Une mère nous a écrit. Son fils est en secondaire II (12 ans, bientôt 13) dans une école québécoise. En français, on impose au fils la lecture du
Trésor de Brion de Jean Lemieux.
Roman anticonservateur où le trésor ce sont des lettres d'amour homo
Selon Tony Esposito dans le magazine homosexuel Homni, «
Ce livre est à conseiller que vous soyez adolescent ou adulte, homme ou femme, gai [homo] ou hétéro. L'histoire est bien développée, crédible, entraînante et dynamique. Elle contient, au milieu de la chasse au trésor, des moments importants sur les relations familiales, sociales, amoureuses et sexuelles faisant basculer nos trois héros hors de l'enfance dans le monde des adultes.
L'angle gai [homo] est mince, mais essentiel à l'histoire. Le trésor, c'est le butin du pirate Ratcliffe: pierres précieuses, doublons, etc. ainsi que le calice de Beaubassin, pièce historique. Mais il y a aussi l'autre coffre, celui qui contient les registres de l'Abbé Donnegan et ses lettres d'amour [homosexuel] à Henry Ratcliffe. »
Pour le même auteur,
Tony Esposito, mais cette fois dans Érudit : « S'il est encourageant de lire Guillaume dire :
«[...] À cette époque, l'homosexualité devait être un sujet tabou. Encore plus entre un pirate et un missionnaire. [...]» (p. 360), il reste que Donnegan et Ratcliffe sont des
victimes de l'étroitesse des mœurs de leur époque. La question à se poser est : est-ce que les choses ont vraiment tant changé ? »
Pour
Jacques La Mothe, de l'Université du Québec à Montréal, «
le motif de l'homosexualité se cristallise sur un objet à valeur symbolique importante, le calice. Vase sacré provenant du lieu dit Beaubassin et ayant appartenu à l'abbé Donnegan, il est volé par Ratcliffe, puis enterré à Brion. Suivant le journal de Geneviève Boudreau, qui date de 1856, il semble figurer
« le péché » dans lequel vivaient les deux hommes. Le jeu de mots évident, bien que manquant quelque peu de raffinement, donne
au calice de Beaubassin une connotation sexuelle[...] La quête du Graal n'est pas très éloignée de toute cette imagerie.
Dans ce récit d'aventures, le motif de l'homosexualité semble jouer le rôle d'une métaphore autour de laquelle se cristallise tout le problème de
l'impossibilité d'assouvir le désir, la passion (qu'elle soit d'amour, de connaissances ou de liberté, peu importe), dans les sociétés conservatrices. »
Bref, il s'agit d'un roman d'aventures pour la jeunesse dont un des objectifs est la critique de la société conservatrice et une normalisation de certains comportements comme l'homosexualité, mais pas uniquement puisqu'on y aborde aussi la sexualité hétéro entre adolescents. Un roman qui sied donc à l'école « progressiste » québécoise et on comprend qu'on l'impose aux étudiants dans certaines écoles.
La société post-moderne tribale, passionnelle et émotive, mais est-elle libre ?
Ce qui est comique c'est le peu de profondeur de cette nouvelle doxa qu'on inculque aux jeunes captifs de l'école québécoise. D'une part, le roman est totalement anachronique dans sa vision du monde : à l'époque classique,
la liberté et la connaissance s'opposent précisément à la passion et aux désirs à assouvir. Contrairement aux sauvages, on devenait libre en n'étant plus soumis aux plaisirs, à ses passions irrationnelles qui égarent... D'autre part, ce roman semble prétendre qu'aujourd'hui les gens ne sont plus soumis à des tabous, que l’individu n'est plus étouffé par les conformismes, que la soif de connaissance nous définirait. Voire. C'est loin d'être évident. Il semble que l'auteur veuille surtout ennoblir ce qui n'est que l'ode de l'
homo festivus soumis à ses sens, à ses passions.
Des auteurs comme Maffesoli, dans son dernier ouvrage
Homo eroticus, montre bien que les valeurs des Lumières (la raison et le progrès) ne constituent plus une matrice féconde de la société contemporaine et que nos contemporains ne veulent pas le voir, les gens ont une frousse terrible du mot « post-modernité ».
La société actuelle est nettement plus émotive, tribale, passionnée, soumise aux pulsions que rationnelle, rationaliste et individuelle : « Les affects sont omniprésents, et même dans des domaines d'où ils avaient été exclus : la politique, l'économie. Il suffit de voir les meetings actuels avec musique et cotillons ! La vie sociale est remplie de rumeurs, de buzz, d'irruptions des humeurs »,
de dire le sociologue. Il ajoute : « Au "cogito ergo sum, in arcem meum" de Descartes — "je pense donc je suis, dans la forteresse de mon esprit" — qui fonde l'individualisme moderne a succédé le "je m'éclate avec".
