jeudi 12 octobre 2023

Le « patriarcat blanc » à la belle époque

Tiré de Qu'elle était verte ma vallée (1941), cette vignette avec un chant gallois et les hommes qui se sont échinés dans la mine qui remettent leurs gages à la matriarche qui les attend à l'entrée de la maison.



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« Testament », le plus récent Denys Arcand

Synopsis

Dans une ère de luttes identitaires, Jean-Michel, un célibataire de 70 ans, a perdu tous ses repères dans cette société et n’a plus grand-chose à attendre de la vie. Mais voici que dans la maison de retraite où il réside, Suzanne, la directrice, est prise à partie par de jeunes manifestants (wokes) qui réclament la destruction d’une fresque offensante à leurs yeux. Alors qu’il observe avec ironie cette époque post pandémique où tout lui semble partir à la dérive, Jean-Michel reprend en main sa vie… et celles des autres.

Selon le journaliste et essayiste Christian Dufour

Il est des signes qui ne trompent pas, comme le public d’une banale représentation  d’après-midi qui applaudit spontanément à la fin du film, comme ce fut le cas vendredi au cinéma Quartier Latin.

Courez voir «  Testament » de Denys Arcand, clairement son œuvre la plus forte. Film à la fois drôle et (presque) désespéré, ne craignant pas la caricature jusqu’au burlesque, implacable de lucidité et sans compromis, nostalgique, désenchanté, touchant et sensible, éminemment personnel et québécois tout à la fois.

Ne serait-ce que pour la performance de Sophie Lorain, courez voir le magistral « Testament » de Denys Arcand, à mille lieues des bons sentiments faciles et des aveuglements idéologiques à la mode.

Avec également Rémy Girard bien sûr, accompagné d’une panoplie d’acteurs québécois: Caroline Neron, Guylaine Tremblay, Marie-mai, Danièle Lorain, Robert Lepage, Denis Bouchard, Yves Jacques, Louis-José Houde, Clémence Desrochers, Guillaume Lambert, Sophie Faucher, Pierre Curzi, René Richard Cyr, Danielle Fichaud, Louise Turcot, Geneviève Schmidt, Johanne-Marie Tremblay, Marcel Sabourin et d’autres.


 
L'effacement du vieil homme blanc ?

 

Québec — Explosion du nombre de prétendus « réfugiés » émargeant à l’aide sociale

Les dépenses en aide sociale liées à l’accueil de ceux qui se disent réfugiés ont pratiquement triplé en un an. Le gouvernement du Québec estime que c’est à Ottawa de payer la note.

L’augmentation massive du nombre de demandeurs d’asile au Québec a pratiquement fait tripler, en un an, les dépenses en aide sociale liées à leur accueil. Préoccupé, le gouvernement Legault somme le fédéral de payer la facture.

Selon un document interne du ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale consulté par l’Agence QMI, 40 142 des 273 305 des adultes ayant reçu en juin dernier une aide de dernier recours de la part du gouvernement du Québec — soit environ 14,6 % — étaient des demandeurs d’asile.


Malgré un ralentissement depuis la fermeture du chemin Roxham en mars dernier, cela représente une véritable explosion par rapport aux années précédentes. À pareille date l’an dernier, 17 544 demandeurs d’asile recevaient de l’aide sociale, et seulement 7429 en juin 2021.

Or, le nombre de prestataires excluant les demandeurs d’asile est quant à lui en baisse de 1,6 %. « Une diminution de la clientèle de l’assistance sociale aurait été observée, n’eût été l’arrivée massive des demandeurs d’asile », peut-on lire dans le document du ministère.  

« Ce qui se passe en ce moment, c’est que pour une personne qui sort de l’aide sociale au Québec, il y a 10 [prétendus] réfugiés qui rentrent sur le programme », illustre une source gouvernementale. « Et ça serait moins grave si le fédéral mettait moins de temps à délivrer des permis de travail. » Pression financière

Le stress occasionné par cette augmentation sur les ressources financières du programme d’aide sociale est considérable : les dépenses supplémentaires encourues par les sommes versées aux réfugiés en aide de dernier recours sont passées, pendant la même période, de 12,1 millions $ mensuellement à 30,5 millions $.

