accord sur de nombreux constats et vœux, mais nous pensons que son programme a peu de chances d’être mis en place à cause de l’inertie bureaucratique et syndicale. Tout vouloir changer sera trop difficile et une œuvre de trop longue haleine alors que les ministres de l’Éducation ont historiquement des mandats très courts. En outre, philosophiquement, faut-il que toutes les écoles se ressemblent ? Nous pensons qu’elles doivent être plus libres et permettre à certaines écoles de mettre en place des écoles nettement plus libres qui pourraient mettre en place le programme MBC, le tout subventionné directement (comme actuellement avec les écoles dites « privées » au Québec) ou indirectement (chèque-éducation ou déduction fiscale par enfant inscrit à l’école).



Carlos Leitao a réussi à faire passer son message : son budget de mardi était celui de l’espoir retrouvé en éducation.

D’un chroniqueur à l’autre, on l’en félicite. Bravo pour ces millions ! On aurait envie de jouer de la trompette avec eux.

Je persiste à croire une chose, toutefois. En éducation, l’argent à lui seul ne fait pas le bonheur.

On aurait beau rajouter mille milliards de dollars par année, sur le plan des principes, il y aurait encore quelque chose de déréglé dans notre système d’éducation.

Mission

Quoi donc ? Notre vision de l’école, justement.

Qu’attendons-nous d’elle ? Quelle mission voudrait-on qu’elle joue ? Quelle philosophie l’anime ? Ce sont des questions essentielles.

Traditionnellement, l’école devait transmettre une culture. Elle devait inscrire les nouvelles générations dans une civilisation et les familiariser avec son histoire, sa géographie, ses grandes œuvres et ses savoirs fondamentaux.

Elle devait apprendre à lire, à écrire, à parler, et pourquoi pas, à bien parler. Elle devait donner aux jeunes esprits le goût de la culture et du silence méditatif.

L’école a renoncé à cette philosophie. Elle l’a fait sous la double pression de la droite économique et de la gauche politiquement correcte.

La première voulait que l’école forme de futurs travailleurs malléables et adaptés au marché.

La seconde rejetait massivement notre héritage de civilisation. Elle voulait plutôt que l’enfant construise lui-même son propre savoir, sans être « écrasé » par le monde d’hier. Il fallait alors couper les liens avec le passé. Nous avons mutilé les âmes.

Je cède un instant à un fantasme : je m’imagine ministre de l’Éducation.

Je m’efforcerais de rétablir le sens de la transmission culturelle.

Je reconnecterais l’enseignement du français à celui de la littérature.

Je délivrerais l’enseignement de l’histoire du politiquement correct. On y raconterait l’histoire du peuple québécois et de la civilisation occidentale sans cette étrange manie culpabilisante qui pousse la jeune génération au déracinement.

On l’aura compris : mes premières décisions ne seraient pas budgétaires. Je voudrais réformer culturellement l’école. J’y rétablirais le culte du silence, de la concentration.
Chaque jour, les élèves liraient une bonne heure en silence.

À l’école, pas de textos, mais des grands textes.

J’apprendrais aux élèves à admirer les grands ancêtres et les grandes œuvres. Je leur inculquerais la passion de l’histoire, de la géographie, des sciences naturelles.

Rupture


Il y aurait une grande rupture : assez de l’obsession des nouvelles technologies. Assez des nouvelles méthodes pédagogiques où les connaissances sont sacrifiées aux compétences.

Le professeur en pleine maîtrise de sa matière serait de retour. Mais je m’assurerais aussi que les professeurs soient formés en conséquence.

L’école ne traiterait plus les élèves comme des cobayes au service des savants fous du ministère de l’Éducation, mais comme de futurs citoyens appelés à enrichir l’héritage légué par leurs devanciers.

Pour cela, il faut moins des milliards que des idées claires et du courage politique. Ces dernières ressources sont encore plus rares que les milliards.

Voir aussi

Pas de classiques de la littérature, mais la lutte contre l’hétérosexisme en classe de français, d’anglais, d’histoire et de mathématiques

Pour la lecture des classiques : « On est un meilleur ouvrier si on a lu Montaigne ou Proust »

Très forte chute des résultats en lecture pour les élèves québécois francophones entre 2007 et 2010

Dépenser plus en éducation, est-ce la solution ?