Nico Perrino, vice-président de la Fondation pour les droits individuels et l’expression, et Eric Kaufman, professeur de politique, réagissent à la démission de la présidente de Harvard, Claudine Gay, à la suite d’allégations de plagiat. Extrait vidéo de l’entretien en anglais, puis transcription complète traduite en français.
’This speaks to a deeper issue about the corruption of higher education!’
— GB News (@GBNEWS) January 7, 2024
Professor of Politics, Eric Kaufman, reacts to the Harvard President, Claudine Gay, resigning amid plagiarism allegations. pic.twitter.com/qZ3WeCMLXI
Transcription complète
— Si vous regardez son travail, encore une fois, si vous comparez avec les précédents présidents de Harvard, elle a très peu de publications. Certains présidents de Harvard ont publié plus en un an qu’elle pendant toute sa carrière.
Mais plus sérieusement, elle a plus de 40 cas de plagiat, c’est-à-dire qu’elle a pris des paragraphes entiers et les a insérés dans son texte sans en donner l’origine. Ce sont des choses pour lesquelles les étudiants seraient recalés.
Elle le fait en tant que présidente d’une institution, mais je pense que cela soulève un problème plus profond, celui de la corruption dans l’enseignement supérieur, non seulement aux États-Unis, mais dans tout l’Occident.
L’accent est mis non plus sur ce que j’appellerais le libéralisme culturel, à savoir l’égalité de traitement, la liberté d’expression, la vérité objective et la méthode scientifique, mais sur le socialisme culturel, c’est-à-dire l’égalité des résultats pour les groupes minoritaires par rapport aux groupes majoritaires, ainsi que la protection contre les préjudices, la protection contre les préjudices émotionnels, contre les discours que vous n’appréciez pas.
L’inclusion signifie que vous allez abroger la liberté d’expression et la recherche de la vérité afin d’atteindre ces objectifs d’égalité, et c’est un peu ce que fait Claudine Gay.
Son embauche et sa promotion en tant que présidente sur la base de la couleur de sa peau, de son sexe et d’un faible nombre de publications illustrent ce problème.
— La devise d’Harvard est, je crois, Veritas, la vérité. Vous pensez donc qu’elle s’est éloignée de la vérité ?
— Je veux dire que si vous affirmez, comme Carole Hooven qui vient d’être mentionnée, que l’on croit que le sexe biologique et le genre sont liés et qu’une femme est biologiquement comme ceci et pas comme cela, alors vous êtes forcé de quitter l’université et de vous retirer de la vie publique.
Vous avez donc énoncé une vérité, et les gens peuvent maintenant la contester. C’est la liberté d’expression, c’est la liberté intellectuelle de l’enseignant. Mais sous le nouveau régime où, vous le savez, l’égalité des résultats et la protection contre les préjudices émotionnels passent avant tout, la vérité et la liberté des universitaires viennent en second. La première l’emporte sur l’autre et elle disparaît donc.
Ce que je veux dire, c’est que toute la mission de recherche de la vérité, la Veritas, a été corrompue en faveur de ce que j’appelle le socialisme culturel, que d’autres appellent la justice sociale, ou la diversité, l’équité et l’inclusion.
La diversité et l’équité signifient l’égalité des résultats, l’inclusion signifie que nous allons vous protéger des discours que vous n’aimez pas et c’est vraiment l’éthique de la nouvelle université.
Claudine Gay a donc promu, poussé ces idées.
Elle voulait décoloniser les programmes, renommer les choses, surveiller les programmes, embaucher et promouvoir des personnes sur la base de la couleur de la peau et du sexe.
C’est ce qu’elle a mis en avant. Et c’est en fin de compte ce qui a conduit à certaines de ces violations des codes de la parole.
Par exemple, licencier des personnes parce qu’elles disent des choses qui vont à l’encontre de l’orthodoxie de la DEI.
— Et que dire de la catastrophe de l’audition au Congrès ? Je me suis remémoré l’argument selon lequel il s’agirait d’une question de contexte pour savoir si le fait d’appeler au génocide des Juifs serait contraire au code de Harvard. Je suppose que ce ne serait pas une question de contexte si vous appeliez au génocide des Asiatiques, des Blancs, des Noirs ou de presque tous les autres peuples auxquels on peut penser. Avez-vous un avis sur la question ?
— Je pense que l’appel au génocide de Blancs n’aurait aucune répercussion. Mais vous savez, si vous appelez au génocide des Noirs, vous êtes exclu.
Si Harvard avait été comme l’Université de Chicago et avait été politiquement neutre, avait défendu la liberté d’expression, la lettre de la loi, alors les gens pourraient dire qu’ils sont cohérents, mais quand Harvard est au bas des 254 institutions en matière de liberté intellectuelles des enseignants et qu’elle essaie de se défendre en disant « oh non, nous croyons en la liberté d’expression et c’est pourquoi nous ne pensons pas qu’appeler au génocide des juifs soit une offense. »
C’est l’hypocrisie qui pose problème, pas le principe, car beaucoup de gens pourraient dire « bon, vous appliquez le premier amendement, c’est conforme à la loi, d’accord ».
Mais bien sûr, cette norme n’a pas été appliquée à tout un tas d’autres personnes lorsqu’il s’agissait des totems sacrés préférés de la gauche progressiste en matière de race, de genre et de sexualité.
— Des centaines d’universitaires se sont prononcés en faveur de Claudine Gay. Cela signifie-t-il que changer de président ne changera rien ?
— Je pense que changer de président ne changera rien. Je suis désolé de le dire, mais cette culture est trop profondément enracinée : l’administration est trop profondément saturée par cette nouvelle idéologie DEI/socialiste culturelle.
— Préciser ce qu’est la DEI, tout le monde ne sait pas ce qu’est al DEI.
— Diversité, équité et inclusion. Il s’agit de l’égalité des résultats entre les groupes minoritaires et les groupes majoritaires et l’inclusion signifie qu’on vous protégera contre tout préjudice lié à l’expression qui pourrait vous offenser parce que vous pourriez vous sentir « en danger » (entre guillemets). Cela signifie simplement que nous allons mettre fin à la liberté d’expression des gens, comme Carole Hooven qui dit « Je crois au sexe biologique » et c’est le genre de situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement, et je crains que malgré le départ de Claudine Gay, je ne pense pas que nous irons vers une situation bien meilleure.