jeudi 26 mars 2015

ECR — L'avertissement de la Cour suprême


L'opinion de l'avocate Mélanie Dugré dans les pages de La Presse de Montréal :

Devant la vitesse à laquelle s'opèrent les bouleversements sociaux et les changements législatifs, la Cour suprême du Canada a l'embarras du choix parmi les dossiers à étudier et les questions à trancher.

Plusieurs ont donc sourcillé devant sa décision de se pencher pour une seconde fois en si peu de temps sur le sujet du cours d'éthique et culture religieuse (ÉCR), enseigné dans les écoles québécoises depuis 2008.

On se rappellera en effet qu'en février 2012, la Cour suprême avait maintenu le refus d'une commission scolaire de Drummondville d'exempter des élèves de ce cours, précisant que l'enseignement des fondements des religions du monde et l'exposition des enfants à des réalités autres que celles qu'ils vivent dans leur environnement familial immédiat ne portaient pas atteinte à la liberté de conscience et de religion garantie par la Charte.

Bien que ce jugement ait été unanime, les juges LeBel et Fish avaient émis des réserves, refusant de confirmer définitivement la validité constitutionnelle du programme ÉCR, soulignant que «l'état de la preuve ne permet pas de conclure que le programme et sa mise en application ne pourront éventuellement porter atteinte aux droits accordés aux appelants et à des personnes placées dans la même situation».

Ce commentaire avait visiblement un caractère prémonitoire puisque la Cour suprême vient de donner raison à l'école Loyola, qui souhaitait être exemptée d'offrir ce cours selon les termes du programme ministériel. L'école Loyola est une institution privée, catholique et anglophone, fondée et gérée par les Jésuites, qui cherchait à adapter les enseignements du cours ÉCR en fonction de ses traditions, de son identité et de sa perspective confessionnelle.

Dans une décision divisée à quatre juges contre trois, la Cour suprême conclut que l'obligation d'enseigner le programme ÉCR constitue une contrainte inconstitutionnelle, car elle porte gravement atteinte à la liberté de religion des personnes qui veulent offrir et qui souhaitent recevoir une éducation confessionnelle, d'autant plus que l'existence des écoles privées confessionnelles est légalement reconnue au Québec.

Le cours ÉCR ne pourra pas pour autant être remplacé par un programme de doctrine et de religion, mais devra pouvoir bénéficier de certaines adaptations dans son application pratique afin de permettre aux enseignants de parler de la foi catholique d'un point de vue religieux. Un beau défi en perspective pour le nouveau ministre de l'Éducation! Rappelons aussi que ce qui est bon pour pitou est aussi bon pour minou. Ainsi, si les mains se frottent de contentement à l'école Loyola, la satisfaction est certainement aussi grande au sein de toutes les institutions privées confessionnelles de la province, qu'elles soient catholiques, juives, musulmanes ou autres.

En résumé, donc, une institution confessionnelle privée ne peut être contrainte d'offrir le cours ÉCR contre son gré et son identité religieuse, le tout au nom de la liberté de la religion, mais les élèves d'une école publique de Drummondville ne peuvent en être exemptés pour la même raison. J'entends au loin l'écho de la confusion et les grondements de protestation.

Le plus percutant, c'est qu'il y a, dans le ton et l'humeur de ce jugement, un sérieux avertissement à l'endroit du gouvernement et de tous les partis politiques qui pataugent en ce moment dans la charte Drainville et la question identitaire. La Cour suprême vient poliment de leur rappeler que nous avons choisi d'enchâsser dans notre constitution une Charte et que les droits et principes qu'elle protège ne peuvent être contournés d'un coup de balai législatif, aussi bien intentionné soit-il.

Ce jugement confirme que le législateur devra se lever de bonne heure pour qu'une éventuelle loi sur la neutralité survive à la contestation judiciaire. Que tous se le tiennent donc pour dit, le débat est loin d'être fini.




Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)

mardi 24 mars 2015

ECR — « Il faut retirer le volet religieux » et... « abolir le financement public des écoles publiques »

Pour Daniel Baril, militant laïciste de longue date (ancien président du Mouvement laïque québécois, Intellectuels pour la laïcité, Association humaniste du Québec, Mouvement des Brights), s’exprimant dans les colonnes de Voir.ca :

Un aspect du jugement ne manque d’attirer l’attention du lecteur attentif : chaque fois qu’il est question du volet éthique, la Cour suprême le présente toujours comme s’agissant d’éthique religieuse. Même si ce volet est sensé [sic : censé] être indépendant du volet religieux comme le prétend la littérature des concepteurs, jamais les juges majoritaires n’abondent dans ce sens dans leur phraséologie. Plus précisément, l’éthique autre que catholique est toujours qualifiée d’« éthique d’autres religions », l’éthique humaniste demeurant invisible sous le radar.

Voici d’ailleurs comment ils présentent le cours :

« Imbrication de l’éthique à la religion

Daniel Baril
Le programme ECR a pour objectifs explicites la “reconnaissance de l’autre” et la “poursuite du bien commun”. Ces objectifs visent à inculquer aux élèves un esprit d’ouverture aux droits de la personne et à la diversité ainsi que le respect de l’autre. Pour réaliser ces objectifs, le programme ECR comprend trois volets : les religions du monde et le phénomène religieux, l’éthique et le dialogue. Ces trois volets sont censés se compléter et se renforcer l’un l’autre. » (page 6, emphase ajoutée)

Vous avez bien lu : à la lumière de son analyse du dossier, la Cour suprême conclut que le volet éthique est censé renforcer la religion alors que le volet religieux est censé renforcer l’éthique. Il y a imbrication des deux volets. Du côté de la mouvance laïque, c’est toujours ainsi que les choses ont été perçues malgré le discours officiel occultant ce biais. Cette réalité enlève toute crédibilité au cours et annule toute prétention à la neutralité.

Les trois juges dissidents estiment quant à eux que :
« Il n’y a rien d’inhérent aux objectifs du programme ECR (reconnaissance des autres et poursuite du bien commun) ou aux compétences qu’il vise à inculquer aux élèves (religions dans le monde, éthique et dialogue) qui exige que l’on adopte une démarche culturelle et non confessionnelle » (paragraphe 148).

Autrement dit, le fait qu’un enseignant oriente le contenu du cours par ses propres croyances religieuses n’empêche pas l’atteinte des objectifs du cours. Ce qui revient à dire que ces objectifs ne visent pas nécessairement la transmission culturelle et non confessionnelle du fait religieux. À moins que les juges n’aient rien compris. Mais si leur raisonnement est vrai pour une école privée confessionnelle, il l’est également pour une école publique supposément laïque. Ce cours ne met donc pas les élèves l’abri de la transmission d’une religion.

Ces trois mêmes juges estiment que l’approche non confessionnelle obligée forcerait les enseignants de Loyola, lorsqu’ils sont « confrontés à des positions qui heurtent de front la foi catholique […] à adopter une attitude de neutralité fausse et superficielle » (par. 156). Ou bien les enseignants croyants se font violence à eux-mêmes avec ce cours, ou bien les élèves ne seront pas longtemps dupes de positions non authentiques. Encore une fois, cela vaut quel que soit le statut public ou privé de l’école.

Retour en arrière

Bien qu’il ne s’applique qu’aux écoles privées confessionnelles, ce jugement risque donc d’avoir un effet psychologique non négligeable sur la posture professionnelle que peuvent adopter les enseignants de ce cours dans les écoles publiques. La pression en ce sens n’est pas qu’une vision de l’esprit. La Coalition pour la liberté en éducation, un lobby interreligieux opposé à la laïcité scolaire [c'est inexact, la Coalition lutte pour la liberté scolaire de tous, mêmes celle de M. Baril, mais pas l'imposition de ses préjugés aux autres] n’a d’ailleurs pas tardé à demander que ce jugement soit aussi appliqué à toutes les écoles publiques au nom de l’équité… envers les croyants ! (à 1 min 22 de ce reportage de Radio-Canada)

À l’Assemblée nationale, la députée péquiste Nicole Léger a pour sa part déclaré que ce jugement représentait un « retour en arrière » fragilisant la déconfessionnalisation des écoles [confessionnelles ou publiques ?] C’est en fait le cours ECR lui-même qui a marqué un retour en arrière. Ce cours n’était demandé par personne du côté des minorités religieuses et des associations laïques. Il a été imposé par le lobby catholique — héritier du Comité catholique — comme compromis visant à maintenir de l’enseignement religieux à l’école. Sous le régime confessionnel, il était toutefois possible, en principe, d’éviter l’enseignement religieux en choisissant l’enseignement moral. Ce choix n’est plus possible [La CLÉ a toujours défendu le choix des parents... ]  dû aux fondements supposément neutres du cours ECR  et tous les enfants sont maintenant soumis à un cours de promotion de l’identité religieuse.

