Radio-Canada communique :
Voir aussiLes parents qui font l’école à la maison ont suivi attentivement cette semaine la commission parlementaire sur le projet de loi 144. Ce projet de loi, qui vise à garantir à tous les enfants de 6 à 16 ans l’accès à l’éducation, encadrera mieux les familles qui ont fait ce choix.Admirez l’euphémisme : on pourrait presque croire que l’État va aider les parents. Il s’agit en réalité de contrôler de plus près les parents et de les empêcher, si le gouvernement le décide, de faire les choix éducatifs qu’ils préfèrent. Bref, de serrer encore la vis.
Le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, souhaite mettre de l’ordre dans les règles encadrant ce choix éducatif.Qui peut être contre l’ordre ? Mais y avait-il désordre ? De quelle manière ? À nouveau, il s’agit d’une présentation méliorative et non objective. Rappelons qu’il n’y a aucune preuve que plus de contrôles tatillons améliorent les résultats des enfants instruits à domicile.
Plus tôt cette semaine, il a laissé entendre qu’il voulait respecter les droits des parents tout en évitant les abus et les laisser-aller.Après l’épisode de la primauté du droit de l’État d’imposer le controversé programme d’éthique et culture religieuse (ECR) sur les « droits des parents » de décider de l’éducation morale et religieuse de leurs enfants, ce genre de jolies phrases lénifiantes ne vaut plus tripette. L’État, le Monopole de l’Éducation, ayant le dernier mot sur ce que le « laisser-aller » pourrait être, même pas des parents responsables — personne n’a jamais remis en question l’exemplarité de ces parents — comme ceux qui sont allés jusqu’en Cour suprême pour pouvoir demander le droit d’exemption du programme ECR.
La future législation, si elle est acceptée telle quelle, suscite des craintes auprès des parents qui font l’école à la maison.
Ils jugent que le projet de loi contient des zones grises qui risquent de compromettre leur droit.
Selon Laetitia Toanen, une mère de famille de Rimouski qui enseigne à la maison à ses trois enfants, le concept de réussite scolaire est un exemple de son désaccord avec ce qui est proposé. Selon elle, le gouvernement ne devrait pas être en mesure de retirer le droit à l’éducation à domicile aux enfants qui sont en échec scolaire.
« C’est un droit au Québec et au Canada et il n’est pas conditionnel à la réussite scolaire. Il y a plein d’enfants dans les écoles qui sont en échec et on ne les retire pas des écoles. »
Laetitia Toanen, mère de trois enfants qui enseigne à la maison5000 enfants à l’école à la maison au Québec
Environ 25 familles ont choisi ce modèle d’enseignement dans la région de Rimouski.
Jusqu’à maintenant, les évaluations et le soutien offert par la Commission scolaire des Phares respectent les projets éducatifs des familles, selon Mme Toanen.
Ce qui n’est pas nécessairement le cas dans toutes les régions du Québec.
Certains parents se disent victimes d’intimidation de la part de certaines commissions scolaires. Selon Amélie Delage, de l’Association québécoise pour l’éducation à domicile, « il a beaucoup de gens qui voudraient qu’on se fasse imposer le suivi par évaluation ou par examen, que la logique scolaire soit calquée à la maison. »
Ce qui explique, selon l’Association, pourquoi il y a seulement 1000 enfants inscrits au système scolaire québécois qui font l’école à domicile, alors qu’elle estime qu’ils seraient véritablement aux alentours de 4000 à suivre ce parcours sans y être inscrits.
Notre dossier sur ECR (et le peu de cas que font désormais les tribunaux des droits des parents devant les prétentions de l'État-thérapeute)
À lire : le témoignage de la mère de Drummondville qui est allée en Cour suprême
À qui sont ces enfants au juste ? (rediff)
« État ou parent, qui est le premier éducateur des enfants ? » (Rediff)
MàJ : Revue Égards — La saga Lavallée : l’État, le judiciaire et l’Église contre la famille, l’école et la législature