vendredi 5 septembre 2014

Épreuve uniforme de français : des résultats à la baisse

Monsieur Jacques Maurais vient de faire une mise à jour des statistiques portant sur les résultats de l’épreuve uniforme de français :

Selon la Programmation relative au suivi de la situation linguistique 2008-2013 (en ligne sur le site de l’Office québécois de la langue française), il était prévu de mettre à jour les indicateurs sur « les taux de réussite aux épreuves de français de différentes clientèles ». L’Office avait consacré un chapitre de son bilan de 2008 à la maîtrise du français : on y trouvait des tableaux et des graphiques présentant les taux de réussite à l’épreuve unique de français de 5e secondaire et ceux de l’épreuve unique de langue et de littérature du collégial.

Comme l’Office n’a pas produit de bilan en 2013 (et pour cacher le fait, les dirigeants préfèrent dire que l’Office n’a pas produit de synthèse), je me vois cette année encore contraint à faire le travail que l’Office n’a pas fait, en mettant moi-même à jour les indicateurs de maîtrise du français au collégial (ceux du secondaire ne sont pas facilement accessibles et ils n’ont pas été mis à jour depuis 2008, date du premier, et aussi du dernier, bilan produit par l’OQLF). Précisons que pour établir des « séries longues » de statistiques, il faut recourir aux données publiées dans le bilan de l’OQLF de 2008 puisque le site du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de la Science n’offre pas les résultats à l’épreuve uniforme de français antérieurs à l’année scolaire 2009-2010.

Avec le dernier rapport mis en ligne par le Ministère (résultats de 2012-2013), nous avons des données qui s’étalent sur 16 ans. La conclusion saute aux yeux : la tendance de la réussite à l’épreuve de français est clairement à la baisse malgré une légère remontée en 2011 et 2012.



Le bilan de 2008 de l’OQLF explique en détail la grille de correction du Ministère et je me contente de renvoyer à ces explications (spéc. p. 165). Rappelons simplement que la grille comprend trois critères. Je ne présenterai ici que les résultats au critère « maîtrise de la langue » et au sous-critère « orthographe d’usage et orthographe grammaticale ».

Le taux de réussite au critère « maîtrise de la langue » affiche lui aussi une tendance à la baisse. Rappelons que pour réussir au critère de maîtrise de la langue, il fallait avoir au moins la cote C, soit 30 fautes ou moins. En d’autres termes, pour réussir, l’élève ne peut avoir plus de 30 fautes dans un texte qui contient en moyenne 900 mots.



L’orthographe grammaticale et l’orthographe d’usage constituent un sous-critère. Par conséquent, une note inférieure à C ne signifie pas un échec. L’évaluation se fait selon le barème suivant :
A = de 0 à 3 fautes
B = de 4 à 7 fautes
C+ = de 8 à 11 fautes
C = de 12 à 15 fautes
D = de 16 à 20 fautes
E = de 21 à 30 fautes
F = plus de 31 fautes
Dans le graphique qui suit nous faisons l’hypothèse que la cote C est un seuil et que les cotes A, B, C+ et C équivalent à la réussite. On voit que, sur 16 ans, les résultats sont à la baisse ici aussi.




Cliquer ici pour lire la mise à jour de l’année dernière

Voir aussi

Québec — Triplement du nombre d'heures d'anglais en une trentaine d'années

Très forte chute des résultats en lecture pour les élèves québécois francophones entre 2007 et 2010

Résultats en lecture du français très médiocres, on impose l'anglais intensif de manière « brutale »



 

Suisse – Un site Internet pour dénoncer les « profs gauchistes »

Polémique en Suisse après la mise en ligne ce dimanche par les jeunes de l'Union démocratique du Centre (UDC) d'un site Internet visant à dénoncer les professeurs classés trop à gauche. L'UDC, parti classé le plus à droite sur l'échiquier politique suisse, modèle affiché pour le Front National, souvent qualifié de populiste par certains observateurs, est le premier parti du pays. Le projet intitulé « Freie Schulen » (écoles libres) dénonce « l'influence politique unilatérale » prodiguée dans les écoles suisses, et prétend lutter contre « l'endoctrinement gauchiste en classe ». Plus précisément, les enseignants déviants sont accusés de « dénigrer des partis ou des hommes politiques » ainsi que de déformer les contextes politiques, historiques et économiques, nuisant ainsi au patriotisme suisse. Sur le site Freie-Schulen.ch – qui se veut une plateforme de débat interactive s'adressant aux élèves du secondaire et aux étudiants – on trouve un formulaire de réclamation où l'on peut rapporter un incident. Les témoignages sélectionnés sont ensuite publiés, l'anonymat des professeurs étant en principe préservé. À l'origine du projet, Anian Liebrand, le président des jeunes de l'UDC, se défend d'avoir créé une plateforme de délation. « Nous publions uniquement les messages dont on connaît l'expéditeur, qui sont pertinents et que nous avons soigneusement vérifié à l'avance », affirme-t-il dans la charte d'utilisation du site.

Des rubriques de « savoirs alternatifs » contre les « contenus pédagogiques de gauche »
 
 
Toujours pour lutter contre l'endoctrinement, le site propose également un volet « connaissances alternatives » visant à réinformer les étudiants subissant les « contenus pédagogiques de gauche ». On y trouve pêle-mêle différentes rubriques aux contenus hétéroclites : entre autres, un résumé patriotique de l'histoire suisse, une dénonciation de la mainmise de Bruxelles et de l'ONU sur le pays et une remise en cause du réchauffement climatique (sobrement intitulée Éco-fascisme et mensonge climatique). Un mélange composite, entre théorie du complot et ré-information, qui n'est pas sans rappeler le site Égalité et réconciliation d'Alain Soral. vL'initiative des jeunes agrariens a immédiatement provoqué un cortège d'indignation dans le pays. « Les profs sont terriblement choqués  » a affirmé un responsable syndical. Raphaël Pomey, journaliste au Matin.ch, s'interroge sur la légitimité de la méthode employée. « Que l'on veille à ne pas laisser les classes se transformer en salles de meetings politiques, pourquoi pas. Mais est-ce vraiment le rôle d'un parti de se substituer aux parents et aux associations de parents d'élèves pour contrôler cela ? Pas sûr. » Il relève un paradoxe, et non des moindres : « encourager des ados à “balancer” anonymement des adultes déjà constamment sous pression est un procédé assez étonnant de la part d'une formation politique qui se veut garante des valeurs traditionnelles. »





Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)