Nous sommes ainsi revenus à la situation d’avant l’exemption de l’enseignement religieux qui prévalait dans les années 70.

Avec le cours ECR, l’État est allé jouer dans des plates-bandes qui ne sont pas les siennes, celles de l’appartenance religieuse. La seule avenue envisageable est de retirer le volet religieux de ce cours et d’enrichir le volet éthique par une approche favorisant la formation de la pensée critique. Quitte à ce que le fait religieux soit abordé dans les cours d’histoire lorsque nécessaire.

Et ultimement, abolir le financement public des écoles privées.




Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)

La procréation assistée pour lutter contre la dénatalité ?


Patrick Lagacé se plaint de la suppression annoncée du Programme de procréation assistée par le gouvernement du Québec. Il décrit ce programme de la manière suivante :
« Un succès étincelant, qui stimule la science [lire : la technique] made in Québec, qui contribue à adoucir le choc démographique et qui comble de bonheur les couples qui peuvent concevoir sans se ruiner. […] Les méchantes langues diront que la mort annoncée du Programme de procréation assistée est une autre manifestation de l’indifférence du gouvernement Couillard à l’égard des femmes. La chose a été démontrée : l’austérité frappe davantage les programmes et les mesures dont les femmes profitent. [Les hommes de ces couples privés d'enfants ne seraient donc pas affectés ?] Cette indifférence fait probablement partie de l’équation. »

Ce programme a mis au monde 5 000 bébés québécois depuis 2010 ans. Ce programme a coûté au gouvernement la rondelette somme de 280 millions de dollars, soit 56 000 $ par bébé. 

On peut se demander s’il n’y a pas des manières moins chères de soutenir la démographie québécoise : endiguer l’exil économique des Québécois (114 603 ont quitté la province depuis 2010) en allégeant le fardeau fiscal, aider toutes les familles nombreuses (actuellement l’aide est presque uniquement dirigée vers le retour des femmes au travail), rappeler que l’infertilité est souvent due à une nuptialité de plus en plus tardive (l’âge des mères primipares — accouchant donc pour la première fois — ne fait qu’augmenter : il est passé de 24,7 ans en 1981 en à 28 ans en 2011), mais le rappel au réel est mal vu ces jours-ci.

La seule solution n’est pas de dépenser de plus en plus d’argent pour des résultats médiocres.

Voir aussi

Québec — Plus petit nombre de naissances depuis 7 ans

Les dépenses dans la politique de retour au bureau des mères et de congés parentaux (ce n'est pas une politique nataliste) du Québec ne font qu'augmenter.

Québec — L’immigration, ou plus précisément la « diversité », sera vue comme une fin en soi



La session sera annulée si le boycott se prolonge, dit Québec

Le ministre de l’Éducation, François Blais, menace d’annuler la session des étudiants boycotteurs si le boycott se prolonge dans des universités et des cégeps. Contrairement à 2012, le gouvernement n’a pas les moyens de financer la reprise des cours, prévient-il.

« Je veux que les étudiants le sachent : il pourra y avoir des conséquences de cette nature-là. Ça ne pourra pas être indéterminé dans le temps », a indiqué le ministre lors d’un bref point de presse mardi.

Manifestation du 21 mars 2015
« Pour le moment, la conséquence que nous envisageons, c’est qu’on sait très bien, dans le contexte financier qui est le nôtre, un contexte extrêmement difficile et exigeant, qu’on ne peut imaginer qu’il y aura un financement pour des reprises l’été prochain ou le printemps prochain. En 2012, le coût de la grève a été un coût pour la sécurité, mais aussi pour les reprises. Je ne vois pas comment je pourrais priver de financement les écoles primaires et secondaires pour financer des gens qui ont décidé de se mettre à la porte de l’université. On a cette préoccupation. »

Selon le ministre Blais, 10 % des cégépiens et des étudiants universitaires « n’ont pas eu accès à leurs cours » lundi en raison du boycott. Le pourcentage a baissé mardi : ce serait entre 5 % et 7 %, dit-il. Les mandats de boycott varient d’une association à l’autre. Le mouvement est plutôt « marginal » à ses yeux dans la mesure où ni la FEUQ ni la FECQ n’appellent à boycotter les cours.

Le ministre a lancé un appel à la « majorité silencieuse », celle des étudiants opposés au boycott, pour qu’elle s’exprime lors des assemblées. « La meilleure façon de sortir de cette spirale, c’est qu’ils aillent voter le plus tôt possible et disent non », a-t-il insisté.

En entrevue sur les ondes de CHOI hier, le nouveau ministre de l’Éducation, François Blais, rappelait que l’administration des cégeps et des universités ont tout en main pour assurer la sécurité des lieux et des conditions propices à l’enseignement. Ce matin, on apprend que même l’UQAM entend prendre les grands moyens. Toutefois, hier, à l’Université Laval, un agent de sécurité (voir vidéo ci-dessous) s’assurait que les étudiants respectent le vote de boycott de leur association. Cette consigne est non seulement incohérente avec la position du gouvernement, elle va à l’encontre de la mission de l’institution.




Joanne Marcotte fait remarquer que « l’illusion de la gratuité déresponsabilise. Les étudiants. Les parents. Et les recteurs. Il est temps de revaloriser l’importance de l’éducation et le respect du contrat qui lie les étudiants à leur institution d’enseignement. »






Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)

Québec — Encore moins d'enseignants masculins dans les écoles


En cinq ans, la proportion d’hommes qui enseignent est passée de 23,3 % à 21,6 %.

Dans les écoles du Québec, les hommes qui enseignent sont plus rares que jamais. Le réseau scolaire compte 1900 enseignants masculins de moins qu’il y a cinq ans, a appris Le Journal.

Toutes proportions gardées, la diminution est bien réelle puisque les hommes représentaient 23,3 % des enseignants en 2008-2009, un chiffre qui est passé à 21,6 % en 2012-2013, selon les plus récentes données du ministère de l’Éducation. Au secondaire, on en retrouve 36 % alors qu’au primaire, ils ne sont que 15 %. En maternelle, ce nombre chute à... 2 %.




Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)

Cour ECR — Victoire du collège Loyola


CHOI 98,1 fm/Monette/. À titre de porte-parole de la CLÉ-Coalition pour la Liberté en Éducation, le chroniqueur Richard Décarie présente le jugement de la Cour suprême dans le dossier du programme d’éthique et culture religieuse au collège Loyola.


Écoutez (16 min 27)





Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)

lundi 23 mars 2015

Débat sur ECR, cette « patate chaude » auquel les Québécois tiendraient

Émission radio : Isabelle
On a sorti la religion des écoles. Pourtant, deux Québécois sur trois tiennent au cours d'éthique et de culture religieuse à l'école. Est-ce un retour en arrière? • 98,5 fm Montréal

Écoutez l'émission (38 minutes)




  • Titre : « On a sorti la religion des écoles. Pourtant, deux Québécois sur trois tiennent au cours d'éthique et de culture religieuse à l'école [Note du carnet : faute de mieux, plus de parents était encore pour un choix de matières "religieuse" à l'école]). Est-ce un retour en arrière? »


  • Intervenants :
    • Isabelle Maréchal (qui ne comprend pas bien ce que demandait Loyola et pense que le cours ECR a commencé en 1998, elel serait plutôt pour un cours de morale et sortir la religion du cours), 
    • Luc Phaneuf (qui est étonné par la décision Loyola, théologien très « humaniste » et qui prétend que le programme ECR permet la critique de la radicalité religieuse, notons que Phaneuf enseigne dans un collège français privé qui n'est même pas obligé d'enseigner le cours ECR, son pendant Marie-de-France ne le fait pas, enfin le fait « transversalement »),
    • Hassan Serraji qui se pose des questions sur la difficulté pour les professeurs catholiques d'enseigner les croisades (il a beaucoup aimé ce qu'Antoine Robitaille a écrit dans le Devoir...).

