jeudi 11 juillet 2019

Allemagne — Petite victoire des parents Wunderlich en attendant que les tribunaux statuent

Un tribunal allemand a statué qu’un couple chrétien qui instruisait leurs enfants à la maison pouvait conserver la garde de leurs enfants dans l’attente d’un appel de la loi du pays sur la fréquentation scolaire obligatoire.

Les enfants Wunderlich

Depuis près de 15 ans, Dirk et Petra Wunderlich se voient obligés de se défendre en justice parce qu’ils ont choisi d’instruire leurs quatre enfants à la maison, en violation d’une ancienne loi allemande qui l’interdit.

Le 2 juillet, un tribunal national a décidé que les Wunderlich pourraient avoir la garde de leurs deux plus jeunes enfants, encore mineurs, en attendant d’être renvoyés devant la plus haute instance de la Cour européenne des droits de l’homme.

« Le droit des parents de diriger l’éducation de leurs enfants est un droit fondamental, protégé par le droit international », a déclaré Robert Clarke, directeur des affaires juridiques pour ADF International.

Clarke est l’avocat principal des Wunderlich devant la Cour européenne des droits de l’homme.

Il s’est dit « ravi de voir que le tribunal allemand a respecté ce droit et a reconnu que les enfants de Wunderlich vont bien ».

En tant que fervents chrétiens, les Wunderlich voulaient instruire à la maison pour éviter d’exposer leurs enfants à des influences indésirables à l’école allemande.

Lorsque le plus âgé des enfants Wunderlich a atteint l’âge scolaire en 2005, ils ont refusé de s’inscrire à une école. Ils ont été condamnés à plusieurs amendes réglementaires et procédures pénales pour non-respect de la fréquentation scolaire obligatoire.

La famille a vécu à l’étranger entre 2008 et 2011 et, après leur retour à la résidence permanente en Allemagne, a de nouveau refusé d’enregistrer les enfants.

En août 2013, un groupe d’au moins 20 policiers et travailleurs sociaux a fait irruption au domicile de Wunderlich et emmené leurs quatre enfants. ADF International, le groupe juridique représentant les parents, a déclaré que cette action avait traumatisé la famille.

Les enfants ont été placés dans un foyer pour enfants pendant trois semaines. Bien qu’ils aient finalement été rendus à leurs parents, leur statut juridique n’était pas clair. L’État allemand a réussi à forcer la fréquentation des enfants dans une école de 2013 à 2014.

En janvier 2019, la Cour européenne des droits de l’homme, basée à Strasbourg, s’est prononcée contre la famille, affirmant que la fréquentation scolaire obligatoire afin d’« empêcher l’isolement social » et de garantir leur intégration dans la société était une justification pertinente pour s’opposer à l’autorité parentale. Quelle est l’étape suivante de cette intégration forcée aux valeurs progressistes inculquées par l’État ? L’État pourra-t-il s’opposer à ce que des parents quittent le pays avec leurs enfants pour éviter des influences jugées néfastes ?

Pour la CEDH, les autorités allemandes auraient eu raison de présumer que les parents avaient « mis leurs enfants en danger en ne les envoyant pas à l’école ». Les parents « ont persisté dans leur résistance et ont empêché les autorités allemandes d’examiner en détail la situation des enfants » de poursuivre le tribunal. Il ne s’agissait pourtant pas d’empêcher d’examiner, mais d’empêcher d’en profiter pour que l’État s’empare des enfants, ce qu'il fit d'ailleurs par la suite.

Le tribunal a reconnu que les parents avaient ensuite soumis des évaluations d’apprentissage indiquant que les enfants avaient « des connaissances suffisantes, des aptitudes sociales et une relation amoureuse avec leurs parents », mais cette information n’était pas disponible pour les fonctionnaires lorsqu’ils ont décidé de retirer la garde parentale de manière temporaire et partielle.

La famille a formé un recours devant la Grande Chambre de la Cour européenne des droits de l’homme et attend une réponse.

Les enfants de Wunderlich ont exprimé le désir d’être scolarisés à la maison. Dans une lettre au tribunal, l’un d’eux a écrit : « Je veux juste vivre et apprendre en paix avec ma famille sans craindre d’être déchiré, comme en 2009 et en 2013. Je suis allé dans une école publique pendant un an et n’ai certainement pas apprécié la chose. »

L’école à domicile est illégale en Allemagne depuis 1918, bien que ces dernières années, cette politique ait suscité des interrogations et des préoccupations chez des groupes de défense des droits de l’homme qui affirment qu’il s’agit d’une violation du droit à la vie familiale.

