jeudi 19 août 2021

Ne dites plus « Journées du Patrimoine », mais « Heritage Days » : « Un nouveau nom pour une dynamique plus inclusive »

À Bruxelles, les « Journées du Patrimoine » (ou « Open Monumentendagen » en néerlandais) ont été rebaptisées « Heritage Days ». Perçue par certains comme sexiste et pas assez inclusive, l’appellation a été modifiée à l’initiative des autorités bruxelloises, en particulier apr le socialiste Pascal Smet et l’administration Urban.Brussels (oui, oui en anglais), relate le média bruxellois Bruzz.

« Un nouveau nom pour une nouvelle dynamique, plus inclusive et élargie », annonce Pascal Smet, Secrétaire d’État chargé de l’Urbanisme et du Patrimoine dans un communiqué.

Le terme « patrimoine » en français semble surtout poser problème. « Il signifie littéralement “héritage du père” et fait référence aux biens hérités du père et transmis aux enfants, parfois seulement aux fils », peut-on lire dans la brochure. « Bien qu’il s’agisse d’un patrimoine culturel, le mot “patrimoine” renvoie à une époque où la femme était exclue de tout processus de transfert de richesses et dépendait entièrement de l’homme sur le plan financier ». Bref, une expression désuète selon les organisateurs de l’évènement.

En néerlandais, l’appellation « Open Monumentendagen » est également remise en cause parce qu’elle laisserait penser qu’il s’agit uniquement de monuments alors que d’autres lieux sont également à visiter, nous apprend encore Bruzz.

Si les autorités bruxelloises se réjouissent du changement de nom, cette décision fait froncer des sourcils certains responsables politiques, principalement du côté de la N-VA. « Bruxelles a le taux de vaccination le plus faible d’Europe occidentale, mais apparemment le gouvernement bruxellois a des problèmes plus urgents », a réagi Bart De Wever, en y joignant le mot-croisillon #foliewoke.

« C’est une politique délibérée de ce gouvernement de tout angliciser », déplore pour sa part Cieltje Van Achter, députée bruxelloise N-VA (droite nationaliste flamande).

Si le mot « patrimoine » est abandonné, le terme matrimoine, qui désignerait les biens, matériels ou immatériels, ayant une importance artistique ou historique hérités des femmes, sera bel et bien conservé, indique encore La Libre Belgique. « Parler de matrimoine permet d’identifier le problème. Mais il faut aussi aller plus loin, amplifier la diversité, et donc aussi intégrer la communauté LGBT, les personnes issues des minorités, etc », commente Apolline Vranken, la coorganisatrice des Journées du matrimoine (appelée Matrimony Days sur le site consacré à cette célébration, ce qui est un peu plus ridicule encore, car Matrimony c'est d'abord le mariage en anglais...). Un évènement qui aura lieu du 24 au 26 septembre.

Cette 33e édition des Journées du Patrimoine en Région de Bruxelles-Capitale se déroulera les 18 et 19 septembre 2021 avec pour thème « Meeting points ». Elle mettra donc à l’honneur les espaces publics, parcs, marchés, cafés, restaurants, cercles littéraires, salles de bal ou de fêtes, théâtres… mais aussi les parloirs, les salles de guichets, les salles de conseils d’administration, de réunion, les salons privés ou de réception, mais aussi les lieux qui sont devenus emblématiques de mobilisation collective et qui accueillent les grandes manifestations publiques. Les « classiques » (les grands monuments tels le parlement bruxellois) ainsi que les principaux musées bruxellois seront également de la partie.

Un exemple de wokisme, un manque d’imagination

« Si le gouvernement est sérieux au sujet de l’égalité des sexes, il devra principalement être démontré par des actes », déclare Wim Vandenbussche, linguiste de la VUB (Université libre de Bruxelles de langue néerlandaise). « Et elle aurait pu être un peu plus créative que d’opter pour un nom anglais. »

Historiquement, patrimoine signifie bien « l’héritage du père », dit Vandenbussche. « Mais c’est rapidement devenu un terme assez neutre pour désigner l’héritage. » Aujourd’hui, le gouvernement bruxellois prend ses distances avec ce terme. « J’ai l’impression que le gouvernement surfe sur le mouvement woke. C’est un acte militant et idéologique, pour lequel j’ai moi-même de la sympathie. Après tout, les femmes sont trop facilement négligées lorsqu’il s’agit d’histoire, d’art et de patrimoine. Il souligne que l’accent est mis sur l’égalité des sexes. Mais il n’est pas vrai qu’avec un autre terme le problème disparaisse et que les musées se remplissent soudainement d’œuvres d’artistes femmes. Si le gouvernement est sérieux, il faudra surtout le démontrer par des actes. Et puis elle aurait peut-être été un peu plus créative que d’opter pour un nom anglais.