    • Et des auditeurs dont un parle du bien et du mal dont on parlerait dans le cours ECR « neutre ».
    ECR populaire chez les jeunes : aiment surtout le débat (seul cours où ils peuvent parler autant), pas de devoir, mais peu d'intérêt pour la spiritualité religieuse, par contre intérêt sur pourquoi les autres feraient ceci ou cela. (C'est également ce que nos contacts nous disent. Mais est-ce une éducation, du temps utilisé au mieux ?)

    Écoutez l'émission (38 minutes)



    Finlande — Fin des matières cloisonnées, bienvenue aux compétences transversales

    Depuis des années, la Finlande est considérée comme l’un des pays ayant le système scolaire et éducatif le plus performant du monde. Souvent sans comprendre pourquoi ou en avançant de mauvaises raisons, selon certains chercheurs.

    C’est d’ailleurs un des pays les mieux notés dans le classement PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) bien que ses résultats soient en baisse récemment. La 12e place de la Finlande dans le classement PISA avait constitué une grosse déception pour le pays. En 2009, le pays nordique était troisième du classement, ce qui lui avait valu l’attention du monde entier. Des politiciens et experts en éducation venus du monde entier se rendaient à Helsinki dans l’espoir de trouver la recette miracle de ce système éducatif. Aujourd’hui, une nouvelle formule d’enseignement est en train d’y voir le jour.

    École finlandaise
    « Un enseignement pour préparer les jeunes à la vie active »

    La Finlande s’apprête à lancer un tout nouveau système de cours. Il s’agit d’une réforme radicale du programme scolaire finlandais, selon The Independent qui rapporte cette information. Fini d’enseigner les traditionnelles matières comme les mathématiques, la géographie ou l’histoire. La Finlande veut les remplacer par des « sujets » transversaux. « Cela représente un grand changement dans l’enseignement en Finande qui n’en est qu’à son début », précise Liisa Pohjolainen, chargée de l’éducation des jeunes et des adultes à Helsinki.

    « Ce dont on a besoin aujourd’hui, c’est d’un genre différent d’enseignement qui prépare à la vie active », explique Pasi Silander, directeur du Développement de la capitale finlandaise. « Nous devons effectuer des changements en matière d’éducation qui sont nécessaires pour l’industrie et la société moderne. »

    Des cours de cafétéria et d’Union européenne

    La manière classique d’enseigner est déjà en train de disparaitre pour les jeunes de 16 ans dans certaines écoles d’Helsinki. Les Finlandais appellent ça « l’enseignement phénomène », mais on peut l’appeler plus sobrement l’« enseignement par sujets ».

    Par exemple, un étudiant de la filière professionnelle peut prendre comme cours « service de cafétéria ». Ce cours transversal permet à l’étudiant d’apprendre les mathématiques, les langues pour servir des clients étrangers, ainsi que des compétences en écriture et en communication.

    Dans les filières plus générales, on pourrait envisager de prendre un sujet « Union européenne », qui mélangerait des éléments d’économie, d’histoire, de langue et de géographie.

    « Une approche active et collaborative »

    Les matières scolaires ne sont pas la seule chose que la Finlande veut voir évoluer dans son système. La manière d’enseigner va elle aussi changer. Généralement, les étudiants sont assis dans la classe, à écouter leur professeur et à attendre d’être interrogés. Le système finlandais veut mettre les élèves à contribution, en instaurant une approche plus collaborative, notamment en les faisant travailler en petits groupes pour résoudre des problèmes tout en améliorant leurs compétences communicationnelles.

    De meilleurs résultats selon certaines données

    Marjo Kyllonen, directrice de l’éducation d’Helsinki, présentera son plan de changement au conseil à la fin du mois, souligne The Independent. Pour elle, « ce n’est pas seulement Helsinki, mais l’ensemble de la Finlande qui doit faire place à ce changement. Nous avons besoin de repenser notre enseignement et de redessiner notre système, pour préparer nos jeunes à leur futur en leur transmettant des compétences utiles pour aujourd’hui et demain. Nous avons besoin d’un enseignement qui convient au XXIe siècle ».

    Les premières données issues des écoles qui ont adopté l’apprentissage transversal montreraient que les étudiants en tirent des bénéfices. Depuis l’instauration de la nouvelle méthode, les résultats s’améliorent. Environ 70 % des enseignants des écoles secondaires de la ville ont été formés à cette nouvelle méthode d’enseignement. Marjo Kyllonen espère que son plan de réforme sera mis en place dans toutes les écoles du pays d’ici 2020.



    Voir aussi

    Nathalie Bulle sur le modèle finlandais et les tests PISA

    Les traits du système finlandais que copie l’étranger n’expliquent pas le succès finlandais, ils sont au contraire source de problèmes

    Les enfants finlandais continueront bien à écrire à la main…

    PISA 2012 : Canada perd des plumes, Asie en tête, net recul de la Finlande, la France mauvaise élève

    Les dessous de la réussite finlandaise

    Finlande — Immigration à 2 % dont beaucoup de Caréliens

    Le paradoxe de l’égalité entre les sexes c. la théorie du genre

    Prof Maclure : « Quitte à utiliser la clause dérogatoire » contre Loyola

    Jocelyn Maclure
    Pour Jocelyn Maclure, professeur à la Faculté de philosophie de l’Université Laval et membre de la commission Bouchard Taylor, la Cour suprême du Canada aurait commis une « erreur » dans le dossier Éthique et culture religieuse.

    Erreur et non, simplement, un souci plus scrupuleux de la liberté de religion ou une plus grande sensibilité aux arguments des appelants (nous pensons que dans ce genre de causes « philosophiques » la sensibilité des juges teinte fortement leurs décisions), non mais bien une erreur pour l’éminent et influent professeur.

    Loyola aurait concédé

    Pour Maclure, comme pour Antoine Robitaille du Devoir, Loyola aurait modifié sa demande initiale :


    C’est pourtant inexact. Dès avant le premier procès, en 2008, l’école Loyola écrivait à la ministre :

    Le directeur de Loyola, Paul Donovan, a toujours dit qu’il invitait des imams pour présenter l’islam et des rabbins pour présenter le judaïsme. En fait, Donovan a insisté dès le 9 mai 2008 qu’il était plus troublé par le volet éthique que par le volet culture religieuse ! Il déclarait ainsi en mai 2008 à la Gazette de Montréal que son « école n’enseignera pas certaines parties de la composante éthique du programme ». « Les enseignants sont supposés rester neutres vis-à-vis des points de vue éthiques que les élèves pourraient défendre. Mais il s’agit d’une “neutralité feinte, pas d’une réelle neutralité” », devait-il ajouter.

    L’école Loyola a donc été très — trop ? — raisonnable dès le début. Pourquoi l’État peut-il même imposer que la présentation d’autres religions soit respectueuse ? Qu’est-ce que cela veut même dire ? Comment espérer que des Coptes persécutés par les musulmans en Égypte représentent l’islam à la manière irénique des manuels québécois approuvés par le Monopole de l’Éducation ? Ces manuels sont très « respectueux » des religions exotiques, peu du christianisme (voir ici et ), sont-ils objectifs ?

    Répéter les mêmes vœux pieux... 

    Maclure ressasse la même vulgate : le cours ECR permettrait de comprendre le « phénomène » religieux.


    Le programme ECR est superficiel, il permettra au mieux de connaître des rites, quelques grands principes, quelques règles, mais pas de comprendre les religions présentées. Le cours est trop superficiel, n’occupe pas assez de temps pour vraiment se familiariser avec les religions et son but n’est pas de vraiment comprendre de l’intérieur les religions au programme, mais d’apprendre aux élèves à toutes les trouver d’une égale valeur, à les « respecter » comme disent certains. Valeur égale qui peut très bien signifier, en fin de compte, qu’elles sont toutes folkloriques ou de vieilles sornettes.

    ... et décréter que seul ECR peut assurer le bien commun

    Maclure semble aussi penser que seule la version « laïque » d’ECR peut assurer le bien commun et la reconnaissance de l’autre, sans preuve :

    Peut-être Maclure n’a-t-il pas bien suivi la cause en justice ?

