vendredi 27 janvier 2017

Le Québec tolérant à l'œuvre : Mathieu Bock-Côté entarté (m. à j. vidéo)





Après la tournée des radios à Québec pour la promotion de son dernier livre, Mathieu Bock-Côté présent à la libraire de la rue Cartier pour présenter ce dernier essai, a été attaqué et entarté par un jeune homme en béquille portant un bonnet noir. La Vie agricole venue écouter l’un de ses chroniqueurs était présente.



L’homme a paradoxalement crié « fasciste », puis a lancé une tarte comme geste de protestation au discours du célèbre auteur. L’homme a été retenu par les nombreux auditeurs jusqu’à l’arrivée de la police attendue lorsque nous avons quitté les lieux pour écrire ces lignes.

Mathieu Bock-Côté très professionnel après s’être changé a repris le cours de sa conférence


Source : La Vie agricole



Message de Mathieu Bock-Coté sur Facebook

Chers amis, alors l'information circulant très rapidement aujourd'hui, ce n'est pas un secret, j'ai été entarté ce soir dans le cadre d'une causerie que je donnais à la librairie du Quartier, à Québec. Je ne ferai pas semblant de trouver ça drôle : ce ne l'est pas. Je me permets aussi d'ajouter qu'il faut être un petit barbare pour troubler ainsi un événement public ... dans une librairie.

Je me permets quand même de remercier les gens qui s'étaient déplacés pour la soirée et qui sont restés pour la suite de la conférence, le temps qu'on reprenne nos esprits. Malgré tout, c'était un bel événement ! Je remercie aussi les gens de la librairie qui ont été remarquables - quelle belle librairie, d'ailleurs, je vous suggère d'y faire un tour !


Liens vers les entretiens donnés à la radio lors de cette tournée :

À l’émission de Richard Martineau pour parler du livre Le Nouveau Régime.

Entretien à Énergie

Passage à l’émission Duhaime et Drainville à propos de son livre Le Nouveau Régime.

Le plus récent livre de Mathieu Bock-Côté : Le Nouveau Régime (présentation de l’éditeur)

« La démocratie se mondialise, l’identité se diversifie, les mœurs traditionnelles se dissolvent, les sociétés occidentales font pénitence de leurs fautes passées, les minorités sexuelles et culturelles accèdent enfin à la reconnaissance publique et les droits de l’homme refondent intimement et profondément le pacte politique occidental. De gauche, du centre ou de droite, nous communions dans une même célébration de notre époque lumineuse. »

Cette époque, celle du « dépassement » des vieilles contraintes et des préjugés hérités du passé, le discours commun et la propagande des puissants veulent nous la présenter comme l’aboutissement normal de la démocratie moderne, dont les promesses, enfin, seraient sur le point de se réaliser pleinement. Or ce n’est pas du tout ce que pense Mathieu Bock-Côté. Pour lui, le monde qui se met en place depuis un quart de siècle au Québec comme dans l’ensemble de l’Occident, loin de prolonger ou d’accomplir l’histoire qui l’a précédé, marque au contraire une rupture radicale, sinon une « trahison », c’est-à-dire l’abandon pur et simple de ce qui a guidé jusqu’ici nos façons d’être, de penser, de vivre en société, par l’instauration de ce qu’il appelle un nouveau régime, fondé sur une vision entièrement nouvelle de l’homme et de la cité, celle d’un homme coupé de toutes racines, de toute appartenance, soucieux uniquement de son bonheur et de ses droits d’individu, celle d’une cité qui cesse de se voir et d’agir comme communauté politique et culturelle pour n’être plus qu’un rassemblement de consommateurs semblables à tous les consommateurs de la planète.

De ce nouveau régime, Mathieu Bock-Côté propose donc, dans la vingtaine d’essais réunis ici, à la fois un tableau et une critique, en abordant certaines de ses manifestations et certains de ses mythes les plus actuels, de la théorie dite du genre à la prétendue « fin des idéologies », du suicide assisté conçu comme un droit de l’homme à la célébration du « multiculturalisme ».

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« Extirper l'hérésie et le blasphème » ?

La SAAQ interdit à des employés de dire « Monsieur » ou « Madame », À la suite d’une plainte d’un transgenre sur près de 22 millions de transactions par an



jeudi 26 janvier 2017

France — Articles qui obligent à obtenir autorisation pour ouvrir une école sont censurés

Le Conseil constitutionnel français avait été saisi par plus de soixante sénateurs et plus de soixante députés de la loi relative à l’égalité et à la citoyenneté.

« Le Conseil constitutionnel s’est prononcé sur l’article 39, figurant au sein du titre Ier de la loi, qui habilitait le Gouvernement à prendre par ordonnance les mesures nécessaires pour remplacer, dans le code de l’éducation, les régimes de déclaration d’ouverture préalable des établissements privés d’enseignement scolaire par un régime d’autorisation.

Le Conseil constitutionnel a jugé que, eu égard à l’atteinte susceptible d’être portée à la liberté de l’enseignement par la mise en place d’un régime d’autorisation administrative, le législateur, en confiant au Gouvernement sans autre indication le soin de préciser “les motifs pour lesquels les autorités compétentes peuvent refuser d’autoriser l’ouverture” de tels établissements, a insuffisamment précisé les finalités des mesures susceptibles d’être prises par voie d’ordonnance.

Le Conseil a ainsi censuré l’insuffisante précision de l’habilitation donnée au Gouvernement. Il n’a pas pris position sur le principe de la substitution d’un régime d’autorisation à un régime de déclaration préalable. »

L’article 31 sur l’instruction à domicile a été jugé sans lien avec le projet de loi et censuré également. Cet article prévoyait qu’en cas de refus répété de contrôle des connaissances des enfants par l’État cet enfant devait être inscrit dans les quinze jours dans un établissement d’enseignement public ou privé.

Au Québec, les écoles doivent demander un permis préalable (mesure censurée en France) et ne bénéficient pas du régime actuel français de simple déclaration d’ouverture (avec inspection postérieure) et de libertés pédagogiques, de sélection du personnel enseignant et l’établissement des frais scolaires.

Communiqué de la Fondation pour l’école à ce sujet

Dans sa décision n° 2016-745 DC du 26 janvier 2017 sur la Loi relative à l’égalité et à la citoyenneté, le Conseil constitutionnel — saisi par plus de soixante sénateurs et plus de soixante députés — s’est prononcé sur l’article 39, qui habilitait le Gouvernement à prendre par ordonnance les mesures nécessaires pour remplacer, dans le code de l’éducation, le régime de déclaration d’ouverture préalable des établissements privés d’enseignement scolaire par un régime d’autorisation.

« Le Conseil constitutionnel a jugé que, eu égard à l’atteinte susceptible d’être portée à la liberté de l’enseignement par la mise en place d’un régime d’autorisation administrative, le législateur, en confiant au Gouvernement sans autre indication le soin de préciser “les motifs pour lesquels les autorités compétentes peuvent refuser d’autoriser l’ouverture” de tels établissements, a insuffisamment précisé les finalités des mesures susceptibles d’être prises par voie d’ordonnance. » (extrait du communiqué du Conseil constitutionnel du 26/01/2017)

La Fondation pour l’école se réjouit de cette décision du Conseil constitutionnel, qui empêche que le Ministre Mme Najat Vallaud-Belkacem ne mette à exécution son projet de rendre plus difficiles les créations d’écoles libres.
C’est une bonne nouvelle pour l’avenir de ces dernières en France, qui connaissent une croissance de 12 % par an, et plus largement pour la liberté de penser et d’entreprendre dans notre pays en matière d’éducation.
La vitalité des entrepreneurs de l’éducation est une chance pour le paysage éducatif français : elle apporte de l’aération au système éducatif dans son ensemble. La censure de l’article concernant l’école à la maison va aussi dans le sens du nécessaire respect des libertés éducatives des familles.

Une belle victoire pour la Liberté scolaire : nous nous réjouissons que notre travail d’information ait pu porter ses fruits, puisque la saisine du Conseil constitutionnel sur ce dossier s’est effectuée à la demande de parlementaires des deux Assemblées.

Espérons que le Conseil d’État censurera, dans un même ordre d’idées, le décret qui tend à réduire à la portion congrue la liberté de programmes des écoles hors contrat. Mais il faudra attendre de longs mois avant de connaître sa décision, ce recours n’étant pas en référé. Nous espérons vivement que le prochain gouvernement abrogera ce décret malheureux pour assurer sans attendre un plein respect de la liberté pédagogique des écoles indépendantes.

Voir aussi

Les règles imposées à l’école (dite) privée du Québec

mercredi 25 janvier 2017

France — Plus de neuf parents sur dix veulent une autre école

Selon un sondage BVA, les Français estiment que l’école doit s’adapter à chaque enfant afin de transmettre les fondamentaux et de réduire les inégalités.

Un constat sans ambiguïté. À lire le sondage BVA, on mesure le haut degré d’insatisfaction des familles française à l’égard de l’école. Plus de 9 parents d’élèves sur dix — public et privé confondus — voudraient la voir réformée : dans certains domaines pour 52 % d’entre eux, en profondeur pour 44 %.


S’ils aspirent au changement, c’est qu’en dépit des réformes successives, l’école, selon eux, n’est pas à la hauteur des enjeux. Ainsi, à peine 56 % des sondés considèrent qu’elle permet à tous les élèves de maîtriser les « fondamentaux » (lire, écrire, compter), alors que cette tâche est identifiée comme sa mission première (2).