Devant cette tendance, Québec estime contribuer au-delà de ce qui lui revient et rappelle que les demandeurs d’asile sont sous la responsabilité d’Ottawa [qui a facilité leur arrivée en assouplissant l’obtention de visas pour les ressortissants de pays pauvres souvent demandeurs d’asile].

« Le Québec respecte son devoir humanitaire. Cependant, notre capacité d’accueil est atteinte et nos organismes communautaires sont débordés », a indiqué le cabinet de la ministre de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire, Chantal Rouleau, dans une déclaration écrite.   

« Le gouvernement canadien doit rembourser l’ensemble des dépenses encourues par le gouvernement du Québec pour l’accueil des demandeurs d’asile et s’assurer d’une répartition plus équitable de ces personnes à travers le Canada », a-t-on ajouté.

Selon les plus récentes données de Statistique Canada, le Québec accueille 147 000 des 260 000 réfugiés au pays, soit 57 % du total canadien, alors même que le poids démographique du Québec dans la fédération n’est que de 22,2 %.  


Prestations d’aide sociale versées à des demandeurs d’asile


Juin 2017 : 2 616 742 $

Juin 2018 : 6 723 869 $

Juin 2019 : 7 316 975 $

Juin 2020 : 9 905 664 $

Juin 2021 : 5 474 411 $

Juin 2022 : 12 064 994 $

Juin 2023 : 30 479 406 $  


Proportion des demandeurs d’asile parmi les prestataires d’aide sociale


Juin 2017 : 1,2 %

Juin 2018 : 3,2 %

Juin 2019 : 4 %

Juin 2020 : 4,9 %

Juin 2021 : 3 %

Juin 2022 : 6,8 %

Juin 2023 : 14,6 % (40 142 réfugiés sur les 273 305 adultes ayant reçu en juin dernier une aide)

Source : Journal de Québec

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Un nombre record de demandeurs d’asile passent désormais par les aéroports (Une majorité est arrivée par avion : ils ont demandé l’asile sur-le-champ à l’aéroport ou encore dans un bureau d’IRCC après un certain temps, selon la ventilation des données disponible. On compte ainsi environ 31 000 demandeurs d’asile pour les 5 premiers mois de 2023 au Québec. Si le rythme d’ajout de plus de 4000 par mois se poursuit, le niveau de 2022 sera atteint, soit un peu plus de 58 000 au total.)

Les demandeurs d’asile liés à une hausse record des assistés sociaux au Québec (Entre les mois de juin 2022 et juin 2023, le nombre de demandeurs d’asile prestataires de l’assistance sociale est passé de 17 544 à 40 142, un sommet historique. La prise en charge des demandeurs d’asile a coûté environ 35 millions de dollars en juin au Québec)

 
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Octobre 732 — Charles Martel et le tournant décisif de Poitiers

Extrait de Contre-histoire de France Philippe Delorme sur la bataille de Poitiers, qui marque, en 732, un coup d’arrêt à l’expansion du djihad.

En 719, Es-Sameh ibn Malik el-Khawlani, émir gouverneur de l’Espagne — le Zama des chroniques chrétiennes – passe les Pyrénées. Narbonne, à l’abri de ses anciennes murailles romaines, oppose une âpre résistance. Ses défenseurs mâles sont passés au fil de l’épée, femmes et enfants sont réduits en esclavage. Selon la loi musulmane, chrétiens et juifs qui refusent de se convertir sont ravalés au rang de dhimmis — ou « protégés » — et soumis à un tribut particulier.