    Ces objectifs font partie de la doctrine catholique, notamment de Dignitatis humanae... Loyola ne peut y être opposé, en fait elle promeut ces objectifs. Quand un des pères d’ECR, Georges Leroux, fut interrogé dans le cadre du procès Loyola, il dut admettre que rien dans le programme de Loyola n’empêchait d’atteindre les objectifs fixés par le programme ECR. C’est d’ailleurs ce qui a poussé les trois juges minoritaires de la Cour suprême à considérer que le programme Loyola est équivalent à ECR, voir par exemple :
     « [148] À notre avis, il n’y a rien d’inhérent aux objectifs du programme ÉCR (reconnaissance des autres et poursuite du bien commun) ou aux compétences qu’il vise à inculquer aux élèves (religions dans le monde, éthique et dialogue) qui exige que l’on adopte une démarche culturelle et non confessionnelle. »

    Ajoutons que rien ne prouve en fait que le programme ECR « laïque » atteindra ses objectifs, surtout s’il est « neutre », ou qu’il le fera mieux que le programme proposé par Loyola. Où sont les études, les faits qui permettraient de l’affirmer ?


    Maclure n’aime pas l’éthique de référence catholique dans une école catholique

    Pour Maclure, « Concrètement, la décision signifie que la morale catholique sera le système éthique de référence dans les discussions sur les dilemmes éthiques à l’école secondaire Loyola. » Cela lui semble très grave. Il déclare également que « Puisque Loyola est un collège privé jésuite, il est tout à fait normal qu’il fasse la promotion de la foi catholique. »

    Le philosophe déclare que « le volet “éthique”, pour sa part, n’est pas conçu comme un prêchiprêcha moraliste et vaguement humaniste. Il s’agit plutôt d’outiller les élèves pour qu’ils acquièrent les aptitudes à la réflexion automne [sic] et critique sur les questions éthiques, c’est-à-dire qu’ils apprennent à réfléchir par eux-mêmes et avec les autres sur les enjeux éthiques et politiques qui meublent la discussion publique. »

    Apprendre la logique, le dialogue, réfléchir, c’est bien. L’école Loyola a clairement dit qu’elle est d’accord avec cela. Mais pour Loyola la discussion comprend la présentation non neutre (la défense) par le professeur de la position catholique sur la question éthique posée. L’État ne peut l’empêcher de faire sans brimer sa liberté de religion. Car, en fin de compte, sur quoi aboutiront les discussions éthiques « neutres » en classe ? Des matchs nuls ? Une absence de conclusion selon que les participants adoptent une position éthique utilitariste, déontologiste, émotiviste, maximaliste, minimaliste, relativiste, égoïste, etc.

    Dans les classes « laïques » souhaitées par Maclure, il y a fort à parier qu’on aboutira à une absence de conclusion ou alors à une recherche du consensus guidée par un mimétisme entre les élèves ou la recevabilité des opinions selon leur rectitude politique. En général, le programme ECR souffre d’une aporie : comment peut-il former au vivre ensemble et à la reconnaissance d’autrui, tout en étant neutre ?

    Des parents qui envoient leurs enfants à des écoles comme Loyola pensent que c’est là un exercice tronqué, qu’il peut aboutir à un certain relativisme ou une légitimation de positions morales contraires à leur foi. Ils veulent compléter l’apprentissage de la logique, du dialogue par un enseignement des préceptes catholiques. Où est le problème, à moins que M. Maclure veuille expressément détacher les enfants des convictions de leurs parents ?

    Appel au collègue devenu ministre : utilise la clause « nonobstant » s’il le faut !

    Le billet du philosophe se termine par un appel au nouveau ministre de l’Éducation :

    Mise à jour : Le ministre rejette l’appel à la clause dérogatoire.





    Voir aussi

    Enseignante d'ECR déguisée en curé...enfin pas dans la Voix de l'Est  [ce qui se passe vraiment...]

    ECR — Marie s'est fait violer, elle a inventé l'histoire du Saint-Esprit, Joseph a gobé son histoire

    Cours d'ECR : les enseignants « marchent sur des œufs »

    Après « Youpi, ma religion ! », « Ma religion de rêve »

    Table ronde sur le matériel pédagogique ECR

    Cahier ECR : « je suis un garçon, une fille, je ne sais pas encore »


    Formateur de formateurs en ECR à L'ACFAS : beaucoup de résistances, faible réceptivité, obstacles

    dimanche 22 mars 2015

    L'épistémologie attrape-nigaud d'ECR


    Billet du professeur de philosophie Jean Laberge repris de son blogue :

    « Dans une société libérale comme la nôtre, tout le monde est en faveur de l’ouverture aux autres, de la différence, de la tolérance, du dialogue pour un vivre-ensemble harmonieux et paisible, et autres flonflons du même genre. Qui veut la fermeture, le refus de l’autre et de la différence ? Personne. Dans le meilleur des mondes, tous sont pour la vertu. En ce sens, disent les concepteurs du programme, nous devons tous souscrire programme d’Éthique et de culture religieuse (ECR) implanté dans nos écoles depuis septembre 2008, mais qui n’a de cesse de susciter la controverse. La récente décision de la Cour suprême d’exempter une institution privée d’enseignement catholique (le collège Loyola) du cours ECR, a remis le débat sur la table. Antoine Robitaille parle d’une « reconfessionalisation », et Mathieu Bock-Côté réaffirme son mantra voulant qu’ECR soit le véhicule de l’infâme multiculturalisme.

    À mon avis, ce n’est pas tant le pluralisme prôné, par son principal concepteur, Georges Leroux, voire le multiculturalisme qu’il induit et que condamne Mathieu Bock-Côté, qui pose problème dans ECR. C’est sa base épistémologique. Rappelons que ECR origine du Rapport Proulx sur la place de la religion à l’école. Ledit rapport posait que l’école doit respecter les droits de la personne, notamment l’égalité fondamentale des citoyens et citoyennes devant la liberté de conscience et de religion. La conclusion du dit rapport coule, semble-t-il, de source : l’État doit s’abstenir de prendre position en faveur ou en défaveur de l’une ou l’autre des religions ; il ne doit pas favoriser l’enseignement d’une quelconque confession religieuse. En d’autres termes, un cours d’enseignement religieux doit simplement transmettre des connaissances de nature culturelle sur les diverses grandes religions. Le Rapport Proulx nous représente l’enseignement religieux catholique comme un enseignement doctrinaire. L’élève y assimilait, semble-t-il, les croyances catholiques. Le professeur enseignait de son côté les « vérités de la foi » du catholicisme. Un libéral, même croyant comme Jean-Pierre Proulx, avait alors toutes les raisons de condamner ce type d’endoctrinement.

    Donc, ECR est ainsi fignolé pour n’enseigner que des connaissances [Note du carnet : et pas beaucoup !], pas des croyances. ECR présuppose donc qu’il existe une nette distinction entre les deux, connaissance, d’une part, et croyance, d’autre part. Depuis Platon, la connaissance est définie comme une croyance vraie justifiée. En matière de religion, la connaissance comme « vérités révélées », du moins en christianisme, posent de redoutables problèmes si l’on adopte la définition platonicienne de la connaissance, reprise par Descartes, qui, soit dit en passant, fut érigé en dogme absolu au Siècle des Lumières. En effet, devant le succès fulgurant des sciences expérimentales, la connaissance comme croyance vraie justifiée, se précisa davantage : aucune croyance autre que ce qui est matériel et naturel n’est admissible et légitime. Ce qui est « vrai », donc connaissable, ne peut être surnaturel ou immatériel. Les « vérités de la foi » se trouvèrent dès lors disqualifiées au titre de « connaissances ». Elles devinrent de simples croyances, telles celles de la croyance en une théière qui orbiterait autour de la terre (l’exemple est de Bertrand Russell). Les chrétiens reçurent l’étiquette de « croyant », tout comme les adeptes de l’islam, du judaïsme, qui croient donc à des vérités surnaturelles et immatérielles. Pourtant, les chrétiens ne se désignèrent jamais comme des « croyants », mais plutôt comme des témoins ou des fidèles de Jésus. Plus radical encore, un mathématicien et philosophe britannique du troisième quart du XIXe siècle, William Clifford, forgea l’expression « éthique de la croyance » (ethics of belief), en vue de mettre au pilori la religion chrétienne : « Il est mauvais toujours, partout pour quiconque, de croire quelque chose, sur la base d’une évidence insuffisante ». Lorsque les partisans du Canadien croyaient par les années passées que leur club allait gagner la coupe Stanley, non seulement ils se gouraient, selon Clifford, mais ils étaient moralement coupables d’entretenir ce type de croyance non fondée. Voilà, en gros, l’épistémologie évidentialiste qui a cours aujourd’hui et qui se trouve être au cœur du programme ECR. Le programnme ECR ne veut inculquer aucune croyance de nature immatérielle et surnaturelle aux jeunes parce qu’il est éthiquement mauvais ou préjudiciable de le faire, du moins selon l’épistémologie évidentialiste préconisée.

