Le taux de réussite des écoles publiques sud-africaines aux examens couronnant les études secondaires a chuté pour une sixième année consécutive malgré une forte augmentation des dépenses gouvernementales dans le secteur éducatif. Cette faible diplomation condamne des millions de jeunes au chômage, cause principale selon certains experts de la criminalité endémique qui sévit en Afrique du Sud. Les examens se tiennent en décembre mois qui marque la fin de l’année scolaire sud-africaine.
La ministre de l’Éducation de base, Angie Motshekga (à gauche), a déclaré lors d'une conférence de presse à Prétoria ce jeudi que le taux de réussite des étudiants en dernière année dans les écoles publiques est passé de 62,5 pour cent en 2008 à 60,6 pour cent en 2009.
Contrairement au baccalauréat français, le diplôme de fin d’études secondaires (« National Senior Certificate ») ne permet pas automatiquement de s’inscrire à une université. Pour ce faire, l’étudiant doit satisfaire certaines conditions supplémentaires : une moyenne de note plus élevée aux mêmes examens ainsi qu’un choix de sujets considérés plus difficiles.
L’Afrique du Sud a plus que quadruplé les dépenses en éducation depuis les premières élections multiraciales tenues en 1994. Cette forte augmentation ne s’est cependant pas traduite par de meilleurs résultats. On attribue habituellement ces échecs à la mauvaise formation des enseignants, à une réforme scolaire qui a augmenté la charge administrative imposée aux enseignants et à une culture rurale qui ne privilégie pas l’étude scolaire.
Les politiques de discrimination positive en faveur des Noirs menées par le gouvernement ANC depuis 16 ans privent également l’Afrique du Sud d’enseignants qualifiés. C’est ainsi que le quotidien Beeld avait signalé en août de l'année passée que plusieurs dizaines de milliers de postes d’enseignants et de directeurs d'école sont à pourvoir dans les écoles publiques sud-africaines. Ils ne sont pas comblés, car l’Administration n’en fait pas la publicité ou quand des professeurs blancs qualifiés y postulent on rejette systématiquement leur candidature. Le grand nombre de postes à pourvoir s’explique en partie par l’épidémie de SIDA qui fauchait déjà 55 enseignantes par mois en 2000. L'épidémie de SIDA touche principalement les éducatrices noires.

Élèves de l'école secondaire Ian Mackenzie à Lilydale, dans un ancien bantoustan, en 2005
Devant une assemblée de 1500 enseignants en août dernier, le nouveau président Jacob Zuma s’est également insurgé contre le fait que les enseignants noirs enseignent moins de temps que les blancs : « les enseignants dans les écoles précédemment blanches donnent cours pendant 6,5 heures par jour, alors que les professeurs noirs dans les écoles précédemment désavantagées [à savoir dans les bantoustans ou les ghettos noirs] ne donnent en moyenne que 3,5 heures de cours par jour. »
La baisse du taux de réussite aggrave la pénurie de travailleurs qualifiés noirs dans un pays où un manque d'ingénieurs, de techniciens et autre personnel qualifié a obligé des entreprises comme Sasol, le plus grand producteur mondial de carburant à partir de charbon, à embaucher des travailleurs à l'étranger. La forte diplomation des blancs ne permettra pas de résoudre la crise actuelle puisque les politiques de discriminations politiques leur ferment souvent les portes des entreprises et les forcent à l’exil. Ces politiques ne sont pas sans conséquence sur l’économie sud-africaine. Les nombreuses coupures générales d’électricité de 2008 ont révélé la pénurie aiguë de techniciens que connaît le producteur d’électricité national, Escom. Cette pénurie est en grande partie le résultat de politiques discriminatoires comme le rappelle R. W. Johnson dans son livre South Africa’s Brave New World (pp. 479-480) : « [Escom] devra recruter deux nouveaux employés qualifiés par jour pour les cinq prochaines années. Au minimum la moitié de ceux-ci devront être des femmes noires afin d’atteindre ses objectifs de 65 % de cadres noirs et de 40 % de personnel noir en 2010, malgré la quasi-inexistence de femmes noires ingénieures. »
Ce faible taux de diplomation ne pourra que faire grossir les rangs des chômeurs sud-africains. Le chômage officiel sud-africain atteint le taux de 24,5 pour cent. Le manque de personnel qualifié entrave également les efforts du gouvernement pour stimuler une économie dont le PNB s'est contracté d'environ 1,9 pour cent en 2009.