Les gens se structurent en tribus, autour d'un goût partagé sexuel, musical, religieux, sportif, etc.,
dans une volonté de vivre le présent plutôt que de se projeter. » Pour ce sociologue, ces communautés ne sont pourtant pas dépourvues de cruauté envers leurs membres, elles imposent aussi une normalisation des actes de leurs membres. Notons que Maffesoli jette toutefois un regard bienveillant sur cette société post-moderne qu'il qualifie de « vitaliste ».
Dans ce sens, Le Trésor de Brion est bien un roman post-moderne, dionysiaque et soumis au seul sens du temps présent. Le récit se termine d'ailleurs ainsi :
— Où on va ?
— N'importe où. [...]
— Par là-bas ? demanda Aude.
— Par là-bas.
Ramenant la barre à lui, Guillaume Cormier pointa l'étrave du bateau vers le large. (p. 290)
Le bateau du jeune héros, Guillaume Cormier, renoue ainsi, dans cette ouverture à toutes possibilités, avec son nom :
— Pourquoi tu l'as appelé
Par là-bas ?
— C'était une expression de maman. Quand on allait faire un tour d'auto, elle disait « Par là-bas ! ». C'était une façon de
tout oublier, de profiter du moment présent. Elle rêvait toujours de partir.
— Elle a réalisé son rêve.
— C'est une façon de voir ça. (p. 207)
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Extrait de Pedro & Me |
Classique anglais remplacé par une brève BD homo
Ailleurs,
un père nous apprend que le classique «
Lord of the Flies » de William Golding initialement prévu au programme (
320 pages à lire sans images, imaginez-vous !) avait été retiré de façon à
faire place à une bande dessinée militante « Pedro & Me » aux dialogues rares et très aérés et cela en cours d'anglais de secondaire IV. L'auteur, Judd Winick, y raconte comment lors d'une émission de télé-réalité en 1992, Real World à San Francisco, il a fait
connaissance avec un jeune gay séropositif d'origine cubaine, Pedro Zamora. Activiste engagé dans la prévention du sida, Pedro devient l'ami de Judd. À travers cette amitié, ce dernier va prendre conscience de son ignorance de la maladie.
Tout au long de la bande dessinée, l'homosexualité est banalisée et présentée de manière favorable. Le « mariage » homosexuel est également présenté comme normal (même s'il n'est pas reconnu en Californie !)
La classe a également été soumise au
visionnement obligatoire en classe du film tiré de cet opuscule.
Cours de français, lecture d'opuscule médiocre sur l'homosexualité
Ailleurs, le père d'un élève inscrit dans une école supposément catholique, rapportait le fait qu'en secondaire IV au cours de français, on rendait obligatoire la lecture du roman
Philippe avec un grand H [1]. Selon lui, « Il s'agit d'un livre dont les objectifs sont de contrer l'homophobie, d'une part, et d'aborder le tabou entourant le haut taux de suicide chez les jeunes hommes homosexuels, d'autre part.
Il m'apparaît inapproprié d'imposer la lecture de ce roman à des étudiants de secondaire IV âgés de 15 ans, et de retirer du programme de français la lecture de grandes œuvres de la littérature française pour faire place à de tels romans qui poursuivent des objectifs de rectitude politique. »
Le parent précise encore : « J'ai par ailleurs fait valoir au directeur qu'il ne faut
pas confondre la lutte contre l'homophobie, objectif sans doute louable (voir
paragraphe 2358 du CEC),
et la promotion de l'homosexualité. »
Le livre est parcouru de certaines longueurs et de clichés à la mode. C'est ainsi que, si Philippe H a le bon rôle, on trouve bien sûr un méchant hétéro macho, foncièrement « malheureux qui agit ainsi pour nier sa nature profonde d'homosexuel » comme l'écrit avec grand style
le site des jeunes « allosexuels »... L'auteur de
Philippe avec un grand H est d'ailleurs un jeune homosexuel. Une liste de ressources pour ce qu'on désigne comme les « jeunes gais et lesbiennes » est présentée à la fin de l'ouvrage. Reste à savoir si, à 15 ans, on est déjà vraiment homosexuel ou non, si on le sait ou non.
Ce n'est pas l'avis de tous les professeurs de psychopathologies...
Extrait de
Les Troubles psychiques de l'adolescence François Richard, professeur de psychopathologie à l'université Paris VII-Denis Diderot, il est également psychanalyste :
« Mais il existe aussi une homosexualité transitoire normale à l'adolescence, le plus souvent inhibée et méconnue comme telle. [...]
