vendredi 2 août 2024

Anglo-saxonisation de Sciences Po, source de sa radicalisation gauchiste


[…] Le livre Une jeunesse engagée : enquête sur les étudiants de Sciences Po, est venu confirmer la tendance : Sciences Po penche de plus en plus à bâbord. « En 2002, invités à se positionner entre la gauche, la droite ou ni la gauche ni la droite, 57 % des étudiants se situaient à gauche. En 2022, ils sont 71 % (soit +14 points) », écrivent la sociologue Anne Muxel et le politologue Martial Foucault dans cet ouvrage. Au fil du temps, les modérés se sont fait cannibaliser par les Insoumis. En 2002, leur engagement « se portait sur la gauche socialiste et jospiniste. Aujourd’hui, c’est la gauche mélenchoniste qui domine dans la mesure où celle-ci peut apparaître comme garante d’unité et d’efficacité électorale », ajoute Anne Muxel dans une tribune publiée dans Le Monde. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. 55 % au premier tour, c’est le score de dictateur africain ou russe obtenu par Jean-Luc Mélenchon chez les étudiants de Sciences Po Paris, à l’élection présidentielle 2022, selon un sondage interne. Et puis, « 28 % considèrent “comme normal que certaines personnes usent de la violence pour défendre leurs intérêts” » (Muxiel et Foucault) 19 % jugent acceptables de dégrader des banques, 22 % d’affronter la police, 13 % d’affronter d’autres manifestants.

Il n’en reste pas moins que les sociaux-démocrates rencontrent toujours un vif succès. En témoigne l’accueil triomphal reçu par Raphaël Glucksmann lors de son retour, le 15 avril, au sein de l’institution où il a été scolarisé à l’aube des années 2000. Après tout, la grande auberge espagnole qu’est devenu Sciences Po (les étrangers représentent 50 % des étudiants) ne pouvait qu’être séduite par le porte-étendard du fédéralisme européen.

L’anglo-saxonisation assumée de l’école semble déterminante pour expliquer ce virage

L’anglo-saxonisation assumée de l’école, lancée par feu Richard Descoings, semble déterminante pour expliquer ce virage, de l’aveu des fins connaisseurs de l’institution. Elle a contribué à former des « produits » mondialisés et à « gauchiser » l’école sur les questions sociétales. « Longtemps, Sciences Po a brillé par son “extrême centrisme”. Mais l’ouverture aux quatre vents, et les influences américaines ont changé la nature de l’école et des enseignements », constate un diplômé, devenu professeur de philosophie. Un professeur titulaire raconte que nombre d’étudiants, assez modérés, partent en troisième année en échange dans des universités anglo-saxonnes et, « à leur retour, tiennent des discours délirants sur l’existence d’un “racisme d’état” en France et expliquent que les “racisés” souffrent d’“invisibilisation” », souffle-t-il. « Ce terme est galvaudé, mais on peut difficilement nier la présence du wokisme à Sciences Po — une grosse partie des étudiants pense le monde à travers le prisme des minorités », constate Christophe de Voogd, professeur affilié à Sciences Po où il enseigne les usages de l’histoire, les idées et la rhétorique politiques au collège universitaire et en maîtrise, pour qui le phénomène s’est accentué depuis l’attaque menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre. Tous woke à Sciences Po ? « Il y a un décalage net entre des étudiants asiatiques, notamment chinois, particulièrement conservateurs en matière de mœurs ou sur les évolutions sociétales, et les étudiants britanniques et américains dont les positions sont plus “progressistes” sur la question des droits LGBT ou la place des minorités dans la société », nuance Christophe de Voogd.