En 2014, la Cour constitutionnelle allemande avait statué que les restrictions imposées à l’enseignement à domicile étaient justifiées au motif que le gouvernement avait un intérêt impératif à empêcher la formation de sociétés religieuses ou idéologiques parallèles. On se demande de quelles sociétés religieuses il pourrait bien s’agir, de paisibles et pieux chrétiens ? Notons aussi le paradoxe : l’État progressiste vante sans cesse la diversité comme richesse, mais s’évertue de combattre la diversité morale et religieuse, plus particulièrement si elle s’incarne dans le christianisme traditionaliste.  Le tribunal a également fait valoir qu’obliger les enfants à aller à l’école leur confère l’avantage d’interagir avec d’autres enfants qui pourraient penser « différemment » (ou serait-ce plutôt qui pensent déjà comme il faut).

En 2006, la Cour européenne des droits de l’homme a déclaré qu’il n’y avait pas de droit à l’école à domicile.

Lire au sujet de cette cour ce qu’en pense Éric Zemmour : « l’alliance tacite entre Taubira et les juges [pour le mariage homosexuel] a parfaitement fonctionné par-dessus la tête des parlementaires français et du peuple », déplore Éric Zemmour, qui poursuit : « Cela fait beaucoup de cocus », et à la suite d’arrêts liés à l’immigration « ça veut dire sortir de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Et, plus généralement, sur le gouvernement des juges.

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Éducation sexuelle : le programme cause malaises chez les enseignants et les élèves

Un nouveau cours d’éducation à la sexualité est désormais imposé à tous les élèves québécois depuis septembre dernier, mais les sujets inscrits au programme causent parfois des malaises chez les enseignants et les élèves. Pour les accompagner, l’école secondaire Jeanne-Mance, à Montréal, a fait appel à un organisme communautaire militant Plein Milieu dont la mission explicitée sur son site internet est l’« amélioration des conditions et de la qualité de vie des jeunes, des personnes qui utilisent des drogues et des personnes en situation d’itinérance. »


Mikaela Lemieux (à gauche) et Ana Miudo, travailleuses de milieu à l’école secondaire Jeanne-Mance pour l’organisme Plein Milieu.

L’atelier sur la contraception allait « bon » train selon La Presse. Il avait été question de la pilule et du timbre contraceptifs. Un stérilet avait circulé en classe et des élèves l’avaient soit prestement passé à la personne suivante, soit examiné avec intérêt.

« Maintenant, notre partie préférée : le condom », a annoncé Mikaela Lemieux en sortant deux pénis en bois d’une boîte. Malgré cela, l’attention des jeunes s’est lentement déplacée au fond de la classe, où un élève se tenait la tête entre les mains. Il a faiblement annoncé qu’il ne se sentait pas bien, avant de quitter le local escorté de son enseignant, s’arrêtant même en chemin pour s’appuyer sur un pupitre. C’était évident, quelque chose n’allait pas.

« Personne d’autre a mal à la tête ? », a demandé l’une des intervenantes avec un sourire narquois quand l’élève a eu quitté la classe. L’atelier s’est poursuivi.

Dans un corridor, la coordonnatrice de Plein Milieu a croisé le jeune homme qui se rendait chez l’infirmière. Elle a su ce qui se passait.

« Je lui ai dit que je voulais qu’il me dise la vérité parce qu’on s’inquiétait pour sa santé, et qu’après on pourrait parler, dit Joëlle Dalpé. Il m’a dit qu’on ne l’avait pas éduqué comme ça. »

Élevé dans une culture où on n’a pas de relations sexuelles hors mariage, il avait eu l’impulsion de quitter la classe, « quitte à jouer la comédie » selon La Presse.

« Je lui ai demandé s’il croyait que c’était pertinent de connaître ces choses, il m’a dit oui. Je lui ai demandé s’il avait senti qu’on le forçait à avoir des relations sexuelles ou à utiliser le condom, il a dit non. Il faut juste relativiser », poursuit Joëlle Dalpé, qui travaille depuis 10 ans entre les murs de l’école secondaire et a l’habitude de composer avec les sensibilités culturelles. Tout est donc bien qui finit bien pour la journaliste. On ne saura pas ce que pense l’élève si ce n’est pas le filtre de Joëlle Dalpé qui, bien sûr, prêche pour sa paroisse.