L’intégralité du sondage


Les parents d’élève du (semi — ) privé plus sévères

Les familles apparaissent d’ailleurs de plus en plus critiques au fur et à mesure que leurs enfants avancent dans leur scolarité. Signe peut-être, relève Julien Goarant, directeur clientèle chez BVA, que « les lacunes, identifiées trop tard, se font sentir pleinement à partir du collège ». Les parents de lycéens sont en tout cas seulement 42 % à penser que l’école offre à tous cette maîtrise.

Sur ce même point, les parents d’élèves du privé [il n’est pas clair si c’est uniquement ceux du privé sous contrat soumis à de nombreuses restrictions] se montrent les plus sévères : ils sont seulement 48 % (contre 58 % dans le public) à exprimer pareille opinion. « Sans doute présentent-ils des attentes plus fortes vis-à-vis de l’école. Sans doute aussi leur sentiment d’inefficacité de l’école publique explique-t-il en partie leur repli vers le privé », ajoute le sondeur.


Leur point de vue rejoint en tout cas les enseignements d’études récentes, réalisées par ou avec l’Éducation nationale, et qui attestent notamment d’une baisse de niveau en orthographe et d’une vraie faiblesse en mathématiques, matière dans laquelle nos élèves de CM1 sont bons derniers de la classe européenne.

Un manque d’adaptabilité de l’école

En France plus qu’ailleurs, ces difficultés scolaires sont souvent, comme le montre l’étude PISA conduite par l’OCDE, corrélées au niveau social des parents. Ce dont une majorité de sondés semble avoir conscience, puisque 58 % d’entre eux pensent que l’école ne permet pas de réduire les inégalités sociales. Autre jugement, encore plus sévère : les deux tiers des parents estiment que l’école ne sait pas « s’adapter à chaque enfant ».

Ce qu’ils attendent d’elle ? Un soutien renforcé dès les premières difficultés rencontrées (76 % jugent cette idée « prioritaire ») et des pédagogies adaptées à chacun (62 %). Autrement dit, alors que le quinquennat qui s’achève a été marqué par 60 000 créations de postes dans l’éducation, le recrutement d’enseignants supplémentaires (57 %) n’est pas, aux yeux des sondés, la seule ni même la principale solution.


« Ce sondage conforte nos observations : les enseignants français sont plutôt bien formés d’un point de vue académique [anglicisme], mais ont besoin d’être mieux armés pour gérer l’hétérogénéité des classes et aider les élèves en difficulté », commente Éric Charbonnier, expert éducation à l’OCDE. Les sondés sont ainsi une majorité à juger « prioritaire » un renforcement de la formation des professeurs, initiale (57 %) et continue (56 %). « Parce qu’ils n’ont pas une mauvaise opinion des enseignants, les Français considèrent que c’est leur formation qui est défaillante », observe Julien Goarant.

Pour plus d’autonomie des établissements

Rejoignant là encore les recommandations de l’OCDE, les parents d’élèves se prononcent pour une plus grande autonomie des écoles. Plus de huit sur dix estiment que donner la possibilité aux chefs d’établissement de recruter leurs équipes influerait positivement sur la réussite scolaire, l’implication des enseignants ou encore la qualité de l’accompagnement des élèves. « Au Royaume-Uni ou aux Pays-Bas, les établissements, jouissant d’une plus grande autonomie, utilisent souvent une partie de leurs moyens pour renforcer l’accompagnement personnalisé et l’aide aux devoirs », abonde Éric Charbonnier.

Les parents sont en tout cas très nombreux (86 %, et jusqu’à 92 % dans le cas des classes sociales défavorisées) à répondre par l’affirmative lorsqu’on leur demande si les élèves devraient pouvoir, au moins jusqu’à la fin du collège, effectuer les devoirs à l’école, après les cours, avec l’aide d’un adulte compétent. Des devoirs qui, aujourd’hui, pèsent souvent sur l’ambiance familiale et renforcent les inégalités sociales, chaque enfant ne bénéficiant pas, hors de l’école, du même soutien. « Même si beaucoup sont orientés avant tout vers la réussite de leurs propres enfants, les Français attendent de l’école, très liée à la République, davantage d’égalité, via un accompagnement adapté à chacun », conclut Julien Goarant.
Source : La Croix

(1) Enquête réalisée en ligne auprès de 604 parents d’enfants scolarisés au primaire et/ou au secondaire du 4 au 9 janvier 2017.

(2) Suivent « apprendre à l’élève à apprendre, en lui faisant acquérir des méthodes de travail » et « former l’élève pour qu’il soit capable de réussir sa vie professionnelle ».

Effet de l'école québécoise sur le sentiment nationaliste des jeunes ?

Mathieu Bock-Coté se penche sur le rôle de l’école sur le déclin du sentiment nationaliste chez les jeunes Québécois. Se rappeler que le Parti québécois ne s’est notamment jamais vraiment opposé à l’implantation du programme d’éthique et de culture religieuse, et même aujourd’hui il ne s’y oppose pas par nationalisme, mais par féminisme ! Notons le chiffre cité confond les francophones et les non-francophones. Quel est donc l’impact de l’immigration ? Combien de ces jeunes sont issus de l’immigration et donc issus de familles très peu favorables à la souveraineté du Québec ?

Le sondage Léger paru lundi dans Le Devoir a de quoi effrayer les souverainistes : non seulement leur option est globalement en baisse, mais la jeune génération la rejette massivement.
77 % des jeunes de 18 à 24 ans s’opposent à l’indépendance.

On peut bien se dire que les résultats­­ sont un peu exagérés.

Mais la tendance est là. Nous sommes devant un épuisement de l’identité nationale.

Masochisme

Comment la jeunesse en est-elle­­ venue à rejeter la souve­raineté ?

Mon hypothèse est la suivante : la souveraineté est l’expression la plus conséquente de l’idée de nation au Québec.

Plus vous considérez le Québec­­ comme une nation à part entière, et plus vous souhaiterez qu’il s’autodétermine.

Or, la jeune génération a évolué depuis sa naissance dans un environnement idéologique et médiatique qui disqualifie la nation­­.

À l’école, on lui a présenté une vision tronquée et grossière du passé.

L’harmonie autour du tipi...
Manuel d’Éthique et de culture religieuse CEC, 3e primaire


Autant on a célébré l’Amérique amérindienne, autant on a présenté la Nouvelle-France comme une époque odieuse.

En gros, l’aventure des Européens­­ en Amérique serait fondamentalement criminelle.

La jeunesse a été éduquée dans un sentiment de culpabilité collective.

L’harmonie dans le tipi...
Manuel d’Éthique et de culture religieuse CEC, 3e primaire, p. 37

Cela fait en sorte que la jeune génération est très souvent favorable aux nationalismes amé­rindiens et très hostile au nationalisme québécois.

Elle croit ainsi défendre la justice sociale. En fait, elle chante « l’autre » pour mieux masquer son mépris d’elle-même.

On l’a aussi élevée dans un individualisme­­ extrême.

La seule bataille qui vaille, c’est celle pour l’extension infinie des droits individuels et des droits des minorités. La majorité serait raciste et xénophobe.


La Grande Noirceur (à gauche) et notre merveilleuse époque (à droite)
Page 56 — cahier-manuel d’éthique et de culture religieuse Entretiens II pour la 1re secondaire des éditions La Pensée

La jeunesse se passionne plus aisément pour les toilettes mixtes ou toutes les questions liées à l’identité sexuelle que pour l’avenir du fait français en Amérique.

[Dans les médias aujourd’hui : La SAAQ interdit à des employés de dire « Monsieur » ou « Madame », À la suite d’une plainte d’un transgenre sur près de 22 millions de transactions par an]

On lui a aussi inculqué l’idée que la mondialisation était l’horizon­­ de notre temps.

La nation serait désormais une communauté insignifiante et la souveraineté du Québec, un projet­­ dépassé.

On lui dit : votre identité est mondiale. On l’enferme dans une fausse alternative : pourquoi faire­­ un pays quand vous pouvez sauver la planète ?



Et cela sans évoquer le poids de l’immigration massive.

De même, pourquoi tenir au français quand la langue anglaise est décrétée la seule langue d’avenir. Il faut ajouter qu’on lui a inculqué un sentiment illusoire de sécurité identitaire, comme si le Canada multiculturel et massivement anglophone ne menaçait plus notre identité.

Et allons au fond des choses : fondamentalement, cette jeunesse­­ est née dans un peuple vaincu par deux défaites référendaires et psychologiquement ébranlé. Les souverainistes ont l’air de petits perdants, timorés et misérables.

La défaite défait.

Reconstruire

Elle perd ses repères québécois et en cherche ailleurs : au Canada, aux États-Unis, dans le tiers-monde ou sur la planète entière­­.

Mais elle dédaigne le Québec. Son indifférence est le symptôme d’un suicide collectif.

Que faire, alors ?

Adapter la souveraineté à cette génération à l’identité anémiée ? Non. Un peuple qui ne sait plus qu’il est un peuple ne voudra jamais l’indépendance.
Mieux vaudrait réveiller le sentiment national refoulé par la jeunesse et reconstruire celui du peuple québécois.

Cela prendra du temps.

[Note du carnet : Cela peut commencer à la maison pour autant que l’on ait une descendance... plus importante que le chiffre moyen de 1,4 enfant/femme francophone.]

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Enseignante d’ECR déguisée en curé... enfin pas dans la Voix de l’Est. Là deux de ses élèves captifs la félicitent pour son cours ECR contre l’homophobie.


