vendredi 30 septembre 2022

Mathieu Bock-Côté : 50 000 immigrants/an au Québec, c'est suicidaire aussi !

Immigrante qui s’est présentée avec son enfant à la frontière à Lacolle (le risque d’être expulsé est très bas)

On a beaucoup parlé de la déclaration de Jean Boulet à propos de l’immigration au Québec.

Ses termes étaient mal choisis, et son propos était à bien des égards inexact.

Dire que 80 % des immigrants ne travaillent pas est tout simplement faux [même si le taux de chômage des immigrants légaux est nettement plus haut que celui des Québécois nés au Québec]. Le ministre de l’Immigration devrait être le premier à le savoir, et aurait dû s’éviter cette déclaration bête et fausse.


Il a ainsi miné son propre parti, alors que François Legault a cherché à rouvrir la question de l’immigration ces derniers mois.

Legault

Et s’il faut rouvrir ce débat, c’est parce que l’intégration des immigrants, quoi qu’on en dise, n’est pas une réussite au Québec.

On pense évidemment à la langue française — j’y reviendrai —, mais aussi à la question des valeurs, en effet.

Si nous avons dû voter, en 2019, la loi 21 sur la laïcité, c’est évidemment parce qu’elle était fragilisée par la présence de l’islam politique dans notre société.

La normalisation du voile est contraire aux valeurs occidentales. Le combat des femmes iraniennes le rappelle aux spécialistes du relativisme, qui aiment se mettre la tête dans le sable et se faire croire qu’il s’agit d’un vêtement comme un autre.

On pourrait aussi parler du sentiment d’identification.

Les nouveaux arrivants, globalement, ont plus tendance à s’identifier au Canada et à Montréal qu’au Québec. On ne le leur reprochera pas, ce n’est pas de leur faute, c’est un effet de notre appartenance au Canada, mais c’est un problème néanmoins pour une petite nation comme le Québec.

Cela ne veut pas dire que c’est le cas de tous, heureusement. Cela veut dire que c’est un phénomène important, hélas.

Mais revenons à la langue — c’est-à-dire, concrètement, à l’existence du peuple québécois, qui repose d’abord sur la vigueur de la majorité historique francophone.

François Legault, devant les gens d’affaires de Montréal, s’est voulu courageux, mais ne l’a été qu’à moitié, en disant que l’augmentation des seuils serait suicidaire pour la nation québécoise, qui se condamnerait, pour reprendre les mots de René Lévesque, à la « noyade » démographique.

François Legault oublie pourtant, alors qu’il le sait, que les seuils de 50 000 sont suicidaires aussi. C’est avec ces seuils, fixés sous les années Charest-Couillard, que le Québec a été entraîné dans la spirale de l’anglicisation accélérée.

Pourquoi François Legault s’entête-t-il à les maintenir ? Au Québec, 50 000 immigrés par année, c’est trop — c’est beaucoup trop. Le PQ de PSPP propose 35 000 : c’est aussi trop, mais c’est un pas dans la bonne direction.

[Tabou médiatique]

Qu’est-ce qui nous empêche alors de parler franchement d’immigration ?

La police médiatique qui assimile au racisme, au repli de soi et au refus de l’autre la baisse considérable des seuils a créé un interdit autour de ce débat. Elle dit en avoir soupé de ce débat. Elle souhaite le censurer.

Osons la défier.

Sans quoi le peuple québécois, effectivement, deviendra minoritaire chez lui, avant de disparaître, d’ici la fin du siècle.

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Québec — La violence envers les enseignants explose dans les écoles

Le président de la Fédération du personnel de soutien scolaire, Éric Pronovost, déplore que 74 % de ses membres affirment avoir subi de la violence au travail au cours de la dernière année scolaire, une proportion qui est en hausse selon un sondage.

En un an seulement, le nombre d’enseignants et d’éducateurs indemnisés après avoir été victimes de violence à l’école a bondi de 65 %, selon le Journal de Québec.

En 2020, 554 membres du personnel scolaire ont été indemnisés à la suite de « lésions attribuables à la violence en milieu de travail », selon les données de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).

L’année suivante, en 2021, ce nombre avait grimpé à 911, soit le bond le plus important depuis au moins dix ans (voir graphique ci-contre).

Or, il ne s’agit que « de la pointe de l’iceberg », selon Simon Viviers, professeur à la Faculté des sciences de l’éducation de l’université Laval.

« Pour qu’il y ait une réclamation à la CNESST, c’est parce que la situation n’est pas banale », souligne-t-il.

Indemnisée deux fois

La CNESST indemnise des travailleurs qui sont incapables d’exercer leur emploi en raison d’une lésion professionnelle, qui peut être physique ou psychologique.

Une éducatrice de service de garde d’une école de Montréal a par exemple été indemnisée deux fois par la CNESST après avoir subi un traumatisme crânien et un choc post-traumatique à la suite de gestes de violence causés par des élèves.

Ce sont d’abord les éducateurs spécialisés, suivis des enseignants de la maternelle et du primaire, qui sont victimes de gestes de violence commis en majorité par des élèves.

On parle surtout de « bousculades », « pincements », « coups de pied » et « volées de coups » qui sont en augmentation, selon la CNESST.

Le constat est semblable du côté de la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ).

Selon un sondage réalisé par la firme Ad hoc ce printemps auprès des membres (1617 répondants), 74 % des employés ont subi de la violence au cours de la dernière année scolaire, provenant principalement des élèves.

En 2018, cette proportion était de 71 %, selon un coup de sonde comparable.

Un effet de la gestion de la pandémie Covid ?

« C’est pire qu’avant. C’est qui qui va prendre son courage à deux mains et régler cette situation-là ? », laisse tomber son président, Éric Pronovost, qui voit dans cette augmentation un « effet pandémie ». 

[Il est vrai qu’une forte augmentation a été ressentie entre 2020 et 2021. Mais, d’une part, 2020 constituait un léger creux par rapport à 2019 et 2018 et, d’autre part, il y a une tendance à l’augmentation de ces violences, depuis 2012 ; en effet le nombre d’employés indemnisés a augmenté de 153 % de 2012 à 2021. Ceci dit, la gestion de la pandémie a été désastreuse pour les écoles alors que les jeunes n’ont jamais été en danger de la Covid-19 et qu’on le savait dès le début de la pandémie. Voir Suède et Suisse — Enfants peu à risques et peu contagieux (juillet 2020), Les leçons européennes (comparaisons entre pays) sur l’ouverture des écoles pendant le début de la pandémie (décembre 2020) et Québec — Les pédiatres réclament la réouverture des écoles le 11 janvier (2021) ]

Le son de cloche est le même du côté des services de garde en milieu scolaire. Les enfants, en ayant été plus longtemps à la maison et privés de contacts sociaux, ont des « habiletés sociales moins développées » si bien qu’ils sont maintenant « moins tolérants envers les autres », affirme Réjeanne Brodeur, présidente de l’association québécoise de la garde scolaire.

Simon Viviers partage aussi ce constat, rappelant que la société en générale est « dans un contexte de tension sociale ».

Ce dernier rappelle par ailleurs que l’intégration des élèves à besoins particuliers dans les classes ordinaires demeure un « problème extrêmement important » puisque plusieurs enseignants ne se sentent pas aptes à répondre à leurs besoins.

Le manque de services pour encadrer ces élèves dans les services de garde demeure aussi un enjeu et pourrait expliquer en partie la hausse des gestes de violence, ajoute Réjeanne Brodeur.


jeudi 29 septembre 2022

Pensionnats — Quels enfants disparus ?

