Isabelle Hachey est une journaliste de La Presse. Son employeur et elle ont été blâmés il y a quelques semaines par le Conseil de la Presse « pour informations incomplètes, manque d’équilibre et apparence de conflit d’intérêts ».
Mme Hachey a consacré un long article samedi à quelques lignes extraites du plus récent livre de Mathieu Bock-Côté, Le Totalitarisme sans le goulag. Elle prétend que Bock-Côté y « tord la vérité ». Dans un passage de son livre, Bock-Côté dresse un portrait de ce qui arrive aux gens trop rétifs à l’idéologie woke ou diversitaire.
Afin de fournir le contexte, voici le passage, tiré de l’ouvrage, sur le sort de quelques opposants à l’idéologie du genre ; il concentre quatre des six critiques de Mme Hachey (les deux autres portent sur l’immigration) :
À l’automne 2021, un homme accusé de mégenrage à l’endroit d’un de ses anciens collègues, qui se déclarait non-binaire, dans un restaurant, a été condamné à payer plusieurs dizaines de milliers de dollars en dommage au non-binaire en question — quant au restaurant, il était obligé d’imposer à ses employés une formation en sensibilisation à la diversité. En Allemagne, à l’été 2023, une loi a été votée pour punir d’une amende allant jusqu’à 10 000 euros le simple fait de rappeler l’identité de genre antérieure d’une personne trans 31. En France, on assiste aux premiers procès pour mégenrage, comme on l’a vu avec la poursuite engagée contre la militante féministe Dora Moutot, pour avoir affirmé qu’elle voyait en Marie Cau, une femme trans, non pas une femme mais un homme. En Grande-Bretagne, à la fin de l’été 2023, le Parti travailliste envisageait de faire du mégenrage un crime haineux. Il n’est pas insensé de croire à une radicalisation des peines conduisant jusqu’à la prison, malgré la dénégation des partisans de ces lois. À tout le moins, à l’été 2023, on apprenait que près de la moitié de la génération des milléniaux aux États — Unis était favorable à la criminalisation du mégenrage.
En Irlande, un professeur ayant annoncé qu’il refuserait d’utiliser les nouveaux pronoms trans pour parler à ses étudiants a vu son école lui demander de ne plus y remettre les pieds. Puisqu’il s’y est présenté quand même, la police l’a arrêté. En Ontario, au Canada, un élève a dû faire l’expérience de la police car il refusait la présence de garçons s’identifiant comme filles dans le vestiaire de ces dernières. Dans ces deux cas, la punition idéologique était à demi avouée : le professeur fut officiellement arrêté parce qu’il n’avait pas respecté l’interdiction de revenir à son école s’il ne se convertissait pas à l’utilisation des pronoms trans. Le même argument fut utilisé au Canada. Que faire de ceux qui ne consentent pas à ce que leurs enfants, s’ils le demandent, s’engagent dans une thérapie de changement de sexe ? Le refus des parents de se plier à l’idéologie trans sera alors assimilé à une forme de maltraitance parentale. En Colombie — Britannique, toujours au Canada, un père s’est vu condamner à six mois de prison car il a refusé de reconnaître la transition de genre de son enfant, et continuait de voir en sa fille une fille et de l’interpeller par un pronom féminin.
Car il faut rappeler les limites draconiennes imposées par cette ordonnance « de protection » :
[1] AB, un garçon transgenre [une fille biologique donc] de 14 ans, demande une ordonnance de protection pour empêcher son père, CD, de publier, de parler ou de donner des interviews sur cette affaire ou sur les informations personnelles et médicales d’AB.
a) CD doit être empêché de :
- tenter de persuader AB d’abandonner le traitement pour la dysphorie de genre ;
- s’adresser à AB par son nom de naissance ; et
- se référer à AB comme une fille ou avec des pronoms féminins, que ce soit à AB directement ou à des tiers ;
b) CD ne publiera ni ne partagera, directement ou indirectement par l’intermédiaire d’un agent ou d’un tiers, des informations ou des documents relatifs au sexe, à l’identité de genre, à l’orientation sexuelle, à la santé mentale ou physique, à l’état de santé ou aux thérapies de AB.
En résumé, l’emprisonnement du père (Robert Hoogland) vient bien de son refus d’accepter la « transition » de sa fille qu’il considère comme dangereuse notamment sur le plan médical, et ce même après qu’on lui a intimé de se taire complètement et de se transformer en une tombe. C’est bien son refus devant cette transition, obstiné pour d’aucuns, héroïque pour d’autres, qui l’emprisonnera.
Tout part du mégenrage qui envenime la situation et qui permet d’obtenir un dédommagement. Bref, Isabelle Hachey pinaille.
Mathieu Bock-Côté : « En Ontario, au Canada, un élève a dû faire l’expérience de la police car il refusait la présence de garçons s’identifiant comme filles dans le vestiaire de ces dernières. »