    À mon sens, les catholiques québécois ont parfaitement raison de décrier ce sapin qu’ont leur a passé. ECR ne comprend rien à la religion chrétienne et, à fortiori, aux religions. Comment peut-on prétendre connaître quoi que ce soit lorsqu’au départ on pose un principe éthique de la croyance qui condamne la foi chrétienne à n’être qu’une simple croyance comparable à la théière de Russell ? ECR est attrape-nigaud épistémologique. Une autre épistémologie est possible et parfaitement légitime pour la foi chrétienne, c’est l’épistémologie des vertus (voir Roger Pouivet, Épistémologie des croyances religieuses). Rappelons, pour clore, cette vérité chrétienne fondamentale : la foi est une vertu théologale. Pas une simple croyance délirante, n’en déplaise à Russell et consorts. »




    Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)

    Micro-trottoir avec des universitaires sur la théorie de l'évolution

    Exercice de micro trottoir où s'expriment des professeurs et des chercheurs « chevronnés » de différentes universités, ainsi que des étudiants de l’UCLA (Université de Californie à Los Angeles) au sujet de la théorie de l’évolution. Intéressant par le fait que beaucoup d'universitaires scientifiques sont facilement désarçonnés (si on en croit la vidéo) dans leur « croyances ». Imaginez des élèves du secondaire avec un professeur déterminé qui pose des questions pointues (sur n'importe quel sujet d'ailleurs).



    (Sous-titré en français)






    Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)

    Le faux « sang indien » des Québécois

    Article intéressant de Gérard Bouchard (à comparer avec le traitement fantaisiste des Amérindiens à l’école québécoise, voir les liens ci-dessous).

    Un documentaire (L’Empreinte), réalisé par Carole Poliquin et Yvan Dubuc et présenté au dernier Festival du cinéma d’Abitibi-Témiscamingue, vient de relancer une vieille idée : les Québécois* auraient beaucoup de « sang indien » et les caractéristiques principales de notre société nous viendraient des Autochtones. Mais à cause de la honte du « Sauvage », cet héritage resterait occulté.

    Cette idée est inspirée par des visées louables que je partage : contrer les stéréotypes accolés aux Autochtones et rapprocher les deux cultures. Le problème, c’est que cette théorie du métissage intensif s’accorde mal avec les faits.

    L’harmonie autour du tipi...
    Manuel ECR publié chez CEC, 3e primaire


    Le 1 %

    Plusieurs Québécois découvrent qu’ils ont des ancêtres autochtones et qu’ils ont donc « du sang indien dans leurs veines ». Dans les années 1950, l’ethnologue Jean-Jacques Rousseau assurait que si on secouait l’arbre généalogique des Québécois, il en tomberait bien des plumes. L’image a fait fortune. Mais qu’en est-il au juste ?

    La plupart des communautés autochtones ont toujours été situées à bonne distance des habitats québécois, ce qui mine l’idée de contacts fréquents. En plus, l’Église a toujours découragé les unions mixtes. La proportion de gènes amérindiens dans le bassin génétique des Québécois est donc très faible (moins de 1 %), comme l’ont démontré des analyses rigoureuses appuyées sur le fichier de population BALSAC.

    Il faut aussi se méfier d’une illusion généalogique : combien faut-il d’ancêtres indiens (et à quelle génération ?) pour conclure qu’un Québécois a « du sang indien dans les veines » ? Je rappelle qu’à la onzième génération, chacun d’entre nous compte plus de 2000 ancêtres... Que signifie la présence de quelques Autochtones ?

    Les traits sociaux et culturels


    Selon la thèse du métissage intensif, notre société aurait hérité ses principaux traits des Autochtones : la mobilité géographique, l’amour de la nature et de la liberté, une sensibilité sociale-démocrate, la recherche de la consultation, du consensus et du compromis, le communautarisme, le goût de la médiation, l’aversion pour les divisions et conflits.

    Je relève ici quatre difficultés. D’abord, tout cela suppose des transferts intensifs, à grande échelle et sur une longue période à partir des Autochtones vers les Québécois. On ne trouve rien de tel dans notre histoire, les contacts se faisant principalement aux marges. Deuxièmement, le mépris que les Blancs ont porté aux Autochtones a fait obstacle à des emprunts sociaux massifs. Cependant, des éléments de culture matérielle autochtone se sont largement diffusés.

    L’utopie est dans le tipi... Manuel ECR chez CEC 3e primaire, p. 37

    Troisièmement, les traits mentionnés peuvent tous être imputés à d’autres sources et avec beaucoup plus de vraisemblance. Par exemple : le fait d’une petite nation minoritaire, qui sent le besoin d’une intégration étroite, de solidarité et de concertation, ou le fait d’une société neuve par définition proche de la nature, contrainte à l’entraide et éprise de liberté. Les traits invoqués se retrouvent du reste dans le passé de toutes les collectivités du Nouveau Monde.

    Enfin, le canal de transmission fait problème : il opérait à l’envers. Les présences soutenues de Blancs parmi les Autochtones sur le territoire québécois ont consisté dans l’action du clergé et celle du gouvernement fédéral, l’une et l’autre visant à réduire la culture indigène afin d’implanter la culture occidentale. Quant aux coureurs de bois, ils se sont beaucoup « ensauvagés ».

    On aimerait que la thèse du métissage intensif soit fondée et qu’elle engendre les vertus recherchées. Malheureusement, les faits sont réfractaires. Le danger ici, c’est de remplacer un stéréotype par un autre. Sur ce sujet, le lecteur aura profit à consulter les écrits plus nuancés de Denys Delâge (qui parle de 1 % de mariages mixtes).

    * Je distingue Québécois et Autochtones parce que l’État québécois a statué qu’ils forment deux nations différentes.



    Voir aussi

    ECR — obsession pour les Amérindiens écologistes

    L’utilité de la glorification des Premières Nations

    « Notre » patrimoine religieux autochtone

    Proportion des pages consacrées aux différentes cultures religieuses dans deux manuels d’ECR du 1er cycle primaire

    Spiritualité autochtone, écologie et norme universelle moderne

    Jacques Brassard et l’écolo-chamanisme, le petit chouchou de l’école québécoise

    Sortir le religieux de l’école pour y laisser entrer l’ésotérisme et les gourous

    Québec — Le peu de place consacrée à l’Europe (à la France) dans les programmes d’histoire

    « Prêts à emprunter aux Amérindiens des ingrédients qui assurent leur survie, les ­colons français s’empresseront, aussitôt leur modèle culturel alimentaire bien implanté, de ­rejeter radicalement ces aliments. »


    Ministre Blais et ECR : pas l'intention d'utiliser la clause dérogatoire

    Le journaliste du Devoir, Antoine Robitaille, se demandait si « l’appui indéfectible » du ministre de l’Éducation, François Blais, envers le cours d’éthique et de culture religieuse (ECR) le « conduira-t-il à l’invocation de la clause “nonobstant” afin de déroger à ce jugement ? La question se pose. »

    Invocation que Jocelyn Maclure, professeur à la Faculté de philosophie de l’Université Laval et membre de la commission Bouchard Taylor, ancien collègue de François Blais, appelle lui aussi à considérer, comme c’est curieux.

    Mais, selon Radio-Canada, le ministre François Blais (ci-contre) indique qu’il n’a pas l’intention d’utiliser la clause dérogatoire, la fameuse « clause nonobstant » pour imposer le cours d’éthique et de culture religieuse aux écoles confessionnelles. « On n’en est pas du tout là pour le moment », affirme-t-il.