Quasi-disparition de la droite à Sciences Po alors que la société se droitise

Quant à la droite, paix à son âme. Pascal Perrineau a vu de ses yeux sa quasi-disparition. « Cette année, la section des Républicains de Sciences Po m’a invité à dîner. Ils étaient six », sourit le professeur. En 2002, les étudiants étaient 22 % à se revendiquer de cette couleur politique, contre 14 % en 2022 et à la dernière élection présidentielle, Marine Le Pen, Valérie Pécresse, Éric Zemmour et Nicolas Dupont-Aignan, à eux quatre, ont recueilli 7 % des suffrages. « La droite n’a jamais été aussi faible à Sciences Po », résument Muxel et Foucault. Dans un contexte de droitisation de la société, difficile de ne pas y voir un fossé entre la fabrique de l’élite et le reste de la société, d’autant que désormais, même les enfants de conservateurs se mettent à renier la tradition politique familiale. L’enquête d’Anne Muxel et de Martial Foucault montre que 87 % des étudiants déclarant leur père à gauche se positionnent eux-mêmes à gauche, et seuls 24 % déclarant leur père à droite se revendiquent de droite. Le Rassemblement national, lui, reste marginal à Sciences Po. En 2015, la constitution en association du parti de Marine Le Pen dans l’établissement de la rue Saint-Guillaume avait fait couler beaucoup d’encre. Aujourd’hui, les rares voix à oser prendre position pour la droite radicale sont plus « zemmouristes » que « marinistes », l’ancienne candidate à la présidentielle étant jugée trop « populo », « Éric Zemmour, c’est socialement acceptable dans les milieux de la bourgeoisie de droite. Alors que Marine Le Pen est perçue comme la candidate des ploucs », analyse une sommité de l’école.

[…] 

Source : Le Figaro

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La France compte de moins en moins de bébés


La France continue de voir sa natalité baisser drastiquement. Sur les six premiers mois de l'année 2024, un peu plus de 326.000 bébés ont vu le jour en France, soit un recul de 2,4% par rapport à la même période l'année précédente.

La natalité française en chute libre. C'est ce que révèlent les données provisoires publiées jeudi 2 août par l'Insee. Si ce constat avait déjà été posé pour l'année 2023, le bilan démographique de la France à mi-chemin de 2024 ne semble marqué d'aucune amélioration, au contraire : seuls 326.000 enfants sont nés en France sur cette période, soit 2,4% de moins par rapport à la même période l'an dernier. Au mois de juin 2024, 52.701 naissances ont été enregistrées, soit 1.757 naissances en moyenne par jour. Ceci correspond à une baisse de 7,9% par rapport à juin 2023. Depuis plus de deux ans (25 mois exactement), chaque mois, le nombre de naissances est inférieur à celui du même mois un an auparavant.


La baisse de la natalité française est loin d'être nouvelle. Elle s'est amorcée dès 2011, et depuis les naissances sont chaque année moins nombreuses. Seul un rebond avait été constaté en 2021, conséquence de la crise sanitaire. Déjà en 2023, cette baisse démographique avait atteint un record : alors qu'elle était de 1,6% par an environ entre 2014 et 2019, elle avait atteint 6,6 % en 2023. Le nombre de naissances était ainsi passé sous la barre symbolique des 700.000, pour la première fois depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.

Baisse du taux de fécondité à 1,68 enfant/femme (en âge de procréer)

Cette baisse de la natalité s'explique tout d'abord par le facteur démographique : le nombre de femmes en âge d'avoir des enfants, soit âgées entre 20 et 40 ans, a diminué. D'autre part, le taux de fécondité de ces femmes ne cesse, lui aussi, de diminuer. En 2023, l’indicateur conjoncturel de fécondité s’établissait à 1,68 enfant par femme, après 1,79 en 2022. "Auparavant, les Français étaient moins nombreux qu'ailleurs à ne pas avoir d'enfant et plus nombreux qu'ailleurs a en avoir trois", indique à l'AFP Didier Breton, chercheur associé à l'Institut national d'études démographiques (Ined). Emmanuel Macron avait appelé au "réarmement démographique" de la France en 2023, et annoncé notamment la création d'un "congé de naissance" de six mois pour remplacer le congé parental et encourager ainsi la parentalité, pour le moment sans succès.

Malgré un fort désir d’enfants, la France s’enfonce dans l’hiver démographique.


Kamala Harris : Une autre phrase circulaire et répétitive

Pour une fois, depuis que Joe Biden a renoncé à la course présidentielle, Kamala Harris ne lisait pas une déclaration préparée. Elle s'est lancée dans une de ces longues phrases circulaires dont elle a le secret :  


« C'est un témoignage extraordinaire de l'importance d'avoir un président qui comprend le pouvoir de la diplomatie et qui comprend la force qui réside dans la compréhension de l'importance de la diplomatie  ».


En 2022, Kamala Harris parlait en ces termes du passage du temps:

« Le gouverneur et moi-même avons visité la bibliothèque et parlé de l'importance du temps qui passe, c'est vrai, de l'importance du temps qui passe. Quand on y pense, le temps qui passe a une grande importance pour ce que nous devons faire pour poser ces fils, ce que nous devons faire pour créer ces emplois. Et le temps qui passe a aussi une grande importance lorsque nous pensons à une journée dans la vie de nos enfants ».


