mardi 5 mai 2009

Réal Gaudreault — peut-on faire confiance aux experts du MELS ?

Deux nouvelles vidéos de l'historien Réal Gaudreault.

Capsule 25 — Marilyn Manson dans les écoles publiques ?



Résumé de la capsule par Réal Gaudreault : « Les textes du chanteur américain Marilyn Manson sont reconnus pour faire la promotion de la violence sous toutes ses formes. Ils encouragent notamment le suicide chez les jeunes. Pourtant, en 1999, le ministère de l’Éducation du Québec distribue des affiches de ce chanteur dans toutes les écoles du Québec. Selon le MEQ, une batterie d’experts n’y voyaient rien de grave. Incroyable, non ? Aujourd’hui, ils veulent instruire nos enfants à la religion. »



Capsule 26 — Écoles de la réincarnation subventionnées par l’État



Résumé de la capsule par Réal Gaudreault : « En 2000, le P.Q. achève la déconfessionnalisation des structures scolaires au Québec. En 2002, le ministre de l’Éducation Sylvain Simard approuve et renouvelle la licence des écoles Rudolf Steiner (Woldorf), lesquelles ne suivent pas le programme du MELS. Non seulement cela, ces écoles subventionnées par l’État fondent leur pédagogie sur la doctrine de la réincarnation et du karma hindou. Plutôt étonnant, non ? »

[Note du carnet: nous ne sommes pas pour l'interdiction de ces écoles, nous nous insurgeons du deux poids, deux mesures appliqué ici par le Monopole de l'Éducation, crispation face à des parents auxquels on n'accorde aucune exemption au cours d'ECR, mais tolérance extrême et subventions pour des écoles au programme fort « original ».]

Ode au pluralisme religieux

On trouvera ci-dessous une véritable ode au pluralisme religieux distribuée dans une classe de 5e primaire de la commission scolaire Riverside de la Rive-Sud de Montréal.

Gageons que les parents athées vont particulièrement apprécier...





« La contestation du programme Éthique et culture religieuse est une avenue que les évêques ont jugée infructueuse. »

La ministre St-Pierre et monseigneur St-Gelais, en faveur du cours ECR, lors de la signature d'une entente sur l'utilisation des églises dont l'usage est appelé à changer

Geste inélégant de Mgr Veillette, directement exploité par le gouvernement

Mgr Veillette a décidé de se souvenir des chevaliers de Colomb et même de les flatter. C’est que l'affaire est grave : ceux-ci se sont montrés charitables et tolérants, suivant en cela le Préfet de la Congrégation pour l'éducation catholique qui déclarait que l'imposition du cours ECR viole le droit des parents.

Cela ne devrait étonner aucun catholique, mais cela n'a pas du tout l'heur de plaire à son éminence l’évêque de Trois-Rivières.

Mgr Martin Veillette a donc décidé d'écrire le 28 avril 2009 au député d’État des chevaliers de Colomb à propos du cours d’Éthique et de culture religieuse.

Mgr Martin Veillette et Mme Christine St-Pierre, ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine en 2008 lors de la signature d'une entente sur le patrimoine religieux et l'utilisation d'églises (vides) dont le changement d'usage est envisagé


Mgr Veillette contre la liberté de choix !

Nous en sommes là : un pasteur catholique reprend la plus grosse association catholique du Québec parce que celle-ci ose dire que les parents devraient être libres de choisir une éducation morale et religieuse conforme à leurs convictions ! À leurs convictions !

Les slogans du gouvernement repris verbatim

Il faut bien le dire, on se sent gêné à la lecture de la lettre affligeante que Mgr Veillette veut voir envoyée aux 104 000 chevaliers de Colomb en règle (le tout, aux frais des chevaliers de Colomb bien sûr).

On a parfois l’impression de lire verbatim les arguments du Monopole de l’Éducation, le tout repris sans aucune distance par un membre du clergé à qui cette réforme, ne l’oublions pas, a été imposée : « «La contribution éducative attendue de ce programme se situe principalement sur le plan de la citoyenneté : « la reconnaissance de l'autre et la poursuite du bien commun » Il s'agit d'apprendre à vivre ensemble dans une société pluraliste. Nous souscrivons à cet objectif et invitons la population catholique à en reconnaître la pertinence. Les transformations qui ont profondément marqué notre société nous y incitent de façon pressante. Le dialogue autour de questions éthiques et religieuses pourra aider les jeunes de diverses croyances et convictions à surmonter les clivages idéologiques et à mieux se respecter mutuellement. »

C’est là le lot de clichés habituels pour faire passer la pilule alors que les Québécois vivent déjà ensemble pacifiquement dans une société pluraliste et qu’il n’est pas du tout certain que le relativisme et le subjectivisme qui marquent le programme d’éthique et culture religieuse amélioreront quoi que ce soit dans le « vivre-ensemble ».