Le cours d’éthique et de culture religieuse sera revu

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L’utilité de la glorification des Premières Nations

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Les cours de français boudés par les immigrants, Une majorité ignorant le français refuse de suivre les cours offerts par l’État

Francisation en entreprise, Québec ampute son aide de moitié (février 2016)

« Nos ancêtres, les Amérindiens »

Manuel d’histoire (1) — chrétiens intolérants, Saint-Louis précurseur des nazis, pas de critique de l’islam tolérant pour sa part

Cérémonie, prière, danse sacrées dans une école laïque publique

Québec — anglais intensif pour tous les francophones, pas de français intensif pour les immigrés ?

La Grande Nouérrceurrr : portrait de famille monochrome, rictus, pénurie francocentrique et ânonnements (5 pages)


Chute importante prévue du français dans les foyers québécois

Conséquence de la crise démographique prolongée et de l’immigration constante.

1. Un recul de presque 10 % au Québec

Selon les projections du document Projections linguistiques pour le Canada, 2011 à 2036, le poids démographique de la population de langue maternelle française au Québec devrait passer de 79 % en 2011 à une proportion oscillant entre 69 % et 72 % en 2036.

Pendant ce temps, l’anglais continuera de progresser dans la province. La population de langue d’usage anglaise au foyer grimpera à 13 %.



2. Sous la barre des 20 % à l’échelle du Canada

À l’échelle canadienne, cette proportion devrait chuter de 21,3 % en 2011 à un taux se situant entre 17 % et 18 % en 2036.


3. Une baisse dramatique hors Québec

La précarité de la langue française à l’extérieur du Québec est aussi inquiétante : la proportion de francophones hors Québec devrait passer de 3,8 % en 2011 pour s’établir à environ 2,7 % en 2036.

Pour saisir l’importance de cette baisse, il faut la mettre en perspective : 1,1 % de la population canadienne représentait en 2013 environ 380 000 personnes.

Cette chute est attribuée, par les auteurs de l’étude, à l’accroissement de l’immigration qui deviendra le « principal moteur de croissance démographique au Canada ». Alors que les immigrants représentaient 20 % de la population canadienne en 2011, ce taux devrait se hisser à 26 %, voire 31 %, au cours des deux prochaines décennies.

4. Un Canadien sur deux sera un immigrant ou un enfant d’immigrant

Selon l’étude, « la composition linguistique et ethnoculturelle du pays se verrait modifiée » en raison de l’immigration. On prévoit qu’en 2036, près d’un Canadien sur deux sera un immigrant ou un enfant d’immigrant.




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Brève : tout semble indiquer que la natalité au Québec baissera encore légèrement en 2016

La fécondité continue de chuter au Québec en 2015

Québec — Trois nouveau-nés sur dix ont au moins un parent né à l’étranger

Québec — Plus bas nombre de naissances depuis 8 ans, record de décès [mars 2016]


mercredi 18 janvier 2017

France — De nouvelles écoles libres en banlieue

France 3 s’est rendue dans une école de Mantes-la-Jolie (Yvelines), qui fait partie du réseau « Espérance Banlieues » et qui redonne goût au savoir à ses élèves.





Il s’agit d’une école hors contrat où les professeurs ne sont pas payés par l’Éducation nationale. Mais ici, la pédagogie est libre et l’uniforme obligatoire.

Dans cette école, élèves et professeurs se vouvoient et la discipline est omniprésente. Surtout, les classes ne dépassent jamais 15 élèves, un petit effectif qui permet un enseignement sur mesure par les professeurs. Une relation qui se tisse aussi avec les parents. Ils sont tenus au courant plusieurs fois par semaine de la scolarité de leurs enfants. L’école revendique aussi des valeurs : travail, vérité, fraternité. Trois mots qui sont répétés sans cesse aux élèves.

mardi 17 janvier 2017

Monopole de l'Éducation : priorité à l'éducation financière, pédale douce pour la nouvelle éducation à la sexualité

Pressé d’aller de l’avant avec le nouveau cours d’éducation financière, le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, ne sait toutefois pas encore si l’éducation à la sexualité, enseignée sous forme de projet-pilote depuis deux ans et critiquée par des parents inquiets, sera étendue à davantage d’écoles l’an prochain.

Cette nouvelle semble inquiéter Le Journal de Québec qui s’est précipité pour interroger des syndicalistes :

Pourquoi on priorise plus le cours d’éducation financière plutôt que des notions très importantes sur la vie sexuelle de nos jeunes ? Je ne sais pas, mais ça m’inquiète grandement, lance Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement. Est-ce que les problématiques reliées à la sexualité sont moins importantes que des problèmes de forfaits de cellulaire ?

Des notions très importantes sur la vie sexuelle ? Comme celles préconisées dans le programme qui demande d’explorer des valeurs et normes en matière de sexualité, au-delà de celles de la famille » ? Qu’est-ce à dire ? Depuis quand un programme obligatoire gouvernemental d’éducation à la sexualité devrait-il aller au-delà du strict aspect biologique et clinique (pour son aspect obligatoire) et inscrire l’exploration de valeurs et normes qui pourraient heurter les familles (si c’est bien ce que cette phrase veut dire dans les faits) ?


Rappelons qu'il y a déjà des cours d'éducation à la sexualité dans les écoles québécoises, il s'agit plutôt ici d'imposer le même programme (militant?) partout...

Comme le dit le site du Monopole de l’éducation du Québec :

Les enfants et les adolescents québécois reçoivent déjà de l’éducation à la sexualité à l’école. Ce qu’ils apprennent varie toutefois d’une école à l’autre.

Cette diversité étant intolérable, le site gouvernemental monopolistique affirme :

Pour offrir [sic] à tous les élèves de l’éducation à la sexualité sur chacun des sujets importants, le Ministère souhaite accorder une place plus formelle à celle-ci dans leur cheminement scolaire.

Rappelons qu’il ne s’agit pas d’offrir (comme un cadeau), mais bien d’imposer. Voir Ne dites plus... parlez pédagogiste...

Depuis l’automne 2015, l’éducation à la sexualité est enseignée dans une quinzaine d’écoles de la province qui participent à un projet-pilote visant les élèves de la maternelle à la cinquième secondaire.

L’objectif du monopole de l’Éducation du Québec était d’implanter l’éducation à la sexualité dans toutes les écoles à l’automne 2017.

Or le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, a indiqué au Journal qu’aucune décision n’avait été prise pour l’an prochain. « Il y a des démarches en cours pour voir comment on peut s’assurer d’avoir un meilleur contenu et plus de contenu dans les écoles. [...] Les décisions viendront, je n’ai pas encore tous les scénarios sur mon bureau », a-t-il affirmé.

Or selon des acteurs du réseau, le comité chargé de faire le suivi des projets-pilotes ne s’est pas réuni depuis plus de six mois, contrairement à ce qui était prévu au départ.

Priorités à l’éducation financière moins controversée

Le ministre semble privilégier le nouveau cours d’éducation financière, qui sera enseigné à tous les élèves de cinquième secondaire dès l’automne prochain sans avoir fait l’objet de projets-pilotes au préalable, du jamais vu depuis au moins une vingtaine d’années selon les syndicats d’enseignement qui dénoncent son empressement.

« J’ai indiqué mes intentions en décembre dernier parce que les grilles horaires vont se faire dans les prochaines semaines et on va suivre le processus », a affirmé le ministre à l’entrée du conseil des ministres, à Québec.

« Il y aura de l’économie à l’étude en septembre 2017 pour les élèves de secondaire 5 et c’est pour leur bénéfice », a-t-il tranché.

Les centrales faisaient valoir la veille que les enseignants n’avaient pas eu de formation ou de matériel pédagogique et que le ministre avait passé outre aux habituels projets-pilotes qui permettent d’évaluer un nouveau cours et d’y apporter les ajustements requis.

Elles soutenaient également que l’approche précipitée était illégale puisque la décision n’avait pas fait l’objet d’une consultation de 45 jours comme le prévoit la loi et qu’aucune modification n’avait été apportée au régime pédagogique.

« Je vais suivre, bien sûr, la procédure réglementaire, a répliqué M. Proulx. Il y aura le dépôt du règlement et la consultation nécessaire pour modifier le régime pédagogique, mais j’ai aussi dit que l’ensemble du matériel et de la formation pour les enseignants sera disponible pour que tout soit prêt pour l’automne 2017. »

M. Proulx a ajouté que certaines consultations avaient déjà eu lieu dans le milieu et que la décision ne rencontrait que des réactions positives, si l’on se fie à ses propos.

« Il y a eu des consultations cet automne. Le ministère a rencontré différents groupes, notamment des enseignants, des directeurs d’école, des gens du milieu. (...) Ç’a été salué par tous comme une bonne nouvelle. Il ne faut pas trouver des problèmes là où il n’y en a pas », a déclaré le ministre.

Il a fait valoir que tout le monde reconnaît la nécessité d’offrir une telle formation, à commencer par les étudiants eux-mêmes.


De leur côté, les chercheuses responsables d’une vaste enquête démontrant que la violence sexuelle sur les campus est bien répandue insistent, le plus sérieusement du monde, sur l’importance de l’éducation à la sexualité dès la maternelle. « Ces apprentissages obligatoires sont essentiels », tranche Manon Bergeron, professeur de sexologie à l’UQAM... La violence sexuelle sur les campus due à un manque d’éducation à la sexualité à la maternelle ? Et l’on prend ces gens au sérieux ?


Le ministre Proulx a indiqué qu’il est plus complexe d’étendre l’éducation à la sexualité à toutes les écoles, puisque les projets-pilotes s’étendent de la maternelle à la fin du secondaire alors que le nouveau cours d’éducation financière s’adresse uniquement aux élèves de cinquième secondaire.