Élèves d'une école « blanche » de Prétoria en 1986 (il y a bien un élève noir même si techniquement l'apartheid est toujours en vigueur)
Échouer en physique
Le nombre d’élèves dont la note en physique a été égale ou supérieure à 30 % est passé de 54,9 pour cent en 2008 à 30 % cette année a déclaré le Ministère de l’Éducation de base dans un rapport. Le taux de passage en mathématiques est resté stable à 46 %. Toutefois, de nombreux journaux rapportent des résultats bruts désastreux en mathématiques qui ont dû être pondérés à la hausse. Le professeur John Volmink, président du conseil qui standardise les résultats finaux, a toutefois précisé que les notes n’ont pas été ajustées à la hausse par plus de 10 %. Aussi étrange que cela puisse paraître aux yeux des étrangers, il suffit d'obtenir 30 % pour passer de nombreux sujets, c'est le cas en mathématiques (pour plus de détails sur les critères de réussite, voir ici).
Seuls 20 % des finissants peuvent s’inscrire à l’université
551 940 élèves de 12e année ont présenté les examens finaux du secondaire. Seuls 19,8 percent de ceux-ci ont obtenu des notes suffisamment élevées pour s’inscrire à l’université ou à un collège postsecondaire. Il s’agit d’une légère amélioration par rapport au 19,4 % de 2008.
1 sur 40
Selon un rapport publié l’année passée par la Banque de développement d’Afrique australe, seul un élève sur 40 qui a commencé l’école en 1995 (après la fin de l’apartheid) a réussi l’examen final de mathématiques supérieures qui permet l’entrée dans les écoles d’ingénieurs et les professions techniques. Les examens de mathématiques « normales » ou de « culture mathématique » considérés plus faciles ne permettent pas l’inscription dans ces facultés. Réussir l’examen de mathématiques supérieures (avoir plus de 30 %) ne garantit pas de pouvoir s’inscrire dans certaines facultés, c’est ainsi que les facultés de commerce exigent souvent une note minimale de C+ (65 %). En 2007, seuls 700 étudiants noirs avaient obtenu un C+ ou davatange en mathématiques supérieures.
Augmentation soutenue des budgets dans les années à venir
Le ministre des Finances, Pravin Gordhan a prévu d'affecter 144 milliards de rands (20 milliards de $) à l’éducation, soit 17 % du budget. Il prévoit augmenter cette somme de 8,6 % en moyenne par an pendant les trois prochaines années fiscales conformément aux vœux de Jacob Zuma, président de l’Afrique du Sud depuis mai 2009 et lui-même démuni de tout diplôme scolaire, qui a fait de l’éducation une de ses priorités.
« Près de 3 millions de jeunes âgés de 18 à 24 ne suivent aucune formation ni ne travaillent, il ne s’agit pas seulement d’un gâchis de talent, mais également d’une cause potentielle de troubles sociaux graves » a déclaré dans un rapport sur le sujet le Center for Higher Education basé au Cap.
L’augmentation des dépenses en éducation n'a pas réduit substantiellement le taux d’analphabétisme. L’Afrique du Sud s'est classée au dernier rang dans un classement regroupant 40 pays, derrière le Maroc et le Koweït. Ce classement a été publié en 2007 dans le cadre du Programme international de recherche en lecture scolaire (PIRLS:2006). Cette étude vise à établir les compétences de lecture des élèves de 10 et 11 ans quand ils sont confrontés à des textes littéraires et informatifs authentiques.
On retrouvera ci-dessous le classement complet du PIRLS.
Exemple de texte du PIRLS 2001 : La nature et le questionnaire correspondant.
Plus d'info sur PIRLS 2006 ici.
Sources supplémentaires Bloomberg et News 24.

Contrairement au baccalauréat français, le diplôme de fin d’études secondaires (« National Senior Certificate ») ne permet pas automatiquement de s’inscrire à une université. Pour ce faire, l’étudiant doit satisfaire certaines conditions supplémentaires : une moyenne de note plus élevée aux mêmes examens ainsi qu’un choix de sujets considérés plus difficiles.