Quels enfants disparus ? C’est la question que se pose Hymie Rubinstein dans le Western Standard. Nous publions ci-dessous la traduction de son article. Mme Rubenstein est rédactrice en chef du bulletin The REAL Indian Residential Schools et professeur d’anthropologie à la retraite à l’Université du Manitoba.

Élèves amérindiennes au pensionnat de Kamloops
 

La Commission de vérité et réconciliation et le Centre national pour la vérité et la réconciliation ont-ils été complices de l’invention et de la diffusion d’un mythe scandaleux concernant la mort d’enfants autochtones dans les pensionnats ? Considérons les preuves.

Le Centre national pour la vérité et la réconciliation (NCTR), généreusement subventionné, est le successeur de la Commission de vérité et réconciliation (CVR) du Canada. Il est chargé de rendre compte de l’histoire, du fonctionnement et de l’héritage des pensionnats indiens au Canada.

La CVR a commencé le travail de développement d’un registre commémoratif « honorant les enfants qui ne sont jamais revenus de l’école ». Le NCTR a poursuivi ce travail.

« Le mémorial se souvient, honore et reconnaît les enfants qui sont morts alors qu’ils fréquentaient un pensionnat au Canada » ou « dans l’année suivant leur sortie de l’école ».

La justification de l’inclusion des élèves qui ne sont pas réellement décédés à l’école « … repose sur une pratique courante des pensionnats consistant à renvoyer les élèves qui souffraient d’une maladie en phase terminale chez eux ou dans des institutions telles que des hôpitaux et des sanatoriums. »

Confondre l’expression « enfants qui ne sont jamais revenus de l’école » avec « enfants décédés alors qu’ils fréquentaient un pensionnat » est le premier indice qu’il y a anguille sous roche. 

De nombreux étudiants qui « ne sont jamais rentrés chez eux » n’avaient peut-être pas de domicile où retourner. Certains étaient orphelins ; certains ont été envoyés dans ces écoles pour les protéger de foyers dysfonctionnels ou abusifs. Cela était particulièrement vrai au cours des quatre dernières décennies pendant lesquelles ces pensionnats ont fonctionné, période à laquelle la plupart de ses « survivants » ont fréquenté ces écoles. Pourtant, cela n’a pas empêché leurs restes d’être envoyés dans leur réserve d’origine pour y être enterrés chaque fois que cela était possible.

De même, l’expression « enfants décédés alors qu’ils fréquentaient un pensionnat » suggère implicitement que l’école était responsable de leur mort, une accusation dépourvue de toute preuve.

Plus troublant encore, selon le NCTR : « Suivant les directives fournies par les “survivants” [c’est-à-dire toute personne autochtone qui a fréquenté un pensionnat indien] lors des réunions communautaires tenues en 2018 et lors du Rassemblement national des aînés, seuls les noms et les dates de la mort seront rendus publics. » Cette directive paraît suspecte dès le premier abord.

Il est permis au NCTR de publier pour chaque école un résumé sur la cause des décès et les lieux d’inhumation, ce qu’il a fait pour le système des pensionnats indiens dans son ensemble. Le fait qu’il ait délibérément omis de le faire au niveau de chaque école a contribué à augmenter le traumatisme et la rage ressentis par les peuples autochtones à travers le pays, entraînant des incendies d’églises et d’autres actes destructeurs depuis le 27 mai 2021.

Comment peut-on prétendre que les actes de décès individuels comme privés, voire sacro-saints, alors qu’ils sont disponibles pour consultation, bien que souvent payante, par toute personne qui le souhaite ?

Ou le NCTR cache ces actes de décès parce qu’il désire entretenir ce traumatisme et cette rage ?

Presque tous les détails révélés, basés sur les noms et les dates de décès répertoriés par école dans le registre commémoratif, ont été compilés et analysés par Nina Green, une chercheuse indépendante passionnée par ce travail d’enquête dans les archives.

L’un des objectifs de Mme Green était de vérifier l’exactitude des données, étant donné le caractère incomplet des inscriptions individuelles dans le registre commémoratif publié.

Il était nécessaire d’entreprendre cette tâche chronophage pour confirmer la véracité de l’affirmation répandue selon laquelle la plupart des enfants qui ne sont pas rentrés chez eux ont été enterrés dans des tombes anonymes à proximité de leurs écoles, souvent dans des circonstances pénalement douteuses. La TRC et le NCTR ont-ils été complices dans l’invention et la diffusion de ce mythe scandaleux en cachant au public des dossiers dont ils ont la garde ? À tout le moins, le NCTR n’a rien fait pour répudier ce mythe diffamant qu’il pourrait facilement abattre s’il publiait l’information qu’il détient.

En ce qui concerne les données numériques sur les décès d’étudiants, le volume 4 du rapport 2015 de la TRC traitant des « enfants disparus » indique que 3 201 étudiants nommés et non nommés — la catégorie des nommés chevauchant probablement en tout ou en partie celle des non nommés — sont décédés à leur école ou ailleurs. Il indique également que sur les 1 241 élèves nommés dont le lieu d’inhumation a été déterminé par les moyens employés par la CVR, seuls 423 élèves sont morts dans les écoles tandis que les autres sont morts ailleurs (tableau 4, p. 21). Ce chiffre de 423 représente 0,3 % des quelque 150 000 élèves qui ont fréquenté un pensionnat indien.

Tous ces chiffres sont bien loin de l’estimation extraordinaire de Murray Sinclair, l’ancien commissaire en chef de la CVR, selon laquelle « … il pourrait y avoir entre 15 et 25 000, et peut-être même plus » enfants décédés dans les pensionnats indiens.

Mais il est libre de le dire, car on ne sait pas à quel point le NCTR a cherché à établir le sort des « enfants disparus » dans les archives accessibles au public. Au lieu de cela, tout manque d’informations serait de la faute des églises qui géraient les écoles et du gouvernement fédéral qui les a financées.

Pourtant, même si le NCTR a enquêté avec diligence sur cette question, comme il le prétend, aucune conclusion détaillée n’a été rendue publique depuis 2015, à l’exception d’ajouts au registre commémoratif.

Si le Registre commémoratif faisait vraiment partie d’un « voyage collectif d’hommage et de commémoration des enfants perdus dans les pensionnats », on ne devrait pas refuser de signaler leur lieu d’inhumation comme c’est le cas aujourd’hui'hui.

Ajoutons qu’il n’existe pas de parenté, pas de descendants, qui recherchent frénétiquement leurs ancêtres disparus. Comment cela pourrait-il être si 15 000 à 25 000 « enfants… ne sont jamais revenus des pensionnats » ?

Quant aux conclusions de Nina Green, les registres de décès de 30 écoles de la Colombie-Britannique, de l’Alberta et du Manitoba, soit 22 % des 139 pensionnats subventionnés par l’État, montrent que presque tous ont été enterrés dans leurs réserves d’origine. Le NCTR le sait sûrement aussi.

Il ne veut pas plus reconnaître publiquement que bon nombre des noms figurant dans le registre sont ceux d’enfants qui n’étaient pas élèves d’un pensionnat indien lorsqu’ils sont décédés. C’est ainsi que, en réponse à une demande d’information formulée le 9 septembre 2022 par James McCrae, ancien ministre de la Justice et procureur général du Manitoba, au sujet d’un de ces élèves — la célèbre Helen Betty Osborne — Jesse Boiteau, l’archiviste principal du NCTR a répondu : « De nombreux noms sont ajoutés à la demande des membres de la famille des enfants qu’ils ont perdus et qui ont fréquenté un pensionnat indien. »

Osborne était étudiante externe au [lycée] Margaret Barbour Collegiate au Pas [il y avait déjà un fort français en 1760], au Manitoba. Elle avait été accueillie par une famille non autochtone lorsque [à 19 ans] elle a été enlevée, violée et brutalement assassinée le 13 novembre 1971. Pourtant, son nom apparaît sur la liste des enfants qui « ne sont jamais revenus à la maison » du pensionnat indien Guy Hill qu’elle avait fréquenté auparavant en tant qu’élève du primaire. Pour mettre fin à tout débat, Boiteau a conclu sa réponse à McCrae en déclarant : « nous ne répondrons pas à d’autres questions sur le registre alors que nous poursuivons nos efforts de recherche sur les pensionnats et que nous aidons les survivants et leurs familles à guérir. »

Et voilà pour la transparence et la responsabilité au NCTR qui, comme la CVR elle-même, a oublié que, sans vérité, il ne peut jamais y avoir de réconciliation.