Voir aussi

Québec — Le nouveau programme d’éducation sexuelle prônerait l’exploration sexuelle...?

L’éducation à la sexualité imposée à la maternelle

Éducation à la sexualité : pourquoi aucune école pilote dans la ville de Montréal ?

Du grand journalisme : « Les Ontariens et le sexe »

L'Église catholique — pour qui sonne le glas ? (M-à-j)

Dans son dernier livre, Laurent Dandrieu, un journaliste de Valeurs actuelles, porte un regard critique sur le discours de l’église (et notamment du pape François) concernant l’immigration. Un travail nécessaire et courageux.



Laurent Dandrieu : « L'Église confond charité et politique [gouvernementale] migratoire... »


Recension d’Éric Zemmour dans Le Figaro

On la sentait monter. La vague, au début timide et retenue, de plus en plus haute, déterminée, exaspérée. La vague des catholiques français et européens qui ne se reconnaissent plus dans le discours de l’Église sur l’immigration. Une vague d’incompréhension et de colère, de désarroi et de fureur. Une vague qu’un livre vient révéler et approfondir. Laurent Dandrieu est journaliste à Valeurs actuelles. Il « fait le boulot », comme aurait dit Nicolas Sarkozy. À force de citations, d’extraits d’interviews, il éclaire d’une lumière crue, voire cruelle, l’éminente responsabilité dans ce divorce des déclarations à l’emporte-pièce du pape François, mélange étonnant et détonant de provocations et d’à-peu-près, d’habiletés de jésuite et de séductions médiatiques, « for­mules choc et gestes spectaculaires qui tirent vers l’émotionnel ».

La démonstration est un brin décousue, au style souvent relâché, mais efficace. Notre auteur va cependant plus loin. Il plonge dans les textes oubliés et négligés du Vatican, encycliques ou discours, et ré­vèle que François n’a rien inventé, mais seulement grossi et simplifié pour les mé­dias une vulgate universaliste et immigra­tionniste qui court de pape en pape, re­monte à Pie XII, devenue « parole d’Évangile » depuis Vatican II. Une idéolo­gie qui s’appuie sur la fameuse parabole du bon Samaritain, mais qui la dépasse am­plement, pour devenir un authentique providentialisme de la migration, où « l’Autre » est paré de toutes les vertus quasi messianiques, où les migrations « attestent et perfectionnent l’unité de la fa­mille humaine », et où les sociétés multi­culturelles occidentales sont la « préfigu­ration anticipée de la cité sans frontières de Dieu ». On retrouve alors l’Église aux côtés d’une extrême gauche internationaliste, qui a tué Dieu, mais communie elle aussi dans un culte vibrant et souvent fanatique d’un migrant venu du Sud qui a remplacé dans son Empyrée laïque le prolétaire de jadis. Curieux rapprochement qui se ren­force encore du soutien, tapi dans l’ombre, mais redoutablement efficace, du capita­lisme, qui a lui aussi besoin d’un universa­lisme pseudo-humaniste pour légitimer la nouvelle organisation économique mon­diale. Cette triple alliance des puissants de l’époque a un ennemi commun : les vieilles nations et les peuples européens qu’il s’agit de culpabiliser, marginaliser, voire faire disparaître à petit feu.


Nous sommes gâtés : les lunettes roses et la culture du déni de la réalité, en politique aussi

On comprend que le catholique Dan­drieu et de nombreux catholiques français et européens soient interloqués. Et se ré­voltent contre une Église qui refuse d’ôter ses lunettes roses alors même que la plu­part des migrants sont musulmans, mu­sulmans « modérés », bien sûr, selon la doxa dominante, mais modérément mu­sulmans, et qu’elle continue à baigner dans une « culture de la rencontre » iréni­que et à sens unique, « un dialogue de sa­lon, faussement consensuel » (père Fran­çois Jourdan), ne voulant voir dans l’islam et le christianisme que deux sensibilités d’une même foi, quand elle ne met pas dans le même sac, comme le fait le pape François, la « violence catholique et violence islamique », les zèles prosélytes chrétien et islamique, alors même pourtant que l’un, par la plume de saint Matthieu, répand la parole de Jésus : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant ce que je vous ai prescrit », tandis que Mahomet s’avère plus expéditif à l’égard des infidèles : « Et tuez-les où que vous les rencontriez ; et chassez-les d’où ils vous ont chassés. »

Laurent Dandrieu n’est pas Lénine, mais il pose quand même la question fatidique : que faire ?

Il ne prône pas la Révolution, mais la ré­volte. Une sorte de dissidence qui s’appuie d’abord sur les témoignages des chrétiens d’Orient, qui connaissent mieux que personne l’islam réel, et non l’islam fantasmé en Occi­dent : « Nos souffrances d’aujourd’hui constituent le prélude de celles que vous, Européens et chrétiens occidentaux, subirez aussi dans un proche avenir... Vous dites que tous les hommes sont égaux. L’islam ne dit pas que tous les hommes sont égaux. Vos valeurs ne sont pas les leurs. Si vous ne le comprenez pas à temps, vous deviendrez victime de l’ennemi que vous avez accueilli chez vous » (Mgr Amel Chimoum Nona, ar­chevêque chaldéen de Mossoul dans le Corriere della Sera).

Dandrieu dénonce les chimères de certains exégètes bien­veillants de la parole papale qui y voient une inspiration prophétique de celui qui compte bien convertir à la fin des fins les millions de musulmans qui déferlent sur le continent européen, comme l’Église avait christianisé les « barbares » francs ou nor­mands à la chute de l’Empire romain. Mais, pour l’instant, c’est l’islam qui convertit les jeunes Européens déchristia­nisés en mal de spiritualité et de repères.

Dandrieu évoque les erreurs politiques que le Vatican a accumulées au cours du XXe siècle, dans un mélange de fausse ha­bileté et d’ingénuité qui ressemble beau­coup à son comportement actuel vis-à-vis de l’islam, lorsqu’il rallia la République en 1892, condamna l’Action française ou abandonna les cristeros mexicains en 1926.

Dandrieu aurait pu ajouter que le Vatican n’a guère été plus lucide face au communisme stalinien dans les années 1950, comme l’a rappelé avec autorité Alain Besançon dans son dernier livre. [Problèmes religieux contemporains, éditions de Fallois, 2015.]


Enfin, et surtout, notre auteur note avec pertinence que l’Église n’a pas toujours tenu ce discours exclusivement universaliste, mais qu’elle l’a longtemps équilibré dans une dialectique subtile par un attachement aux patries, aux nations, aux cultures enracinées. « Toutes choses étant égales, les plus proches ont un droit de prio­rité », disait ainsi saint Thomas d’Aquin.

C’est le point sans doute le plus auda­cieux de cette dissidence : jouer l’Église d’hier contre l’Église d’aujourd’hui ; op­poser la tradition millénaire d’un christia­nisme européen contre un christianisme mondialisé qui ne serait plus qu’une ONG. Saine colère et utile révolte. Instinct de survie de peuples européens condamnés à mort par l’Histoire et le mépris de tous les puissants, dont l’Église.

Mais il est tard, très tard, pour l’ancien­ne et glorieuse chrétienté d’Europe. Déjà trop tard ?


Église et immigration, le grand malaise
de Laurent Dandrieu
paru le 12 janvier 2017,
aux Presses de la renaissance,
Paris
288 pp.,
ISBN-10 : 2 750 913 616,
17,90 €.
(Actuellement en rupture de stock sur Amazon. fr... n° 2 dans Livres & gt ; Religions et Spiritualités)


Entretetien dans le Figaro Vox


Le Figaro. — Vous accusez l’Église catholique, pas moins, de complicité avec ce que vous appelez le « suicide de la civilisation européenne » parce qu’elle aurait abandonné la défense des nations et de l’Europe chrétienne, ce qui profiterait à l’islam. Laurent Dandrieu, n’exagérez-vous pas le trait ?

Laurent DANDRIEU. —  Le discours de l’Église, depuis des décen­nies, me semble placer le fidèle dans un dilemme impossible : choisir entre sa fidélité à la foi, à l’Église, et sa fidélité à sa communauté naturelle qui est la nation. L’attachement à la nation a toujours été considéré par l’Église comme naturel, bénéfique et nécessaire. Ce qui conduit l’Église à reconnaî­tre, en théorie, le droit des États à réguler les flux migratoires. Mais une forme d’absolutisation de l’accueil de l’autre la conduit désormais concrètement à condamner tout ce qui tend à la protection de la nation face à l’islamisation de l’Europe et à l’immigration de masse, comme une fermeture inac­ceptable, une peur irrationnelle, une phobie à surmonter.

J’ai donc écrit ce livre pour ouvrir un débat qui me semble complètement verrouillé. Il y a en effet un double « chan­tage » sur ces questions. D’abord, un chantage à la morale évangélique : si vous vous opposez à ce que le pape François lui-même appelle « une invasion », vous prenez parti contre la morale évangélique, contre la parole du Christ « j’étais un étranger et vous m’avez accueilli » ! Or les principes évangé­liques sont des chemins de sainteté, pas des règles de gouver­nance politique. Ensuite, un chantage à l’autorité pontificale : la moindre parole du pape sur n’importe quel sujet devient quasi sacrée, et diverger avec lui sur l’immigration vous conduit à être accusé de lèse-papauté. Or ces sujets ne relèvent absolument pas d’un magistère infaillible, très loin de là...

Le Figaro. — Face à l’islam, vous dénoncez précisément un discours lénifiant, le « dialoguisme » de l’Église catholique. Que voulez-vous dire ?