    (Le résumé de la décision de la Cour suprême dans la cause Loyola qui termine cette nouvelle de la SRC vaut son pesant de cacahouètes... : « La Cour suprême a permis jeudi à l’école secondaire Loyola, une école privée, d’enseigner la foi catholique d’un point de vue religieux. [C’était déjà permis, mais pas au sein du cours ECR !] L’école devra aussi [pas “aussi”, il n’y a pas d’opposition !] donner le cours d’éthique et de culture religieuse du ministère de l’Éducation du Québec. » [Passe sous silence le fait que Loyola peut aussi enseigner l’éthique catholique d’une façon non neutre : « Une exemption ne peut pas être refusée au motif que Loyola doit enseigner le catholicisme et l’éthique catholique suivant une perspective neutre » dans la conclusion majoritaire de l’arrêt Loyola c. MELS])

    Le Devoir : la Cour suprême et la « reconfessionnalisation »

    Antoine Robitaille du Devoir commet cette chronique. On y apprend qu’apparemment les écoles privées confessionnelles auraient toutes été déconfessionnalisées... Loyola aurait donc cessé à un moment d’être catholique, déconfessionnalisée ? Curieux.
    « Un des éléments centraux de la déconfessionnalisation du système scolaire québécois, le programme Éthique et culture religieuse (ECR) pourrait paradoxalement devenir un facteur subtil de reconfessionnalisation. La faute à qui ? La Cour suprême.

    N’ayant pas lu le jugement, le ministre de l’Éducation François Blais, habile, s’est rabattu sur une métaphore, jeudi à l’Assemblée nationale, pour commenter la décision de la Cour suprême dans le cas de l’école secondaire Loyola : « La Cour a l’habitude de fermer des portes, d’en laisser certaines ouvertes et d’en ouvrir d’autres. » Or une porte, ouverte jeudi, a de quoi inquiéter.

    Loyola n’a jamais voulu donner le fameux cours ECR. Elle a commencé par demander une exemption. Celle-ci lui a été refusée ; elle a ensuite offert au gouvernement un « programme de remplacement ».
    M. Robitaille se méprend : la demande d’exemption s’est accompagnée d’une proposition de programme équivalent selon le demandeur.

    D’une part, l’exemption est accordée s’il y a un programme équivalent, voir l’Article 22 du règlement d’application de la Loi sur l’enseignement privé, R.Q. c. E-9.1, r.1 :

    « 22. Tout établissement est exempté de l’application du premier alinéa de l’article 32 pourvu que l’établissement offre des programmes jugés équivalents par le ministre de l’Éducation. »

    D’autre part, la première lettre adressée par Loyola à la ministre, bien avant tout procès, le dit :
    Dans la deuxième lettre au ministre (toujours avant les procès), Loyola précise ce que sont ces cours de religions du monde.
    Autre refus. Ce programme était, au sens du ministère, « fondé sur la foi catholique et [avait] pour principale finalité la transmission des croyances et convictions catholiques ».

    Même si c’était vrai, quelle horreur dans une école catholique !
     Loyola va devant les tribunaux. On est en 2008. Après un ping-pong devant la Cour supérieure (qui donne raison à Loyola) et la Cour d’appel (qui lui donne tort), la Cour suprême coupe la poire en deux dans un jugement sophistiqué (au sens péjoratif) : c’est oui et non. Oui pour enseigner selon le prisme catholique les portions éthiques sur le catholicisme ; non pour enseigner les autres religions de la même manière. Il faudra être neutre, factuel. Étrange : le plus haut tribunal instaure une géométrie variable dans l’enseignement d’ECR en fonction de la religion enseignée.

    Après tout, opine la cour, « enseigner les valeurs éthiques d’autres religions est en grande partie une démarche factuelle ». On a envie de répondre : en revanche, pour un professeur croyant, enseigner la sienne risque de ne pas l’être ! Et c’est là la brèche que ce jugement opère dans l’essence même d’ECR. Et cela qui risque d’entraîner d’importants problèmes d’application.

    Par exemple : un enseignant croyant catholique sera-t-il porté à présenter les zones d’ombre de l’histoire de sa religion ? À l’école Loyola, parlera-t-on des Croisades et de l’Inquisition ? Peut-être bien, mais les chances sont minces que les élèves aient accès à une « description neutre des coutumes et des pratiques », de l’histoire d’une religion en laquelle un professeur croit. Et les élèves issus de familles non religieuses, devant ces mêmes professeurs croyants ? Ne retournons-nous pas, avec ce jugement, à des situations d’avant la possibilité que ce même type d’élèves soient exclus des « cours de catéchèse » ?

    En raison d’une conception de la liberté de religion semblant au sommet d’une hiérarchie des droits, la Cour s’est empêchée de suggérer que les organisations religieuses puissent, en dehors des heures normales, donner des cours de religion à l’école. Elles peuvent actuellement en plus en donner dans leurs lieux de prière.

    Que fera le gouvernement libéral face à ce jugement bancal ? « Mon appui à ce cours [ECR] est indéfectible », a affirmé le ministre Blais, après avoir fait l’éloge de son maître


    Et certains pensent qu’il n’y a de disciples et de doctrinaires indéfectibles que religieux (traditionnels).
    le philosophe Georges Leroux, concepteur du cours ECR (et aussi collaborateur du Devoir).
    Eh, oui ! tous ces gens se connaissent et partagent les mêmes idées. C’est beau la diversité.

    Cet appui indéfectible conduira-t-il à l’invocation de la clause « nonobstant » afin de déroger à ce jugement ?
    Invocation que Jocelyn Maclure, professeur à la Faculté de philosophie de l’Université Laval et membre de la commission Bouchard Taylor, ancien collègue de François Blais, appelle lui aussi à considérer, comme c’est curieux.
    La question se pose. Le cours ECR a bien des défauts (flou en raison des « compétences », peu de place à l’athéisme, multiculturalisme bonbon, etc.), mais il a fait l’objet d’un consensus dans un Québec ayant soif de laïcité.
    Ah, l’appel au consensus ! Encore ce bel amour de l’uniformité, même face à un programme bancal. Et pour un programme grevé de « défauts » dans une école catholique il faudrait utiliser la clause dérogatoire ?


    Voir aussi

    George Leroux : L’État doit viser à déstabiliser les systèmes absolutistes de croyance

    « Georges Leroux est mon gourou », déclare le directeur de la fédération des écoles privées au sujet d’ECR.

    Georges Leroux – le pluraliste jacobin (1 sur 2).

    Georges Leroux – le pluraliste messianique (2 sur 2).


    samedi 21 mars 2015

    Ce n'est pas aux législateurs de décider ce qui est bon pour les enfants, c'est aux parents

    Pour Derek James, avocat auprès de la Canadian Constitution Foundation (CCF), qui revient sur l’arrêt Loyola de la Cour suprême dans les colonnes du Huffington Post, ce n’est pas aux législateurs de décider ce qui bon pour les enfants, c’est aux parents.

    Rappelons que la Cour suprême du Canada (CSC) a jugé que Loyola doit enseigner, au sein d’un programme d’ECR équivalent, les autres religions et les autres positions éthiques d’un point de vue neutre, mais pourra enseigner la religion et l’éthique catholiques dans une perspective catholique. Quatre des sept membres du tribunal qui a entendu l’appel ont déclaré que l’école devait présenter une nouvelle demande d'équivalence de programme au gouvernement du Québec, trois juges sont allés plus loin et désiraient accorder l’équivalence de programme sans réexamen de la demande par l’État québécois.

    Derek James se demande « de se mettre dans la peau d’un parent qui a décidé que son enfant doit bénéficier d’une éducation religieuse dans une école privée si la décision avait été différente. Même si l’école privée peut être coûteuse, les croyances religieuses de ces parents sont d’une telle importance fondamentale pour ces parents qu'ils ont décidé de faire ce sacrifice. Comment réagiriez-vous si le gouvernement forçait vos enfants d’apprendre précisément ce que vous cherchez à éviter en sortant votre enfant du système public ? »

    « On peut dire la même chose au nom de parents non religieux : si votre conscience vous oblige à protéger votre enfant de toute éducation religieuse, le gouvernement devrait-il être en mesure de faire complètement abstraction de vos souhaits ? », poursuit le juriste.