Quant à Mme Green, elle a inlassablement envoyé ces résultats et d’autres découvertes originales à des dizaines de médias établis, d’organisations autochtones et gouvernementales et des particuliers. Seuls quelques-uns en ont accusé réception et à peine un ou deux ont appuyé ses conclusions.

Ajoutons une dernière observation probablement superflue pour la plupart des lecteurs, à savoir que — « …une armée de consultants, d’avocats et de comptables siphonne des centaines de millions de dollars des Premières Nations et des coffres du gouvernement fédéral. » Le quotidien politiquement correct The Star [de Toronto] omet de mentionner que cela inclut également des hordes de dirigeants amérindiens, d’activistes et d’universitaires.

Il ne s’agit pas de paroles en l’air. Le budget fédéral 2022-2023 contient une liste de mesures totalisant 4,7 milliards de dollars pour « soutenir les communautés alors qu’elles font face à leur passé et bâtir un avenir où les enfants autochtones peuvent s’épanouir », dont 209 millions de dollars pour aider les communautés à « documenter, localiser et commémorer les lieux de sépulture à anciens pensionnats », construire un nouveau Centre national pour la vérité et la réconciliation et « assurer la divulgation complète des documents fédéraux liés aux pensionnats ».

On dit souvent qu’il n’y a que deux choses sûres : la mort et les impôts. Dans ce cas, les certitudes sont la mort et l’enrichissement.

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En 7 mois, 23.000 immigrants illégaux sont rentrés au Québec, les hôtels de Montréal sont combles (m-à -j)

Un nouveau complexe modulaire verra le jour cet automne sur ce site où sont accueillis les immigrants illégaux qui passent par la frontière terrestre en provenance des États-Unis.

La hausse croissante de illégaux empruntant ce passage explique cette dépense (« investissement » selon Radio-Canada) d'un demi-million de dollars, d'après des documents d'appel d'offres qui viennent d'être rendus publics. « Actuellement, le chapiteau en place ne répond plus aux besoins grandissant de traitements de migrants », de déclarer un de ces documents de la Gendarmerie royale du Canada.

Entre janvier et août, plus de 23 000 immigrants illégaux ont utilisé le chemin Roxham pour entrer au Canada. Un record qui engendre de nombreux problèmes.


Mise à jour du 27 septembre

Un demi-milliard de $

Selon Radio-Canada, le gouvernement Trudeau a payé plus d’un demi-milliard pour le chemin Roxham.

Contrats sans appel d’offres, ententes renouvelées, infrastructures modernisées : Ottawa a investi massivement pour l'accueil des immigrants illégaux qui se présentent au chemin Roxham, selon des chiffres obtenus par l'émission Enquête. Et tout indique que ce passage semble destiné à durer.

 


Billet du 15 septembre

Le chemin Roxham n’a jamais vu autant de personnes le traverser de manière irrégulière pour entrer au pays. Incursion dans l’industrie des passeurs qui emmènent les demandeurs d’asile jusqu’à la frontière.

Le gouvernement Trudeau a refusé les demandes d’entrevue. Entre janvier et juin, un record, 20 000 immigrants illégaux qui sont passés par le chemin Roxham et ont été accueillis par le service express de luxe gratuit (accueil, navette, pécule et allocations, chambre d’hôtel) des douanes canadiennes. Les hôtels de Montréal sont combles.

Plus de détails sur ce lucratif trafic dans Roxham Inc. Le commerce payant de l'immigration. Trafic payant car l'accueil et la prise en charge par le Canada sont garantis (merci Justin Trudeau!) et sans risque.

Reportage complet



Voir aussi

Les entrées illégales par Roxham atteignent un sommet historique, Ottawa reste de marbre 

Des personnes ayant la nationalité américaine réclament le statut de réfugié au Canada

 

mercredi 28 septembre 2022

« Valeurs », écoanxiété : près d’un tiers des Françaises en âge de procréer ne veulent pas d’enfants

L'idéal de la femme androgyne (cravate, costard, bretelles, aucune courbe, cheveux courts) promu par Elle

Un tiers des femmes en âge de procréer ne veulent pas avoir d’enfants. C’est ce que révèle un sondage réalisé par le magazine Elle en partenariat avec l’Ifop et publié ce mercredi. L’enquête a été menée auprès d’un échantillon représentatif de 2005 femmes âgées de 15 ans et plus. Concernant les femmes «en âge de procréer», il s’agit de femmes âgées de 18 à 49 ans sans enfants et en capacité physique de procréer. La crise environnementale et climatique est notamment évoquée pour justifier le non-désir d’enfants, selon un sondage réalisé par le magazine Elle et l’institut Ifop.

Parmi les sondées qui ne ressentent pas de désir de maternité, 50% estiment qu’un enfant n’est pas indispensable à leur épanouissement personnel quand 48% ne souhaitent pas assumer de responsabilité parentale. La « crise environnementale et climatique » motive aussi le non-désir d’enfant de 39% des femmes interrogées, suivies des crises politiques et sociales (37%) et de la crainte de la surpopulation (35%), détaille Elle.

L’institut Ifop a également interrogé les sondées sur leurs idées politiques. 48% de sympathisantes EELV ont affirmé souhaiter rester sans enfant contrairement à celles des Républicains, de Reconquête ou du RN qui manifestent encore majoritairement un désir de maternité. Il en va de même avec les affinités féministes et écologistes : 50 % des femmes se jugeant « très féministes » et 54 % se disant « très écologistes » ne souhaitent pas avoir d’enfant.

La catégorie socioprofessionnelle des sondées est également un critère puisque 36% des dirigeantes d’entreprises préfèrent ne pas avoir d’enfants quand la majorité des femmes issues des catégories populaires expriment majoritairement leur désir de devenir mères. Le sondage relève également que plus de la moitié des mères d’un enfant de moins trois ans avouent parfois regretter leur choix de maternité. En outre, près d’une femme sur deux se dit prête à recourir à la procréation médicalement assistée (PMA) en tant que célibataire.

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mardi 27 septembre 2022

Pressions pour qu'un grand éditeur censure une étude relativisant la « crise climatique »

Une étude relativisant la gravité de la « crise climatique » a été publiée en janvier dans une revue du prestigieux groupe Springer Nature, au grand dam de certains climatologues réputés sélectionnés par l’AFP, certains allant jusqu’à demander la censure et le retrait de cette étude d’une vingtaine de pages.

L’étude intitulée Une évaluation critique des tendances des événements extrêmes en période de réchauffement climatique ne remet pas en question le réchauffement observé depuis le début de l’industrialisation. Elle est rédigée par quatre universitaires italiens. Elle passe en revue la bibliographie récente sur les séries chronologiques de certains événements météorologiques extrêmes et les indicateurs de réponse associés afin de voir si l’on peut détecter une augmentation de l’intensité ou de la fréquence de ces événements extrêmes. 

