jeudi 11 avril 2019

Le pape Benoît XVI : révolution sexuelle, relativisme moral, absence de Dieu et rejet de la Tradition à l'origine de la crise des abus sexuels

Résumé de Laurent Dandrieu de Valeurs actuelles. Bien que n’ayant plus de responsabilités dans le gouvernement de l’Église, le pape émérite Benoît XVI a tenu à apporter sa pierre à la réflexion sur la crise actuelle, en un long texte inédit diffusé ce 10 avril.

Ayant présidé aux destinées de l’Église au moment où la crise des abus sexuels a explosé publiquement, « je devais m’interroger sur ma possible contribution à un renouveau » : c’est ainsi que, dans l’introduction de cet article destiné à une revue allemande, Klerusblatt, repris en allemand ici et diffusé ce jeudi 11 avril en italien par ACIStampa, Benoît XVI justifie la parution de ce texte, lui qui n’a pas pour habitude d’intervenir dans l’actualité de l’Église depuis sa renonciation. Le pape émérite prend d’ailleurs soin de préciser qu’il a informé le pape François et son secrétaire d’État de sa démarche, et conclut son texte en remerciant « le pape François pour tout ce qu’il fait pour nous montrer, encore et encore, la lumière de Dieu, qui n’a pas disparu, même aujourd’hui. » Autant de précisions qui visent, semble-t-il, à écarter la tentation de considérer le texte de Benoît XVI comme une prise de position sur la politique de son successeur.

Le texte de Benoît XVI se divise en trois parties. La première traite de la révolution sexuelle et de ses conséquences : effondrement de toutes les normes en la matière, omniprésence de la sexualité dans la société, y compris dans les écoles sous couvert d’information, complaisance envers la pédophilie, « alors décrite comme permise et bénéfique ».

Effondrement…

Pour l’Église, cette sexualisation de la société a contribué à l’effondrement des vocations et au départ de nombreux prêtres. Parallèlement et indépendamment à ce phénomène, « la théologie morale catholique a subi un effondrement qui a rendu l’Église sans défense contre ces changements dans la société ». Abandon de loi naturelle, relativisme moral selon lequel « il n’y avait plus rien qui puisse être considéré comme un bien absolu, non plus que comme un mal absolu », ont produit une crise « qui a atteint des proportions dramatiques à la fin des années 1980 et dans les années 1990 ». Alors que l’encyclique de Jean-Paul II Veritatis Splendor (1993) et le Catéchisme de l’Église catholique (1992) tentèrent de dresser des barrages contre ce relativisme, ils ne purent empêcher la progression de l’idée (fausse, selon Benoît XVI) selon laquelle l’Église n’aurait pas de compétence particulière en matière de morale.

La seconde partie du texte décrit les conséquences concrètes de ce relativisme dans l’Église : « Dans divers séminaires, écrit le pape émérite, s’établirent des clans homosexuels qui œuvrèrent plus moins ouvertement et changèrent significativement le climat dans les séminaires. » Le critère de nomination des évêques devint souvent « une ouverture radicale au monde ». Le pape cite le cas d’un évêque qui organisait des projections pornographiques pour les séminaristes, sous couvert de formation…

Le rejet de la Tradition, en certains endroits, était tel que « dans plus d’un séminaire, les étudiants pris en flagrant délit de lire mes livres étaient considérés comme inaptes à la prêtrise », écrit le pape avec un soupçon d’ironie : « Mes livres étaient dissimulés, comme de la littérature malsaine, et lus seulement en cachette ».

Benoît XVI décrit ensuite la trop lente prise de conscience par l’Église du problème posé par la pédophilie, et des réponses appropriées. Il rappelle que pour contrer l’attitude trop répandue de protéger avant tout les droits de l’accusé, en minorant ceux des victimes, il s’est accordé avec Jean-Paul II pour transférer la compétence de ces affaires à la Congrégation pour la doctrine de la foi, ce qui permettait des sanctions allant jusqu’à l’exclusion de l’état clérical, au lieu des simples suspensions qui prévalaient auparavant. Plusieurs milliers de prêtres furent ainsi réduits à l’état laïc sous son pontificat.

