Le Dr Jordan Peterson a reçu l’ordre de suivre un programme de formation pour « réfléchir et améliorer » sa conduite dans ses déclarations publiques. |
Jordan Peterson ne manque pas de gens qui sollicitent ses conseils. La chaîne YouTube du psychologue compte plus de sept millions d’abonnés. Son émission en différé (balado/podcast) a été téléchargée plus de 55 millions de fois. Et son livre, 12 règles pour une vie, s’est vendu à plus de cinq millions d’exemplaires.
Mais un tribunal canadien vient de décider que s’il ne suit pas une formation obligatoire sur les médias sociaux — ce que M. Peterson appelle une « rééducation forcée » — il pourrait perdre sa licence clinique et, avec elle, tout droit de conseiller ses patients.
« Je savais que le pouvoir judiciaire au Canada avait été saisi politiquement », a déclaré Peterson au Free Press mercredi. « Mais je n’avais aucune idée de l’ampleur de ce phénomène. »
« Les documents fondateurs que nous avons mis en place [imposés par Trudeau au Québec] dans les années 1980 valent à peine le papier sur lequel ils sont écrits », a-t-il ajouté.
M. Peterson a fait valoir que l’ordonnance portait atteinte à sa liberté d’expression. Mais la Cour divisionnaire s’en est remise au collège, un organisme créé par la législation provinciale, et a conclu que l’ordonnance constituait un exercice raisonnable du pouvoir de l’organisme de réglementation de la profession. À l’ère de la déférence judiciaire à l’égard de l’État administratif, les droits constitutionnels ne signifient pas ce que de nombreux Canadiens pensent qu’ils signifient selon Brude Pardy, professeur de droit à Queens.
La Cour suprême du Canada est en grande partie responsable de cette situation. Dans la plupart des cas, les organismes de réglementation ne sont pas tenus d’appliquer la loi correctement, a déclaré la Cour suprême, mais seulement « raisonnablement ». En d’autres termes, dans certains contextes, un organisme de réglementation peut se tromper juridiquement s’il ne se trompe pas de manière déraisonnable. La « justice administrative » ne ressemblera pas toujours à la « justice judiciaire », a écrit la Cour en 2019 dans sa principale affaire de droit administratif, Canada (ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration) c. Vavilov, « une cour […] ne demande pas quelle décision elle aurait prise à la place de celle du décideur administratif […] ou ne cherche pas à déterminer la “bonne” solution au problème ».
Plus grave encore. La Cour a permis aux organismes de régulation d’ignorer complètement les droits garantis par la Charte s’ils mettent en balance des « valeurs de la Charte » imaginaires, mentionnées nulle part dans le texte, et par lesquelles ils entendent des idéaux progressistes tels que l’équité, la justice sociale et la dignité des groupes. En 2018, par exemple, la Cour a autorisé les barreaux de l’Ontario et de la Colombie-Britannique à refuser d’approuver le projet d’école de droit de la Trinity Western University en raison de son pacte communautaire religieux, permettant ainsi aux régulateurs de rechercher l’équité au nom de l’intérêt public comme supérieure à la liberté de religion.
Le gouvernement n’est pas censé fonctionner de cette manière. En principe, la branche administrative n’a aucun pouvoir, sauf dans le cadre de mandats statutaires spécifiques. Le contrôle juridictionnel supervise les agences gouvernementales, y compris les organismes de régulation professionnels, afin de s’assurer qu’elles restent dans les limites des pouvoirs conférés par la loi. « Je ne connais aucun devoir du tribunal qu’il soit plus important d’observer, ni aucun pouvoir du tribunal qu’il soit plus important de faire respecter, que son pouvoir de maintenir les organismes publics dans leurs droits », a écrit Lindley M.R. dans une affaire britannique datant de 1899. « Dès que les organismes publics outrepassent leurs droits, ils le font au détriment des particuliers et en les opprimant. »
Mais le socle juridique s’est lentement déplacé sous nos pieds. Nous nous sommes éloignés de l’État de droit pour revenir à un régime par décret de l’exécutif. La déférence judiciaire accorde le contrôle non pas à un monarque, mais à une classe de gestionnaires professionnels. Un large pouvoir discrétionnaire entre les mains des organes administratifs est devenu le fondement de notre système moderne de gouvernement.
En vertu de l’ordonnance de l’Ordre, M. Peterson doit payer lui-même les mesures de rééducatives. Les séances prendront fin lorsque le « coach » déterminera que M. Peterson est rééduqué de façon appropriée. Pourtant, l’Ordre insiste sur le fait que l’ordre n’est pas disciplinaire. En fait, le comité de l’Ordre n’a pas tenu d’audience disciplinaire et n’a jamais conclu que M. Peterson avait commis une faute professionnelle. Néanmoins, l’Ordre a promis que le fait de ne pas terminer le programme pourrait donner lieu à une allégation de faute professionnelle et à l’ouverture d’une procédure disciplinaire.
M. Peterson n’est pas le seul. Dans tout le Canada, les organismes de réglementation insistent de plus en plus sur la conformité idéologique. Les barreaux instituent des exigences de « compétence culturelle » à forte connotation politique. Les organismes de réglementation médicale ont sanctionné des médecins pour avoir exprimé des opinions médicales contraires aux récits COVID approuvés. Les infirmières et les enseignants ne peuvent pas exprimer en toute sécurité leurs doutes sur le transgenrisme ou les programmes « antiracistes » au sein de leurs institutions. La déférence renforce la tyrannie de l’État administratif.
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