mercredi 5 septembre 2007

L’État s’immisce dans le rôle des parents

Lettre de l'Association des parents catholiques du Québec 
Jean-Pierre Proulx prend le cardinal Marc Ouellet à partie parce qu’il a traité le gouvernement de totalitaire dans l’imposition d’un cours d’éthique et de culture religieuse et tente de démontrer que le processus de laïcisation est tout ce qu’il y a de plus démocratique au Québec (Le Soleil, 26 & 16 février 2007).

L’histoire ne lui donne pas entièrement raison. La laïcisation des écoles n’a pas fait l’objet d’une plate-forme électorale ni d’un référendum et la population n’a pas été suffisamment informée. Les articles de la Charte et de la constitution canadiennes (29 & 93) qui protégeaient le droit à des commissions scolaires (et par le fait même à des écoles et programmes) catholiques et protestantes, ont été abolis en 1997 sans consultation populaire. C’était du jamais vu! À ce moment la ministre Pauline Marois a assuré les parents qu’ils continueraient d’avoir le choix des cours d’enseignement moral et religieux en fonction de l’article 41 de la Charte québécoise.

Pourtant, en juin 2005, l’Assemblée nationale a aboli à l’article 41 les protections pour les parents en ce qui concerne l’enseignement moral et religieux, sans en informer la population, sans consultation et sans débat. Elle refuse aussi de recourir aux clauses dérogatoires des chartes pour protéger, après 2008, les droits religieux de la majorité.

En contrepartie, environ 80% des parents choisissent chaque année le cours optionnel d’enseignement moral et religieux catholique pour leurs enfants. Le gouvernement ignore ce message clair des parents. Il va abolir ce cours et refuse de rendre optionnel le nouveau cours d’éthique et culture religieuse qui couvre huit approches religieuses, spirituelles et séculières, en passant par le sikhisme, l’islam et les visions athées. Le catholicisme et le protestantisme en sont cependant absents, étant réduits au « christianisme ». Il n’accepte d’exempter aucun enfant. Il impose ce cours même aux écoles privées confessionnelles. C’est un abus de pouvoir de la part du gouvernement qui peut ainsi être considéré totalitaire.

« À la base de toutes les doctrines totalitaires se trouve la croyance que les gouvernants sont plus sages et d'un esprit plus élevé que leurs sujets, qu'ils savent donc mieux qu'eux ce qui leur est profitable. » (Ludwig Von Mises, Wikipedia). Le gouvernement pense savoir mieux que les parents ce qui est profitable pour leurs enfants. Par l’imposition d’un cours multi-religieux, il s’immisce dans le rôle des parents et interfère avec l’éducation générale qu’ils donnent, puisque la religion et la moralité guident l’ensemble des comportements de l’enfant.

Une accommodation qui respecterait la liberté de religion reconnue par les chartes permettrait des options d’enseignement religieux pour toute confessionnalité où le nombre le justifie, et accepterait le choix confessionnel des écoles privées.

En ce qui concerne le programme d’éthique et culture religieuse : que le gouvernement en rende publics les éléments de contenus et les thèmes, et la population pourra ensuite se prononcer à son sujet en connaissance de cause ! N’est-ce pas ce qu’un gouvernement démocratique voudrait pour ses citoyens ?

Jean Morse-Chevrier, présidente
Association des parents catholiques du Québec
Coordonnées :
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Téléphone : (514) 276-8068, sans frais : 1-866-376-8068; cellulaire : (514) 292-8068
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L’obligation de scolarisation par l’État est-elle toujours bénéfique?


Extrait du livre Dumbing us Down (« Nous abrutir ») de John Taylor Gatto, professeur de l’année de l’État de New York (1991) :
« Notre système d’éducation obligatoire, invention de l’État de Massachusetts, date des années 1850. Il fut combattu – parfois les armes à la main – par près de 80 % de la population du Massachusetts, le dernier réduit de Barnstable au cap Cod ne rendit ses enfants que dans les années 1880 quand la milice occupa la région et les enfants furent conduits sous garde armée à l’école.

Considérons maintenant ce fait curieux : le bureau du Sénateur Ted Kennedy a récemment publié un communiqué indiquant que le taux d’alphabétisme au Massachusetts avant l’imposition de l’éducation obligatoire était proche de 98 % et que, par la suite, ce chiffre n’a jamais excédé récemment 91 %, niveau où il se stagne en 1990. » (p. 22 de l'édition de 2005, publiée chez New Society Publishers)
Gatto souligne également l'existence d'un lectorat important avide de lire en l'absence de toute scolarisation publique obligatoire :
« Le livre de Thomas Paine Le Sens commun (1776) se vendit à 600 000 exemplaires sur une population [totale des États-Unis] de 3 000 000 dont 20 % étaient des esclaves et 50 % des serviteurs sous contrat. Les colons américains étaient-ils des génies ? Non, la vérité est qu’apprendre à lire, écrire et compter peut se faire en aussi peu qu’une centaine d’heures pour autant que l’élève soit enthousiaste et avide d’apprendre. Le truc, c’est d’attendre que quelqu’un demande et d’alors foncer pendant que l’élève est enthousiaste. » (p. 12, édition 2005)
Ces chiffres sont corroborés par plusieurs témoignages cités dans Public Schools, Public Menace de Joe Turtel :
« En 1765, John Adams écrivait qu’« un Américain de naissance, plus particulièrement en Nouvelle-Angleterre, qui ne sait ni lire ni écrire est un phénomène aussi rare qu’une comète. » Jacob Duché, aumônier du Congrès en 1772, disait de ses compatriotes : « Presque tous savent lire. » Daniel Webster confirma que l’instruction en famille avait eu comme résultat l’alphabétisation quasi complète de la population quand il déclara « un adolescent de quinze ans, quel que soit son sexe, qui ne sait ni lire ni écrire, est très difficile à trouver. » Au début des années 1800, l’entrepreneur et économiste français Pierre Samuel du Pont de Nemours [...] vint en Amérique et se pencha sur l’éducation ici. Il découvrit que la plupart des jeunes Américains savaient lire, écrire et compter et que les Américains de tout âge pouvaient lire la Bible et le faisaient. Il évaluait que moins de 4 Américains sur 1000 ne savaient pas écrire de manière claire et lisible. »