vendredi 12 février 2010

Souplesse de la ministre Courchesne à géométrie extrêmement variable

Ce carnet — voué à la promotion d'une véritable liberté scolaire au Québec — ne peut que se féliciter au premier abord de l'abrogation de règles dans le domaine scolaire.

Nous saluons donc le principe de cette souplesse supplémentaire quand la ministre Courchesne accorde plus de liberté aux écoles et abroge une série de contraintes calendaires. Pour autant, nous comprenons les inquiétudes suscitées par cette décision, parfois pour des raisons contradictoires, si trop d'écoles devaient ne plus respecter les congés et fêtes traditionnelles du Québec. Nous comprenons, ainsi, les parents catholiques qui s'inquiètent de la difficulté potentielle de célébrer leurs grandes fêtes religieuses si des écoles publiques venaient à être ouvertes à Pâques (ce qui est désormais permis). Nous comprenons les nationalistes qui s'insurgent contre le fait que la Saint-Jean-Baptiste ne doive plus être chômée, après tout n'est-ce pas le minimum quand on veut faire un geste envers la société d'accueil ? Et enfin, nous trouvons légitimes les préoccupations des familles en général qui s'inquiètent d'une fragmentation grandissante des congés scolaires, avec la possibilité que les congés des parents et des enfants qui pourraient fréquenter des écoles différentes deviennent encore plus difficilement conciliables.

Ceci étant dit ce qui nous paraît le plus intéressant dans cette annonce c'est la grande sélectivité de la ministre de l'Éducation, Mme Michelle Courchesne, dans l'application du concept de souplesse.

Résumons :

A. La ministre change la Loi, plutôt que d'exiger des écoles juives qu'elles s'y conforment


Selon les dires de la Mme Courchesne, elle cherchait à faire réintégrer aux écoles juives le chemin de la « légalité ». Deux options s'offraient à elle :
  1. exiger que ces écoles se conforment à la Loi (au régime pédagogique) ;

  2. changer la Loi (le régime pédagogique).
La ministre a choisi b). Ce n'est pas un tort en soi, comme nous l'avons dit. Elle a changé la loi, ce qui lui permet de conclure que ces écoles sont désormais légales.

B. La « Souplesse raisonnable »

Voilà un beau concept. Il est seulement dommage que la ministre en fasse une application aussi sélective.

Pour les parents d'écoles juives, la ministre estime devoir faire preuve de « souplesse raisonnable , en changeant le régime pédagogique.

Pour les parents catholiques de Drummondville, qui cherchent à se prévaloir d'une mesure qui est DÉJÀ dans la loi (l'exemption de l'article 222 de la Loi sur l'instruction publique), il n'est plus question de « souplesse raisonnable ».

Réconciliation « souplesse raisonnable » et actions de la ministre dans le dossier ECR

Quand la ministre a déclaré, à propos de l'imposition du cours ECR, que « On ne négocie pas un virage aussi important sans écraser d'orteils » (Le Soleil, 19 avril 2008), a-t-elle fait preuve de « souplesse raisonnable » ?

Quand, le 18 avril 2008, la ministre a affirmé en conférence de presse qu'« elle ne fera aucune concession et (qu'elle) refuse les exemptions pour les parents qui voudraient retirer leur enfant du nouveau cours » (La Presse, 19 avril 2008), a-t-elle fait preuve de « souplesse raisonnable » ?

Ne pas rencontrer les parents de la CLÉ

Quand la ministre reconnaît à l'émission de la SRC Second regard du 7 février 2010 (voir ci-dessous) qu'elle n'a jamais rencontré les parents de la CLÉ (Coalition pour la liberté en éducation) malgré leur demande expresse dans une lettre en date du 30 mai 2008, a-t-elle fait preuve de « souplesse raisonnable » ?

Rappelons ici que Mme Michelle Courchesne utilise de manière éhontée un prétexte pour justifier cette absence de rencontre : la CLÉ lui ferait un procès.



La réalité :
  1. Le procès de Drummondville n'impliquait pas le Monopole de l'Éducation au début, mais uniquement les parents et la Commission scolaire des Chênes, c'est la ministre qui s'est dite partie intéressée et a tenu à participer au procès,

  2. Les gens de la CLÉ ont demandé à rencontrer la ministre le 30 mai 2008, son secrétariat a répondu une première fois le 14 juillet pour annoncer une autre lettre qui est parvenue le 26 août informant la CLÉ que « malheureusement [l']agenda [de la ministre] ne lui permet pas de vous rencontrer à court terme ». Le 15 septembre, les parents Lavallée déposaient leur requête.

  3. La CLÉ n'est pas stricto sensu partie prenante dans l'affaire en justice, contrairement au ministère qui s'est ajouté à la cause, seule une famille de Drummondville est impliquée.

  4. Enfin, qu'est-ce qui empêche une rencontre pour obtenir un accord à l'amiable même quand on débat d'une cause au civil ? Cette règle du sub judice ne s'applique essentiellement qu'en matière pénale ! Au civil et à l'administratif, les juges encouragent les parties à s'entendre à l'amiable, alors même que les procédures sont engagées. Mme Courchesne connaît-elle donc si peu le droit ?

  5. La ministre n'a d'ailleurs pas cherché à rencontrer la CLÉ pendant le mois qui séparait la décision du juge Dubois et le début de demande en appel, alors qu'il n'y avait plus d'affaire en justice liant même indirectement la CLÉ.







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Ce n'est pas toujours une sinécure... ni pour l'enfant isolé, ni pour la mère athée progressiste et « pluraliste » confronté au retour du religieux. Confrontés au rejet de la part des membres de la diversité croissante de la Norvège, la mère et l'enfant ne trouvent le salut qu’en changeant d’école. Le père semble totalement absent.











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