À côté de l'identification à une figure parentale susceptible d'être idéalisée, il existe, à l'adolescence, une quête fraternelle du semblable (ce qui explique l'importance du groupe d'autres adolescents mais aussi des amitiés amoureuses). C'est alors non plus le modèle de ce que l'on voudrait devenir que recherche l'adolescent, mais celui de ce qu'il est. »
Hétérosexisme
Toutes ces lectures s'inscrivent dans l'air du temps, alors que l'État a fait l'annonce d'une
lutte gouvernementale concertée contre l'hétérosexisme. Rappelons que l'hétérosexisme serait l'attitude selon laquelle l'hétérosexualité est à préférer à l'homosexualité. Bref, la normalité. Sont hétérosexistes « Les représentations et stéréotypes négatifs des gais, des lesbiennes et des bisexuelles, surtout en méchant ou traître, cible de plaisanteries, bête curieuse » (
Wikipédia). À ce titre, dans les publicités québécoises, la cible de plaisanteries n'est-elle pas plutôt le
mâle hétérosexuel, l'éternel idiot (lire
aussi ici,
là). De l'hétérophobie ?
Remous lors du visionnement d'un film imposé
Selon Le Devoir, en cours d'éthique et de culture religieuse (la lutte à l'hétérosexisme est transversale !) dans une école plutôt multiethnique le visionnement obligatoire du film C.R.A.Z.Y. a suscité de très vives réactions. Ce film avait été imposé aux élèves pour parler de l'homosexualité et des valeurs du Québec dans les années 60-70-80. « Deux gars qui s'embrassent, c'était pour elles "dégueulasse" » auraient déclaré des élèves. Le professeur d'ECR admet aussi avoir reçu quelques appels téléphoniques de parents outrés.
60 % de la note de français sur un travail sur l'homosexualité
À Granby, à l’initiative d’un professeur de français de secondaire III, Kim Messier, auteur du livre Le Placard, plusieurs professeurs de français de cette année ont choisi l’homosexualité et la lutte contre l'hétérosexisme comme sujet principal de la troisième étape de l’année. Cette étape compterait pour 60 % de la note finale au bulletin.
Dans le cadre de ce cours de « français », les élèves
- liront le livre de Jasmin Roy (Osti de fif !) ainsi que d’autres textes et articles sur le sujet ;
- entendront des invités homosexuels et des intervenants du GRIS (voir ci-dessous) ;
- apprendront comment ont évolué les lois sur l'homosexualité depuis l'antiquité (en cours d'histoire...) ;
- feront des activités comme se coller des étiquettes sur leurs chandails avec la mention « Je suis bisexuel », « Je suis homosexuel » ou « Je suis hétérosexuel » et les porter toute la journée à l’école ;
- Kim Messier a fait une demande à la direction pour que les élèves lisent Le Placard son nouveau livre... ;
- la première journée d’école de septembre 2012, le professeur d’anglais (!) a montré la vidéo (ci-dessous) en classe.
La vidéo Le Placard dont le visionnement a été imposé en cours d'anglais
Lors de la rencontre des parents de 2011-12, Anne-Marie Dussault (professeur de français de secondaire III en 2011-12 dans la même école) a affirmé « Dans mon cours, la journée contre l’homophobie est passée à une semaine, puis s’est transformée en une étape ! Pourtant rien ne semble justifier une telle opération, car au dire même du directeur pédagogique il n’y a aucune problématique liée à « l'homophobie » à l’école du Verbe divin...
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Affiche utilisée dans les écoles. On traque ensuite la réaction des élèves... |
Interrogée par la Voix de l'Est, en mai 2010, Kim Messier affirmait « J'enseigne au secondaire et je crois que c'est mon devoir d'aider ces jeunes gais et lesbiennes à s'accepter. Je veux aussi
en profiter pour sensibiliser les autres élèves de mon niveau en développant leur empathie. Pour ce faire, j'invite, à chaque année, les intervenants du
GRIS (Groupe de recherche et d'intervention sociale) [dont la mission est de « démystifier l'homosexualité et la bisexualité » à l'école]. Mes élèves écoutent le récit de vie d'un gai et d'une lesbienne et peuvent leur poser des questions. Ces témoignages les émeuvent et démystifient l'homosexualité. Le plus important, pour moi, à travers les discours de ces intervenants, et les lectures faites en classe, c'est de faire comprendre aux élèves qu'être homosexuel, c'est aimer quelqu'un. »
En 2011,
un reportage rapporte que « … des enseignants ont intégré le délicat sujet dans leurs cours de français, histoire et même... en mathématiques !» « Même effervescence à l'école secondaire du Verbe divin, où on a mis le paquet pour sensibiliser les jeunes contre l'homophobie. Une initiative de l'enseignante Kim Messier.