Dans un troisième temps, Benoît XVI écarte la tentation de ceux qui, pour répondre à cette crise, se bercent de l’illusion de bâtir « une nouvelle Église », en quelque sorte désacralisée. Au contraire, seule la lumière de l’amour de Dieu « peut constituer un réel contrepoids contre le mal ». Tandis qu’« une société sans Dieu […] est une société qui perd sa mesure […] En réalité, la mort de Dieu dans une société signifie aussi la fin de la liberté, car ce qui meurt est le but qui fournit la direction. Et parce que le compas qui nous fournit la bonne direction en nous apprenant à distinguer le bien du mal a disparu. […] C’est le cas avec la pédophilie. […] Pourquoi la pédophilie a-t-elle atteint de telles proportions ? En dernier ressort, la raison en est l’absence de Dieu. Nous autres chrétiens, prêtres y compris, préférons ne pas parler de Dieu. »

Si Benoît XVI inscrit ainsi la crise traversée par l’Église dans le contexte plus large de la montée du relativisme moral dans le monde en général et de l’hypersexualisation de la société, ce n’est certes pas pour dédouaner l’Église de ses responsabilités. Conséquence de cet oubli de Dieu au sein même de l’Église qui a pour mission de le communiquer : la façon dont beaucoup oublient la Présence réelle du Dieu vivant dans l’Eucharistie, dévaluée comme un simple rite social de communion ecclésiale : « La façon dont les gens reçoivent le Saint-Sacrement en communion comme si c’était une chose banale montre que beaucoup voient la communion comme un geste purement cérémoniel. […] Il est évident que ce n’est pas d’une refonte de l’Église selon nos propres idées que nous avons besoin, mais d’abord et avant tout le renouvellement de notre foi en la Réalité de Jésus qui s’offre à nous dans le Saint-Sacrement. »

Benoît XVI révèle à ce propos une anecdote terrible qui l’a marqué dans ses rencontres avec les victimes de pédophilie : une femme, servante d’autel, régulièrement abusée par un prêtre qui commençait toujours les abus qu’il commettait sur elle par les mots mêmes de la consécration : « Ceci est mon corps… »

Pour finir, le pape émérite invite ses lecteurs à ne pas voir l’Église d’aujourd’hui ni comme une simple institution cléricale qu’il conviendrait de réformer de main d’homme (« Une Église qui se construit elle-même ne peut pas constituer un espoir »), ni comme entièrement soumise à Satan : « Certes, il y a du péché et du mal au sein de l’Église. Mais encore aujourd’hui, il y a la Sainte Église, qui est indestructible. » Et Benoît XVI de nous inviter à reconnaître les pasteurs qui, malgré tout « témoignent de Dieu par leur vie et leur souffrance ».

Pour le pape émérite, si des mesures humaines sont indéniablement nécessaires pour lutter contre le fléau des abus sexuels dans l’Église, c’est d’abord dans la lumière de Dieu que celle-ci retrouvera l’élan pour reprendre sa tâche d’évangélisation.

 Rétrospectivement, à la lumière de cette crise terrible que traverse l’Église aujourd’hui pour s’être trop coupée de cette lumière, on comprend mieux pourquoi le pontificat de Benoît XVI se donna la mission d’être avant tout une longue et lumineuse catéchèse, tant était grande l’urgence de remettre le Christ au centre de son Église.



(Traduction non officielle)

Du 21 au 24 février 2019, à l’invitation du pape François, les présidents de toutes les conférences épiscopales du monde se sont réunis au Vatican pour discuter de l’actuelle crise de la foi et de l’Église ; une crise ressentie dans le monde entier à la suite de la diffusion de révélations choquantes sur les abus commis par des religieux sur des mineurs.