Pendant quatre décennies, Arbouna — Narbonne — sert de base arrière à des opérations de conquête ultérieures, en direction du nord, de la mystérieuse contrée des Francs, réputée pour ses richesses fabuleuses et que les Sarrasins surnomment la « Grande Terre ». En 721, Zama et ses troupes déferlent vers l’ouest. Ils enlèvent Béziers et Carcassonne, mais leur élan est brisé devant Toulouse, le 8 juin, par le duc Eudes, qui a rameuté les milices d’Aquitaine.

Harcelé au sud, Eudes redoute surtout son voisin du nord

Zama, quant à lui, est tombé dans l’engagement, le corps percé d’une lance. Dès 725, le nouveau wali — gouverneur — d’Hispanie, Anbaça ibn Suhaim el-Kalbi — connu sous le nom latinisé d’Ambiza —, déclenche une nouvelle campagne. Il consolide ses positions en Septimanie, met la main sur Nîmes et envoie des détachements en reconnaissance le long de la vallée du Rhône. Ils traversent la Provence et la Burgondie, mettant à sac Vienne, Lyon, Mâcon et Chalon-sur-Saône, pillant et ravageant les établissements religieux. Les plus hardis auraient même poussé une pointe jusqu’à Besançon et Luxeuil, sur les contreforts des Vosges.

Harcelé sur son flanc méridional, Eudes d’Aquitaine redoute aussi les appétits de son puissant voisin septentrional, le Franc Charles Martel, maire du palais d’Austrasie et de Neustrie. Il décide alors de s’aboucher avec un certain Othman ibn Ali Nesa — alias Munuza —, commandant les troupes musulmanes en Cerdagne et qui rêve de créer une principauté indépendante. Il semble qu’aux termes de leur alliance, conclue en 729, Eudes lui aurait accordé la main de sa propre fille — prénommée Lampégie ou Numérance.

La suite des événements reste mal connue et leur chronologie incertaine. Vers 731, Charles Martel, vainqueur des Alamans et des Souabes, aurait mené plusieurs campagnes sur la rive gauche de la Loire et occupé la ville de Bourges. La même année, Abder-Rahman ibn Abdallah el-Ghafiqi — ou Abdérame —, récemment nommé wali d’El-Andalous par le calife Hicham, mate la rébellion de Munuza. Sa tête est expédiée à Damas, en manière de trophée. Puis, au printemps de 732, il rassemble à Pampelune une puissante armée et franchit le col de Roncevaux dans l’idée de châtier le duc d’Aquitaine et de mettre le pays en coupe réglée.

Remontant l’ancienne voie romaine, les envahisseurs se dirigent vers Bordeaux. Le duc Eudes tente vainement d’arrêter Abdérame près du confluent de la Dordogne et de la Garonne. Après Bordeaux, c’est Agen, Périgueux, Saintes et Angoulême qui sont dévastés, le long d’un sillon de flammes et de sang. La basilique Saint-Hilaire, dans les faubourgs de Poitiers, est réduite en cendres. Comme la cité résiste, Abdérame abandonne le siège et se dirige vers la Loire.

Charles Martel, appelé à la rescousse par Eudes, va dès lors intervenir. La rencontre décisive aura lieu sur la route de Tours. Quelque part entre la Vienne et le Clain, ou peut-être au-delà de Châtellerault, vers Sainte-Maure-de-Touraine.

Encore une fois, le détail des opérations nous échappe. On lira dans une chronique du pseudo-Frédégaire, qui se veut l’historien de l’époque, cette phrase : « Le prince Charles se disposa vaillamment à les combattre, accourut pour les attaquer, renversa leurs tentes par le secours du Christ, se précipita au milieu du carnage, tua leur roi Abdérame, et détruisit complètement l’armée de ses ennemis. »

Finalement, les infidèles battent précipitamment en retraite.

Les historiens s’interrogent sur la date exacte de cet affrontement au retentissement symbolique. Un jour d’octobre, en 732 selon la tradition, ou plutôt en 733. Charles y gagne son surnom de « Martel » car, rapporteront les Grandes Chroniques de Saint-Denis, au XIIIe siècle : « Comme le marteau débrise et froisse le fer, l’acier, et tous les autres métaux, aussi froissait-il et brisait par la bataille tous ses ennemis et toutes nations étrangères. » Les années suivantes, il imposera son protectorat à l’Aquitaine et soumettra la Burgondie, plaçant ses leudes, ses fidèles, les plus dévoués aux postes clés.

