lundi 10 août 2009

Le Monopole de l'Éducation du Québec serre la vis aux parents-éducateurs

L'Association chrétienne des parents éducateurs du Québec révèle dans son bulletin (n° 37, printemps-été 2009) que le Monopole de l'Éducation aurait envoyer des directives aux collèges (CÉGEP) qui, en pratique, limitent l'accès de ces collèges aux seuls diplômés de l'école secondaire québécoise et défavorisent ainsi les enfants éduqués à la maison.

Extraits :

« Vers la fin mai, la responsable des admissions d'un autre collège a voulu nous informer des directives qu'elle venait de recevoir. Ces directives, bien qu'elles ne soient pas signées, proviennent apparemment du MELS. Vous trouverez en encadré ci-dessous la partie du document qui nous concerne en tant que familles qui font l'école-maison (le caractère gras fait partie du texte tel que transmis). »
Objet: les situations suivantes décrivent les cas d'élèves qui ne suivent pas un cheminement régulier :

[...]

Études à domicile

L'élève qui est soustrait de l'obligation de fréquentation scolaire en raison d'une scolarisation [Note du carnet : terme déjà chargé, scolarisation = école, pas instruction] à la maison est soumis aux mêmes règles de sanction que les autres élèves. Il doit se présenter aux épreuves ministérielles et faire évaluer ses acquis par un enseignant employé de la commission scolaire. S'il répond aux exigences d'obtention du diplôme, il recevra le diplôme du MELS. Ces élèves sont admis sur la base d'un D.E.S.

[...]
L'article de l'ACPEQ continue : « Nous voyons ici, dans la formulation « faire évaluer ses acquis par un enseignant employé de la commission scolaire », l'intention délibérée de contrôler l'évaluation. Selon ces directives, une évaluation en-dehors de ce cadre, même si elle est effectuée par des personnes compétentes, n'est pas valable bien que l'article 15 § 4 de la Loi sur l'instruction publique (L.I.P.) puisse être interprétée dans ce sens. »

Rappelons ici cet article :
15.  Est dispensé de l'obligation de fréquenter une école l'enfant qui:

[...]

  4° reçoit à la maison un enseignement et y vit une expérience éducative qui, d'après une évaluation faite par la commission scolaire ou à sa demande, sont équivalents à ce qui est dispensé ou vécu à l'école.
L'intention de contrôle délibérée de la part du Monopole de toute la scolarisation est apparente dans cette demande que les élèves qui désirent entrer au cégep possèdent un D.E.S. québécois alors que, par le passé, il existait une certaine souplesse basée sur l'article 2.2 du Règlement sur le régime des études collégiales :
2.2.  Malgré les articles 2 et 2.1, un collège peut admettre à un programme d'études conduisant au diplôme d'études collégiales la personne qui possède une formation qu'il juge équivalente.

Un collège peut également admettre à un tel programme d'études la personne qui possède une formation et une expérience qu'il juge suffisantes et qui a interrompu ses études à temps plein pendant une période cumulative d'au moins 36 mois.

Le collège peut, dans le cas visé au deuxième alinéa, rendre obligatoires des activités de mise à niveau que peut déterminer le ministre.
Aujourd'hui, le Monopole de l'Éducation déclare que cet article ne s'appliquerait qu'aux étudiants hors Québec....

Préjudice sans fondement scolaire apparent

Cette interprétation restrictive est préjudiciable à toute une communauté d'étudiants québécois (à savoir, les jeunes instruits à la maison) qui, de surcroît, sont de bons candidats pour le collégial.

Il faut rappeler que rien ne vient fonder cette interprétation restrictive. Pourquoi le D.E.S. devrait-il être le seul moyen d'entrer dans un cégep québécois ? Pourquoi ce soudain manque de souplesse ? Est-ce que seul le D.E.S garantit vraiment — soyons sérieux ! — que les candidats sont aptes aux études collégiales ? Pourtant, les élèves instruits à la maison réussissent très bien les tests indépendants.

Préjudice sans fondement juridique apparent

Ces directives du Monopole de l'Éducation (car la réticence des collèges à admettre des enfants éduqués à la maison s'est bien renforcée) dépassent les bornes en essayant d'imposer son interprétation inflexible à un article de règlement pour tous les établissements collégiaux au Québec, leur enlevant ainsi un pouvoir décisionnel qui est le leur.

Québec, à nouveau, seul endroit en Amérique du Nord

Il est absolument faux — l'expérience l'a amplement prouvé — (pour ceux qui y croient encore) qu'il faille avoir le diplôme d'enseignement secondaire pour attester qu'un jeune possède les compétences requises pour réussir un programme d'études collégiales. Le Québec est d'ailleurs la seule juridiction en Amérique du Nord qui exigerait que ses jeunes souhaitant accéder aux études postsecondaires détiennent un DES (qui vaut moins qu'un High School Diploma !). En outre, la majorité des collèges et des universités sur ce même continent acceptent des candidats en fonction d'un large éventail de critères d'évaluation (portefeuille d'activités, tests normalisés, etc.)