    Notons que, comme le signale Brian Liley, la Cour suprême du Canada impose quand même l’exposition respectueuse à de nombreuses religions et positions éthiques/morales, à la limite dès six ans. Ce que certains parents pourraient très bien ne pas vouloir. (Il est vrai que Loyola est une école secondaire et que la question de la précocité de l’exposition à cette « diversité » de valeurs y est moins aiguë.)

    Me James rappelle l’opinion de John Stuart Mill (ci-contre) dans son célèbre ouvrage De la Liberté sur l’ingérence de l’État dans l’éducation :
    « Les objections qu’on oppose avec raison à l’éducation publique ne portent pas sur le fait que l’État impose l’éducation, mais sur ce qu’il se charge de la diriger, ce qui est tout différent. Je réprouve autant que quiconque l’idée de laisser partiellement ou totalement l’éducation aux mains de l’État. Tout ce que j’ai dit de l’importance de l’individualité du caractère, ainsi que de la diversité des opinions et des modes de vie, implique tout autant la diversité de l’éducation. Une éducation générale dispensée par l’État ne peut être qu’un dispositif visant à façonner des gens sur un même modèle ; et comme le moule dans lequel on les coulerait serait celui qui satisfait le pouvoir dominant au sein du gouvernement — prêtres, aristocratie ou majorité de la génération actuelle —, plus cette éducation serait efficace, plus elle établirait un despotisme sur l’esprit, qui ne manquerait pas de gagner le corps. »

    Pour l’avocat de la CCF, ce façonnage, s’il réussit, « établit un despotisme sur l’esprit des élèves ». Comparons l’avertissement de John Stuart Mill à l’objectif déclaré du Québec qui prétend ainsi développer une société dans laquelle différentes valeurs et les croyances religieuses peuvent coexister sans conflit. Les moyens choisis par le gouvernement québécois pour y parvenir sont, entre autres, d’enseigner aux enfants que toutes les religions sont des options toutes aussi bonnes les unes que les autres. Pour Derek James, c’est façonner l’esprit des élèves pour qu’ils acceptent explicitement une proposition rejetée par de nombreux parents.

    Pour le juriste, « évincer les droits individuels pour atteindre un objectif gouvernemental n’est guère louable. En fait, c’est la pente suivie lors des violations les plus atroces de l’histoire des droits de l’homme. Et, si l’on ne peut pas faire confiance aux parents quand ils décident ce qui est bon pour leurs enfants, pourquoi faire confiance aux législateurs ? »

    Derek James poursuit : « Ces législateurs pensent qu’ils constituent l’élite [voir trois anciens législateurs discuter du cas Loyola à la SRC, édifiant et pitoyable] et qu’ils savent ce qui est bon » pour le commun des mortels. Leur attitude élitiste leur permet d’ignorer les vœux des parents. Pour l’avocat de la CCF, il « n’y a guère d’exemple plus éloquent d’ingérence de l’État dans les droits parentaux, la liberté de choix de l’école et la liberté religieuse des parents que le cours ÉCR. La Charte n’a-t-elle pas été adoptée, en partie, pour éviter que la majorité n’opprime les points de vue minoritaires par le biais du pouvoir du gouvernemental ? »



    « Forcer les parents à soumettre leurs enfants à ce qu’ils réprouvent profondément est immoral, même si la plupart d’entre nous croient que les objectifs de l’État sont justes et sages. Et comme Mill nous avertissait, l’éducation peut être le véhicule parfait d’un État autoritaire pour endoctriner sa jeunesse, et le cours ÉCR du Québec — comme il a été mis en œuvre — cherche précisément à faire cela », d’ajouter Derek James. « Les objectifs du Québec peuvent sembler anodin à la plupart d’entre nous, mais le principe est troublant : le gouvernement sait mieux que quiconque ce qui est bon et il lui est permis de façonner les générations à venir pour qu’ils se conforment, sans égards aux libertés individuelles », conclut l’avocat de la Canadian Constitution Foundation.





    Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)

    Organisation mondiale des sikhs se réjouit de la victoire de Loyola


    École khalsa en Ontario1
    L’Organisation mondiale des sikhs (OMS) du Canada était intervenue en mars 2014 devant la Cour suprême du Canada pour que celle-ci accorde l’exemption à l’école secondaire Loyola.

    À la suite du jugement de cette semaine, le président de l’OMS, Singh Amritpal Shergill, a déclaré : « nous sommes heureux de voir que la Cour suprême du Canada a confirmé une interprétation large de la liberté de religion. Cette décision permettra aux groupes religieux minoritaires au Canada de se protéger de l’ingérence du gouvernement dans leur fonctionnement interne. Bien que cette cause ne touchât directement qu’une école secondaire catholique, elle avait des ramifications qui concernent également le fonctionnement d’institutions sikhes comme les gourdwaras [les lieux de cultes sikhs] et les écoles khalsa. En outre, à un moment où la définition de la “laïcité” est en débat au Canada, cette décision renforce le fait que celle-ci est une question d’égalité et de neutralité de l’État envers la religion et ne consiste pas à la restreindre. Nous sommes contents que la Cour suprême ait pu entendre le point de vue de la communauté sikhe sur cette importante question. »


    Source : Sikh Siyasa News



    [1] Les écoles communautaires khalsa de Brampton et de Malton, des écoles privées sikhes, se sont classées en tête dans le palmarès annuel de l’Institut Fraser 2013-2014 portant sur les écoles élémentaires de l’Ontario.

    vendredi 20 mars 2015

    Enseignement au Québec — On prend « n'importe qui »


    Lu dans le Soleil du Québec du 18 mars :

    « C’est scandaleux qu’on prenne n’importe qui, mais vraiment n’importe qui, du meilleur au pire. »

    La didacticienne du français Suzanne-G. Chartrand souhaite depuis longtemps que Québec impose des conditions d’admission plus sévères au baccalauréat en enseignement. « Ça fait 20 ans que je le demande. Et j’attends toujours des mesures concrètes », soupire Mme Chartrand, retraitée du Département d’études sur l’enseignement et l’apprentissage de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval.

    Actuellement, il n’y a pas de critères uniformes édictés par le ministère de l’Éducation, chaque université choisissant les candidats au bac en enseignement selon la cote de rendement au collégial (la fameuse cote R).

    « Les universités et les facultés des sciences de l’éducation veulent des clients, alors ils ne sont pas regardants », déplore Mme Chartrand, pour qui il est clair qu’on forme et diplôme trop de profs médiocres. « C’est une course aux diplômes. On diplôme des enseignants qui ne devraient pas l’être », résume-t-elle.

    Selon ce que rapportait La Presse, hier, le gouvernement Couillard exigera de meilleurs résultats scolaires au collégial afin d’avoir des candidats « plus forts » à l’entrée au bac et, ultimement, « les meilleures personnes possibles pour enseigner aux enfants ».

    Test unique de français

    Québec souhaite aussi instaurer un test unique de français qui serait « exigeant ». L’objectif : éviter que les candidats au bac en enseignement soient trop faibles en français et échouent au fameux test de certification en français écrit pour l’enseignement (TECFEE), qui serait maintenu à la fin des études.
    À l’heure actuelle, plus de la moitié des futurs professeurs échouent au TECFEE lors d’une première tentative. Mais ils ont droit à un nombre illimité de reprises, ce qui n’était pas le cas auparavant, s’indigne Mme Chartrand.

    « Les universités se sont entendues entre elles pour que les étudiants puissent passer ce test le nombre de fois qu’ils veulent. C’est scandaleux », dit l’ancienne enseignante, qui souhaite également voir les futurs profs passer un test de français oral. « Comme enseignant, on passe nos journées à parler. On doit être des modèles linguistiques pour les enfants », plaide-t-elle.

