lundi 15 juin 2009

Taking away choice is the problem

Letter sent to the Gazette of Montreal:
Government witness Georges Leroux, a designer of Quebec's Ethics and Religious Culture program stated that "we (i.e., Quebec) did not want to produce robots," implying that this is what the old program did and therefore the need for change. Ironically, many free thinkers with sound moral and ethical values such as he ( I hope) are a product of that which he believes needs to be changed.

Parents had a choice between religious or ethics instruction for their children. Within each program there was room for learning the beliefs of other religions but without negating one's own. Taking away that choice is where the problem lies.

The new program has its merits, but when it's forced upon someone, it does the same thing that the old program is being falsely accused of having done: indoctrination. This time, though, it's the state doing it: indoctrinating students that all religions are the same and that the principles found in his/her religion on abstinence, fidelity, abortion, etc. are all up for discussion.

Nick Furfaro

Laval

Les deux révolutions françaises : 1789 et 1793

Supplément au cours d'histoire.

Philippe Némo est professeur au Groupe École supérieure de commerce de Paris, où il enseigne l'histoire des idées politiques et sociales. Dans son livre Les Deux Républiques françaises, Némo analyse de l'histoire de France depuis la révolution montrant que deux courants se sont constamment opposés et succédés: un courant libéral et démocratique s'inspirant des principes de liberté individuelle de 1789; un courant radical, socialiste voire révolutionnaire qui s'inspire des principes totalitaires de 1793.

Selon Philippe Némo, « La gauche jacobine n'a jamais été démocrate. Elle est à l'origine de tous les retards de la France. »

« La seule période de notre histoire où l'école publique ait été laïque, c'est les trente ans où elle a été dirigée par des chrétiens » (entre 1871 et 1902) à 47 min 40 sec.

Georges Leroux – le pluraliste messianique (2 sur 2)

Suite de Georges Leroux – le pluraliste jacobin (1 sur 2)

L’interrogatoire du professeur émérite Georges Leroux par le procureur du ministère de l’Éducation a commencé par un passage en revue des différents griefs formulés par la demanderesse, à savoir Mme Lavallée.

Premier grief – vision polythéiste

15 h 38

Le premier grief tient au fait que le programme « impose à l’élève une vision polythéiste du phénomène religieux ».

Le professeur avait manifestement prévu cette question avec « son » avocat. Il a donc procédé à un long exposé de 6 minutes sur la généalogie du polythéisme et le monothéisme, citant au passage le « remarquable » anthropologue et critique de l’histoire des religions Jan Assmann qui, à l'instar de Freud, ferait remonter le monothéisme judaïque au monothéisme égyptien du pharaon Akhénaton.

15 h 45

Puis s’en est suivi une longue discussion sur la « définition du phénomène religieux », à savoir, pour le professeur Leroux, l’analyse de la diversité des religions, de l’extériorité, de leur spécificité, de leur histoire. Une étude des religions vue de l’extérieur, pas leur dimension vécue.

M. Leroux a conclu en disant que le programme ECR ne peut pas être polythéiste, une religion peut l’être, mais par définition un programme ne peut pas l’être et donc la phrase « impose à l’élève une vision polythéiste du phénomène religieux » n’a pas de sens. M. Leroux termine cette longue introduction en affirmant que « le programme ne promeut pas une religion particulière, il ne promeut pas plus le polythéisme que le monothéisme, pas plus que l’athéisme, pas plus qu’autre chose. Il ne promeut aucune conviction religieuse. Le programme présente les religions sur le plan culturel ».

M. Leroux faisait-il semblant de ne pas comprendre le grief ? Il ne s’agit pas de se demander si les universitaires ne doivent pas se pencher sur la diversité des religions quand ils étudient « le phénomène religieux », mais de se demander si l’exposition à de multiples religions toutes considérées comme d’égales valeurs, toutes traitées au mieux de la même façon, ne peut pas être considérée comme une représentation polythéiste. Le cours ECR proposerait donc un type de panthéon où ces Dieux sont équivalents, chacun pouvant choisir le sien, plusieurs ou aucun. C'était là le sens du « impose à l’élève une vision polythéiste du phénomène religieux ».