En troisième secondaire, le bilan de fin d'année est consacré à la cause. En classe de français, tous les élèves ont lu la biographie
Osti de fif ! de Jasmin Roy. Œuvre coup-de-poing sur les effets dévastateurs de l'intimidation et des remarques homophobes. » … «
Tous les examens de fin d'année en français ont été consacrés à l'homophobie. Une initiative qui a suscité un débat positif chez les élèves [avaient-ils le choix ?], mais qui a
aussi allumé des parents moins évolués [sympa! on intimide les parents jugés rétrogrades ?] Le professeur d'histoire a lui aussi suivi le mouvement en orientant son cours sur l'histoire de l'homosexualité et de l'homophobie à partir de la Grèce antique.
Même en mathématique, les élèves ont eu à résoudre des problèmes à partir de statistiques sur l'homosexualité et les taux de suicide. »
Pour en tirer quelle conclusion ? Gageons qu'on ne parlera pas à ces pauvres élèves captifs du
travail de G. Remafedi, par exemple, qui à la lumière de six études trouve que le suicide chez les jeunes homosexuels s'explique peu par l'homophobie, mais davantage par la prostitution, la famille désunie, l'agression sexuelle en bas âge, les peines d'amour et l'étiquetage prématuré de l'orientation sexuelle.
La lutte contre l'intimidation monopolisée par la lutte contre l'homophobie
Implicitement, on essaie de faire croire que la lutte justifiée contre l'intimidation à l'école doit être prioritairement axée sur la lutte contre l'hétérosexisme, car même tolérer l'homosexualité sans brimer quiconque n'est désormais plus suffisant.
D'une part, on peut très bien s'assurer de ne pas martyriser des garçons efféminés (ils ne sont pas tous homos de toute façon !) sans faire la promotion de l'homosexualité comme un mode de vie et, d'autre part, l'homophobie ne représente qu'une toute petite partie des causes de l'intimidation à l'école. Finalement, il n'y a nullement une crise de l'intimidation en Amérique du Nord. En effet, selon le National Center for Education Statistics, entre 1995 et 2009, le pourcentage d'élèves qui ont déclaré « avoir peur d'une attaque ou de coups à l'école » est passé de 12 % à 4 %. Au cours de la même période, le taux de victimisation pour 1000 étudiants a également été divisé par cinq. On a la désagréable impression que l'on crée une certaine hystérie autour de l'intimidation pour servir de prétexte à la normalisation de l'homosexualité et très peu lutter contre les autres formes d'intimidations nettement majoritaires. Il est vrai que les outre-mangeurs et les obèses du Québec n'ont pas un lobby aussi actif que les homosexuels.
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Source: Maria Yau et Janet O'Reilly, « 2006 Student Census, Grades 9-12 » |
Selon
une étude de Maria Yau et Janet O'Reilly, « 2006 Student Census, Grades 9-12 », l'intimidation liée à l'orientation sexuelle des élèves (orientation souvent simplement supposée au début du secondaire) est loin, mais très loin, d'être une des raisons principales des brimades à l'école. En effet, le premier sujet des moqueries et insultes est lié au physique des élèves. Railleries parce qu'un élève est trop gros, trop petit, lent à la course, roux, laid, trop grand, trop maigre, etc.
À la fin du secondaire, les motifs reliés au « genre » sont même parmi les moins fréquents loin derrière l'intimidation au physique, aux notes en classe, l'origine culturelle, la langue familiale, la religion et les revenus des parents !
Et le respect des parents, des jeunes ados, de la pudeur ?
À une époque, jamais ces romans, ces bandes dessinées, ces films n'auraient été imposés aux jeunes adolescents. Non seulement parce qu'il s'agit souvent d'œuvres médiocres. Non seulement parce qu'elles ne sont pas consensuelles (et Dieu sait qu'on aime nous rebattre les oreilles avec le consensus québécois). Non, seulement par pudeur chez de jeunes adolescents, mais aussi parce qu'on respectait encore les valeurs de parents premiers éducateurs qui considèrent la pratique de l'homosexualité comme un choix moins heureux que l'hétérosexualité. Aujourd'hui, le gouvernement fait fi de ces pudeurs et des désirs des parents poussé par la coterie LGBTQ. Il faut dire que, devant lui, il n'a plus que le silence. Quand a-t-on entendu, par exemple, un évêque catholique encore dire quoi que ce soit sur le sujet ? Ne se condamnent-ils pas à l'insignifiance par leur mutisme ?
Lente chute dans les classements ?
[1] « H » pour homosexualité