mardi 11 février 2020

Allemagne — pourquoi les journalistes sont beaucoup plus à gauche que le pays

Les journalistes aiment à penser qu’ils sont de courageux rebelles qui bravent les idées dominantes.

Malheureusement, les chiffres suggèrent que leur esprit de contradiction n'est pas très développé. La plupart des gens des médias évoluent dans un milieu où presque tous pensent comme eux. Ils seraient donc plutôt conformistes, des Mutins de Panurge comme disait Philippe Muray.

Une journée typique au Deutschlandfunk, la radio d’information publique allemande, se déroule comme ceci : à l’occasion de la Semaine de la Mode de Berlin, une blogueuse de mode explique pourquoi elle est contre la mode — parce que la mode favorise le changement climatique.

Un jeune linguiste rend compte des dernières initiatives visant à améliorer l’égalité entre les sexes en utilisant un langage dégenré. On apprend au cours de l’émission que la station régionale de Cologne ne parle plus d’instituteurs (Lehrer, genré au masculin), mais plutôt d’« enseignants » (Lehrende, épicène).

Suit une contribution sur les « éléments racistes » dans l’œuvre du célèbre peintre expressionniste Otto Müller (1874-1930). Le tableau « Deux Tsiganes avec un chat » (ci-contre) montrerait les femmes comme des « séductrices exotiques » et colporterait ainsi de vils clichés sur les Sinti et les Roms, c’est pourquoi le musée a décidé de ne présenter le tableau qu’accompagné d’un documentaire.

De la « radio rouge » à la « radio verte »

Vous croyez que j’exagère ? Alors vous n’avez pas écouté le Deutschlandfunk depuis longtemps. Parce que plusieurs auditeurs ont remarqué que de grandes parties des émissions donnent l’impression que Annalena Baerbock (coprésidente des Verts, parti de gauche) et Robert Habeck (autre coprésident des Verts) sont à la régie. C’est la conclusion à laquelle est arrivé récemment un correspondant de la « Neue Zürcher Zeitung », journal suisse, après avoir écouté le diffuseur public. Sa conclusion : si dans le passé les conservateurs qualifiaient le radiodiffuseur public de « radio rouge », aujourd’hui il faudrait parler plutôt de « radio verte ».

À cet égard, j’ai été surpris de trouver un long texte sur le site de la chaîne qui nous explique pourquoi il serait faux de croire que le cœur du journaliste allemand battait à gauche. En fait, ce serait un préjugé de croire que la majorité dans les médias aurait un biais rouge-vert.

Les journalistes de gauche n’aiment pas s’entendre dire qu’ils sont de gauche, j’en ai fait l’expérience de nombreuses fois. Je pense que c’est lié à l’idée qu’ils se font d’eux-mêmes. Les journalistes aiment à penser qu’ils sont de courageux rebelles qui luttent contre les idées dominantes. Quand on leur dit qu’ils travaillent dans un milieu où la plupart des gens pensent comme eux, cela diminue un peu leur héroïsme. Qui aime être considéré comme un suiveur ?



Si les journalistes pouvaient élire le chancelier

Malheureusement, les chiffres suggèrent que l’esprit de contradiction n’y est pas très développé. Il n’y a guère d’études sur les préférences politiques des journalistes. L’une des plus grandes enquêtes remonte à 2005 et provient de l’Institut de journalisme de Hambourg. La sensibilité politique des journalistes avait alors été établie comme suit : Verts 35,5 pour cent, le SPD (socialistes) 26 pour cent, la CDU (centre droit) 8,7 pour cent, le FDP (libéraux) 6,3 pour cent, autres 4 pour cent, aucun parti 19,6 pour cent.

Des études récentes arrivent à une conclusion similaire. Parfois, le nombre de ceux qui se déclarent « sans étiquette » est plus élevé. Parfois, les chiffres en faveur des sociaux-démocrates sont meilleurs, parfois ils sont pires. Mais la tendance générale demeure inchangée : si les journalistes allemands pouvaient élire le chancelier fédéral, il ne serait pas issu du camp conservateur.

Même dans les rédactions que l’on pourrait penser conservatrices, il y a une nette majorité pour les rouges verts. Au « Welt », le vaisseau amiral conservateur du groupe Springer, c’est un fait connu depuis que l’équipe éditoriale a mené une élection entre collègues de bureau à l’occasion d’une élection fédérale il y a quelques années.