Laurent DANDRIEU. — Le dialogue avec tous est nécessaire si l’on veut être un chrétien conséquent et évangélisateur. Mais le « dialoguisme » est une caricature de dialogue quand il devient une fin en soi tellement importante qu’elle conduit à l’impasse sur la vérité, pour ne pas fâcher l’interlocuteur… C’est malheureusement ce qui marque le dialogue entre l’Église catholique et l’islam, qui entretient la fiction d’un « vrai visage de l’islam » qui serait pacifique, et qui n’aurait pas davantage de problèmes avec la violence que les autres religions, et notamment la catholique…

Le Figaro. — L’autre grand volet de votre ouvrage, Laurent Dandrieu, touche l’immigration. Vous parlez d’un « grand malaise » à propos de la vision de l’Église…

Laurent DANDRIEU. — Depuis que l’Église se penche réellement sur cette question de l’immigration, c’est-à-dire depuis Pie XII, un biais fausse le problème : sa vision est quasi exclusivement centrée sur les migrants. Elle ne s’intéresse que très peu, voire pas du tout, aux populations des pays d’accueil dont le droit à se protéger d’une immigration de masse et ses conséquences dangereuses pour l’identité, la sécurité et la prospérité, est minoré en vertu d’une sorte d’application aux peuples de l’option préférentielle pour les pauvres. Alors que le droit à migrer, lui, a été comme absolutisé. On est passé d’un droit de migrer quand une nécessité vitale obligeait à quitter son pays, ainsi que le définissait Pie XII, à un droit fondamental dès que l’on trouve, ailleurs, « des conditions de vie plus convenables » (Jean XXIII).

Le tout couronné par une sorte de prophétisme migratoire où les migrations sont perçues comme la préfiguration d’une humanité nouvelle, de la Jérusalem céleste… Autant dire que s’y opposer est perçu comme s’opposer à l’avènement du royaume des Cieux ! Autre tendance lourde, le discours de l’Église ne prend pas en compte le phénomène collectif de l’immigration. Il raisonne à l’échelle des familles. Or une chose est d’intégrer quelques familles, une autre des centaines de milliers de personnes. Une chose est d’intégrer des gens qui viennent de pays musulmans, une autre des gens qui viennent de nations européennes. Or l’Église fait l’impasse là-dessus. Elle parle du Migrant avec un « M » majuscule. Elle n’envisage jamais ce genre de distinctions pourtant essentielles quant aux chances de réussir une intégration.

[...]

Laurent DANDRIEU. — Si l’islamisation est un facteur de réveil du christianisme, c’est surtout parce que les gens ressentent la présence de plus en plus massive de l’islam comme une menace, non pas seulement sur leur identité chrétienne, mais aussi sur leur mode de vie à l’européenne. Dans le monde musulman, la notion de rapport de force est importante : à partir du moment où l’on devient suffisamment nombreux, il est loisible de commencer à demander l’application de règles spécifiques conformes à l’islam et à la charia. C’est déjà le cas dans certains endroits où, localement, les populations musulmanes sont majoritaires. Quand je parle du danger que fait peser l’islam sur l’Europe, ce n’est donc pas seulement du point de vue religieux. L’Europe repose sur un certain nombre de principes qui sont propres à la civilisation judéo­-chrétienne — la laïcité, l’égale dignité de tous les êtres et l’égalité homme-femme qui en découle, la liberté de la raison critique... — et qui sont fondamentalement étrangers à l’islam ou à certaines de ses tendances. C’est notre mode de vie dans son ensemble qui est en jeu.

[...]

Laurent DANDRIEU. — Mais le pape François, lui-même, qui a parlé d’« invasion » à plusieurs reprises, a reconnu qu’il s’agissait d’un phénomène d’une ampleur inouïe dans l’histoire, qui en outre vient s’ajouter à des décennies d’immigration massive que l’on a échoué à intégrer réellement...

Cette présence massive, sur notre continent, de populations immigrées dont une part croissante ne cherche plus à s’intégrer, et d’un islam de plus en plus travaillé par le radicalisme, suscite des inquiétudes légitimes chez les Européens. Il me paraît particulièrement irresponsable de traiter ces inquiétudes à la légère, en professant qu’il n’y a qu’à renforcer les politiques d’intégration et que tout se passera bien, comme le fait trop souvent l’Église du pape François, tout en prétendant vouloir évangéliser ces populations dont on méprise les inquiétudes. Il me semble que cette Église qui ne parle que d’aller vers les périphéries commet une erreur historique en tournant le dos à cette périphérie particulière que sont les populations autochtones qui se sentent dépossédées de leur identité et de leur mode de vie par l’immigration de masse. Une erreur qui, si elle n’est pas rapidement corrigée, pourrait lui être fatale.


Voir aussi

L’idée banale selon laquelle il suffirait d’oublier ce qui sépare ne mène à rien…

« Un Dieu, trois religions »

Islam et christianisme : les impasses du dialogue interreligieux actuel

Rémi Brague : Y a-t-il un islam des Lumières ?


Manuel d’histoire (1) — chrétiens intolérants, Saint-Louis précurseur des nazis, pas de critique de l’islam tolérant pour sa part


« L’arrivée de Muhammad [Mahomet], au VIIe siècle, améliore la situation de la femme », mais « Les femmes [dans le catholicisme] ont une place importante, mais ne peuvent devenir prêtres. » in Le rôle des femmes dans les religions selon le livre ECR d’ERPI pour la 2e secondaire

Raad Salam Naaman : « España es el objetivo primordial del islam y de los musulmanes » (l’Espagne est un objectif primordial de l’islam et des musulmans

lundi 16 janvier 2017

France — Les écoles libres séduisent de plus en plus de parents

À la rentrée 2016, 93 nouvelles écoles alternatives ont ouvert leurs portes en France, contre 67 en 2015. Leurs méthodes pédagogiques alternatives et claires séduisent de plus en plus de parents et cela pour de nombreuses raisons. Les écoles indépendantes choisissent elles-mêmes leurs enseignants et leurs programmes. (Ceci est impossible au Québec.) Elles répondent aux réels besoins des enfants qui ne trouvent pas leur place dans les écoles classiques. Leur succès est considéré comme le fruit des limites de l’Éducation nationale.

Avec : Titiane Salleron, juriste à l’association « Créer son école ». —

C’est votre vie, du lundi 16 janvier 2017, sur BFMTV.


Source

samedi 14 janvier 2017

France — Le « prédicat » ou la grammaire réinventée, où l'on reparle du Québec

Derrière le débat en France autour du terme « prédicat » qui a intégré les manuels de grammaire en France se cache un plus grand bouleversement de la manière de concevoir l’orthographe.

Voilà un mot que les plus de dix ans ne peuvent pas connaître. Apparu dans les manuels scolaires de France à la faveur de la réforme des programmes de la rentrée 2016, le « prédicat » désigne « ce qui est dit du sujet ». Dans la phrase « l’élève fait ses devoirs », le prédicat est « fait ses devoirs ». Il est construit autour du verbe principal de la phrase, et est en somme constitué de tous les mots qui n’appartiennent ni au groupe sujet, ni aux groupes compléments de phrase.

Contrairement aux rumeurs, le prédicat n’est pas une nouveauté sortie du chapeau des pédagogistes à l’aube de la rentrée 2016 pour intégrer les nouveaux programmes de grammaire. Le mot aurait été inventé par Aristote, et est depuis longtemps utilisé en grammaire latine puis française, comme il l’a été dans les manuels des années 1930. Cette notion est aussi enseignée depuis plusieurs années au Québec (voir l’illustration ci-dessous), par exemple, notamment depuis la nouvelle politique éducative mise en place outre-Atlantique il y a une dizaine d’années. Et même si celle-ci a été un fiasco notoire, la France socialiste s’en inspire et fonce. (Comme on peut le voir dans de nombreux dossiers le Québec qu’il soit dirigé par le PLQ ou PQ fait la même politique sociale et éducative que le France de gauche : mariage homosexuel, euthanasie, éducation sexuelle qui intègre la théorie du genre, restriction de la liberté scolaire, etc.)


Parents désorientés

L’idée de l’introduction du prédicat est de simplifier l’apprentissage de la grammaire, en décomposant la phrase pour en comprendre la logique, et en reportant l’enseignement des notions de COD et de COI — introduite aujourd’hui en CM1... – à la cinquième ! Une nouveauté qui est loin de faire l’unanimité. Les parents d’élèves, tout d’abord, se disent « déroutés », « déboussolés par la nouvelle manière d’enseigner la grammaire » et « désorientés » : « des profs oublient que les parents sont des accompagnants dans les apprentissages », note Valéry Marty, présidente de la Peep, fédération de parents d’élèves. Pour certains militants pédagogistes, le fait que les parents sont désorientés est une vertu, car cela permettrait d’éviter que les parents instruits n’aident leurs enfants alors que les parents moins pourvus ne pourraient le faire et qu’on assiste à une reproduction des élites. L’ennui c’est que de toute façon certains parents connaissent le prédicat (beaucoup d’universitaire, les enseignants) et que les parents riches peuvent se payer des tuteurs. Cette volonté de rupture dans la reproduction des « élites » scolaires est donc vouée à l’échec.

« Simplification »

Mais les profs sont les premiers sidérés. Comme le souligne l’enseignante Lucie Martin, sur un carnet de Télérama, difficile d’expliquer notamment les notions d’accords avec le participe passé sans savoir ce qu’est un COD ou un COI. Et d’expliquer que l’inspection lui a répondu que « si l’on aborde ces questions d’accords, il faut enseigner aux élèves les différents compléments ». En somme, conclut-elle, « nous rajoutons bien une notion, le prédicat, mais sans enlever les autres ». Drôle de « simplification ».