Pascal Smet un anglomane woke compulsif

Pascal Smet est un élu local flamand, secrétaire d’État bruxellois à l’aménagement du territoire. Son parti (one.brussels-sp.a devenu récemment one. brussels [en anglais] vooruit [en avant en néerlandais]) a obtenu 10 540 voix sur 458 274 suffrages exprimés, soit 2 %. Grâce à un système qui réserve 20 % des sièges aux élus de Collège électoral néerlandophone, le parti socialiste flamand a 3 sièges au parlement bruxellois composé de 89 députés, soit 3,3 % des sièges.  Il s’agit d’un parti pro-immigration (bien qu’elle ne parle pas néerlandais), pro-port du fouloir. Voir ci-contre le graphisme de sa page “nouvelles” en “français”.

Pascal Smets, fier adepte du cosmopolitisme, milite également pour que les étrangers puissent voter aux élections au parlement bruxellois. Voir la vidéo ci-dessous (en anglais, bien sûr…).


Le socialiste Pascal Smet et l’administration Urban.Brussels sont coutumiers de l’anglicisation des noms des fêtes, galas, prix, musées et évènements culturels. Florilège :

 

Un prix pour les plus belles terrasses de Bruxelles (en anglais)


 

 L’initiative Pool is Cool au site trilingue (français, néerlandais et anglais, pour qui l’anglais ?) mais avec des parties communes en anglais.

 

La promotion du cyclisme urbain : Bike For Brussels (En selle à Bruxelles ?), site trilingue

Slogan unilingue en anglais destiné aux cyclistes locaux

Féliciter les Congolais (nombreux à Bruxelles) en anglais alors que leur langue nationale officielle est le français…

Que faire en été ? Page de l’agenda estival “en français” sur agenda. brussels.

Plaque unilingue anglaise devant une maison de l’architecte Victor Horta (ce symbole peut être adapté, voir l’exemple ci-dessous avec du français, mais au Portugal)

Trilingue avec du français, mais au Portugal…

La page d’accueil en “français” du site de Pascal Smet

Français parlé par près de 95 % de la population

En 2006, plus de 60 % des Bruxellois parlaient uniquement le français à la maison, mais en 2013 ils n’étaient plus que 38 %. Par contre, plus de 88 % des Bruxellois estiment bien ou très bien parler le français, contre 95,5 % il y a six ans. En 2013, ils sont 23 % à considérer avoir une bonne ou très bonne connaissance du néerlandais, contre 28 % il y a cinq ans, et 33 % en 2000.

Selon le professeur Rudi Janssens, les cinq langues les plus parlées en 2006 à Bruxelles-Capitale étaient le français (95,5 %), l’anglais (35,4 %), le néerlandais (28,2 %), l’espagnol (7,3 %) et l’arabe (6,3 %). Il s’agit bien ici de “langues véhiculaires”, c’est-à-dire des langues utilisées en société pour communiquer entre deux ou plusieurs individus.

Mais l’étude est intéressante à plus d’un titre, car elle révèle quelles seraient les langues parlées à la maison : 83,7 % utiliseraient l’une des deux langues officielles de la région en 2006, soit les deux : le français (56,8 %), le néerlandais et le français (8,6 %), le néerlandais (7,0 %), le français avec une autre langue que le néerlandais (11,3 %), ou toute autre langue étrangère (16 %).

Voir aussi 

Fonctionnaire de l'Union européenne : « Le français est une langue de merde qui doit disparaître »

 

Sixième rapport du GIEC : et si on passait à autre chose, l'adaptation

Texte Benoît Rittaud dont le dernier ouvrage est  Geocratia, Éditions du Toucan. Âgé de 45 ans, normalien et agrégé, Benoît Rittaud est mathématicien. Auteur de plusieurs livres remarqués, dont L’Assassin des échecs (Le Pommier, 2004) et Voyage au pays des nombres (Le Pommier, 2007) il étudie depuis de nombreuses années la manière dont la science contribue à forger nos représentations collectives.