La bataille de Poitiers — que les Anglo-Saxons désignent « bataille de Tours » — apparaît de nos jours comme un enjeu mémoriel clivant, objet de prises de position idéologiques, d’un antagonisme aussi marqué qu’excessif. Dès le XIXe siècle, Chateaubriand affirme que, « sans la vaillance de Charles Martel, nous porterions aujourd’hui le turban ». Dans la Gaule poétique, parue en 1813, Marchangy renchérit : « Sans [cette victoire], la France eût infailliblement perdu son nom, sa religion, ses lois et ses mœurs. Toutes ses cités seraient peut-être maintenant remplies de mosquées, de sérails, de bazars et de minarets. »

Au contraire, Anatole France soutiendra qu’« en arrêtant les Arabes à Poitiers, c’est la civilisation qui fut arrêtée ». Récupérée par la IIIe République dans la perspective de l’expansion coloniale, la figure de Charles Martel sera vouée ensuite aux gémonies par Hitler qui aurait souhaité que « le mahométisme triomphât », afin de contrer « l’influence judaïque et son produit, le christianisme ».

Depuis quelques décennies, on assiste à une nouvelle relecture de Poitiers sous le prisme du « choc des civilisations ». Dans son livre paru il y a vingt-sept ans, l’Américain Samuel Huntington fait de cette bataille de Poitiers l’un des épisodes capitaux du conflit millénaire qui opposerait un « bloc occidental » à un « bloc musulman », résolument irréconciliables.

En face, le blogue islamiste Assalafiyyah explique que « les musulmans étaient implantés dans certaines régions de la France actuelle bien avant les Francs et donc bien avant la France ».

Redoutant d’être taxés d’islamophobie, d’aucuns tendront à minimiser l’impact historique de l’événement, d’en faire une « simple razzia », à l’instar du site Mediapart qui, en 2014, caricature Charles Martel en « putschiste ambitieux venu envahir l’Aquitaine », et soutient que « l’idée d’une invasion arabo-musulmane destinée à conquérir le territoire français ne correspond à aucune vérité historique ».

Poitiers devient la « bataille du Pavé des martyrs »

Il n’en reste pas moins que le djihad, la guerre sainte en vue de propager la foi du Prophète, a constitué le moteur de l’élan formidable qui a conduit les Arabes à quitter leurs déserts pour aller faire boire leurs chevaux jusque dans les eaux de l’Indus et du Guadalquivir. L’hagiographie musulmane parle d’ailleurs de Poitiers comme de la « bataille du Pavé des martyrs », un lieu saint où l’on peut entendre les anges du ciel inviter les croyants à la prière. De même, depuis le baptême de Clovis, une ferveur chrétienne toute particulière animait les Francs, même s’ils n’entrevoyaient chez les « ismaéliens » qu’une forme nouvelle d’hérésie.

Abdérame et ses compagnons — dont beaucoup étaient berbères et mal convertis — n’avaient qu’une idée assez vague de la « Grande Terre » qui s’étendait au nord des Pyrénées. Sans doute n’y voyaient-ils a priori qu’un champ de rapines à exploiter. Mais une victoire à Poitiers leur aurait permis de s’installer durablement dans la région, de la coloniser et, à terme, de l’intégrer au Dar el-Islam.

Il apparaît ainsi que le mouvement parti de La Mecque un siècle auparavant avait alors atteint sa plus haute crue, comme le flux aux marées d’équinoxe.

Contre-Histoire de France
Ni romance, ni repentance —La vérité sur notre passé
par Philippe Delorme,
aux éditions Ring,
paru le (27 octobre 2022,
à Paris,
496 pages
ISBN-10 : 2 379 340 250
ISBN-13 : 978-2379340253