France — Le ministre de l'Éducation (-9%) moins populaire que Macron

Un sondage Ifop pour Paris Match et Sud Radio indique une nette baisse de sympathie pour Emmanuel Macron et certains de ses ministres, très exposés ces derniers temps.

C’est Jean-Michel Blanquer qui perd le plus de terrain. Crédité de 29% d’opinions favorables, le ministre de l’Education nationale perd neuf points par rapport au précédent sondage. Derrière lui, Emmanuel Macron lâche cinq points et culmine à 34% d’opinions favorables.

Les ministres François de Rugy, Marlène Schiappa et Christophe Castaner sont également sanctionnés dans ce sondage, perdant respectivement cinq, quatre et trois points. Au sein du gouvernement, seuls les ministres issus de la droite Edouard Philippe (46%, +2), Bruno Le Maire (43%, +3) et Gérald Darmanin (31%, +1) se maintiennent à flots.

Les « changements climatiques », une des causes de la guerre en Syrie... Vraiment ?

On se rappellera les manchettes de la presse et des médias plus généralement qui associaient les « changements climatiques » à la guerre en Syrie. Dans le détail, les articles évoquaient une sécheresse en Syrie comme une cause de la guerre en Syrie. Qu’en est-il ?

D’abord un florilège de ces manchettes :










Deux études publiées dans des revues scientifiques réputées remettent en question ce récit médiatique.

Une nouvelle étude de l’Université de Melbourne, de l’Institut Georg Eckert à Brunswick et de l’Université libre de Berlin a soulevé plusieurs problèmes avec les études qui affirment qu’il existerait un lien entre les changements environnementaux causés par le « réchauffement climatique » et des guerres dans les régions affectées.

Le document, qui vient de paraître dans Nature Climate Change, montre qu’une grande partie des recherches actuelles sur le sujet (telles que celles citées par l’article du Guardian ci-dessus) souffrent d’une multitude de défauts et de biais.

Les chercheurs ont examiné plus de 100 articles publiés de 1990 à 2017, affirmant un lien entre le réchauffement de la planète et la guerre, et ont découvert d’importants biais, de parti pris. C’est ainsi qu’une grande partie de la recherche était axée sur les conflits faisant les manchettes, négligeant les conflits qui ne font pas la une de la presse.

Ils ont également noté que la plupart des conflits se déroulaient dans des zones où les gens parlaient anglais, ce qui simplifiait la tâche des chercheurs (la solution de facilité), tout en ignorant de nombreuses autres régions qu’ils auraient dû étudier. Ils ont également constaté que de nombreuses études portaient sur des zones déjà en conflit, telles que la Syrie et le Soudan.

En outre, les zones étudiées n’étaient souvent même pas celles que les « experts » avaient jugées les plus susceptibles d’être affectées par le réchauffement climatique.

Une étude antérieure de la revue érudite Political Geography montre qu’il n’y a aucune preuve solide que le changement climatique mondial a été un facteur responsable de la guerre civile syrienne.

Les affirmations selon lesquelles une sécheresse majeure causée par le changement climatique anthropogénique était un facteur clé du déclenchement de la guerre civile syrienne ont considérablement gagné du terrain depuis 2015 et font partie du récit médiatique propagé par les médias. L’ancien vice-président américain Al Gore l’a répété en août 2017 en marge de commentaires sur le Brexit. Cette étude, dirigée par le professeur Jan Selby de l’Université du Sussex, jette un regard nouveau sur les preuves existantes à l’appui de ces affirmations, elle y ajoute de nouvelles recherches sur les données pluviométriques syriennes et les expériences des réfugiés syriens, témoins de cette sécheresse.