La vigilance selon Mgr Veillette : militer en faveur de l'imposition du cours ECR

Le comble est atteint quand Mgr Veillette se félicite de ce qui se passe sur le terrain des paroisses et qui serait absolument remarquable. C’est vraiment vouloir noyer le poisson : ce n’est pas parce que depuis peu l’Église catholique organiserait des classes de catéchèses décentes, disons, qu’il faut se réjouir de l’imposition du cours d’éthique et de culture religieuse pendant 11 ans qui pourrait bien défaire les rares heures de catéchèse que l’Église organisera sur une population de jeunes élèves désormais fortement réduite.

Enfin, il est remarquable que Mgr Veillette considère que sa soumission molle est une position prudente alors que personne, pas même M. Georges Leroux, ne peut prévoir les conséquences de cette « déconfessionnalisation des mentalités » comme l’appelaient Serge Côté et Jean Turgeon du Comité national du plan de formation en éthique et culture religieuse lors du Colloque des directeurs d’école 2007.

Georges Leroux : « s'interroger sur quelque chose qui pourrait s'apparenter à de la folie [...] Actuellement, personne au Québec ne mesure l'amplitude du changement et ses conséquences réelles »


Les parents ont raison d’être prudents et moins passifs que Mgr Veillette

Comme d'éminents universitaires l’ont déjà dit et comme plusieurs témoins experts le répèteront la semaine prochaine à Drummondville, n’en déplaise à Mgr Veillette, les parents sont dans leur droit quand ils demandent l’exemption d’un cours de formation morale et religieuse qu’ils trouvent suspect ou même contraire à leurs convictions. Mgr Veillette devrait protéger son troupeau, ne pas le diviser et ne pas justifier sa soumission à une formation dont le caractère catholique est plus que douteux pour plusieurs spécialistes.

Défi majeur : déconfessionnaliser les mentalités


Se faire l’exécuteur de basses œuvres, créer la division

Il est inélégant pour Mgr Veillette de rappeler ainsi à l’ordre les chevaliers de Colomb alors que ceux-ci ont fait preuve de tolérance et de bienveillance envers des parents inquiets pour le bien-être de leurs enfants. Il est contreproductif pour l’évêque de Trois-Rivières de vouloir ainsi créer la division là où régnait une unanimité tolérante. On a la désagréable impression que Mgr Veillette s'est fait l’exécuteur des basses œuvres du Monopole de l’Éducation, ceci alors que des parents catholiques sont en procès contre un État qui envahit de plus en plus la sphère spirituelle (voir l’article 36 de la Loi sur l’instruction publique) et veut même mettre au pas les écoles catholiques privées (comme le collège Loyola également en procès contre le MELS) qui osent demander qu'ils puissent enseigner un cours d'ECR modifié afin qu'il soit compatible avec leur nature d’établissement privé de confession catholique.

La sortie précipitée de Mgr Veillette a d’ailleurs été immédiatement exploitée par les avocats du gouvernement qui se sont empressé d’ajouter sa lettre inopportune au dossier qu’ils présenteront à Drummondville la semaine prochaine pour empêcher toute exemption au cours gouvernemental d’ECR.

Dans quelle galère s’est donc laissé embarquer Mgr Veillette ?

Qu’est-ce qui a poussé Mgr Veillette à s’exprimer aussi rapidement pour exiger que sa lettre soit diffusée aux frais des chevaliers de Colomb ? Pourquoi ne pouvait-il attendre la conclusion du procès de Drummondville dans une semaine avant de prôner une soumission peu vigilante et peu prudente et semer un peu plus la division parmi les catholiques ?

N’a-t-il donc aucun dossier plus pressant à régler ? Ne pourrait-il pas plutôt s’assurer que les écoles catholiques subventionnées aient encore une vocation catholique par exemple et que les parents catholiques ne se voient pas poussés à fonder de nouvelles écoles catholiques, non subventionnées cette fois ? Ne peut-il concevoir la prudence envers le cours ECR qu’en termes de lettre militante en faveur de celui-ci ?

Ne peut-il s’occuper de certains prêtres de son diocèse, comme le père Lacaille qui critique ouvertement et radicalement le Pape Benoît XVI sur des questions comme le sacerdoce des femmes, l'avortement, l'euthanasie, le préservatif, l'œcuménisme, la théologie de la libération et la forme extraordinaire de la messe catholique. Voir la dernière charge à boulet rouge de ce « bibliste » contre les pirates vêtus de pourpre qui dirigeraient selon lui le Vatican, lettre complaisamment reproduite par le Devoir. Là, subitement, Mgr Veillette devient fort coi.

N’y a-t-il rien de mieux à faire pour un pasteur que d’être l’instrument du gouvernement et de diviser ses ouailles en prêchant non la liberté de choix, mais une prétendue « vigilance » qui n’est qu’une soumission molle qui pourrait bien avoir des conséquences graves pour les enfants de parents catholiques ?