La crispation du Monopole de l'Éducation de Québec se poursuit... tant pis pour les parents anticonformistes et trop originaux qui n'apprécient pas toutes les vertus de ses écoles et de son programme souvent médiocre.

Visiblement, il n'y a rien de plus pressant.

Suède : l'école-maison pratiquement illégale ?

En Suède, un projet de loi rendu public le 16 juin dernier ne permettrait plus l'éducation à domicile que dans des circonstances exceptionnelles, après une évaluation par les autorités gouvernementales, et à la condition que cette éducation soit « satisfaisante » par rapport à celle dispensée à l'école.

Cette permission exceptionnelle ne serait accordée qu'une année à la fois et sujette à réévaluation.

Le projet de loi stipule que l'éducation publique devrait être objective et polyvalente (aux yeux des autorités, juge et partie, voir notre cours d'éthique et de culture religieuse !) de sorte que l'éducation à la maison pour des raisons philosophiques ou religieuses ne sera plus acceptée.

Selon l'organisation laïque des parents-éducateurs suédois, Rohus, « le gouvernement suédois rend l'instruction en famille illégale, et affiche ainsi ses pires racines socialistes totalitaires. Nous avons besoin du soutien international pour montrer que la Suède, en tant que membre de la communauté démocratique internationale, ne peut pas prendre une telle décision. La Suède étant souvent considérée comme un idéal social au niveau international, il est important pour les familles suédoises qui instruisent leurs enfants de gagner cette bataille. Toute aide sera grandement appréciée. »

Les commentaires internationaux pertinents et courtois sur la nouvelle loi scolaire suédoise peuvent être envoyés à : registrator@education.ministry.se.

Plus de détails en français, en anglais et en suédois.

L’obligation de scolarisation par l’État est-elle toujours bénéfique ?

Gatto sur la scolarisation


Extrait du livre Dumbing us Down (« Nous abrutir ») de John Taylor Gatto, professeur de l’année de l’État de New York (1991) :
« Notre système d’éducation obligatoire, invention de l’État de Massachusetts, date des années 1850. Il fut combattu – parfois les armes à la main – par près de 80 % de la population du Massachusetts, le dernier réduit de Barnstable au cap Cod ne rendit ses enfants que dans les années 1880 quand la milice occupa la région et les enfants furent conduits sous garde armée à l’école.

Considérons maintenant ce fait curieux : le bureau du Sénateur Ted Kennedy a récemment publié un communiqué indiquant que le taux d’alphabétisme au Massachusetts avant l’imposition de l’éducation obligatoire était proche de 98 % et que, par la suite, ce chiffre n’a jamais excédé récemment 91 %, niveau où il se stagne en 1990. » (p. 22 de l'édition de 2005, publiée chez New Society Publishers)
Gatto souligne également l'existence d'un lectorat important avide de lire en l'absence de toute scolarisation publique obligatoire :
« Le livre de Thomas Paine Le Sens commun (1776) se vendit à 600 000 exemplaires sur une population [totale des États-Unis] de 3 000 000 dont 20 % étaient des esclaves et 50 % des serviteurs sous contrat. Les colons américains étaient-ils des génies ? Non, la vérité est qu’apprendre à lire, écrire et compter peut se faire en aussi peu qu’une centaine d’heures pour autant que l’élève soit enthousiaste et avide d’apprendre. Le truc, c’est d’attendre que quelqu’un demande et d’alors foncer pendant que l’élève est enthousiaste. » (p. 12, édition 2005)
Ces chiffres sont corroborés par plusieurs témoignages cités dans Public Schools, Public Menace de Joe Turtel :
« En 1765, John Adams écrivait qu’« un Américain de naissance, plus particulièrement en Nouvelle-Angleterre, qui ne sait ni lire ni écrire est un phénomène aussi rare qu’une comète. » Jacob Duché, aumônier du Congrès en 1772, disait de ses compatriotes : « Presque tous savent lire. » Daniel Webster confirma que l’instruction en famille avait eu comme résultat l’alphabétisation quasi complète de la population quand il déclara « un adolescent de quinze ans, quel que soit son sexe, qui ne sait ni lire ni écrire, est très difficile à trouver. » Au début des années 1800, l’entrepreneur et économiste français Pierre Samuel du Pont de Nemours [...] vint en Amérique et se pencha sur l’éducation ici. Il découvrit que la plupart des jeunes Américains savaient lire, écrire et compter et que les Américains de tout âge pouvaient lire la Bible et le faisaient. Il évaluait que moins de 4 Américains sur 1000 ne savaient pas écrire de manière claire et lisible. »