L’Afrique du Sud a plus que quadruplé les dépenses en éducation depuis les premières élections multiraciales tenues en 1994. Cette forte augmentation ne s’est cependant pas traduite par de meilleurs résultats. On attribue habituellement ces échecs à la mauvaise formation des enseignants, à une réforme scolaire qui a augmenté la charge administrative imposée aux enseignants et à une culture rurale qui ne privilégie pas l’étude scolaire.
Les politiques de discrimination positive en faveur des Noirs menées par le gouvernement ANC depuis 16 ans privent également l’Afrique du Sud d’enseignants qualifiés. C’est ainsi que le quotidien Beeld avait signalé en août de l'année passée que plusieurs dizaines de milliers de postes d’enseignants et de directeurs d'école sont à pourvoir dans les écoles publiques sud-africaines. Ils ne sont pas comblés, car l’Administration n’en fait pas la publicité ou quand des professeurs blancs qualifiés y postulent on rejette systématiquement leur candidature. Le grand nombre de postes à pourvoir s’explique en partie par l’épidémie de SIDA qui fauchait déjà 55 enseignantes par mois en 2000. L'épidémie de SIDA touche principalement les éducatrices noires.

Élèves de l'école secondaire Ian Mackenzie à Lilydale, dans un ancien bantoustan, en 2005
Devant une assemblée de 1500 enseignants en août dernier, le nouveau président Jacob Zuma s’est également insurgé contre le fait que les enseignants noirs enseignent moins de temps que les blancs : « les enseignants dans les écoles précédemment blanches donnent cours pendant 6,5 heures par jour, alors que les professeurs noirs dans les écoles précédemment désavantagées [à savoir dans les bantoustans ou les ghettos noirs] ne donnent en moyenne que 3,5 heures de cours par jour. »
La baisse du taux de réussite aggrave la pénurie de travailleurs qualifiés noirs dans un pays où un manque d'ingénieurs, de techniciens et autre personnel qualifié a obligé des entreprises comme Sasol, le plus grand producteur mondial de carburant à partir de charbon, à embaucher des travailleurs à l'étranger. La forte diplomation des blancs ne permettra pas de résoudre la crise actuelle puisque les politiques de discriminations politiques leur ferment souvent les portes des entreprises et les forcent à l’exil. Ces politiques ne sont pas sans conséquence sur l’économie sud-africaine. Les nombreuses coupures générales d’électricité de 2008 ont révélé la pénurie aiguë de techniciens que connaît le producteur d’électricité national, Escom. Cette pénurie est en grande partie le résultat de politiques discriminatoires comme le rappelle R. W. Johnson dans son livre South Africa’s Brave New World (pp. 479-480) : « [Escom] devra recruter deux nouveaux employés qualifiés par jour pour les cinq prochaines années. Au minimum la moitié de ceux-ci devront être des femmes noires afin d’atteindre ses objectifs de 65 % de cadres noirs et de 40 % de personnel noir en 2010, malgré la quasi-inexistence de femmes noires ingénieures. »
Ce faible taux de diplomation ne pourra que faire grossir les rangs des chômeurs sud-africains. Le chômage officiel sud-africain atteint le taux de 24,5 pour cent. Le manque de personnel qualifié entrave également les efforts du gouvernement pour stimuler une économie dont le PNB s'est contracté d'environ 1,9 pour cent en 2009.

Élèves d'une école « blanche » de Prétoria en 1986 (il y a bien un élève noir même si techniquement l'apartheid est toujours en vigueur)
Échouer en physique
Le nombre d’élèves dont la note en physique a été égale ou supérieure à 30 % est passé de 54,9 pour cent en 2008 à 30 % cette année a déclaré le Ministère de l’Éducation de base dans un rapport. Le taux de passage en mathématiques est resté stable à 46 %. Toutefois, de nombreux journaux rapportent des résultats bruts désastreux en mathématiques qui ont dû être pondérés à la hausse. Le professeur John Volmink, président du conseil qui standardise les résultats finaux, a toutefois précisé que les notes n’ont pas été ajustées à la hausse par plus de 10 %. Aussi étrange que cela puisse paraître aux yeux des étrangers, il suffit d'obtenir 30 % pour passer de nombreux sujets, c'est le cas en mathématiques (pour plus de détails sur les critères de réussite, voir ici).