Ajoutons que quiconque veut apprendre des langues à déclinaison ou plus techniquement les langues accusatives (allemand, russe, latin, grec, arabe, japonais avec を o, etc.) doit pouvoir identifier le COD (et de nombreux autres types de complément), Bref, on assiste à l’introduction d’un concept simplification (le « prédicat ») qui ne prépare pas à l’acquisition de savoirs pratiques linguistiques plus complexes (d’autres langues).

« Un degré d’acceptabilité des erreurs »

Derrière cette réforme « simplificatrice » de la grammaire se cache une nouvelle manière de concevoir la grammaire en général, explique Lucie Martin. « En fait, en langue, tout est négociable », a-t-elle entendu lors de sa formation : « Si l’élève fait une faute, mais qu’il est capable de justifier son choix, même de façon totalement erronée, alors nous devons considérer qu’il a raison. » Même récit édifié de Anne-Sophie Ducatillon, dans le Parisien : à cette professeur de lettres dans un collège de Saint-Amand-les-Eaux (Nord), il a été expliqué lors de sa formation continue « qu’il existe un degré d’acceptabilité des erreurs des élèves, s’ils peuvent justifier la logique de leur démarche ». Et de citer en exemple la phrase « le plafond s’émiettent » (sic). Ça fait mal aux œils (sic).



Programme ECR : la contestation ne lâche pas

Le controversé programme obligatoire d’éthique et de culture religieuse continue d’attirer les critiques.

Récemment, Jean-Pierre Proulx, souvent présenté comme un des « pères » du programme ECR, affirmait que le programme ECR avait passé le test judiciaire et que le débat devait se clore sur le terrain politique.

Il est vrai qu’il est regrettable que cette saga — née de la volonté d’imposer un seul programme à contenu moral à tous les Québécois sous couvert d’un consensus fictif — dure encore et que nul homme d’État n’ait compris qu’il fallait que cesse cette imposition et que les parents aient nettement plus droit au chapitre et au choix de l’éducation qui les satisfont. Las, il faut craindre que la prochaine version du programme ECR ou le programme de remplacement soit tout aussi obligatoire (nous sommes au Québec après tout, royaume du respect de la diversité uniforme !) et, lui aussi, chargé idéologiquement.

Daniel Baril, très actif dans la lutte contre le volet religieux d’ECR (voir l’émission sur le cours ECR qu’il a fait à Radio VM), a répliqué récemment à M. Proulx. Extraits :

On constate toutefois que M. Proulx ne remet aucunement en question les fondements du cours, et c’est là que réside l’essentiel du problème : ECR est, par son essence même, un cours de promotion et de formation de la pensée religieuse croyante qui n’a pas sa place à l’école publique. Il constitue une véritable dérive de l’école québécoise prétendument laïque.

À son avis, la Cour suprême (CS) aurait cautionné ce cours, du moins dans son caractère obligatoire. Si le premier jugement de la CS, faisant suite à une plainte de parents chrétiens déposée en 2008, concluait en ce sens, il n’en constituait pas pour autant le dernier mot : « Il se peut que la situation juridique évolue au cours de la vie du programme ECR », écrivait le juge LeBel.

Le deuxième jugement de la CS, à la suite de la plainte du collège Loyola, a invalidé une grande part des fondements et objectifs du programme en permettant aux écoles confessionnelles de maintenir un enseignement religieux confessionnel. Ces deux jugements offrent de nombreuses pistes pour une nouvelle contestation juridique du cours.

M. Baril a raison d’insister sur le fait que la première décision de la Cour suprême du Canada n’avait rien de concluant puisque la cour reprochait aux parents d’avoir présenté leur recours trop tôt (avant même que leurs enfants n’aient été exposés au programme ECR) et qu’ils manquaient donc de preuves pour démontrer que le programme pourrait présenter des effets négatifs. Reproches curieux — restons polis — puisque les parents demandaient l’application d’une mesure conservatoire pour empêcher que leurs enfants soient soumis au programme ECR... Ajoutons que les juges et M. Baril dans son livre reprochent aussi aux parents de n’avoir présenté qu’un seul manuel comme pièce au dossier, alors que plusieurs manuels avaient été analysés par les avocats des parents, mais que c’est le juge Dubois très conciliant envers les demandes du procureur du Québec, M. Boucher, qui fit en sorte que ces autres manuels ne soient pas versés au dossier. Ne fut donc admis que le manuel ECR qui serait utilisé l’année suivante par le benjamin des enfants dont les parents se présentaient en justice, aucun manuel n’avait été choisi par le professeur ECR pour la classe de l’aîné, cet enseignant allait composer son cours au fur et à mesure de l’année.

Le juge Dugré dans l’affaire qui opposait le collège Loyola au Monopole de l’Éducation du Québec accepta lui une étude du philosophe Lévesque qui portait sur huit manuels et cahiers ECR. Cette étude et le mémoire du professeur Farrow de McGill achèveront de convaincre le juge Dugré que le Monopole de l’Éducation allait bien trop loin. Il donna donc raison au collège Loyola qui demandait de pouvoir enseigner un meilleur programme de morale et de religions du monde qui respecterait les convictions du collège.

Bref, rien n’empêcherait de contester une nouvelle fois le cours ECR avec de nouvelles preuves, un autre angle d’attaque (laïciste par exemple) et une attaque nettement moins modeste que celles des parents du premier procès qui n’attaquaient pas la constitutionnalité du programme, mais ne demandaient que le droit d’exercer leur autorité parentale et de retirer leurs enfants d’un programme scolaire alors qu’ils se considèrent comme les premiers éducateurs de leurs enfants. Ce droit leur a été nié par des juges le long de l’Outaouais. Mais à qui sont les enfants en fin de compte ? Historiquement, les régimes autoritaires ont toujours répondu que l’État (la cité) avait préséance sur les parents en matière d’éducation de ses futurs citoyens. Quant à une nouvelle contestation devant les tribunaux, M. Baril pense que sa victoire récente dans l’affaire de la prière de Saguenay change la donne et qu’il aurait des chances de gagner s’il devait s’attaquer au programme ECR. 

Au-delà du fait que nous ne pensons pas que les jugements aient définitivement validé le programme ECR, ajoutons que nous n’accordons guère de crédit aux juges de l’Outaouais. Nous pensons que ceux-ci partagent avec les auteurs du programme ECR les mêmes préjugés sur le rôle actif que l’État doit avoir dans l’éducation morale et politique des enfants, sur le multiculturalisme (inscrit dans la Charte canadienne des droits et libertés), le peu d’importance du choix des parents face à la mission de l’État (c’est aux parents de démontrer qu’un programme gouvernemental peut porter un grave préjudice à leurs convictions et non à l’État de montrer qu’accorder l’exemption aux enfants de ces parents-là pourrait concrètement porter un grave préjudice à la société) et quand bien même il y aurait préjudice pour ces juges, il ne serait pas grave puisque l’adoption du multiculturalisme religieux comme valeur (entendre partager la même vision que les juges) est plus importante pour de jeunes que la conservation de la vision religieuse des parents de ceux-ci.

La juge Deschamps qui a rédigé la décision dans le premier procès a tout le long de l’audience marqué son peu de respect pour les arguments des parents québécois. Pour elle, « dès qu’il y a comparaison, il y a un peu de relativisme », d’où ses haussements d’épaules et son sourire narquois en salle d’audience quand les avocats des parents condamnaient le relativisme du programme ECR (toutes les religions se valent et doivent être respectées).

À notre avis, l’opinion de Deschamps était faite avant l’audience, elle n’a fait qu’enrober son haussement d’épaules en langage juridique par ses clercs et auxiliaires juridiques en reprenant largement les arguments du gouvernement québécois et en passant sous silence ceux de la partie adverse. Les journalistes étant des travailleurs surmenés ne rapportent que les arguments qu’elle a retenus et ne retournent pas au dossier pour voir ceux de la partie adverse. Dans la saga judiciaire du cours ECR (6 procès), aucun journaliste n’a couvert les débats en y assistant patiemment dans la salle (quelques journalistes se trouvaient dans les couloirs et quelques-uns furent brièvement convoqués comme témoins).

La juge Deschamps a démissionné de la Cour suprême du Canada peu de temps (le 7 août 2012) après sa décision dans l’affaire de Drummondville rendue le 17 février 2012, à l’âge de 59 ans. Les juges de la Cour suprême peuvent siéger jusqu’à l’âge de 75 ans.

Voir aussi

Les juges-prêtres

La Cour suprême du Canada : décideur politique de l’année 2014

Suicide assisté : décision disproportionnée de la Cour suprême dans ses effets prévisibles et potentiels ?

Cour suprême du Canada — limites aux propos chrétiens « haineux » « homophobes » ?

Cour suprême — « toutes les déclarations véridiques » ne doivent pas « être à l’abri de toute restriction » (la vérité n’est plus une défense !)

À qui sont ces enfants au juste ?

« Le droit est la plus puissante des écoles de l’imagination. Jamais poète n’a interprété la nature aussi librement qu’un juriste la réalité. » (Giraudoux, 1935)

« État ou parent, qui est le premier éducateur des enfants ? »

Les commissions canadiennes des droits de la personne : « Extirper l’hérésie et le blasphème » ?