    Le travail de professeur ne serait pas assez valorisé

    Selon Mme Chartrand, si on accepte « n’importe qui » en enseignement, c’est parce qu’on ne valorise pas assez le travail de l’enseignant dans notre société. « C’est un métier sous-payé et non valorisé. On n’a pas plus de respect pour l’enseignement qu’on en a pour la langue française au Québec. »

    [Note du carnet : les enseignants du Québec ne sont pas sous-payés, ce qui n’exclut pas une faible valorisation de la profession d’enseignant au Québec (« longues vacances », « prennent n’importe qui », « connaissent même pas le français », etc.) Pour les salaires des enseignants et des fonctionnaires québécois en général lire cette note de l’IEDM. Il faut se rappeler qu’environ 60 % des employés du secteur public ont atteint l’échelon le plus élevé de leur profession, soit de 75 700 $ pour un enseignant. Le salaire moyen au Québec est de près de 43 500 $ en 2013 et 44 621 $ en 2014. Il était de 49 088 $ en Ontario. L’institutrice (primaire) au Québec après 15 ans gagne 72 212 $, le même poste rapporte 75 336 $ en Ontario. Au secondaire, l’écart est quasiment le même.]

    Un problème social pour le syndicat FSE

    La présidente de la Fédération des syndicats en enseignement (FSE-CSQ), Josée Scalabrini, croit elle aussi que « socialement, il y a un problème avec le français » au Québec. « Mais on fait d’un problème social la problématique des enseignants. C’est ça qui est déplorable, juge Mme Scalabrini. Les étudiants qui entrent en éducation à l’université ont le même problème que les autres étudiants. »

    La présidente de la FSE estime par ailleurs que la nouvelle publiée hier dans La Presse est un bien mauvais message à envoyer à l’ensemble de la société. « Si c’est le premier message qu’a voulu envoyer le nouveau ministre de l’Éducation [François Blais], c’est raté [...]. L’image qui pourrait rester dans la tête des gens qui ont lu l’article, c’est que nos jeunes enseignants sont en difficulté dans leur profession, ce qui n’est pas le cas. »

    La syndicaliste [!] rappelle que les jeunes profs ont obtenu un brevet et passé tous les examens avant d’entrer dans la profession. « On a un très beau réseau de l’éducation au Québec, avec de belles réussites et de très bons enseignants », insiste-t-elle. [Elle prêc

    « Oui, on est ouvert à parler de la cote R, mais est-ce qu’on pourrait aussi parler de la précarité dans la profession, de la tâche et des conditions de la profession enseignante, de ce qui donne le goût à des jeunes de venir ou pas en éducation ? », demande Mme Scalabrini.




    Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)

    Cour suprême : les organisations religieuses jouissent de la liberté de religion

    « La décision [Loyola] est importante à deux titres », déclare Mark Phillips, avocat-conseil qui exerce au sein du groupe Litige commercial d'un bureau d'avocats à Montréal. « Tout d’abord, elle reconnaît que les organisations religieuses jouissent de la liberté de religion qui est protégée constitutionnellement et que ce droit ne revient pas qu’aux seules personnes physiques. De plus, elle énonce ce que l’État est en droit d’exiger et fixe les limites que celui-ci ne doit pas dépasser lorsqu’il s’agit de programmes d’études qui ont trait à la religion et à l’éthique. »

    Me Mark Phillips (à gauche) et Paul Donovan, directeur de Loyola (au centre), et Me Darche (de dos) à la Cour suprême


    La firme d'avocats qui emploie Me Phillips, BLG, a d’abord représenté l’école Loyola pro bono devant la Cour supérieure du Québec. Mark Phillips et son collègue Jacques Darche ont réussi à faire annuler la décision du Ministre en révision judiciaire dans un jugement rendu en juin 2010. Le procureur général du Québec a alors interjeté appel et réussi à faire infirmer ce jugement par la Cour d’appel du Québec en décembre 2012. En 2013, Mes Phillips et Darche ont sollicité et obtenu l’autorisation d’en appeler à la Cour suprême du Canada. Celle-ci a entendu la plaidoirie orale en mars 2014 et, hier, a rendu une décision qui va constituer un arrêt de principe. Dans deux séries de motifs essentiellement concordants, la Cour a avalisé la position que BLG lui avait présentée.

    « Chez BLG, nous sommes tous fiers du travail que Mark Phillips et Jacques Darche ont fait pour obtenir gain de cause pour Loyola dans cette cause très importante », se félicite John Blair, chef national du groupe Litige commercial. « Grâce à leur expertise et à leur engagement, ces deux plaideurs, qui figurent parmi les plus talentueux au pays, ont su défendre les intérêts de notre client et de la collectivité dans son ensemble. Mes Phillips et Darche, appuyés par une équipe dévouée, ont consacré plusieurs années à travailler avec le client pour que l’argument présenté à la Cour suprême et accepté par celle-ci apporte une contribution positive au droit. »

    Voir aussi

    Les personnes « morales » jouissent-elles de la protection des Chartes ?


    Loyola contre Monopole de l'Éducation du Québec — résumé des positions écrites

    CCRL : "parents of children in Quebec's public schools should be afforded better recognition of their religious sensibilities "


    Catholic Civil Rights League's press release

    Ottawa, ON March 19, 2015 - Perhaps it is fitting on the feast day of the patron saint of Canada, St. Joseph, that Loyola High School has won a major victory for religious rights of parents and students, given its victory in Loyola High School v. Quebec (Attorney General) released today by the Supreme Court of Canada (SCC).

    The Catholic Civil Rights League (CCRL) intervened in Loyola's appeal to the SCC, and welcomes the decision as a strong endorsement of religious freedoms, especially as exercised by institutions and communities of faith.

    All seven judges agreed that the Ministry of Education in Quebec had infringed on Loyola's constitutional rights in denying its 'equivalent' alternative program under the province's Ethics and Religious Culture curriculum in 2008.

    A four judge majority ruled that the Quebec Ministry of Education was wrong to deny the exemption to Loyola in the delivery of the curriculum from a Catholic perspective. In the words of Madam Justice Abella: 'I agree with Loyola that the Minister's decision had a serious impact on religious freedom in this context. To tell a Catholic school how to explain its faith [pursuant to the ERC program] undermines the liberty of the members of its community who have chosen to give effect to the collective dimension of their religious beliefs by participating in a denominational school ...

    Although the state's purpose here is secular, requiring Loyola's teachers to take a neutral posture even about Catholicism means that the state is telling them how to teach the very religion that animates Loyola's identity. It amounts to requiring a Catholic institution to speak about Catholicism in terms defined by the state rather than by its own understanding of Catholicism.' In an important nod to parental rights, Justice Abella continued, 'It also interferes with the rights of parents to transmit the Catholic faith to their children, not because it requires neutral discussion of other faiths and ethical systems, but because it prevents a Catholic discussion of Catholicism. This ignores the fact that an essential ingredient of the vitality of a religious community is the ability of its members to pass on their beliefs to their children, whether through instruction in the home or participation in communal institutions.'

    The Court ordered that the Quebec Ministry of Education issue the exemption for the Loyola program based on its ruling.

    In fact, a three judge minority opinion would have gone farther, and would have issued the requested exemption from the Quebec ERC program outright, rather than force Loyola to have to engage in a further battle over its rights, following seven years of litigation since it commenced its effort to seek accommodation of its program.

    The CCRL intervened in the case, together with the Faith and Freedom Alliance, the Association of Quebec Catholic Parents and the Coptic Christian Association of Montreal, to maintain opposition to the ERC curriculum, which purports to stipulate a 'neutral' position on religion, while demeaning religious understandings generally through enforced moral relativism. It should be noted that the ERC curriculum continues to apply to Quebec public schools, for which religious parents have not been provided exemptions, following a previous ruling of the Supreme Court in 2012.

    While the League welcomes the Supreme Court's analysis applicable to Loyola, we urge that Quebec, and all remaining provincial and territorial systems, reflect seriously on the recognition of religious rights of students, parents and others in our shared public education systems, rather than limiting such rights to those who can afford privately funded education.

    In particular, parents of children in Quebec's public schools should be afforded better recognition of their religious sensibilities, as a matter of justice, without having to incur the costs of privately funded education. Parents are the first educators of children, and the state should not intrude on deeply held religious understandings without adequate cause.

    Madam Justice Abella for the majority stated as follows: 'A secular state does not - and cannot - interfere with the beliefs or practices of a religious group unless they conflict with or harm overriding public interests. Nor can a secular state support or prefer the practices of one group over those of another ...The pursuit of secular values means respecting the right to hold and manifest different religious beliefs. A secular state respects religious differences, it does not seek to extinguish them.'

    The case is a significant response in favour of a robust understanding of religious freedoms, especially communal religious freedoms, which were expressly outlined by all judges in their ruling today, for which the CCRL is thankful.




    Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)