Seuls 20 % des finissants peuvent s’inscrire à l’université
551 940 élèves de 12e année ont présenté les examens finaux du secondaire. Seuls 19,8 percent de ceux-ci ont obtenu des notes suffisamment élevées pour s’inscrire à l’université ou à un collège postsecondaire. Il s’agit d’une légère amélioration par rapport au 19,4 % de 2008.
1 sur 40
Selon un rapport publié l’année passée par la Banque de développement d’Afrique australe, seul un élève sur 40 qui a commencé l’école en 1995 (après la fin de l’apartheid) a réussi l’examen final de mathématiques supérieures qui permet l’entrée dans les écoles d’ingénieurs et les professions techniques. Les examens de mathématiques « normales » ou de « culture mathématique » considérés plus faciles ne permettent pas l’inscription dans ces facultés. Réussir l’examen de mathématiques supérieures (avoir plus de 30 %) ne garantit pas de pouvoir s’inscrire dans certaines facultés, c’est ainsi que les facultés de commerce exigent souvent une note minimale de C+ (65 %). En 2007, seuls 700 étudiants noirs avaient obtenu un C+ ou davatange en mathématiques supérieures.
Augmentation soutenue des budgets dans les années à venir
Le ministre des Finances, Pravin Gordhan a prévu d'affecter 144 milliards de rands (20 milliards de $) à l’éducation, soit 17 % du budget. Il prévoit augmenter cette somme de 8,6 % en moyenne par an pendant les trois prochaines années fiscales conformément aux vœux de Jacob Zuma, président de l’Afrique du Sud depuis mai 2009 et lui-même démuni de tout diplôme scolaire, qui a fait de l’éducation une de ses priorités.
« Près de 3 millions de jeunes âgés de 18 à 24 ne suivent aucune formation ni ne travaillent, il ne s’agit pas seulement d’un gâchis de talent, mais également d’une cause potentielle de troubles sociaux graves » a déclaré dans un rapport sur le sujet le Center for Higher Education basé au Cap.
L’augmentation des dépenses en éducation n'a pas réduit substantiellement le taux d’analphabétisme. L’Afrique du Sud s'est classée au dernier rang dans un classement regroupant 40 pays, derrière le Maroc et le Koweït. Ce classement a été publié en 2007 dans le cadre du Programme international de recherche en lecture scolaire (PIRLS:2006). Cette étude vise à établir les compétences de lecture des élèves de 10 et 11 ans quand ils sont confrontés à des textes littéraires et informatifs authentiques.
On retrouvera ci-dessous le classement complet du PIRLS.
Pays | Note moyenne |
Russie (Fédération de) | 565 |
Hong-Kong | 564 |
Canada, Alberta | 560 |
Singapour | 558 |
Canada, Colombie-Britannique | 558 |
Luxembourg | 557 |
Canada, Ontario | 555 |
Italie | 551 |
Hongrie | 551 |
Suède | 549 |
Allemagne | 548 |
Pays-Bas | 547 |
Belgique (Flandre) | 547 |
Bulgarie | 547 |
Danemark | 546 |
Canada, Nouvelle-Écosse | 542 |
Lettonie | 541 |
États-Unis d’Amérique | 540 |
Angleterre | 539 |
Autriche | 538 |
Lituanie | 537 |
Taïwan | 535 |
Canada, Québec | 533 |
Nouvelle-Zélande | 532 |
Slovaquie | 531 |
Écosse | 527 |
France | 522 |
Slovénie | 522 |
Pologne | 519 |
Espagne | 513 |
Israël | 512 |
Islande | 511 |
Moyenne de l’échelle du PIRLS | 500 |
Moldavie | 500 |
Belgique (francophone) | 500 |
Norvège | 498 |
Roumanie | 489 |
Géorgie | 471 |
Macédoine (république de) | 442 |
Trinité et Tobago | 436 |
Iran | 421 |
Indonésie | 405 |
Qatar | 353 |
Koweït | 330 |
Maroc | 323 |
Afrique du Sud | 302 |
Exemple de texte du PIRLS 2001 : La nature et le questionnaire correspondant.
Plus d'info sur PIRLS 2006 ici.
Sources supplémentaires Bloomberg et News 24.