mardi 18 octobre 2011

CPE s'arment pour une bataille juridique contre le gouvernement

La Presse de Montréal rapporte que des parents dont les enfants fréquentent un centre de la petite enfance sont en pleine campagne de financement en vue d'une bataille juridique pour faire annuler une directive du gouvernement interdisant la religion dans les services de garde communautaire. La coalition qui a porté la cause devant les tribunaux réunit des parents juifs, orthodoxes et catholiques, de même que l'Association des CPE de la communauté juive et l'Association des parents catholiques.

Une lettre signée par des parents circule depuis quelques semaines dans les centres de la petite enfance (CPE) de la communauté juive afin d'amasser des fonds. Une contribution de 120 $ par enfant est suggérée.

« La Fédération CJA a accepté de financer la majeure partie de la contestation judiciaire, mais chaque CPE qui est membre de l'Association des CPE de la communauté juive a été sollicité pour engager des fonds en proportion du nombre d'inscriptions », indique la lettre écrite en anglais que La Presse a obtenue.

Cette lettre a notamment été distribuée aux parents des CPE du Y Ben Weider et du Y Ouest-de-l'Île. On y lit que l'engagement de chacun des CPE se chiffre à 9 500 $.

Une lettre semblable circule dans l'ensemble des CPE de la communauté juive, explique Sandy Jesion, coprésident de la coalition Québécois pour l'égalité du droit à la garde, en précisant qu'il s'agit d'une initiative des parents.

« Dans le CPE que fréquente ma fille de 4 ans, c'est ma femme et moi qui avons rédigé la lettre. Nous l'avons distribuée aux parents en allant conduire notre fille le matin et la chercher le soir. La réponse est bonne. »

Danielle Sabbah, présidente de l'Association des CPE de la communauté juive, précise de son côté que l'association est partie prenante de la bataille juridique, à la demande des parents.

Mais « aucun CPE ne gère cela [la campagne de financement]. Nous avons expliqué clairement aux parents que ni les directeurs ni le conseil d'administration n'ont le droit de s'immiscer là-dedans ».


La directive du gouvernement, visant à interdire toute forme d'initiation à la pratique religieuse dans les services de garde, est entrée en vigueur le 1er juin. Les CPE et garderies qui ne s'y soumettent pas risquent de perdre leurs subventions.

La requête devant les tribunaux vise à faire annuler cette directive. Les demandeurs veulent aussi une ordonnance de la cour pour en suspendre son application, le temps que la cause soit entendue.

Vives tensions

En attendant, les tensions sont vives dans les services de garde. La directive est floue, les éducatrices ne savent plus ce qu'elles ont le droit de faire ou non, si bien qu'elles refusent désormais de faire certains bricolages ou d'accompagner les enfants dans leurs chants, explique la présidente de l'Association des CPE de la communauté juive, Danielle Sabbah.

Les petits ne comprennent pas, car pour eux, le CPE est la continuité de la maison. « Nous sommes convaincus que nous n'avons pas de religion dans nos CPE. Nous avons de la culture et de la tradition », ajoute Mme Sabbah.

Des inspections ont été faites dans quelques services de garde depuis le 1er juin, toujours dans le cadre légal des activités d'inspection, soit la délivrance ou le renouvellement d'un permis ou une vérification à la suite d'une plainte. Aucun constat d'infraction n'a été rapporté, indique le porte-parole du ministère de la Famille et des Aînés, Étienne Gauthier.




Garderies catholiques aussi

Rappelons que des garderies catholiques de sœurs salésiennes de Don Bosco sont également impliquées dans cette dispute qui voit à nouveau le gouvernement évincer les parents dans l'éducation de leurs enfants.

La Presse de Montréal révélait il y a neuf mois que les travaux entourant cette décision ont été mouvementés au comité chargé de conseiller la ministre Yolande James sur sa directive interdisant l'enseignement religieux dans les garderies subventionnées. Un spécialiste des relations interculturelles a claqué la porte après la première réunion. La représentante des garderies juives l'a imité plus tard. Et la porte-parole des CPE catholiques s'est sentie flouée par un gouvernement qui, selon elle, a imposé ses vues au comité.