Les parents qui envoient leurs enfants à cette école savent-ils ce que ces militantes mettent dans la tête de leurs enfants ?

Neuf mois après l’implantation du programme d’éducation à la sexualité, entre la première année du primaire et la cinquième secondaire, la Fédération des syndicats de l’enseignement a récemment fait le constat que « ça ne passe pas » auprès de plusieurs enseignants. Dans trois écoles secondaires de Montréal, les intervenantes de Plein Milieu viennent « en soutien » au personnel. Ça se fait sans frais pour la commission scolaire, puisque l’organisme est financé par Centraide et le ministère de la Santé et des Services sociaux.

Notons que les intervenants ne sont pas enseignants et que les parents ne les ont sans doute jamais rencontrés. Il est vrai qu’ils ne pourraient pas s’opposer à leur « soutien » dans l’imposition de ce programme.

Faible intérêt de la part des enseignants

En septembre, les enseignants de l’école Jeanne-Mance ont été sondés pour savoir s’ils avaient un intérêt à intégrer l’éducation à la sexualité dans un de leurs cours.

« J’aurais cru qu’en 2019, la plupart des profs auraient dit que c’est une matière comme une autre », dit le conseiller pédagogique Tarik Elbabarti. Le tiers des enseignants s’est montré enthousiaste, dit-il, mais la même proportion a exprimé une réticence, tandis que l’autre tiers n’a tout simplement pas voulu s’impliquer.

Pourtant, le contenu enseigné est indispensable, prétend Tarik Elbabarti. Tout le contenu ?

« Je comprends que ça peut être plus sensible au niveau culturel ou religieux pour certains. Mais les élèves ont besoin de cette éducation à la sexualité ! C’est un programme qui a été relancé parce que ça manquait à l’éducation des élèves. » — Tarik Elbabarti, conseiller pédagogique à l’école secondaire Jeanne-Mance. Même la partie sur la théorie du genre ou la lutte contre les stéréotypes sexuels ? Voir Cours d’éducation à la sexualité, l’imposition de la théorie du genre est cruciale...


« Les jeunes ne sont pas préparés à vivre une vie sexuelle saine », poursuit M. Elbabarti. Il faudrait toutefois d’abord définir ce qu’est une vie sexuelle saine.

Dans la classe où Mikaela Lemieux et Ana Miudo donnent leur atelier, un mot fait justement tiquer un élève, qui lève la main.

« C’est quoi, un cunnilingus ? », demande-t-il. Ana Miudo l’explique sans détour. « Ah, un tibèf [petit bœuf, veau] ! », rétorque l’élève, suscitant une franche rigolade dans la classe selon la Presse. Dans ce milieu multiculturel, c’est l’expression en créole « qui s’est imposée »... À qui ?

Dissiper les malaises chez les enseignants en parlant « franchement » aux élèves

La directrice générale de l’organisme Plein Milieu est récemment allée présenter ce que fait son organisme au conseil des commissaires de la Commission scolaire de Montréal pour proposer d’étendre les tentacules de l’organisme dans les écoles.

« On l’a entendu, il y a des professeurs qui ne sont pas à l’aise avec le cursus. Nous, on est prêts à épauler, soutenir et former les professeurs ; proposer notre expertise [sic] et notre expérience », dit Lyne St-Amour. Elle souhaite que le ministère de l’Éducation accorde du financement pour appuyer les enseignants dans l’implantation du programme.

Sur le terrain, les intervenantes de Plein Milieu distinguent sans peine où sont les difficultés des enseignants.

« Pour parler du côté abstrait comme les relations amoureuses, [les enseignants] sont plus à l’aise. Mais quand on parle de relations sexuelles, de pornographie, de méthodes contraceptives, c’est plus sensible parce que c’est forcément plus cru. Il y a aussi le rapport prof-élève qui les rend mal à l’aise. » — Joëlle Dalpé, coordonnatrice de l’organisme Plein Milieu

Il n’y a pas que les enseignants du secondaire qui ont besoin de soutien pour répondre aux questions des élèves dans le sens « progressiste » désiré. Dans son bureau, Joëlle Dalpé égraine la liste que lui a envoyée une enseignante de sixième année qui doit aborder le sujet de la puberté avec ses élèves et qui a requis l’aide de Plein Milieu.