Réflexions sur la « victoire » du collège Loyola

Du danger de l’indolence dans les sociétés contemporaines

Juge puinée Deschamps en pleine audience ECR : l’église catholique en faveur du créationnisme (c’est faux)









vendredi 13 janvier 2017

Religion — Pourquoi le cerveau (de progressistes ?) refuse-t-il de changer d’opinion politique ?

Une étude californienne montre que lorsque ses opinions politiques sont remises en question, le cerveau d’un échantillon de quarante Américains qui se décrivent comme progressistes (« liberals ») déclenche une réaction de résistance, de défense, comme s’il s’agissait d’une croyance religieuse.

Albert Einstein était l’un des physiciens les plus importants de notre histoire. Ses prédictions scientifiques ont résisté à 100 ans de défis scientifiques. Sa pensée (et celle d’autres savants comme les trop oubliés Lorentz et Poincaré qui ne finirent pas aux États-Unis) a profondément changé la façon dont nous comprenons l’univers. Pourtant, les gens sont plus susceptibles d’être convaincus qu’Einstein n’était pas un grand physicien que de changer d’avis sur des sujets comme l’immigration ou la peine de mort. Cela n’a rien à voir avec l’intelligence de cette personne (ou la qualité de l’information sur Einstein ou la politique d’immigration). Cela semble être surtout parce que nous sommes tout simplement plus ouverts à changer d’avis sur des sujets non politiques. Les chercheurs ont voulu comprendre pourquoi.

Une étude de l’Institut du cerveau et créativité de l’Université de Californie du Sud (Los Angeles) publiée dans Nature affirme que le cerveau (de cet échantillon) s’accroche à ses croyances politiques contre vents et marées !

Pour démontrer cela, 40 participants américains entre 18 et 39 ans, se décrivant eux-mêmes comme « libéraux » ayant « des opinions politiques solides », ont été soumis à un questionnaire où ils devaient évaluer la force de leurs opinions politiques telles que « l’avortement devrait être légal » ou « les impôts pour les riches devraient être augmentés » sur une échelle de 1 (faible) à 7 points (fort).

Puis les volontaires furent installés dans un appareil d’imagerie de résonance magnétique (IRM) qui va prendre des clichés de leur cerveau en fonctionnement alors qu’on les soumet à un petit jeu sournois. On leur projette, pendant 10 secondes, une des opinions politiques à laquelle ils ont adhéré totalement (entre 6 et 7 points). Puis s’affichent successivement, pendant 10 secondes également, cinq arguments provocants qui contrent l’opinion de départ, quitte à être mensongers. Par exemple, après l’opinion « Les États Unis devraient réduire leurs dépenses militaires » s’affiche l’argument « La Russie possède près de deux fois plus d’armes nucléaires actives que les États-Unis » [ce qui est faux, note du carnet].

À la fin de la session, l’opinion politique initiale réapparaît et le participant doit de nouveau l’évaluer en faisant varier le curseur de 1 à 7. L’opération est répétée avec huit opinions politiques différentes. Mais aussi avec des allégations n’ayant rien à voir avec le champ politique telles que « Les multivitamines quotidiennes sont bonnes pour la santé » ou « Thomas Edison a inventé l’ampoule ». Soumises elles aussi à des arguments contraires.

Après analyses des résultats, le bilan est sans appel : le cerveau [de cet échantillon] défend ses opinions politiques bec et ongles ! Après la lecture des contre-arguments, les opinions politiques perdent en moyenne 0,31 point de confiance, alors que les opinions non politiques perdent quatre fois plus. Pourquoi ? « Nous pensons que les croyances politiques sont liées à l’identité », commente Jonas Kaplan, auteur principal de l’étude, professeur adjoint de recherche de psychologie à l’Institut de cerveau et de créativité.

Cette explication, ils l’ont trouvée dans les images cérébrales. Lorsque le volontaire lit un argument politique contraire à son opinion, cela génère chez lui l’activation de ce qu’on appelle le « réseau cérébral du mode par défaut » — qui comprend entre autres le précunéus, le cortex cingulaire postérieur et le cortex médium préfrontal — un réseau impliqué dans l’introspection, l’identité et le soi.

Un réseau qui s’active dans une autre situation. « Sam Harris et moi avons précédemment fait une étude sur la base neurale de la croyance religieuse, poursuit Jonas Kaplan. Dans cette étude, nous avons constaté que lorsque les gens évaluaient les déclarations religieuses par rapport aux déclarations non religieuses, il y avait une activité accrue de deux zones du réseau cérébral, mode par défaut, activé lors de l’étude sur les opinions politiques. »

Les participants étaient nettement plus disposés à changer d’opinions non politiques

Un véritable système de riposte cérébral

Ce n’est pas tout. Lorsqu’on entend un argument qui va à l’encontre de ses croyances politiques (ce n’est pas le cas pour des croyances factuelles anodines), un véritable système de riposte cérébral se met en place. Les chercheurs ont, en effet, révélé l’activation de structures comme l’amygdale cérébrale (impliqué dans la peur face à la menace), le cortex insulaire et d’autres structures liées à la régulation des émotions. La mémoire aussi est activée, à la recherche de la contre-attaque.

En dernière analyse, « les croyances politiques sont comme les croyances religieuses, dans le sens où elles font toutes deux parties de qui vous êtes et importantes pour le cercle social auquel vous appartenez », souligne Jonas Kaplan. « Pour envisager un autre point de vue, vous devriez envisager une autre version de vous-même. » Très difficile donc. De quoi expliquer peut-être pourquoi les militants pour un parti demeurent souvent aveugles et sourds aux arguments des autres bords. Est-ce à dire que les débats politiques sont inutiles puisque chacun campe sur ses positions ? « Notre étude a en effet été motivée par le fait qu’il semblait rare de voir quelqu’un changer son opinion sur un sujet important dans le débat public », admet Jonas Kaplan. « Mais notre espoir est que si nous comprenons ce qui nous rend si résistants, nous pourrons utiliser cette information pour trouver des moyens de garder une flexibilité cognitive. »

Impact de l’échantillon ?

Étant donné que tous les participants avaient de fortes opinions « progressistes » (strong liberals), on ne sait pas à quel point ces résultats seraient généralisables pour les conservateurs, ou pour des gens aux opinions moins polarisées ou moins radicales.

Plusieurs études ont trouvé des différences structurelles ou fonctionnelles entre les cerveaux des conservateurs et des progressistes [1], [2]. Une différence particulièrement pertinente est la découverte d’un volume plus grand d’amygdale droite chez les conservateurs[3]. De plus, le conservatisme tend à être associé à une augmentation de l’évitement des menaces[4]. Les progressistes sont également les plus enclins à idéaliser la réalité et à ignorer la « déviance »[5].


Source : l’étude

[1] Amodio, D. M., Jost, J. T., Master, S. L. & Yee, C. M. Neurocognitive correlates of liberalism and conservatism. Nat Neurosci 10, 1246–1247, doi: 10.1038/nn1979 (2007).

[2] Zamboni, G. et al. Individualism, conservatism, and radicalism as criteria for processing political beliefs: a parametric fMRI study. Soc Neurosci 4, 367–383, doi: 101,080/17470910902860308 (2009).

[3] Kanai, R., Feilden, T., Firth, C. & Rees, G. Political orientations are correlated with brain structure in young adults. Curr Biol 21, 677–680, doi: 101,016/j.cub.2011.03.017 (2011).

[4] Jost, J. T. & Amodio, D. M. Political ideology as motivated social cognition: Behavioral and neuroscientific evidence. Motiv Emotion 36, 55–64, doi: 101,007/s11031-011-9260-7 (2012).

[5] Okimoto, Tyler G.; Gromet, Dena M., Differences in sensitivity to deviance partly explain ideological divides in social policy support. Journal of Personality and Social Psychology, Vol 111 (1), Jul 2016, 98–117, doi: 101,037/pspp0000080 Epub 2015 Nov 16. [résumé en anglais.]

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Étude — Plus on est « progressiste », plus idéaliserait-on ou nierait-on la réalité ?

La «diversité» ou la tarte à la crème

Extrait de la chronique de ce jour de Christian Rioux dans le Devoir de ce jour.


[...] Telle est la loi de la prétendue « diversité ». Celle qu’on nous sert sur tous les tons jusqu’à plus soif. On excusera la comparaison un peu triviale, mais le discours politique sur la « diversité » qui sature littéralement nos médias est de cet ordre. Peu importe la qualité, pourvu qu’il y ait de la « diversité ». Comme si la « diversité », quelle qu’elle soit, était une valeur en soi.

La télévision nous offre pourtant un bel exemple de diversité factice. Qui peut affirmer que la multiplication des chaînes de télévision depuis 30 ans s’est accompagnée d’une augmentation de la qualité et de la liberté de parole ? Il en va de même de ces humoristes ethniques qui ne sont trop souvent que les pâles copies des stand-ups américains les plus commerciaux. À quoi bon une telle « diversité » ?

Il est étonnant de découvrir combien le discours sur la « diversité », qui veut passer pour rebelle et minoritaire, est en réalité devenu aujourd’hui le discours des classes dominantes de la mondialisation. Encore contestée en France à cause de sa tradition républicaine, cette idéologie a pénétré aux États-Unis toutes les sphères de la société jusqu’à gangrener les universités.

Pourtant, force est de constater que plus le discours diversitaire prenait de l’ampleur, plus les inégalités économiques s’accroissaient. Comme si le slogan United Colors, symbole des années Obama, n’avait été qu’un cataplasme pour dissimuler une réalité gênante. À l’université, « le nombre d’étudiants issus des minorités a augmenté, celui des étudiants issus des classes les plus aisées aussi, mais la proportion de ceux issus des classes défavorisées de la “majorité” s’est réduite », expliquait le professeur de littérature de l’Université de l’Illinois Walter Benn Michaels dans un livre dérangeant publié en 2006, The Trouble With Diversity (La diversité contre l’égalité, Raisons d’agir, 2009).