Notons et nous le remarquerons tout au long du témoignage de M. Leroux qu’il discourt des religions de façon détachée, à la façon de l’universitaire qu’il est, d’un entomologiste qui dissèque celles-ci patiemment. C’est normal à l’université. Mais c’est précisément un des griefs que l’on peut faire au programme quand il s’adresse à de jeunes enfants du primaire que les parents veulent former dans une certaine conviction religieuse ou philosophique et qui voient dans ce détachement, cette mise sur un même pied d’égalité de toutes les croyances, un obstacle évident à la transmission de leurs convictions.

Notons enfin que jamais le professeur Leroux ne répondra précisément aux deux autres experts, David Mascré et Guy Durand, qui avaient témoigné auparavant pour affirmer que le premier grief était justifié.

Second grief adressé au programme – le relativisme

15 h 50 — Me Boucher amène Georges Leroux à critiquer la conception de sens commun proposée par Guy Durand pour décrire le relativisme : « tout se vaut ». «  Est-ce qu’il est suffisant d’un poids de vue philosophique de démontrer le relativisme en utilisant le sens commun [de ce mot] ? ». La réponse est téléphonée.

Bien évidemment que non. L’expertise écrite de Georges Leroux porte principalement sur ce sujet.

« Assez content de ce que j’ai écrit »

Georges Leroux, il le dira d’ailleurs à plusieurs est très content de son expertise. La modestie n’est pas le moindre défaut de ce grand philosophe chenu : « je suis assez content de ce que j’ai écrit, je ne le cache pas ».

Plutôt que de reproduire le verbatim de M. Leroux, nous reproduisons ici la longue expertise écrite de M. Leroux.

Relevons cependant ce passage de l’expertise de M. Leroux qui nous paraît une grossière généralisation digne d’un traité d’athéisme militant de bas étage :
« Alors que la période prémoderne se caractérisait par la recherche de l'hégémonie religieuse et par le prosélytisme qui conduisit l'Europe aux guerres les plus meurtrières de son histoire, la période moderne se caractérise par la sécularisation, la tolérance et le respect mutuel dans l'aire occidentale. » (p. 26)
M. Leroux feint-il d’ignorer que les guerres les plus meurtrières de l’histoire furent précisément celles de la « modernité » : massacres de Vendée, Terreur révolutionnaire, massacres communistes, staliniens, fascistes et nazis ? La modernité n’est pas seulement liée à la tolérance, on pourrait tout aussi bien dire que c’est le règne de l’affirmation de l’État, État plus centralisateur et qui ne tolère pas de remise en question de son monopole et tout d’abord de son monopole éducatif. Il le tolère d’autant moins que cet État se prend à croire qu’il représente des valeurs universelles bonnes pour tous les hommes. Comment alors tolérer que des personnes « rétrogrades » refusent ses lumières, empêchent ainsi le progrès et l’avènement du bonheur de tous les autres hommes ? On reconnaît là la logique qui permet de disposer brutalement des empêcheurs de progresser en rond.

Devant le conflit des morales, créer une science rationnelle des morales
16 h 02

Georges Leroux – Pour contrebalancer ce relativisme nietzschéen, il va se produire un phénomène dont [sic] nous vivons encore aujourd’hui, nous philosophes. C’est l’apparition de l’éthique. C’est-à-dire le grand œuvre de Kant c’est de nous dire que, devant le conflit des morales, Sittlichkeit [« bonnes mœurs »], eh bien nous devons absolument créer une science rationnelle de la morale.

Je n’apprendrai à personne ici dans cette cour et en particulier à des juristes, si je dis que cette période est aussi celle de la Déclaration universelle des droits. Et donc quand l’éthique kantienne surgit, pour faire très court, elle est dans un mouvement parallèle avec l’apparition de l’idéologie des droits de l’homme, la Déclaration universelle, de la promotion de l’égalité et de la liberté. Nous voyons donc apparaître une nouvelle science philosophique qu’aujourd’hui nous avons pris l’habitude, suite à Kant, mais aussi aux théoriciens et aux éthiciens modernes comme John Rawls et bien d’autres, de séparer de la morale.