Le sixième rapport du GIEC sur l’état climatique de la planète a commencé à être publié. Il a pour écrin ­médiatique les récentes inondations d’ici et les nouveaux ­incendies de là-bas car, comme on le sait, les pluies diluviennes n’existaient pas avant l’invention des 4 x 4 et les feux de forêt étaient inconnus avant les Trente Glorieuses.

Le résumé de 40 pages redit ce que le GIEC répète en boucle depuis longtemps, y compris ses prospectives tout en conditionnels et en probabilités. L’humour involontaire s’y glisse lorsque n’est « pas exclue » l’éventualité que la mer monte de plus de 15 mètres d’ici à 2300. (L’horizon maximal prévisible ­atteint péniblement le dixième, ordre de grandeur comparable à celui du dernier siècle écoulé.) La principale évolution dans le discours est sans doute que doubler la quantité atmosphérique de gaz à effet de serre ferait gagner à la planète entre 2,5 et 4 °C, sans exclure les valeurs entre 2 et 5 °C. Jusque-là, le GIEC disait entre 1,5 et 4,5 °C…

Cette nouvelle bande-annonce ­hollywoodienne sur le thème du déluge et des flammes de l’enfer signale donc l’épuisement de la franchise. On devine le scénario de ce sixième opus dès la ­séquence prégénérique. Les débats vont désigner les ­méchants habituels que sont les multinationales (sans foi ni loi), le consumérisme (débridé), les politiciens (qui ne ­pensent qu’à leur réélection) ou encore la démographie ­(galopante, chez les autres cela va de soi). L’optimisme réglementaire rappellera qu’il n’est pas trop tard pour agir, et que le drame se nouera à Glasgow en novembre lors de la COP26. Tel sera le nouveau rendez-vous de la dernière chance, tout comme Paris l’avait été en 2015.

En attendant, entre alarmistes inquiets et sceptiques de l’apocalypse les lignes resteront les mêmes. Symbole de cette situation figée : un tableau du GIEC indique que l’évolution de la température globale d’ici à 2040 ne dépendra que très peu de l’évolution de nos émissions.

Pour avancer, tournons-nous ailleurs et observons deux informations essentielles apportées par la triste expérience des confinements de 2020. La première : le quasi-arrêt de vastes secteurs économiques à l’échelle mondiale n’a eu aucun effet mesurable sur la courbe du CO2 atmosphérique. Les immenses restrictions que nous avons subies, ­inimaginables il y a moins de deux ans, sont dérisoires en regard des objectifs de réduction des émissions. La ­seconde : le colossal trou d’air économique de l’an dernier est déjà pratiquement surmonté. La sobriété imposée par les événements ne s’est donc nullement révélée un horizon dont le corps social aurait « enfin compris » le caractère prétendument joyeux et désirable.

L’alternative n’est donc pas pour ou contre ce que le consensus factice sur le climat appelle la science, mais pour ou contre le réel. Celui-ci nous invite à prendre acte que l’énormité des exigences des politiques climatiques restera à jamais bien au-delà du seuil de la douleur économiquement et socialement supportable. Une politique raisonnable devrait donc se focaliser sur l’adaptation. Prendre son parapluie et non prétendre arrêter la pluie. Or, le parapluie, c’est le développement. Certes, celui-ci fait souvent de gros dégâts, mais c’est grâce à lui que l’humanité n’a jamais été aussi bien équipée face aux catastrophes naturelles. C’est aussi grâce à lui que les pays les plus vulnérables, qui sont aussi les plus pauvres, réduiront les effets des aléas météorologiques à des ­niveaux acceptables.

Plus concrètement, partisans du développement et alarmistes du climat devraient se retrouver sur certains points tels que le nucléaire, car, même si on l’ignore souvent, les ­centrales nucléaires n’émettent pas de CO2. Enfin, la France devrait rappeler plus souvent qu’à la toise de l’environnement notre pays fait très belle figure. Avant d’exiger quelque chose de nous, la plupart de nos partenaires devraient d’abord balayer devant leur porte.

Ce n’est malheureusement pas le GIEC qui nous le dira. ­Prisonnière de ses discours passés, la bureaucratie climatique semble condamnée aux redites et aux vieilles lunes.

* Dernier livre : Geocratia, 
paru le 7 juillet 2021
aux Éditions du Toucan,
par Benoît Rittaud
Fiction, 416 p., 
10 €.
ISBN : 978-2810009909
 
 
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