Aucun indicateur ne montre une tendance croissante claire des événements extrêmes

Pour les auteurs, les changements mondiaux les plus robustes dans les extrêmes climatiques se trouvent dans les valeurs annuelles des vagues de chaleur (nombre de jours, durée maximale et chaleur cumulée), tandis que les tendances mondiales de l’intensité des vagues de chaleur ne sont pas significatives. 

L’intensité des précipitations quotidiennes et la fréquence des précipitations extrêmes sont stationnaires pour la majeure partie des stations météorologiques. L’analyse des tendances de séries chronologiques des cyclones tropicaux montre une invariance temporelle substantielle (ça ne bouge pas vraiment) et il en va de même pour les tornades aux États-Unis (ni leur nombre ni leur intensité ne semble augmenter). Dans le même temps, l’impact du réchauffement sur la vitesse du vent de surface reste incertain. Les auteurs se sont ensuite penchés sur certains indicateurs de réponse globale aux événements météorologiques extrêmes, à savoir les catastrophes naturelles, les inondations, les sécheresses, la productivité des écosystèmes et les rendements des quatre principales cultures (maïs, riz, soja et blé). Aucun de ces indicateurs de réponse ne montre une tendance positive claire des événements extrêmes. 

Les chercheurs italiens concluent que, sur la base de données d’observation, la crise climatique que, selon de nombreuses sources, nous vivrions aujourd’hui n’est pas évidente pour l’instant. Les auteurs concluent en affirmant qu’il serait néanmoins extrêmement important de définir des stratégies d’atténuation et d’adaptation qui tiennent compte des tendances actuelles.

Rendement moyen (t/ha) pour le maïs, le riz, le soja et le blé de 1961-2019. On note le fort accroissement des rendements « malgré » la « crise climatique ». (Oui, bien sûr les techniques agricoles ont pu s’améliorer pendant cette période, mais cela tend à prouver que l’homme peut s’adapter à la « crise climatique grandissante » sans les mesures extrémistes proposées par certains militants aujourd’hui).
 

Appel à la censure

Quatre climatologues sélectionnés et interrogés par l’AFP estiment que l’étude n’aurait jamais dû être publiée, et deux d’entre eux ont demandé qu’elle soit retirée. Pour Peter Cox, professeur à l’Université d’Exeter, l’étude « n’est pas bonne sur le plan scientifique », mais il craint que le retrait « entraîne une publicité supplémentaire et puisse être présenté comme une censure ».

« La crise climatique », un non-sujet en politique italienne

L’auteur principal, Gianluca Alimonti, est un physicien d’un institut de physique nucléaire. Ses trois coauteurs sont Luigi Mariani, un météorologue agricole, et les physiciens Franco Prodi et Renato Angelo Ricci. 

Notons que la lutte contre les « changements climatiques » n’a joué quasiment aucun rôle dans la campagne électorale italienne qui y a vu le centre droit (l’extrême droite pour l’AFP/Radio-Canada) être porté au pouvoir. Les enjeux écologiques ont été les grands absents de la campagne électorale dans son ensemble, a révélé une étude menée par Greenpeace Italie et l’Observatoire de Pavie, un institut de recherche. L’environnement se retrouve loin derrière le soutien à la natalité et la lutte contre l’immigration illégale pour la chef des Frères d’Italie, Giorgia Meloni. Dans son programme, l’environnement est décrit comme « une priorité », mais n’apparaît qu’en douzième position (sur quinze), loin derrière le soutien à la natalité ou la lutte contre l’immigration illégale. Giorgia Meloni promet tout autant la relance du nucléaire — arrêté il y a 30 ans en Italie — que le forage d’hydrocarbures en mer Adriatique et le développement des ressources gazières.

Voir aussi

Bjorn Lomborg : Le changement climatique N'est PAS la fin du monde (vidéo sous-titrée) 

Bjorn Lomborg : « Le changement climatique n’est pas la fin du monde » (article écrit)

La Norvège défend le pétrole et l’environnement… avec l’argent du pétrole et du gaz  

Climat : pourquoi l’apocalypse n’aura pas lieu

 

La France cherche à sauvegarder le prestige de ses écoles à l’étranger

Alors que le président de gauche français, Emmanuel Macron, souhaite y doubler le nombre d’élèves d’ici à 2030, ces établissements peinent à rivaliser avec leurs homologues anglo-saxons, espagnols et coraniques.

Si le lycée Charles-de-Gaulle, à Londres, continue de porter haut les couleurs de l’enseignement à la française, la croissance du réseau de ces établissements dans le monde marque le pas.

En manque d’enseignants et soumis à une forte concurrence, ces établissements d’excellence accueillent 390 000 élèves à travers le monde. Emmanuel Macron veut doubler les effectifs dans une « stratégie d’influence et de rayonnement » de la culture française. Un défi de taille.

Éducation En cette rentrée 2022, ils sont 566 lycées français de l’étranger à scolariser 390 000 élèves, de la maternelle au baccalauréat. Parviendront-ils, d’ici à 2030, à atteindre l’objectif de 700 000, fixé il y a quatre ans par le président Macron ? Il y va de la « stratégie d’influence et de rayonnement » de la France, a martelé le chef de l’état, en août, devant les ambassadeurs réunis en France pour la première fois depuis la crise du Covid. Choix des expatriés et des élites locales, ces lycées, qui comptent un tiers de Français et deux tiers d’étrangers, assument une mission de service public d’éducation doublée d’une mission diplomatique et de rayonnement de la culture française. Un réseau qui s’est peu développé au cours des quinze dernières années et subit de plein fouet la concurrence étrangère.

« Dans les 24 pays où je me suis rendu depuis janvier, je constate que la problématique commune à tous tient au recrutement des enseignants, constate Damien Regnard, sénateur (LR) sénateur représentant des Français établis hors de France. Compte tenu de la crise des vocations en France, les académies ne veulent plus laisser partir leurs profs », résume-t-il. Piloté par le Quai d’Orsay à travers l’agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) — l’un de ses plus gros budgets —, le réseau des lycées français compte 9 000 à 10 000 personnels titulaires de l’éducation nationale détachés, expatriés ou résidents.

En parallèle, le gros des troupes est alimenté par 25 000 enseignants recrutés localement, qu’ils soient français ou étrangers. « Il est plus simple de recruter en droit local à Singapour qu’à Kinshasa ! », résume le sénateur Regnard, évoquant des établissements qui « n’hésitent pas à aller recruter les enseignants partout où la main-d’œuvre est disponible ». À l’arrivée, une multitude de statuts, avec, à la clé, des salaires qui varient du simple au double. « L’enjeu, aujourd’hui, est de former ces personnels locaux, à travers nos instituts régionaux de formation, créés début 2022 », explique de son côté le diplomate Olivier Brochet, directeur de L’AEFE. De Dakar à Buenos Aires, en passant par Munich ou Hanoï, ces instituts seront donc chargés de former l’immense majorité des professeurs des lycées français de l’étranger. À gauche, le sénateur (PS) des Français de l’étranger Yan Chantrel dénonce un « dumping social ». « Les non-titulaires de demain vont remplacer les titulaires d’aujourd’hui, alors même que les familles françaises et les élites locales réclament une formation française », explique-t-il. De fait, si l’on entend parler un français parfait dans la cour de récréation du lycée de Londres, c’est plutôt l’espagnol qui résonne en Amérique latine. Et si certains pays s’en tiennent rigoureusement aux programmes de l’éducation nationale française, d’autres s’écartent parfois des principes laïcs et républicains. « L’offre éducative se dégrade, affirme Yan Chantrel, tandis que les frais de scolarité ne cessent d’augmenter pour construire de nouveaux locaux. » De 6 000 euros annuels en moyenne, ces frais varient de 2 000 euros l’année au lycée de Tananarive à 33 000 dollars pour celui de New York, fondé en 1935.