Le résultat a été affiché au tableau d’affichage du gratte-ciel Springer à Berlin pendant deux semaines jusqu’à ce que le conseil d’administration le fasse enlever parce qu’on ne voulait pas faire comprendre à chaque visiteur que le rêve secret d’un rédacteur du « Welt » était de travailler à la « Süddeustche Zeitung » (journal rival de tendance libérale de gauche).

Diplômés en allemand, en histoire ou en politique

Les commentateurs issus des médias de gauche aiment à souligner que les rédacteurs en chef sont souvent beaucoup plus conservateurs que les membres de leurs équipes. C’est peut-être exact, mais cela a moins d’impact dans le travail éditorial quotidien qu’on ne pourrait le croire (ou que le rédacteur en chef ne se l’imagine). Il existe de nombreuses manières de contourner les instructions qui viennent d’en haut — je parle d’expérience. Les sujets proposés sont ignorés ou le rédacteur en chef apprend malheureusement qu’aucune preuve ne vient étayer sa thèse.

Pourquoi tant de journalistes sont-ils à gauche ? L’une des raisons est ce que la sociologie appelle un biais de sélection. Le journaliste typique a étudié l’allemand, l’histoire ou la politique.

Rares sont ceux diplômés en droit ou en génie, c’est-à-dire des disciplines peu marquées par la pensée de gauche. Pourquoi les diplômés en sciences humaines ont-ils tendance à être tellement à gauche ? Les personnes concernées diraient probablement que la justice est particulièrement importante pour elles. Ma réponse serait qu’il s’agit d’une sorte de compensation.



« Bill Gates a 50 milliards, et toi ? »

Mon ami Roger Koppel, aujourd’hui rédacteur en chef de l’hebdomadaire « Weltwoche », l’a déjà décrit de cette façon. Imaginez que vous êtes allé à l’école avec Bill Gates. Maintenant, vous êtes assis devant la télévision pendant que passe un documentaire sur votre ancien camarade de classe. Votre femme se tourne vers vous, vous ressentez déjà le reproche tacite : « Bill Gates a 50 milliards, tout ce que tu as réussi c’est d’être rédacteur dans un journal de taille moyenne, qu’est-ce qui a cloché ? » Vous n’avez qu’une chance de vous en sortir. Vous répondez « C’est vrai, Bill Gates est beaucoup plus riche que moi. Mais je ne me suis pas laissé corrompre. Je ne suis pas devenu un porc capitaliste. »

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Danemark — écoles instaurent places fixes à la cantine pour empêcher regroupements ethniques

Dans la plupart des écoles, les élèves s’asseyent où ils le souhaitent lorsqu’ils s’attablent à la cantine pour le déjeuner. Au Gymnase Greve, les choses sont différentes. Ici, la direction a décidé d’attribuer des « places fixes » aux élèves afin que les étudiants ne se regroupent pas selon leur appartenance ethnique.

La cantine de l’école secondaire (gymnase) Greve

Dans cette école secondaire de Sélande, la plus grande île du Danemark, près d’un élève sur cinq est d’origine non occidentale. À la cantine de l’école, les élèves non occidentaux s’asseyaient toujours ensemble, séparés des nombreux élèves d’origine danoise.

Bien visible malgré le fait que les étudiants non occidentaux venaient de beaucoup de classes différentes.

« Nous nous efforçons de mettre en place un milieu intégré dès le début, ce qui signifie, notamment, qu’ils s’asseyent en fonction de leur classe à la cantine pendant la pause déjeuner, car nous ne voulons plus avoir de divisions ethniques à l’école. Nous indiquons donc la classe à l’aide d’une pancarte sur les tables », explique la directrice du Gymnase Greve, Mette Trangbæk.

Le Berlingske avait lui-même déjà rapporté fin janvier que les étudiants issus de l’immigration avaient de plus en plus tendance à se regrouper dans les mêmes écoles et que cette évolution était inquiétante.

Dans ce contexte, plusieurs directeurs d’école ont également clairement indiqué que cela peut avoir une incidence négative sur l’environnement scolaire et social de l’école lorsque vous vous retrouvez dans des collèges où plus de 30 pour cent des élèves ne sont pas d’origine occidentale.

Au Gymnase Greve, ils ne forment « que » de 20 pour cent, mais malgré les sièges assignés de manière fixe et d’autres exigences strictes, les deux groupes continuent de se séparer.

Il existe également des règles strictes pour interdire l’utilisation de « langues de ghetto » au gymnase de Sélande. Les enseignants doivent reprendre les élèves qui ne parleraient pas en danois.

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