Éducation à la sexualité obligatoire

À la rentrée 2018, l’éducation à la sexualité est redevenue obligatoire dans toutes les écoles du Québec (patrie de libertés...), une décision du gouvernement Couillard en utilisant le prétexte du mouvement #moiaussi [#balancetonporc en Europe]. L’ADQ que l’ont dit un parti plus conservateur et plus pragmatique que le PLQ a maintenu ce programme tout comme le programme ECR que l’ADQ avait pourtant promis d’abolir au primaire... Ce sont les enseignants qui, dans le cadre de leurs cours habituels, doivent former les élèves à raison d’environ 5 heures par année au primaire et jusqu’à 15 heures au secondaire.

Pressions médiatiques et politiques contre les cinémas Guzzo qui vont projeter Unplanned

La pression s’accroît dans les médias contre les cinémas Guzzo parce qu’ils vont projeter Unplanned. Un film qui déplaît aux partisans de l’avortement. Il doit prendre l’affiche ce vendredi, uniquement dans sa version anglaise, dans la région montréalaise (Saint-Léonard, Dollard-des-Ormeaux, Saint-Laurent, Greenfield Park et Montréal même).

Un succès au guichet américain

Capture d’écran du film
Ce film, produit par un studio chrétien, illustre le revirement d’une ancienne cadre de la planification familiale devenue militante antiavortement. Il a connu un succès-surprise aux États-Unis. Sorti le 29 mars, « Unplanned » avait déjà réalisé 8,6 millions de dollars de recettes aux États-Unis en deux semaines, selon le site spécialisé Mojo. Il s’est maintenu en quatrième position du box-office pendant cette période. Il a récolté à cette date 18 millions de $ américains de recette.

« Unplanned » n’a bénéficié que d’une promotion réduite, car la plupart des chaînes câblées sollicitées ont refusé de lui vendre de l’espace publicitaire.

De nombreux opposants à l’avortement ont vu dans ce refus une manœuvre, soulignant également que ce film indépendant avait été interdit aux moins de 17 ans par l’association des studios américains (MPAA). Une jeune femme peut donc avorter légalement avant de pouvoir voir ce film sur l’avortement, ce qui est assez paradoxal. Ces critiques ont été renforcées par la brève suspension du compte Twitter du film, que le réseau social a attribuée à un mystérieux problème technique. « Le film que les partisans de l’avortement ne veulent pas que vous voyiez », a écrit l’éditorialiste Marc Thiessen dans le Washington Post.

Un film partisan, sans vedette, mais efficace

« Unplanned » est inspiré du livre homonyme, écrit par Abby Johnson, ancienne directrice d’une clinique de Planned Parenthood, principale organisation américaine pratiquant des avortements, à Bryan (Texas). Elle raconte avoir vécu un « éveil spirituel » après avoir assisté à un avortement. Après avoir démissionné en 2009, elle a accusé la planification familiale d’être guidé par des intérêts financiers et d’avoir produit des milliers de fausses factures, ce que l’organisation a toujours contesté. Une enquête du magazine Texas Monthly aurait mis au jour une série d’incohérences dans le récit d’Abby Johnson au sujet de l’avortement qui aurait changé sa perception. Interrogé par l’AFP, le coréalisateur Cary Solomon affirme avoir mené ses propres recherches sur le livre et avoir acquis la certitude que tout était vrai. Il accuse de « partialité » ceux mettant en doute le témoignage d’Abby Johnson. « Nous n’avons pas fait de ce film un instrument de propagande », a assuré le metteur en scène. « Nous voulions raconter une histoire vraie et laisser les gens interpréter la vérité. »

Selon Catholic News, « le scénario évite de diaboliser tous ceux qui sont associés à la planification familiale. Il ne présente pas non plus tous les activistes pro-vie sous un jour positif. On peut toutefois se demander si ce sens de l’équilibre permettra à “Unplanned” de convaincre les partisans de l’avortement légal. »

« Unplanned n’est pas un bon film, mais c’est de la propagande efficace », écrit pour sa part Owen Gleiberman, dans sa critique pour le magazine (en rien conservateur) Variety.


