Réaction de Mathieu Bock-Côté sur la nouvelle ci-dessous :
On apprenait mercredi qu’Ottawa envisage désormais, dans le cadre de sa politique d’habitation et d’accès à la propriété, de s’ouvrir à ce qu’on nomme les hypothèques halal, et plus largement, aux exigences de la finance islamique.
On peut parler, de ce point de vue, d’une islamisation relative des politiques publiques.
Le gouvernement fédéral veut ainsi trouver ce qu’on appellera un accommodement raisonnable pour les musulmans les plus intégristes qui ne se sentent pas capables de vivre selon les codes des sociétés où ils se sont installés.
Je dis bien les musulmans les plus intégristes, ou si on préfère, les islamistes, car on devine qu’un très grand nombre de musulmans ne réclament rien de tel.
Multiculturalisme
Mais c’est la folie du multiculturalisme canadien de permettre aux radicaux de chaque communauté de s’en prétendre les représentants, et ainsi, de les prendre en otage, comme s’ils étaient les seuls à pouvoir parler en leur nom.
Le multiculturalisme, au Canada, n’est pas seulement une idéologie dominante constitutionnalisée. C’est une véritable religion d’État.
Le Canada sacralise tout ce qui se réclame de la diversité, pour peu que cette diversité soit «minoritaire».
Le Canada est ce pays qui a ajusté l’uniforme de ses policiers aux exigences religieuses des différentes communautés.
Le Canada est ce pays qui juge normal qu’on puisse prêter son serment de citoyenneté en niqab, et qui traite celle qui le fait en militante exemplaire, et même en citoyenne modèle!
Le Canada est ce pays qui représente publiquement une fillette voilée sur la couverture d’un document de la Commission des droits de la personne.
Le Canada est ce pays qui mobilise l’appareil fédéral pour combattre la loi québécoise sur la laïcité, en l’accusant de verser dans la discrimination.
Le Canada est ce pays qui a nommé une femme voilée représentante spéciale de la lutte contre l’islamophobie – et qui avalisait ainsi le concept d’islamophobie, consistant à criminaliser et à diaboliser toute critique de l’islam, et même de l’islamisme.
De ce point de vue, l’halalisation des hypothèques était probablement inévitable.
Et tout cela est appelé à aller bien au-delà des accommodements à répétition avec l’islamisme.
Le Canada est ce pays qui finance des catégories de gens d’affaires selon le critère de la couleur de la peau, et qui pratique aussi la discrimination positive excluant par principe les individus «blancs» de certains postes.
L’idéologie multiculturaliste s’est fanatisée: chaque communauté réclame désormais que l’État se plie à ses caprices ethnoreligieux.
Folie
Si l’État ne le fait pas, il est accusé de racisme systémique et d’exclure certaines catégories de la population. C’est ce qu’on appelle inverser notre rapport à la réalité.
Le Canada segmente sa population en communautés fermées les unes aux autres, il multiplie les silos identitaires, il refuse l’idée d’une citoyenneté partagée, pour préférer la racialisation des appartenances et le fanatisme religieux.
Le Canada est un pays qui marche sur la tête, et cela, depuis longtemps.
Billet du mercredi 17 avril
Le gouvernement fédéral dit qu'il a l'intention d'explorer de nouvelles mesures pour élargir l'accès aux « produits de financement alternatifs, comme les hypothèques halal ».
Selon le budget fédéral, le gouvernement libéral a déjà entamé des consultations avec les fournisseurs de services financiers et les diverses communautés « pour comprendre comment les politiques fédérales peuvent mieux soutenir les besoins de tous les Canadiens qui cherchent à devenir propriétaires. »
La religion islamique considère que le prélèvement d'intérêts est une forme d'usure et que les gains réalisés grâce aux intérêts sont injustes.
Des prêts hypothécaires conformes à la loi islamique sont déjà proposés par certaines institutions financières au Canada, bien qu'aucune des cinq « grandes banques » canadiennes ne les offre actuellement.
Selon des fonctionnaires s'exprimant en coulisses, les prêts hypothécaires alternatifs ne seraient pas nécessairement sans intérêt, mais pourraient inclure des frais réguliers qui remplaceraient les charges d'intérêt.
Le fait que peu d'institutions offrent actuellement des hypothèques islamiques au Canada et que le financement de ces hypothèques doit être halal sont autant de facteurs pouvant entraîner des frais d'emprunt plus élevés, dit M. Zuhair Naqvi, prêteur islamique interrogé par la SRC.
Comment ça marche ?
Des frais sont imposés, plutôt que les intérêts ajoutés à une hypothèque habituelle
Le prêteur peut rester propriétaire de la maison jusqu'à ce que l'emprunteur ait remboursé l'hypothèque, qui est repayée sous la forme d'une location à long terme, par exemple
Les sources de financement d'une hypothèque islamique doivent être halal
Le prêteur ne peut pas saisir la propriété en cas de non-paiement, contrairement à une hypothèque traditionnelle