Le relativiste absolu

Georges Leroux – Alors, le relativisme, s’il touche les morales, il les affecte dans leur promotion de la conception de la vie bonne. Mais quelqu’un qui serait un relativiste absolu, on se comprend, ce serait quelqu’un qui dirait que non seulement les morales sont condamnées à l’individualité et ne peuvent être universalisées, mais que l’éthique elle-même, c’est-à-dire la science des principes, ne peut pas être universalisée. Alors ça aujourd’hui, c’est une variété assez rare de relativistes. Je connais très très peu de philosophes qui soutiendraient que, actuellement l’humanité, grâce au travail des juristes et des cours, et en particulier ce que nous faisons ici est un exercice extraordinaire à mes yeux, parce que précisément nous travaillons dans ce mouvement général, où s’universalisent les normes. Eh bien, les philosophes sont plutôt d’accord pour dire que la science éthique contemporaine qui est une réflexion sur les principes en voie d’universalisation qui nous permet, pas actuellement, pas parfaitement, et non pas pour toujours non plus peut-être, d’universaliser les principes qui nous permettraient donc de régler les différends des morales.

Messianisme éthique

Georges Leroux – Eh, bien, c’est le processus dans lequel nous sommes engagés : les droits de l’homme progressent. Nous avons eu, il y a quelques semaines, le Congrès de Genève sur les droits de la personne, on voit que, de congrès en congrès à Genève, la formulation des droits est de plus en plus inclusive. L’éthique donc progresse et le relativisme en éthique est un relativisme très très limité par rapport à celui qui règne en morale.

Me Boucher – Il nous manque peut-être une petite donnée. Vous parlez beaucoup de morale, vous nous avez dit qu’il existe différents groupes, différentes morales, quelle est la différence entre la morale et l’éthique ?

La morale et l’éthique selon John Rawls et Georges Leroux

Georges Leroux – C’est simple. J’emprunte la distinction au philosophe qui fait autorité aujourd’hui, il s’appelle John Rawls, dans un livre qui s’appelle Théorie de la justice. Il a écrit quinze autres livres, mais c’est son maître livre et c’est celui que tous les penseurs aujourd’hui, ou bien pour le réfuter ou bien en tout cas pour penser avec lui, adoptent et donc suivent son lexique. Les morales – alors, je vais être très précis -- ce sont des prescriptions concernant la vie bonne, c’est-à-dire si vous vous dites, par exemple, que vous préférez la solidarité et la collaboration à la compétition et à l’excellence, alors ça c’est une façon qui, dans l’éducation des enfants puisque nous y sommes, peut représenter deux morales différentes. Si vous êtes chrétien en plus et que vous dites qu’il est très très important que les enfants soient éduqués dans la charité, ça, c’est une morale. C’est-à-dire, c’est une prescription de la vie juste et bonne.

L’éthique pour arbitrer les conflits moraux

Georges Leroux – Bon. Maintenant, certaines morales entrent en conflit, certaines morales sont entièrement hétérogènes à d’autres. Ah. Il y aurait tant d’exemples à donner. Mais il vient un point où, dans les sociétés qui comme les nôtres, des sociétés pluralistes, nous nous interrogeons sur la possibilité d’arbitrer nos conflits moraux. Vous allez me dire pourquoi est-ce qu’on s’occupe de cela ? Eh, bien il y a quelque chose de nouveau dans nos sociétés, c’est que nous sommes des démocraties. Et nos conceptions de la vie morale, c’est-à-dire de la vie juste et bonne, ont une influence directe sur le législateur. Si quelqu’un dit qu’il faut payer moins d’impôts…

Me Boucher – D’accord.

Principe « universel » maximin

Georges Leroux – Vous êtes d’accord avec cela !? (rires) Eh bien, il va devoir l’argumenter. Dans Théorie de la justice, on va se demander est-ce que le libéralisme qui nous règle les droits individuels et ainsi de suite sont [sic] soutenus par un principe universel en éthique. La réponse, c’est oui. Ils sont soutenus par le principe universel [selon Leroux] des démunis, c’est ce qu’on appelle le principe « maximin » en philosophie, c’est-à-dire il faut donner [le] plus à ce qui ont [le] moins. Si vous contestez maximin, si vous contestez un principe éthique universel, ou en tout cas en voie d’universalisation dans la théorie contemporaine, alors d’abord vous n’avez plus de disposition morale, vous ne pouvez plus prescrire la vie juste et bonne. [!!!] Vous pouvez toujours le contester, il y a très peu de gens qui contestent maximin, mais cela nous engage peut-être dans une discussion qui serait trop longue…
Présentation sur John Rawls et un de ses critiques, Michael Walzer

Voir aussi, pour une critique de Rawls, Philippe Nemo dans Histoire des idées politiques aux Temps modernes et contemporaines, PUF, Paris, 2002, pp. 1395 à 1397. Nemo considère Rawls comme plus proche de la tradition millénariste que de la tradition démocratique et libérale. Lire aussi Robert Nozick dans Anarchie, État et utopie qui critique la logique de redistribution constante réclamée par Rawls qui risque de conduire à terme à une intervention permanente de l'État.