Bande-annonce du film (en anglais uniquement)

Menaces de mort

Cette efficacité potentielle explique sans doute les critiques acerbes et les menaces de mort reçues par plusieurs propriétaires de salles de cinéma au Canada alors qu’on vient d’annoncer qu’il y serait projeté. D’après LifeSiteNews : « La police enquête sur les menaces de mort transmises à deux propriétaires de cinémas indépendants canadiens parce qu’ils projetaient de passer dans leurs salles le film pro-vie Unplanned le 12 juillet, a appris LifeSiteNews. Des mesures de sécurité : Par mesure de sécurité, les producteurs du film ont retiré de leur site Web [ce qui fait précisément le jeu des opposants à ce film] la liste complète des 46 cinémas canadiens — indépendants, Cineplex et Landmark — où sera montré le film le 12 juillet, a affirmé M. Konzelman [l’un des producteurs du film] à LifeSiteNews. »

Première canadienne annulée à la suite de menaces

La première canadienne d’Unplanned qui devait avoir lieu dans la région de Kelowna (Colombie-Britannique) a été annulée. Chris Papworth, membre du conseil des cinémas Salmar en Colombie-Britannique, a confirmé que la difficile décision d’annuler le film avait été prise par souci de la sécurité personnelle de la direction des cinémas Salmar, laquelle avait été menacée sur les médias sociaux.

Liberté créatrice et de distribution

Vincent Guzzo n’a pas l’intention de se plier à leurs demandes. « On n’a pas mis d’avertissement pour Avatar ou n’importe quel autre film de fiction. Alors pourquoi on le ferait avec Unplanned ? Ce serait du mépris envers nos clients qui sont assez intelligents pour comprendre qu’ils regardent une fiction. Ç’a beau s’inspirer d’une histoire vraie, c’est évident que ç’a été romancé et exagéré pour en faire un film », explique-t-il. Quant aux films partisans, Vincent Guzzo a rappelé : « J’ai joué les documentaires de Michael Moore. Personne de la droite n’est venu me critiquer ».

Radio-Canada partisan sous un vernis journalistique

Venons-en à l’article de Radio-Canada sur ce film (rappelons que Radio-Canada se doit de représenter tous les contribuables qui lui versent plus d’un milliard de subventions par an...)


Voici le premier paragraphe de cet article :

Avant même sa sortie en salles au Canada, le film Unplanned soulève la controverse. Au centre de cette polémique, le propriétaire de salles Vincent Guzzo, qui sera le seul au Québec à présenter ce long métrage.

« Ah, si seulement M. Vincent Guzzo ne voulait pas créer la polémique ! », doit-on comprendre. Sans lui la paix serait maintenue, quel fauteur de troubles. Au-dessus de la photo savamment choisie de M. Guzzo (il ne sourit pas, ce n’est pas un militant LGBTQ), M. Guzzo se « défend ». Le propriétaire de cinémas « avoue » dans la légende sous la photo. Le champ lexical est celui de l’accusé solitaire. Peut-être qu’en faisant gonfler la « polémique », il craquera comme il se doit.

Radio-Canada ajoute également deux mots-balises qui doivent guider le lecteur non averti : « polémique » et « controverse ». Ils servent à cataloguer d’emblée la personne qui les suscite, il est sulfureux. Rappelons cette définition du dictionnaire de novlangue :

POLÉMIQUE — Mot sidérant [c’est-à-dire qui vise à disqualifier les adversaires idéologiques] exclusivement employé lorsqu’une personne influente fait une déclaration ou prend une initiative susceptible d’aller à l’encontre de l’idéologie dominante. On dit alors qu’il « suscite la polémique » ou « une levée de boucliers » ; lorsque cette personne appartient à la droite de conviction, on dit « tollé » ; de même « controverse », « réactions ».

On notera que l’article de Radio-Canada ne parle pas des menaces de mort envoyées aux propriétaires de salles par les opposants à la diffusion de ce film, partisans de la réintroduction de l’index, mais « progressiste », hein ! Non, selon Radio-Canada, M. Guzzo ne reçoit que des « plaintes », même pas des « insultes ». Or le ton des partisans à la censure effective de ce film en créant la controverse, en faisant craindre des débordements, est loin d’être serein dans les médias sociaux ou non. 