Mastodonte

« Si l’on ne recrutait que des titulaires de l’éducation nationale, on fermerait la moitié du réseau ! C’est un peu comme si l’on demandait à ce que tout le monde soit fonctionnaire en France », tempère de son côté la sénatrice (majorité présidentielle) Samantha Cazebonne, qui défend le principe de réalité. Avec une subvention étatique pour ces établissements qui oscille entre 300 et 400 millions annuels une vingtaine d’années, il faut selon elle « cibler les crédits vers la formation des enseignants » et se mettre enfin « autour de la table » pour un « diagnostic d’ampleur » du réseau. Un mastodonte piloté par un diplomate, où cohabitent des établissements directement gérés par L’AEFE (qui recrute les personnels), des lycées conventionnés (où les personnels d’encadrement sont mis à disposition par l’agence) et des établissements partenaires. Un système soumis à des homologations délivrées par l’éducation nationale. Une série de rigidités dans un système pourtant bel et bien privé, puisque ces lycées sont financés par les familles, à hauteur de 60 à 100 % selon les statuts. « Le temps joue contre nous. Quand une école française se crée, on compte dans le même temps 50 écoles anglo-saxonnes, autant de chinoises et de turques », ajoute Samantha Cazebonne.

Si aucun lycée français n’a fermé dans le monde en raison de la pandémie — les enseignements étant passés en distanciel, pour des frais de scolarité inchangés —, la croissance du réseau reste timide. En progression de 2,2 % l’an dernier, les effectifs ont augmenté, en cette rentrée, de 2,6 %. « Nous comptons 566 lycées français, contre 495 en 2018, avant le Covid. L’immense majorité de ces nouveaux établissements ouvrent sur les niveaux maternelle et élémentaire. Ce sont des graines plantées pour l’avenir. En parallèle, nous poursuivons le développement du réseau existant », explique Olivier Brochet. Le Maghreb est aujourd’hui la plus forte zone de croissance (21,5 % des élèves, devant l’Europe à 20,8 %), tiré par le Maroc qui, d’ici à 2030, sera le premier pays d’implantation du réseau, devant le Liban. Suivent, en termes de dynamisme, l’Afrique subsaharienne, avec le Sénégal et la Côte d’Ivoire, et le Moyen-Orient, où les Émirats arabes ouvriront d’ici trois ans un huitième établissement.

Opérateurs privés

En Chine, la gestion de la crise sanitaire a fait chuter les effectifs à Shanghaï (-26 %) et à Hongkong, qui a aussi connu la répression. « Des avions entiers arrivent à Singapour, où les prix flambent », lâche le sénateur Pour Olivier Cadic, sénateur (UDI), le réseau souffre d’inertie. « Cela fait des années que l’on reste sur des ordres de croissance de 3 %. Le réseau vit sur lui-même. Il y a trente ans, au moment de sa création, L’AEFE comptait déjà 499 établissements, explique-t-il. Dans le même temps, l’enseignement anglo-saxon scolarise, lui, 5 millions d’élèves. » Et attire les expatriés français. « Deux tiers des Français nés en Amérique latine ne parlent pas français. Ils sont 50 % aux États-Unis et en Australie », poursuit Olivier Cadic, qui milite pour la définition d’un « véritable modèle français, alternatif au modèle anglo-saxon. Sinon, dans 20 ans, le réseau des lycées français sera confidentiel. » Selon lui, il faut aussi différentes gammes d’établissements et de prix pour être capable de rivaliser avec la concurrence internationale, « mais aussi avec les écoles coraniques gratuites qui se développent à Dakar ou à Madagascar », ajoute-t-il.

« C’est très bien de vouloir doubler, conclut Damien Regnard. Mais nous sommes, pour beaucoup, sur des effets d’annonces. Et ce n’est pas une spécialité de la macronie », ajoute-t-il, évoquant « une grosse machine, qui continue de gérer, de Paris, des situations au Togo, à Bogota ou à Chicago de Paris ». Il plaide pour des partenariats avec des opérateurs privés, sur le modèle d’Odyssey, un groupe scolaire fondé en 2017, soutenu par la famille Mulliez et dirigé par Luc Chatel, ancien ministre de l’Éducation. Un groupe privé qui compte désormais 14 établissements, à Bucarest, à Bruxelles ou à Bangkok et a signé en 2021 un accord-cadre avec L’AEFE. Une première qui va dans le sens des ambitions du président Macron. Mais qui est largement dénoncé par la gauche et les syndicats enseignants.

Source : Le Figaro

lundi 26 septembre 2022

L' « extrême droite » a-t-elle gagné en Italie comme le prétendent Radio-Canada et l'AFP ?

Radio-Canada reprend la dépêche de l'AFP et titre sans hésitation : 


 

Ce n'est pas du tout l'avis d'Alexandre del Valle, docteur en histoire contemporaine, géopolitologue, chercheur-associé au CPFA et au Centre Français de Recherche sur le Renseignement, auteur de « La Mondialisation Dangereuse » aux éditions de L’Artilleur.

 

Sur CNews, on parle de la presse de gauche prise d'effroi et de la diabolisation de la Meloni.

 L'avis de Frédéric Le Moal, docteur en histoire et professeur au lycée militaire de Saint-Cyr, auteur de nombreux ouvrages remarqués. Frédéric Le Moal a notamment publié «Victor-emmanuel III. Un roi face à Mussolini » (Perrin, 2014), traduit en italien, « Histoire du fascisme » (Perrin, 2018), prix Ernest-lemonon de l’académie des sciences morales et politiques, et « Pie XII. Un pape pour la France. Enquête sur le conclave de 1939 » (Éditions du Cerf, 2019). Son nouveau livre, « Les Hommes de Mussolini » (Perrin, 364 p., 24 €), paraît le 29 septembre. Il est interrogé par le Figaro.

LE FIGARO. — L’adjectif « post-fasciste » est employé par de nombreux médias pour qualifier Giorgia Meloni. Que vous inspire cette appellation ?.

Frédéric LE MOAL. - Un certain scepticisme, je dois l’avouer, car elle est de nature à jeter de la confusion dans le débat politique, voire à imprimer une marque infamante à Giorgia Meloni. En effet, cette expression permet de l’enchaîner au fascisme malgré l’évidence politique qui saute aux yeux. Certes, le parcours politique de Giorgia Meloni la rattache au fantôme du fascisme. D’abord par ses déclarations de jeunesse en faveur de Mussolini, dont ses adversaires, dans le monde politique et médiatique, font un usage immodéré. Les mêmes, notons-le, que l’on trouve beaucoup moins vigilants quand il s’agit du passé trotskiste ou maoïste de certaines personnalités. Ensuite par l’évolution politique de son parti, issu d’une scission d’Alliance nationale, elle-même héritière du MSI, qui, lui, se revendiquait sans ambiguïté du fascisme de la République de Salo, un fascisme radical, républicain, socialiste et jacobin. Or cette mutation incessante à force de dédiabolisation et d’épuration des éléments radicaux interdit de rattacher le «melonisme» au fascisme. Elle n’est pas post-fasciste mais conservatrice, souverainiste et patriote..

— Au-delà de la filiation partisane (Fratelli d’italia étant l’héritier d’Alliance nationale, elle-même héritière du MSI, mouvement social italien, parti néofasciste), peut-on établir une filiation idéologique entre le programme de Giorgia Meloni et celui du fascisme mussolinien ?.