Le principe maximim a été, entre autres, critiqué par Kenneth Arrow et John Harsanyi, Pour d’autres critiques, dont certaines communautariennes, par rapport à la Théorie de la justice de Rawls, voir Critics of A Theory of Justice.
Georges Leroux – Je reviens à votre question précise : qu’est-ce qu’une morale ? C’est une description de la vie juste et bonne que nous, dans notre langage, nous appelons substantielle, c'est-à-dire qu’il faut qu’il y ait du contenu. Faut dire à quelqu’un comment vivre. Ça c’est bien, puis ça c’est pas bien, et ainsi de suite. Et ça touche tout le domaine de l’agir humain.

L’éthique, science des principes en voie d’universalisation

18 h 09

Georges Leroux – Maintenant qu’est-ce que l’éthique ? C’est la science des principes qui gère les conceptions de la vie bonne. Et l’éthique est en voie d’universalisation, parce que les portions de la morale qui sont désormais universalisées nous n’allons pas les faire croupir dans le monde un peu difficile et conflictuel des morales en conflit.

Personne ne discute plus « Tu ne tueras point »

Georges Leroux – Personne aujourd’hui ne discute « Tu ne tueras point ».
[Hmm et l’avortement ? Et qui est ce « personne » ? Aucun Occidental progressiste ? La peine capitale existe dans de nombreux pays.]
Georges Leroux – Il y a un moment donné, on le faisait encore. Bon, Ah. Je ne sais pas si j’ai besoin de donner d’autres exemples. Il y a tellement de choses qui sont en voie d‘universalisation, que nous voyons que c’est dans le contenu de certaines morales qu’il y a des choses, là-dessus, c’est mon sujet personnel de réflexion, sur lequel j’ai beaucoup écrit, c’est la question de savoir si on peut dire – arrêtez-moi si je deviens ennuyeux – a priori, est-ce qu’il y a dans les morales certaines zones qui ne pourront jamais été universalisées ?

Les croyances — aucun arbitrage rationnel

Georges Leroux – Vous savez, à notre époque, on vit quand même des choses difficiles : nous avons des conflits pro-vie et pro-choix qui ne sont soumis à aucun arbitrage rationnel respecté par les parties. Nous sommes donc là dans la croyance, donc dans la morale. Donc dans « Moi je crois que, toi tu crois que ». Il paraît, en tout cas, à ce jour, impossible d’obtenir un principe éthique pour régler des questions aussi graves. Mais là, j’ai honte de parler de cela devant Guy Durand [témoin expert pour la partie adverse] qui connaît ces principes beaucoup mieux que moi.

[…]

Le pluralisme et distinction avec le relativisme
Suit une discussion sur la différence entre le pluralisme et le relativisme selon Georges Leroux que nous écourtons. Georges Leroux décrit le pluralisme d’abord comme une description, la simple constatation de l’existence de la pluralité.
Réduction du pluralisme de fait dans nos histoires

16 h 13

Georges Leroux – Donc, nous sommes en chemin vers une réduction du pluralisme dans nos histoires – je dirais – dans les sociétés occidentales. Les autres, je préfèrerais en parler de manière séparée. Parce que là où la démocratie n’existe pas, le débat sur ce qui est pluriel évidemment n’a pas le même sens que dans les sociétés où le débat est permis.

Habermas : nos sociétés «progressent»

Georges Leroux – Alors, dans le domaine moral, nous sommes tous [!!] d’accord et cela est enseignement qui nous a été donné par le deuxième plus grand philosophe de notre siècle, du siècle passé, en questions morales, l’Allemand Jürgen Habermas qui a beaucoup écrit sur les rapports entre morale et droit. Et cet enseignement est le suivant : nous n’avons pas besoin de réduire, dans le moment même où nous vivons, la différence entre nos conceptions de la vie bonne pour continuer de croire que nous allons parvenir à un consensus rationnel. Et la preuve en est, selon Habermas, que nos sociétés dialoguent beaucoup, discutent beaucoup et progressent en particulier à cause du droit. C’est le droit qui fait le processus, on pourrait dire, de condensation des conceptions morales.