Notons que l’article de Radio-Canada omet également de parler de la pétition de soutien à M. Guzzo signée à ce jour par plus de 1100 personnes. Voir Pétition : Monsieur Guzzo, nous voulons Unplanned ! La société d’État est moins timide et mentionne plus facilement les pétitions qui sont moins « controversées ».


L’alliance du Journal de Québec/de Montréal/TVA n’a pas démérité qualifiant les explications de M. Guzzo de pétage de plomb... illustrant le tout derrière un rideau de flamme (de l’enfer faut-il croire).


La « journaliste » commence très fort dans l’objectivité journalistique, elle affirme d’emblée que cette projection est un « scandale », rien de moins, elle semble également croire que « les gens » sont tous contre cette projection. Alors qu’on peut être proavortement, mais considérer que la censure, les menaces ou ces pressions de déprogrammation sont inacceptables, pour ne rien dire des personnes qui considèrent l’avortement comme le meurtre d’un être humain innocent.

Écoutez l’entrevue et jugez par vous-même.

Les commentaires sur les médias sociaux sont très mitigés quant à la prestation de cette journaliste militante assez méprisante :


Des appuis de taille pour la censure : la chef de cabinet de Trudeau et la ministre Joly

Les libéraux fédéraux ont donné un coup de pouce aux censeurs. La chef de cabinet de Justin Trudeau, Katie Telford, a mené la charge sur Twitter en accusant les conservateurs de tenir mordicus à la projection du film pro-vie. « Cela se produit, du moins en partie, grâce au soutien des politiciens conservateurs fédéraux », a-t-elle affirmé sur le réseau social en partageant un article qui faisait mention de la projection du film dans 24 cinémas. Cineplex, qui diffuse le film hors Québec, a précisé sur Twitter : « Nous pensons qu’il appartient au public de décider s’il souhaite voir un film en particulier et nos invités peuvent exprimer leurs opinions en choisissant d’acheter un billet ou non ».

La ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie Mélanie Joly a également critiqué le choix offert aux spectateurs, Pour la « controversée » ministre, critiquée pour sa gestion des privilèges accordés à Netflix, présenter le film est une décision politique pour faire reculer le droit des femmes.

« Ce que je vous dis, c’est que fondamentalement la diffusion de ce film-là a des répercussions parce que c’est une campagne de propagande, importée des États-Unis, qui vise à influencer les femmes sur des bases morales pour les empêcher de prendre des décisions éclairées », a-t-elle affirmé. Est-ce à dire que la morale n’intervient pas dans les décisions « éclairées » ? Avorter, mettre fin à la vie d’un être humain distinct, ne devrait-il pas impliquer un élément de morale ?

« C’est baveux et ça démontre le mépris qu’elle a pour moi et pour Monsieur et Madame Tout-le-Monde qu’elle ne veut pas qu’on voie le film. Son commentaire est à son image, quelqu’un qui n’est pas pris au sérieux, parce qu’elle n’est pas sérieuse », répond M. Guzzo, qui est un bailleur de fonds pour le Parti conservateur.

Les proavortements semblent décidément être anti-choix quand vient le temps de décider quels films les gens peuvent voir. 

Des esprits chagrins pourraient penser que le camp proavortement défend le « choix » quand cela lui convient (se débarrasser d’un enfant à naître gênant) mais défend la censure quand il s’agit de conserver sa mainmise sur le débat public. Ils semblent ici être les « conservateurs » et les anti-choix.


Voir aussi

Pétition : Monsieur Guzzo, nous voulons Unplanned ! Petition: Mr. Guzzo, we want Unplanned!

Les omissions de l’éducation sexuelle à l’école québécoise

Avortement, démographie et immigration entraînent la recomposition ethnoculturelle de l’Occident

Éthique — passage en revue rapide d’arguments classiques pro-avortement

France — les débats en classe sur l’avortement excluent-ils la présentation des arguments des pro-vie ?

Militant pro-avortement brutalise une militante pro-vie, silence radio (m à j)

Éric Zemmour sur l’avortement

États-Unis : les jeunes femmes adultes sceptiques envers le féminisme militant et l’avortement

Russie : réduction rapide du nombre d’avortements

Avortement — « le débat est clos » selon les médias et l’intelligentsia autoproclamée

Débat sur l’avortement : l’ainée est pro-avortement et défend l’ordre établi, la cadette pro-vie veut dialoguer