En 2021, K. Harris avait utilisé cette même lancinante musique répétitive pour dire très peu en de nombreux mots :

« Nous devons travailler ensemble pour voir où nous en sommes, où nous nous dirigeons, où nous nous en allons, et notre vision de ce que nous devrions être, mais aussi pour voir que c'est le moment, oui, de relever ensemble les défis et de travailler sur les occasions qui se présentent à ce moment-là.  »

Madrid ne pourra plus lever d'impôt en Catalogne selon un préaccord

Le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, à gauche et le président de la Généralité catalane Pere Aragonès

Le Parti des socialistes de Catalogne (PSC), arrivé premier mais sans majorité absolue aux élections régionales de mai dernier, est parvenu à un « préaccord » avec la gauche indépendantiste catalane (ERC). Le pacte prévoit que les députés régionaux d’ERC votent l’investiture du candidat socialiste, Salvador Illa, à la tête de la région, en échange d’une série de conditions programmatiques dont la plus spectaculaire concerne les impôts. Le PSC s’engage, avec le feu vert du gouvernement espagnol du socialiste Pedro Sanchez, à céder à la région la capacité de lever l’ensemble des impôts sur son territoire, à lui transférer les compétences en matière de gestion et de contrôle fiscal, et à plafonner sa contribution au pot commun.

Des deniers publics qu’elle percevrait donc par elle-même, la Catalogne consentirait à en reverser une fraction à l’état. Fonds qui serviront d’un côté au remboursement des politiques régaliennes (défense, sécurité…) payées par Madrid et dont bénéficie la Catalogne, et de l’autre à une solidarité avec les territoires moins favorisés. Mais cette solidarité sera limitée par le principe dit d’ordinalité. Lequel, inscrit noir sur blanc dans l’accord, est une vieille revendication des indépendantistes catalans qui limite la redistribution fiscale. En clair, si la Catalogne, parce qu’elle a sur son sol davantage de contribuables aisés que d’autres régions, est la deuxième contributrice par habitant, elle doit être la deuxième réceptrice des fonds versés par l’état. Et ce indépendamment des besoins de ses habitants.

Le projet doit encore être entériné par un vote des militants de la gauche indépendantiste (ERC), prévu ce vendredi, puis traduit par une loi dont il n’est pas dit qu’elle convainque la majorité des députés espagnols. Sur le papier, le plan ressemble beaucoup à ce qui existe déjà au Pays basque et en Navarre depuis le retour de l’Espagne à la démocratie, un système hérité de privilèges féodaux. Sauf que le PIB catalan représente 19% du PIB espagnol, contre 6 % pour le Pays basque et 1,7 % pour la Navarre.

« L’état ne peut pas se permettre de renoncer à lever l’impôt sur près de 30 % de son économie, dans trois des régions les plus riches en PIB par habitat, résume Ignacio Zubiri, professeur de finances publiques à l’université du Pays basque (UPV). C’est un jeu à somme nulle. Tout le monde perd sauf la Catalogne, qui gagne. Si cette dernière ne participe plus, ou très peu, à la solidarité nationale, il ne restera que la région de Madrid pour financer l’éducation ou la santé publique des communautés les moins dotées. Et face à une crise économique, il n’y aura plus que les pauvres à qui augmenter les impôts. » Zubiri souligne enfin le paradoxe de confier les clés du Trésor public à qui promeut la partition du pays.

« Imaginez un instant qu’au moment de déclarer l’indépendance, en 2017, ils aient eu la main sur tous les impôts… »

La proposition catalane scandalise les autres communautés autonomes, l’opposition de droite et même une partie significative des « barons » du Parti socialiste espagnol (PSOE). « Ça suffit ! », s’est rebellé le président socialiste de la Castille-la Manche, Emiliano Garciapage, connu pour sa liberté de ton et, cette fois-ci, suivi par plusieurs homologues d’ordinaire plus réservés.

«Qu’une communauté autonome exige de recevoir autant que ce qu’elle apporte est obscène et honteux. Botin (la multimillionnaire PDG de la banque Santander, NDLR) ne doit pas recevoir autant que ce qu’elle paie », a-t-il illustré.

Le texte prévoit que dès 2026 l’agence des impôts catalane, qui ne gère aujourd’hui que des taxes mineures, perçoive elle-même l’impôt sur le revenu.

Conscients, peut-être, que la quasi-indépendance fiscale n’est pas acquise, les signataires ont prévu toute une série de dispositions transitoires, dont le fameux principe d’ordinalité et en plus une augmentation « substantielle » des transferts de l’État dans la région.