La directive avait été plutôt mal accueillie par les principales intéressées - les garderies religieuses, que les médias traditionnels n'avaient pas interrogés depuis l'annonce de la ministre. Elles reprochent au gouvernement de les avoir invitées à un comité-conseil sans écouter leurs doléances.

« Les parents ne sont pas prêts à accepter ça. Ils sont prêts à s'unir à d'autres groupes pour faire entendre leur voix », a affirmé à La Presse sœur Ethel Rousselle, responsable de trois des cinq CPE des sœurs salésiennes de Don Bosco.

Elle a siégé au comité-conseil créé par la ministre. « J'ai été déçue. J'ai accepté de faire partie de ce comité parce que je pensais qu'on pourrait travailler ensemble. Mais la directive était déjà toute tracée, les choses étaient pas mal décidées. Ç'a été difficile pour nous d'émettre des opinions », a-t-elle affirmé. Sœur Rousselle a tout de même siégé au comité jusqu'à la fin des travaux.





Danielle Sabbah de Québécois pour l’égalité du droit à la garde subventionnée a déclaré que la directrice d'une garderie catholique avait été informée par des bureaucrates que les bambins pourraient continuer à chanter la populaire chanson Au Clair de la lune pour autant que le dernier vers « Pour l'amour de Dieu » soit omis...

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Célébrité instruite à la maison : la violoniste virtuose Hilary Hahn

Parmi les célébrités instruites à la maison, on retrouve la jeune violoniste virtuose Hilary Hahn. La voici interprétant le troisième mouvement, l'allegro, du BWV 1043 :


Hilary Hahn est née le 26 novembre 1979 à Lexington (Virginie, États-Unis). En cinquième année, Hilary Hahn a quitté l'école pour poursuivre son instruction à la maison. D'une part parce qu'elle voulait avoir plus d'indépendance et plus de temps pour pratiquer la musique et lire plus, d'autre part parce que plusieurs de ses amies avaient commencé à être instruites à la maison et que cela semblait amusant.

La souplesse de l'éducation à domicile lui a permis de mieux préparer sa carrière. Après avoir quitté l'école habituelle, Hilary a cessé de suivre ses leçons de musique à Baltimore, où elle habitait. Leçons qu'elle suivait depuis ses quatre ans. Désormais, elle allait quelques fois par semaines à Philadelphie avec son père pour y suivre les cours du prestigieux Institut de musique Curtis. Elle y étudie avec Jascha Brodsky, dernier élève vivant du célèbre maître violoniste belge Eugène Ysaÿe. Elle travaillera avec lui pendant sept ans, jusqu'à la mort de Brodsky âgé de 89 ans. Elle est vite repérée pour sa maîtrise technique et ses interprétations originales des œuvres de Jean Sébastien Bach. Sa notoriété dépasse rapidement les frontières américaines; en 1995, à 15 ans, Hilary Hahn donne à Munich son premier concert international en exécutant le concerto pour violon de Beethoven. Outre l'anglais, sa langue maternelle, Hilary Hahn parle l'allemand, le français et un peu de japonais.

Dans la vidéo ci-dessous, Hilary Hahn est interrogée par une présentatrice de la télé allemande. À partir de 1 minute 0 seconde, Hilary explique pourquoi elle a quitté l'école publique. La présentatrice allemande en a les yeux écarquillés. Il faut en effet savoir qu'en Allemagne l'instruction à la maison est interdite (sauf force majeure pour les grabataires notamment). Notons que, lors de sa défense en Cour suprême dans l'affaire de l'imposition sans exemption aucune du cours ECR,  le procureur du Québec n'a pas hésité à utiliser les exemples de l'Allemagne jacobine en la matière (Appell-Irrgang c. Allemagne) pour défendre la préséance de l'État sur les parents dans l'éducation de leurs enfants.


Source en sus de la vidéo


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