Giorgia Meloni est libérale en économie – et, à ce titre, hostile à l’emprise de l’État –, catholique assumée, avec une vision conservatrice de la société, et elle mène un combat identitaire avant tout défensif. Il n’y a rien de commun, dans son programme, avec le fascisme, idéologie étatiste unissant socialisme et nationalisme, totalitaire car porteuse d’un projet de révolution anthropologique dont l’objectif était d’accoucher d’un Italien nouveau, exaltant la violence et la guerre, acte fondateur d’un nouveau peuple italien dur et cruel car débarrassé des valeurs jugées amollissantes du christianisme. Il était une réponse révolutionnaire, anticommuniste et antilibérale à la crise dans laquelle se débattait l’Italie depuis la fin de la Première Guerre mondiale, et ce par la violence physique et extraparlementaire. La victoire de Fratelli d’italia constitue, elle, une réponse conservatrice, dans un cadre démocratique, à la crise d’une mondialisation destructrice des identités nationales et aux défis d’une immigration incontrôlée..

— On cite souvent ces propos de Giorgia Meloni en 1996 : « Je crois que Mussolini c’était un bon politicien. Tout ce qu’il a fait, il l’a fait pour l’italie. » Quelle est la perception de Mussolini dans l’opinion italienne aujourd’hui ?.

—   Les avis divergent en Italie à son sujet, car le pays ne connut jamais l’entreprise mémorielle d’expiation que l’Allemagne a mise en place après 1945. Si une partie importante des Italiens sont révulsés par Mussolini, sa personne ne suscite pas une aversion universelle à l’image de celle de Hitler. 

Son corps repose dans la terre italienne de son village de Predappio (Émilie-Romagne), où se rendent des foules de curieux mais aussi des pèlerins, ne cachant pas l’admiration qu’ils éprouvent pour le Duce dont la seule erreur aurait été, selon eux, de s’allier avec le IIIe Reich. Les raisons de cette situation à bien des égards singulière? L’absence d’un Nuremberg italien, la volonté de l’élite italienne d’après-guerre de tourner la page, les fragiles mais incontestables réussites sociales et économiques du régime, la solide popularité du dictateur qui fut l’objet d’une adoration quasi religieuse de la part de plusieurs couches de la société italienne devenue au fil des années vraiment mussolinienne, à défaut d’être fasciste. Il aura fallu les lois raciales de 1938 et surtout les défaites de la guerre pour rompre le lien. 

N’oublions pas non plus que le régime, aussi violent fut-il, n’atteignit jamais le degré d’horreur du communisme et du nazisme. Cette différence d’échelle dans la cruauté permet à une partie significative des Italiens de défendre une image selon eux « nuancée » du dictateur. En fin de compte, dans une Italie affaiblie, gouvernée par un parlementarisme instable, le régime fasciste incarne, pour ces Italiens-ci, la stabilité et la puissance perdues..

— Dans votre livre Histoire du fascisme, vous faites du fascisme un mouvement révolutionnaire. Diriez-vous que le fascisme est tout autant de gauche que de droite ?

— Je vois dans le fascisme un mouvement réconciliant le socialisme dont sont issus la plupart de ses chefs et le nationalisme. L’inflexion vers la droite du mouvement des chemises noires à partir de 1921 est irréfutable mais ne doit pas faire illusion. Nationaliste, anticommuniste, darwinien, brutal, colonisateur, expansionniste : le fascisme a été tout cela, mais ces éléments ne permettent pas de le classer à droite. Le Duce lui-même l’a affirmé sans aucune ambiguïté : « Je me refuse de qualifier de droite la culture dont ma révolution a donné l’origine. La culture fasciste, qui reprend les valeurs de tout le XXe siècle italien, n’est pas de droite» (Taccuini mussoliniani, éditions Il Mulino, 1990). 

La nation et la révolution : c’est de ce mariage que naquit le fascisme. En vérité, le fascisme a opéré la réconciliation de l’idée nationale avec le projet révolutionnaire de création d’un État et d’un homme nouveaux. On retrouve donc cette tentation démiurgique de transformation de l’être humain, ce qui nous empêche de le classer à droite. La véritable frontière sépare ceux qui croient en la nature inaliénable de l’individu et ceux qui n’y croient pas et veulent donc la changer pour l’améliorer. Le fascisme se classe sans ambiguïté dans la seconde catégorie..

— Comment expliquer que le retour du fascisme obsède notre époque, qui applique ce substantif à tout mouvement de droite radicale ?

— Pour plusieurs raisons, selon moi : le maintien de l’analyse marxiste, qui voit dans tout mouvement qui lui est hostile un fascisme, la force du gauchisme culturel à l’école, à l’université et dans les médias, la puissance mobilisatrice du combat contre une idéologie effrayante, la nécessité toujours présente à gauche de disposer d’un ennemi contre lequel lutter, un ennemi d’autant plus commode qu’il a en réalité disparu et qu’il ne risque pas de mettre à sac les sièges des partis politiques et des journaux comme le faisaient les brutes en chemises noires.

En fait, la force de l’antifascisme de gauche a été d’effacer toute trace des liens de la gauche d’alors avec Mussolini, un ancien dirigeant du Parti socialiste italien, et de placer le fascisme à la droite la plus extrême, la plus conservatrice et la plus réactionnaire. Ce qu’il n’a jamais été. On fait face ici à un mélange d’inculture et de militantisme..

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mercredi 21 septembre 2022

Ignorance des étudiants du collège anglophone Dawson (Montréal)

L’humoriste Guy Nantel ne pouvait s’empêcher de réaliser un nouveau micro-trottoir sur le sujet de la langue française et de la protection de la culture québécoise en en cette période électorale. Il a interrogé des étudiants au collège Dawson à Montréal. Il a posé des questions sur la Loi 96 et l'apprentissage de la culture francophone dans les cégeps anglophones ainsi que quelques questions de culture générale (vraiment de base). Le collège Dawson passe pour un établissement de qualité...

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mardi 20 septembre 2022

France — Des propositions de loi pour restaurer la liberté d'instruire à la maison vont être déposées

L’Instruction En Famille (IEF ou « école à la maison ») est aujourd’hui sévèrement limitée (pardon « encadrée ») par la loi française et il est devenu très difficile d’obtenir l’autorisation de l’académie [la commission scolaire locale] pour la pratiquer.

Dans cette vidéo, le Centre européen pour la loi et la justice donne 6 bonnes raisons pour abroger la nouvelle loi interdisant l’école à la maison, qui est complètement injuste et inutile, et revenir au système de liberté qui existait avant.

La pétition du Centre européen pour la loi et la justice pour la liberté scolaire


Québec — Plus de 40 % des profs seront à la retraite d’ici 2030

Jusqu’à 32 000 enseignants québécois pourraient quitter leur profession d’ici huit ans. Cela représente déjà tout un casse-tête dans le réseau scolaire, risque fort d’empirer au cours des prochaines années, puisque plus de 40 % des profs permanents pourraient partir à la retraite d’ici 2030.

La pénurie d’enseignants, qui représente déjà tout un casse-tête dans le réseau scolaire, risque fort d’empirer au cours des prochaines années, puisque plus de 40 % des profs permanents pourraient partir à la retraite d’ici 2030, a appris Le Journal.

Cette estimation a été réalisée au cours des derniers mois par Maurice Tardif, directeur du Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante (CRIFPE), en collaboration avec Geneviève Sirois, qui en fait partie aussi.

Ils ont analysé les seules données disponibles au ministère de l’Éducation concernant les groupes d’âge des enseignants, qui remontent à 2015. L’âge moyen de la retraite étant d’environ 63 ans au Québec, les chercheurs en arrivent à la conclusion qu’entre 27 000 et 32 000 enseignants quitteront leur emploi d’ici 2030, ce qui représente plus de 40 % des profs permanents du réseau scolaire québécois.

