Billet de Matthieu Bock-Côté sur l’étude portant sur la réforme pédagogique :
Cette semaine, une étude bien menée concluait à l’échec de la réforme scolaire. Fallait-il encore une autre preuve ?
Car chez le commun des mortels, elle est depuis longtemps l’objet d’un grand scepticisme. On la tourne en ridicule. On se désole de ce qu’est devenue l’école. Les parents cherchent à la fuir en envoyant leurs enfants à l’école privée, qui toutefois, y est aussi soumise.
Qu’est-ce qui ne marche pas avec la réforme ? Certains détails fâcheux qu’on pourrait corriger si on le voulait vraiment ? Non. C’est son noyau philosophique qui pose problème. Si on préfère, c’est la conception de l’éducation qui la porte. On ne peut pas en sortir peu à peu. Un jour, il faudra la mettre à la poubelle et la congédier.
On a beaucoup parlé des connaissances et des compétences, et du remplacement des premières par les secondes. On a considéré que les connaissances relevaient du bourrage de crâne et d’un savoir encyclopédique vieilli. D’ailleurs, on a cessé d’enseigner les classiques, ceux par lesquels une culture se forme et une âme s’élève.
Haine de l’autorité
Les compétences annonçaient autre chose. On a surtout voulu que l’enfant construise lui-même son propre savoir. La révolution technologique est venue renforcer cette croyance. Avec son ordinateur, avec Google, l’enfant n’est-il pas en position de trouver tout ce qu’il veut ? Pourquoi l’encombrer avec la philosophie, la littérature ou l’histoire des générations précédentes ?
Derrière cela, il y avait une haine plus ou moins avouée pour l’autorité qui nous vient des années 1970. On s’est convaincu, en ces années funestes, que la civilisation occidentale n’avait plus grand-chose à transmettre. On l’imaginait raciste, sexiste, et on ajoutera ensuite homophobe et transphobe. Ses grandes œuvres auraient été contaminées. Pourquoi alors s’y pencher ?
Grands repères
Traditionnellement, on devait transmettre à l’enfant les grands repères du monde dans lequel il entrait. Désormais, il fallait l’en protéger, et dans une certaine mesure, l’en libérer. On a renoncé à l’admiration pour les grandes œuvres et les grandes vies pour fabriquer une génération d’enfants-rois persuadés d’être si exceptionnels qu’ils pouvaient se passer de la culture.
Le maître d’école en paie le prix. Son autorité lui venait du savoir qu’il devait transmettre. Mais que se passe-t-il lorsque ce savoir est discrédité, disqualifié ? Il se trouve diminué.
D’ailleurs, la formation des maîtres en a été affectée. Pour enseigner l’histoire, par exemple, on ne se tourne plus vers des historiens, mais vers des pédagogues à peine formés dans leur matière.
La réforme scolaire, c’est l’histoire d’une grande dérive à laquelle tous les partis politiques ont participé. Le PQ et le PLQ s’y sont pliés, même si on a trouvé dans chaque parti de bonnes têtes pour lutter contre elle. Si les deux partis sont coupables, c’est qu’ils sont soumis aux idéologues du ministère de l’Éducation.
Personne ne sait exactement comment rebâtir l’école. C’est le travail d’une génération. Ses fondements sont abîmés. Mais il faudra d’abord la libérer des idéologues qui l’ont déconstruite.
Cette semaine, une étude bien menée concluait à l’échec de la réforme scolaire. Fallait-il encore une autre preuve ?
Car chez le commun des mortels, elle est depuis longtemps l’objet d’un grand scepticisme. On la tourne en ridicule. On se désole de ce qu’est devenue l’école. Les parents cherchent à la fuir en envoyant leurs enfants à l’école privée, qui toutefois, y est aussi soumise.
Qu’est-ce qui ne marche pas avec la réforme ? Certains détails fâcheux qu’on pourrait corriger si on le voulait vraiment ? Non. C’est son noyau philosophique qui pose problème. Si on préfère, c’est la conception de l’éducation qui la porte. On ne peut pas en sortir peu à peu. Un jour, il faudra la mettre à la poubelle et la congédier.
On a beaucoup parlé des connaissances et des compétences, et du remplacement des premières par les secondes. On a considéré que les connaissances relevaient du bourrage de crâne et d’un savoir encyclopédique vieilli. D’ailleurs, on a cessé d’enseigner les classiques, ceux par lesquels une culture se forme et une âme s’élève.
Haine de l’autorité
Les compétences annonçaient autre chose. On a surtout voulu que l’enfant construise lui-même son propre savoir. La révolution technologique est venue renforcer cette croyance. Avec son ordinateur, avec Google, l’enfant n’est-il pas en position de trouver tout ce qu’il veut ? Pourquoi l’encombrer avec la philosophie, la littérature ou l’histoire des générations précédentes ?
Derrière cela, il y avait une haine plus ou moins avouée pour l’autorité qui nous vient des années 1970. On s’est convaincu, en ces années funestes, que la civilisation occidentale n’avait plus grand-chose à transmettre. On l’imaginait raciste, sexiste, et on ajoutera ensuite homophobe et transphobe. Ses grandes œuvres auraient été contaminées. Pourquoi alors s’y pencher ?
Grands repères
Traditionnellement, on devait transmettre à l’enfant les grands repères du monde dans lequel il entrait. Désormais, il fallait l’en protéger, et dans une certaine mesure, l’en libérer. On a renoncé à l’admiration pour les grandes œuvres et les grandes vies pour fabriquer une génération d’enfants-rois persuadés d’être si exceptionnels qu’ils pouvaient se passer de la culture.
Le maître d’école en paie le prix. Son autorité lui venait du savoir qu’il devait transmettre. Mais que se passe-t-il lorsque ce savoir est discrédité, disqualifié ? Il se trouve diminué.
D’ailleurs, la formation des maîtres en a été affectée. Pour enseigner l’histoire, par exemple, on ne se tourne plus vers des historiens, mais vers des pédagogues à peine formés dans leur matière.
La réforme scolaire, c’est l’histoire d’une grande dérive à laquelle tous les partis politiques ont participé. Le PQ et le PLQ s’y sont pliés, même si on a trouvé dans chaque parti de bonnes têtes pour lutter contre elle. Si les deux partis sont coupables, c’est qu’ils sont soumis aux idéologues du ministère de l’Éducation.
Personne ne sait exactement comment rebâtir l’école. C’est le travail d’une génération. Ses fondements sont abîmés. Mais il faudra d’abord la libérer des idéologues qui l’ont déconstruite.
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