Stéréotype sociologique moderne : « Les femmes et les mathématiques, un exemple de stéréotype négatif désinvestissant. » |
Selon cette théorie, quand une femme passe un test en mathématiques, son résultat serait possiblement affecté par le stéréotype selon lequel les femmes ont des capacités en mathématiques inférieures à celles des hommes. Cette conséquence de la menace du stéréotype aurait été démontrée, selon ses partisans, par Spencer, Steele et Quinn en 1999. De plus, les résultats montreraient que le stéréotype n’intervenait pas quand il était précisé au préalable que les femmes réussissaient le test aussi bien que les hommes. Ensuite, seules les performances dans ce domaine seraient impactées : un test en anglais de difficulté équivalente est tout aussi bien réussi par les femmes que par les hommes. Enfin, si le test en mathématiques est facile, les femmes ne seront pas non plus influencées par la menace.
Critiques
L’explication proposée par le concept de menace de stéréotype a très tôt attiré les critiques. Selon les chercheurs Paul R. Sackett, Chaitra M. Hardison et Michael J. Cullen, les médias et la littérature savante ont conclu à tort que l’élimination de la menace du stéréotype pourrait complètement éliminer les différences de performance entre les Américains européens et les Afro-Américains. Sackett et al. ont souligné que, dans les expériences fondatrices de Steele et Aronson (1995) où la menace de stéréotype était supprimée, un écart d’environ un écart-type restait entre les groupes sans usage de covariances, ce qui est très proche de la différence moyenne observée entre les Afro-Américains et les Européens aux scores sur des tests standardisés à grande échelle tels que le SAT.
Gijsbert Stoet et David C. Geary ont examiné les preuves justifiant le concept de la menace stéréotypée et notamment des écarts de réussite en mathématiques entre les hommes et les femmes. Ils ont conclu que les recherches sur les stéréotypes comportaient de nombreux problèmes méthodologiques, comme l’absence de groupes de contrôle, et que la littérature sur les menaces stéréotypées était faussement présentée comme « prouvée ». Ils ont conclu que les preuves avancées étaient très faibles.
L’ampleur et la nature de l’effet de menace de stéréotype ont également été remises en question. Flore et Wicherts ont conclu, dans une grande méta-analyse, que l’effet rapporté est faible, mais aussi que son importance est artificiellement augmentée par un biais de publication, pour expliquer les différences de résultats en mathématiques et en sciences entre les sexes. Ils soutiennent que, après correction du biais de publication, les effets de la menace de stéréotype étaient plus probablement proches de zéro. Ce biais signifie que les chercheurs ont tendance à publier ou à citer des effets positifs importants liés à une hypothèse ou une théorie, car les études montrant un manque d’effets ou des effets négligeables attirent moins d’attention. Dans le cas de la menace du stéréotype, on aurait accordé beaucoup d’importances à des effets (faussement) positifs dans des études insuffisantes alors que de grandes études similaires bien contrôlées trouvent des effets plus petits, voire non significatifs. (Voir Colleen M. Ganley, Leigh A. Mingle, Allison M. Ryan et Katherine Ryan, « An examination of stereotype threat effects on girls’ mathematics performance. »)
Étude (n=2064) de 2018 : aucune confirmation d’un effet de menace du stéréotype
Les auteurs (Flore, Mulder et Wicherts) d’une étude publiée en janvier 2019 ont mené une expérience de menace stéréotypée à grande échelle dans des écoles secondaires néerlandaises (n = 2064) pour étudier la généralisabilité de l’effet de menace du stéréotype.
Dans cette étude, les scientifiques ont tenté de reproduire l’effet global parmi les filles du secondaire des Pays-Bas et d’étudier quatre modérateurs théoriques principaux, à savoir l’identification du domaine, le sexe, l’anxiété liée aux mathématiques et la difficulté des tests. Chez les filles (13-14 ans), ils n’ont trouvé aucun effet global de la menace stéréotypée sur les performances en mathématiques ni aucun effet modéré de la menace stéréotypée.
L’étude a révélé un écart entre les sexes au test de mathématiques, les garçons ayant de meilleurs résultats que les filles. Mais cela ne semble pas être dû à la manipulation de la menace stéréotypée (« Grâce à une série d’analyses, nous concluons que nos données ne montrent aucun signe de baisse de performance due à la manipulation de la menace stéréotypée. »)