« C’est immense », laisse tomber Mme Sirois.

Ce nombre ne tient même pas compte des 14 000 enseignants des écoles privées ni de l’impact de la pandémie, qui a poussé des enseignants d’expérience à quitter leur classe plus tôt que prévu.

Encore plus d’élèves (immigrés)

Alors que les nouveaux retraités de l’enseignement se compteront par milliers d’ici 2030, le nombre d’élèves continuera d’augmenter au cours de cette période. Le ministère prévoit une hausse d’environ 1 %, un chiffre qui ne tient toutefois pas compte de la création des nouvelles classes de maternelle 4 ans.

Mme Sirois souligne par ailleurs que les prévisions démographiques du ministère de l’Éducation sont « toujours » en deçà de l’augmentation réelle, puisque le nombre de nouveaux élèves issus de l’immigration est sous-estimé.

La tempête s’annonce donc parfaite et dans plusieurs centres de services, elle a déjà commencé. Selon les plus récents chiffres disponibles, 140 enseignants à temps plein manquent toujours dans les écoles québécoises, sans compter tous les autres postes à temps partiel à combler. Le nombre d’enseignants non légalement qualifiés a quant à lui plus que triplé en cinq ans.

Les récentes initiatives mises en place par le gouvernement Legault pour répondre à la pénurie semblent quant à elles donner des résultats mitigés. La Presse rapportait la semaine dernière que sur les 6000 candidatures reçues dans le cadre de la campagne de recrutement « Répondez présent », seulement 600 personnes avaient été embauchées en date du 2 septembre.

Avec la hausse du nombre d’adolescents qui franchiront les portes des écoles au cours des prochaines années, « l’urgence nationale » se fera surtout sentir au secondaire, précise de son côté Mme Sirois.

Départ à la retraite des profs d’ici 2030

Au primaire

Entre 15 000 et 18 000

Au secondaire

Entre 12 000 et 14 000

Total

Entre 27 000 et 32 000*

Nombre total d’enseignants dans le réseau scolaire

67 263* (2020-2021)

* Enseignants permanents du réseau public — de niveaux préscolaire, primaire et secondaire — ainsi que de la formation professionnelle et de la formation générale aux adultes.

Source : Maurice Tardif, données mises à jour en collaboration avec Geneviève Sirois, du Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante (CRIFPE).

Quelles solutions ?

Le Journal de Québec s’est entretenu avec des experts et des acteurs du réseau de l’éducation, à la recherche de solutions à la pénurie d’enseignants.

Faciliter la présence en classe des futurs profs

Plusieurs intervenants s’entendent pour dire qu’il faut adapter la formation universitaire pour permettre aux futurs profs d’enseigner pendant leur formation. La Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement réclame même qu’un étudiant puisse enseigner à temps plein dans le réseau scolaire après avoir terminé deux années de son baccalauréat, sur un total de quatre. Le futur prof devrait toutefois être encadré de la même façon que pendant ses stages, afin que les heures travaillées comptent dans sa formation. Les cours théoriques à compléter pourraient être suivis les soirs, la fin de semaine ou pendant une session d’été.

En Abitibi-Témiscamingue et sur la Côte-Nord, des mesures ont déjà été mises en place pour permettre aux étudiants de compléter leur formation à temps partiel, tout en travaillant dans les écoles auprès des élèves.

Encore plus de mentorat

Au cours des dernières années, un programme de mentorat a été mis en place pour les nouveaux profs, afin qu’ils soient moins nombreux à quitter les classes lors de leurs premières années d’enseignement.

Or, les cinq millions $ qui y sont consacrés annuellement ne représentent que du « saupoudrage », déplore la Fédération autonome de l’enseignement (FAE). Les enseignants d’expérience qui encadrent les novices ou ceux qui ne sont pas qualifiés devraient être beaucoup plus nombreux, selon les syndicats d’enseignants.

D’ailleurs, les centres de services scolaires devraient faire preuve de plus de souplesse envers eux, affirme Mélanie Hubert, présidente de la FAE. Plusieurs profs d’expérience ont pris leur retraite après s’être fait refuser de travailler à temps partiel, déplore-t-elle.

Laissez les profs enseigner

Plusieurs enseignants aimeraient être dégagés de tâches bureaucratiques ou connexes pour avoir plus de temps pour enseigner, selon la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ).

Des initiatives locales auraient avantage à être mises en place afin que les enseignants passent moins de temps à faire de la surveillance ou à s’occuper de différents comités, affirme sa présidente, Josée Scalabrini.

Au secondaire notamment, des périodes d’enseignement pourraient ainsi être dégagées. Reste toutefois à trouver le personnel pour combler les autres tâches.

Limiter l’immigration ?

Personne d’interrogé par le Journal de Québec ne semble suggérer la limitation de l’immigration alors que c’est une partie de l’équation (l’augmentation du nombre d’élèves).


dimanche 18 septembre 2022

Nombre de naissances par pays en 2021

   Rang  
Pays
Nombre de
naissances (2021)
1 Inde      23 113 533
2 Chine      10 881 567
3 Nigeria       7 923 294
4 Pakistan       6 374 741
5 Indonésie       4 496 383
6 République Démocratique du Congo          4 034 953
7 Éthiopie       3 895 734
8 États-Unis       3 722 822
9 Bengladesh       3 019 672
10 Brésil       2 760 958
11 Philippines       2 485 008
12 Égypte       2 465 005
13 Tanzanie       2 303 114
14 Mexique       1 882 362
15 Ouganda       1 686 795
16 Soudan       1 534 332
17 Kenya       1 468 358
18 Viêt Nam       1 462 623
19 Afghanistan       1 440 941
20 Russie       1 397 456
21 Angola       1 338 792
22 Turquie       1 244 782
23 Iran       1 204 105
24 Irak       1 192 345
25 Afrique du Sud       1 176 955
26 Mozambique       1 174 346
27 Niger       1 144 371
28 Yémen       1 008 936
29 Algérie         950 888
30 Cameroun         950 546
31 Côte d'Ivoire         932 943
32 Birmanie         920 395
33 Mali         912 901
34 Ghana         904 679
35 Madagascar         895 045
36 Japon         818 509
37 Ouzbékistan         802 875
38 Burkina Faso         785 817
39 Allemagne         763 168 [peu de souche]
40 Tchad         744 834
41 Somalie         743 932
42 Colombie         730 203
43 France         677 303
44 Royaume-Uni         677 219
45 Zambie         672 000
46 Malawi         653 703
47 Maroc         650 892
48 Thaïlande         644 325
49 Argentine         629 391
50 Arabie séoudite         629 339
51 Népal         609 790
52 Pérou         593 523
53 Sénégal         549 984
54 Malaisie         511 313
55 Zimbabwe         488 807
56 Bénin         475 832
57 Guinée         465 954
58 Venezuela         451 855
59 Burundi         437 599
60 Syrie         426 856
61 Kazakhstan         413 483
62 Italie         410 487
63 Rwanda         403 681
64 Canada         373 728
... ... ...
77 Haïti         269 377
... ... ...
103 Belgique         116 448
... ... ...
113 Suisse           87 086
114 Québec           84 900

En gras, quelques pays francophones.

Source : Nations Unies et Statistiques Québec 

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La population mondiale pourrait (peut-être) diminuer de moitié d'ici à 2100  

La population amish a augmenté de 110 % depuis 2000 

Démographie — Le trilemme de Morland : égoïsme, économie ou ethnie

 

 

 

Le piège de Thucydide

Dans « Vers la guerre », paru en français en 2019, un universitaire américain établit les risques de conflit entre la Chine et les États-Unis en fonction des situations comparables dans le passé. Passionnant. Une recension d’Éric Zemmour parue à l’époque dans le Figaro.