Or depuis, la réalité a dépassé les prédictions les plus délirantes. S’il fallait obtempérer aux discours les plus extrêmes, il faudrait dorénavant respecter des quotas ethniques et sexuels dans le choix des députés, des ministres, des comédiens, des membres des conseils d’administration, des professeurs et même des chroniqueurs. Quid de la qualité de leur travail et de l’égalité des citoyens ? Il ne s’agit évidemment pas de s’opposer à l’intégration normale et progressive des populations émigrées au fur et à mesure qu’elles acquièrent les codes de leur nouveau pays, ce qui peut prendre plus d’une génération. Mais de comprendre la finalité de ce discours éminemment idéologique que nos élites répètent comme des perroquets.

Car ce nouvel ethnicisme n’est pas seulement un racisme à l’envers. Toutes ces odes au « cosmopolitisme », au « métissage » et à « l’hybridation » ne servent qu’à imposer à chacun la nécessité de se fonder à partir de rien, comme l’expliquait le philosophe Peter Sloterdijk dans son dernier livre (Après nous le déluge, Payot, 2016). L’émigrant est en effet devenu la figure idéale d’une mondialisation qui n’a plus rien à faire d’un citoyen chargé de sa propre culture et de sa propre histoire. Ce qu’on aime tellement chez lui, ce n’est pas tant sa « diversité » que son absence de racines et son caractère flexible qui s’adapte à tout justement parce qu’il a laissé chez lui ses proches, ses bagages et son pays. Un être sans famille, sans culture et sans attaches, pour ne pas dire sans langue — et parlant donc anglais —, tel est l’idéal diversitaire. Ce n’est pas un hasard si, à l’école, la flexibilité et l’adaptabilité ont remplacé la littérature et les humanités. L’objectif étant de faire de chaque élève un émigrant dans son propre pays.

Derrière cette diversité factice, où se cache donc la véritable diversité ? Au XVIIe siècle, Jean de La Fontaine avait déjà dit le fin mot de toute cette affaire :

Cette diversité dont on vous parle tant,
Mon voisin Léopard l’a sur soi seulement ;
Moi, je l’ai dans l’esprit […]
Le singe avait raison : ce n’est pas sur l’habit
Que la diversité me plaît ; c’est dans l’esprit [...]

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Institutrice (laïque/athée) dénonce le programme d'Éthique et de culture religieuse

Chantal Abran, enseignante suppléante au primaire, a écrit une lettre ouverte publiée par le Huffington Post :

Je suis enseignante au primaire depuis plus de 20 ans et suppléante depuis une dizaine d’années. J’ai connu l’abolition des Commissions scolaires confessionnelles et du cours d’enseignement moral et religieux. Je croyais que la volonté du gouvernement de sortir la religion des institutions scolaires était sérieuse. C’était avant l’avènement du cours d’Éthique et Culture Religieuse (ÉCR).

En tant que suppléante, j’ai souvent à donner les leçons d’ÉCR, que les enseignants titulaires délèguent volontiers. L’enfant est évalué, non pas sur des connaissances, mais sur ses compétences à reconnaître, dans un capharnaüm de mythes, de récits, de costumes et de babioles religieuses, ceux associés à une religion plutôt qu’à une autre, sans jamais remettre en question la notion de Dieu ou les différentes pratiques religieuses, et ce dans un objectif d’ouverture à l’autre. Dans les faits, les enfants du primaire n’apprendront pas grand-chose des grandes religions, à part qu’elles ont des lieux de culte, des guides spirituels, des cérémonies, des textes sacrés, des interdits et des obligations, mais surtout qu’elles sont toutes valables.

Survalorisation du phénomène religieux

Par contre, jamais l’athéisme, l’absence de croyance ou même la non-pratique religieuse ne sont envisagés. Les enfants sont encouragés à s’identifier à la religion de leurs parents ou à s’en choisir une. J’ai fait passer des examens ayant des questions du type : « Parmi les religions étudiées, laquelle choisirais-tu et pourquoi ? Donne trois explications ». Ou alors : « Parmi les fêtes religieuses que nous t’avons présentées, laquelle préfères-tu et pourquoi ? ». Ou bien : « Qu’est-ce qui te plaît dans la cérémonie hindouiste ou dans la célébration musulmane ? ». Les questions sont généralement posées au conditionnel, mais l’enfant est obligé de répondre pour obtenir ses points. Mon fils a eu à répondre à une question qui ressemblait à : Quel type de prière serait adaptée à ton mode de vie et pourquoi ? Les réponses attendues étaient : les prières du matin, du midi ou du soir... avec explications sur le temps propice à consacrer à la prière.

Il y a un vide pour les enfants dont le mode de vie n’est pas relié à une religion. Mon fils s’est déclaré bouddhiste à l’âge de huit ans, alors que rien dans son éducation ne le justifiait. L’influence venait de l’école. [Meuh, non, où allez-vous chercher cela, on nous a promis qu’il n’aurait aucune influence sur les croyances !] Des parents non-pratiquants se voient reprocher par leurs enfants certains comportements non conformes à l’orthodoxie de leur religion véhiculée en classe. D’autres parents non-croyants se retrouvent face à des enfants qui préfèrent croire en Dieu plutôt que de ne croire en rien.

Pourtant, les familles non pratiquantes ou non croyantes sont largement majoritaires au Québec. Peu d’enfants québécois de tradition catholique vont à l’église, ont reçu les sacrements ou même connaissent cette religion. Lorsqu’on leur en parle, cela a peu de sens pour eux. Est-il dans la mission de l’école de réintroduire, coûte que coûte, une pensée religieuse chez les enfants ? [Note du carnet : comme d’habitude les laïcistes passent du fait que nombre de parents ne sont pas pratiquants à l’idée qu’ils seraient donc opposés à ce que leurs enfants apprennent des faits sur leur religion, ce que Noël ou Pâques célèbrent par exemple (les manuels ECR du primaire enseignent d’ailleurs mal ces notions). Rappelons que les parents juste avant l’imposition de l’unique programme ECR au nom de la diversité, envoyaient très majoritairement leurs enfants au cours de religion plutôt que de morale laïque, alors que ces parents étaient tout aussi peu pratiquants !] N’est-ce pas aller à l’encontre de l’éducation des parents et de la liberté de conscience des familles ? [Note du carnet : pour certains, oui ; pour d’autres non. C’est tout le problème d’un programme unique obligatoire « offert » aux enfants.]

Et que dire de la liberté de conscience de l’enseignant, tenu de présenter toutes les religions sous leur meilleur jour, tout en conservant, conformément au programme du Ministère, « une distance critique à l’égard de sa propre vision du monde, notamment de ses convictions, de ses valeurs et de ses croyances ». Le cours ÉCR crée des malaises et des tensions dans la classe, mais l’enseignant est souvent démuni en raison de la posture professionnelle très particulière prônée dans le cadre du volet « culture religieuse » de ce cours. Que répondre à cet enfant de première année qui soutient qu’Allah est fâché si on mange du porc ? Quelle posture adopter face à cette élève de deuxième année qui apporte son Coran en classe, mais interdit à tous d’y toucher, à l’exception d’une autre petite fille musulmane, car seuls les musulmans touchent le Coran ? [Note du carnet : se rappeler que la diversité croissante du Québec est toujours un enrichissement...]

Une vision romantique et angélique des religions

Chacun fait de son mieux avec ce cours. Les professeurs cherchent désespérément du matériel pédagogique avec lequel ils sont confortables. Dans les manuels scolaires et les cahiers d’exercices disponibles, les religions sont souvent présentées de façon stéréotypée, voire même fondamentaliste. La croix dans le cou, la kippa, le hidjab représentent l’appartenance religieuse. Certaines pratiques archaïques et sexistes sont présentées sans aucune contextualisation ou analyse critique. Les religions sont édulcorées de leurs côtés sombres et présentées comme étant essentielles au bien-être personnel. En somme, c’est une vision romantique et angélique des religions qui est véhiculée. Or, sans éveiller le sens critique de nos jeunes, ce cours contribue à les rendre vulnérables face à l’influence de gourous et de dérives sectaires. Sans jugement critique, cet enseignement relève plutôt de l’endoctrinement à la pensée religieuse, et ne peut prémunir nos jeunes contre les dérives des fondamentalismes religieux.

Ce cours, bien qu’accompagné d’objectifs louables, a pour effet de promouvoir la pratique religieuse au Québec. Les parents n’ont pas accès au matériel pédagogique utilisé et ne savent pas vraiment ce qui est enseigné à leurs enfants. Les enseignants du primaire se contentent généralement de suivre les manuels sans faire de vague. Le sujet est délicat. Ils ont bien d’autres préoccupations professionnelles. ÉCR est le moindre de leurs soucis et je ne les blâme pas. Quant aux enseignants ÉCR du secondaire, comme ceux qui ont rédigé le blogue intitulé « Le vrai visage du cours Éthique et culture religieuse », il est normal qu’ils défendent leurs emplois. C’est pourquoi peu de voix s’élèvent pour dénoncer les aberrations de ce cours, allant à contre-courant de l’évolution séculière de la société québécoise. Pourtant, il serait plus que temps de mettre fin au volet « culture religieuse » du cours ÉCR, et d’achever ainsi la déconfessionnalisation de l’école publique au Québec.