Le professeur Jan Selby, directeur du Centre Sussex pour la recherche sur les conflits et la sécurité à l’Université du Sussex, a déclaré : « Notre article conclut qu’il n’y a aucune preuve solide que le changement climatique mondial a été un facteur déclencheur de la guerre civile syrienne. En effet, il est extraordinaire que cette affirmation soit devenue si largement acceptée alors que les preuves scientifiques qui la justifient sont si ténues. »

« Les changements climatiques globaux constituent un défi très réel et auront sans aucun doute d’importantes conséquences en termes de conflit et de sécurité, mais rien ne prouve que ce soit ce qui se passait dans ce cas-ci. Il est essentiel que les experts, les commentateurs et les décideurs politiques résistent à la tentation de faire dans l’hyperbole au sujet des conséquences du changement climatique sur les conflits. Des déclarations exagérées qui ne sont pas fondées sur des données scientifiques rigoureuses ne font que nourrir le scepticisme climatique. »

Le professeur Selby a travaillé sur cette étude avec Christiane Fröhlich du Centre pour la recherche sur le système terrestre et la durabilité (CEN) de l’Université de Hambourg, Omar Dahi du Hampshire College et Mike Hulme du King’s College de Londres. Leur article est publié dans une section spéciale de la revue Political Geography, le principal média au monde pour l’étude des liens entre le climat et les conflits. L’article est accompagné de trois réponses de hautes personnalités universitaires américaines et d’une réplique de Selby et de ses collègues. Tous sont disponibles en accès libre pour une période limitée.

Dans son article, Selby et ses collègues concluent que :
  • Bien que le nord-est de la Syrie ait connu une sécheresse exceptionnellement grave avant la guerre civile, cette sécheresse n’a pas nécessairement été causée par les influences humaines sur le climat mondial ;
  • Bien que la sécheresse de 2006/07 à 2008/09 ait contribué à la migration en provenance du nord-est de la Syrie, cette migration (probablement 40 à 60 000 familles) n’a aucunement eu l’ampleur qu’on lui a attribuée (le « 1,5 million de personnes » souvent cités), et était probablement davantage causée par la libéralisation économique que par la sécheresse ;
  • Il n’y a aucune preuve significative que la migration liée à la sécheresse a été un facteur contributif au début de la guerre civile.
Les points bleus ont reçu plus de pluie que la moyenne de 2006 à 2009, les autres moins. Les zones les plus touchées sont celles du désert de Syrie, peu peuplées. Les villes de Racca et Deir-es-Zor sont sur les rives de l’Euphrate, Hassaké sur un affluent de l’Euphrate.

Mike Hulme du King’s College de Londres a mené une analyse originale des données pluviométriques syriennes. Elles montrent les limites géographiques et temporelles précises de la sécheresse qui a duré trois ans. Il a déclaré : « La sécheresse dans le nord-est de la Syrie était sans aucun doute très grave, mais ne fait pas nécessairement partie d’une tendance à la dessiccation et ne peut être attribuée sans ambiguïté aux émissions de gaz à effet de serre. » Michael Hulme est professeur de Climat et de culture au département de géographie du King’s College de Londres. Il a été professeur de Changement climatique à l’École des sciences environnementales de l’Université d’Est-Anglie.

Christiane Fröhlich du Centre pour la recherche sur le système terrestre et la durabilité (CEN) de l’Université de Hambourg a interrogé des réfugiés syriens en Jordanie qui ont vécu la sécheresse qui a précédé la guerre civile. Elle a déclaré : « Nous devons intégrer l’expérience scientifique vécue par les personnes touchées par les changements environnementaux globaux à l’étude scientifique du réchauffement climatique afin de mieux comprendre l’impact de ses effets sur les différentes parties de la société ».

Omar Dahi, du Hampshire College, a déclaré : « De nombreux aspects de la Syrie avant et après mars 2011 sont largement acceptés comme des faits, malgré le peu de preuves. La thèse du changement climatique est un de ces faits. On la répète sans cesse sans la remettre correctement en question. »

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Comment la science se trompe.... Dans The Economist du 26 octobre 2018, un dossier sur l’évolution du système mondial de recherche scientifique : « How science goes wrong ». On y apprend notamment qu’un nombre important et croissant de publications souffrent de biais statistiques ou défauts méthodologiques qui devraient inciter à la prudence sur les conclusions, quand il ne s’agit pas d’erreurs pures et simples.

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