C’est sans doute à ce genre de choses, et de livre que l’on voit que la France n’est plus qu’une province excentrée de l’empire américain. 

Alors que la vie intellectuelle et politique parisienne s’agite autour des « années 30 » — et encore, une vision fallacieuse de cette période ! —, le cœur universitaire américain bat au rythme de Thucydide et de son célébrissime récit de la « guerre du Péloponnèse » entre Athènes et Sparte au Ve siècle avant J.-C. 

Pendant que notre président de la République, suivi d’une escouade hétéroclite d’universitaires et de saltimbanques, décerne des médailles en chocolat de résistance antifasciste et dresse des poteaux d’exécution pour une nouvelle épuration des soi-disant collabos, à Harvard, un émérite professeur fait travailler ses étudiants sur ce qu’il appelle le « piège de Thucydide » et ses nombreuses occurrences dans les cinq cents dernières années. Oui, vous avez bien lu : les cinq cents dernières années ! Comme disait Churchill : « Plus vous saurez regarder loin dans le passé, plus vous verrez loin dans le futur. » 

Ce « piège de Thucydide » désigne donc « l’inévitable bouleversement qui se produit quand une puissance ascendante menace de supplanter une puissance établie ». À l’époque, c’était Athènes qui menaçait de supplanter Sparte ; aujourd’hui, c’est bien sûr la Chine qui menace de supplanter les États-Unis. Notre universitaire, en bon pédagogue, fait l’aller-retour entre le Ve siècle avant J.-C. et le XXIe siècle, et ne peut que constater, au-delà des évidentes différences, les nombreuses similitudes entre les deux situations. « Quand Thucydide dit que la guerre était “inévitable”, il veut dire qu’à mesure qu’Athènes devenait plus puissante et Sparte plus inquiète les deux États ont pris des décisions qui rendaient difficile d’éviter la guerre. »

Alliance des puissances asiatiques avec la Chine au centre ? Le 22e sommet de l'Organisation de coopération de Shanghaï s'est tenu le 15 et 16 septembre 2022 à Samarcande (Ouzbékistan).
 
Nous, Français, connaissons fort bien ce « piège de Thucydide » qui nous a rarement réussi. Quand nous sommes la puissance dominante, au siècle de Louis XIV, les Anglais parviennent à nous supplanter ; quand nous tentons de prendre notre revanche avec Napoléon, c’est encore notre ennemi britannique qui l’emporte. Et même quand nous avons retrouvé une prééminence limitée au continent européen avec Napoléon III, c’est Bismarck qui fait l’unité allemande à notre détriment. En fait, nous nous sommes sortis deux fois à notre avantage de ce fameux piège : au XVIIe siècle, lorsque Richelieu puis Mazarin profitent de la guerre de Trente Ans pour prendre l’ascendant sur l’Empire des Habsbourg ; et lorsque, à l’issue de la terrible guerre de 1914-1918, nous parvenons à vaincre miraculeusement la puissance germanique.

Mais — francophobie persistante des élites américaines ? — notre universitaire n’évoque pas la geste victorieuse de Richelieu et de Mazarin, et occulte le sacrifice des poilus français de 1914 dans le cadre plus vaste de l’affrontement entre l’Angleterre et l’Allemagne. Il est vrai que cette lutte à mort entre Anglais et Allemands ressemble comme une sœur jumelle à celle qui a déjà débuté entre Américains et Chinois.

Les présidents Modi (Inde), Poutine (Russie) et Xi Jinping (Chine) au sommet de Samarcande de cette semaine (16 septembre 2022) à la tête d'environ 3 milliards d'habitants.

L’Angleterre, puissance impériale maritime qui fait régner sa Navy sur tous les océans, et machine industrielle sans égale pendant tout le XIXe siècle, correspond aux États-Unis du XXe siècle ; l’Allemagne, puissance continentale devenue hégémonique en Europe, est la force industrielle montante de la fin du XIXe siècle ; le « made in Germany » taille des croupières au « made in England » ; les élites anglaises se résoudront à la guerre lorsque l’empereur Guillaume II décidera d’édifier une marine capable de menacer sa rivale britannique et les côtes anglaises. Près d’un siècle plus tard, tout semble recommencer à l’identique : « L’économie chinoise représentait 10 % de l’économie américaine en 2007, 100 % en 2014, si cette tendance se confirme, elle pèsera 50 % plus lourd que celle des États-Unis en 2023 et pourrait être presque trois fois plus importante en 2040. »

Et, suivant eux aussi l’enseignement de l’inventeur de la géopolitique, Mahan, qui expliquait que la « mer » gagnait toujours sur la « terre », les Chinois édifient à marche forcée une marine capable de chasser l’US Navy de la mer de Chine et des eaux asiatiques. Le nouveau patron du Parti communiste chinois, Xi Jinping, dont un sinologue décrit « l’assurance napoléonienne », a pour objectif avoué de « retrouver la grandeur passée », ce qui signifie la première place mondiale, et non pas « en tant que membre honoraire de l’Occident ».

En 1913, le diplomate Norman Angell expliquait, dans un livre à succès, que les liens économiques entre l’Angleterre et l’Allemagne retiendraient les deux pays au bord du précipice ; de même, aujourd’hui, nos doctes libéraux nous assurent que les chaînes de valeur sont trop imbriquées entre les deux géants pour qu’il y ait un risque d’affrontement. En vérité, tout cela serait balayé s’il n’y avait une seule différence majeure entre les deux époques : l’arme nucléaire. C’est elle qui a déjà retenu Kennedy et Khrouchtchev lors de la fameuse crise des missiles de Cuba en 1962 ; et c’est toujours cette apocalypse nucléaire (« Je ne sais pas quand aura lieu la prochaine guerre mondiale, mais je sais que celle d’après se fera avec des arcs et des flèches », disait, sarcastique, Einstein) qui arrêtera même des nationalistes aussi farouches que Trump et Xi Jinping. Avec deux nuances de taille : d’abord, la sophistication des nouvelles armes, cyberattaques ou missiles antimissiles, peut entraîner une escalade inenvisageable pendant la guerre froide. Et surtout, les hiérarques chinois n’ont pas oublié que Mao leur a toujours dit que la Chine, elle, survivrait à la disparition de 300 millions de Chinois sous le feu nucléaire.

Toujours au sommet de Samarcande, de droite (au fond assis) à gauche: Erdogan (Turquie), Aliyev (Azerbaïdjan), Chehbaz Charif (Pakistan), Poutine (Russie), Loukachenko (Biélorussie) et Raïssi (Iran).

L’optimisme forcé de notre universitaire américain ne trompe personne, et surtout pas l’auteur lui-même. Il faudrait que la Chine accepte de rentrer dans le rang de la Pax americana ou que les Américains renoncent à leur suprématie dans le Pacifique, alors même que la force de frappe industrielle des États-Unis est concentrée en Californie (les fameux GAFAM) et que le cœur de la croissance mondiale — le centre de l’économie-monde, aurait dit Braudel — est désormais en Asie. Le « piège de Thucydide » nous tend ses bras mortels. Et pour une fois, nous, Français, ne sommes pas au cœur de la bataille. L’avantage d’être devenus provinciaux. On se console comme on peut.

 

Macron en février 2022 rencontre Poutine. « Pour une fois, nous, Français, ne sommes pas au cœur de la bataille. L’avantage d’être devenus provinciaux. » Zemmour est optimiste, les provinciaux paieront la facture...

 

Vers la guerre,
par Graham Allison,
paru chez Odile Jacob,
le 20 février 2019, à Paris,
337 pp.
ISBN-10 : 273814702X
ISBN-13 : 978-2738147028