Beaucoup de philosophes sont hostiles à cela, disent les juristes ne devraient pas s’en mêler. Bon, c’est une opinion. Habermas et l’opinion majoritaire sont plutôt d’avis que le savoir juridique nous permet de recapitaliser notre savoir moral. Il parle même de savoir moral.

Évolution absolument remarquable, le pluralisme « normatif »

Georges Leroux – Alors, donc, c’est sûr que nous sommes dans ce domaine-là dans une évolution absolument remarquable et le pluralisme apparaît donc – et c’est le deuxième sens du mot pluralisme – comme un pluralisme normatif. Alors ce mot-là est intervenu à plusieurs reprises dans notre débat, le pluralisme c’est pas seulement ce qui nous permet de décrire al diversité, cela peut être aussi quelque chose qui nous permet de décrire ce que nous devrions respecter.

La diversité, condition de l’évolution morale !

Georges Leroux – C’est-à-dire l’idée que la différence et la diversité doivent être respectées en tant que facteurs d’enrichissement de notre conception morale. Si nous étions tous de la même couleur [quel rapport avec la morale ?] et tous pareils et si nous avions tous la même conception de la vie juste et bonne, d’une part, il est vraisemblable qu’il y aurait une certaine morosité, mais la conséquence la plus importante c’est qu’il n’y aurait pas d’évolution. C’est-à-dire, il n’est pas certain dit Habermas, que, dans contexte de diversité réduite, l’égalité, la justice progresseraient autant que dans un contexte de diversité, on pourrait dire, accélérée ou même dire stimulée. Je n’aurais pas dire promue.
[Et donc il faut imposer un cours unique d’ECR à tous pour stimuler la diversité… Hm.]
Cela dit. La réalité est que ce pluralisme de fait et ce pluralisme normatif n’ont rien à voir avec le relativisme. Car le relativisme consiste précisément à postuler que la Vérité ne peut pas être atteinte. D’accord ? Et qu’en conséquence, il faut y renoncer. Nous sommes tous prisonniers de nos bulles personnelles, sociales, identitaires, nationales, nous sommes dans nos tribus, dans nos familles. Où que ce soit il y a de la prison. Ah, Oh. Où que ce soit, en d’autres mots, nous sommes captés dans un univers qui rétrécit nos possibilités de comprendre et donc le relativiste dit : « Voilà, c’est la situation de l’humanité, c’est comme cela. Faut s’y habituer et les conflits, bin, faut les gérer en tenant compte de cela. »

Eh bien, le pluraliste s’accorde pas du tout avec cela, le pluraliste pense que -- le pluraliste envisage même que – la diversité étant une richesse, le débat national, le débat social, le débat familial, tout où il y a de la diversité, doit se poursuivre. Pourquoi ? Parce que la Vérité demeure un idéal à atteindre. Elle est possible. Elle doit être pensée comme possible à atteindre. Et donc, je dirai très simplement pour terminer, je l’ai dit dans mon expertise, qu’il y a une incommensurabilité entre les perspectives pluralistes et les perspectives relativistes.
Ce n’est pas parce que le cours est défendu par un pluraliste normatif qu’il ne peut être relativiste dans les faits dans le domaine des religions – d'ailleurs, Leroux semble toutes les considérer comme de simples croyances, aucune meilleure que l’autre, aucune vraie, aucune vérifiable, puisqu’il continue de chercher des universaux et la Vérité.

Quant à l'enrichissement dû à la diversité ethnique et de valeurs, tous ne pensent pas que celui-ci soit dans les faits nécessairement bénéfique. C'est le cas par exemple de Robert Putnam. Dans un article retentissant publié en juin 2007, ce sociologue et politiste en arrive à formuler un certain nombre de conclusions inattendues de la part d'un « progressiste  », et qu'on peut réduire à quatre thèses :
  1. Plus la diversité ethnique grandit, plus la confiance entre les individus s'affaiblit  ;
  2. dans les communautés les plus diversifiées, les individus ont moins confiance en leurs voisins  ;
  3. dans ces mêmes communautés, non seulement la confiance inter-ethnique est plus faible qu'ailleurs, mais la confiance intra-ethnique l'est aussi ;
  4. la diversité ethnique conduit à l'anomie et à l'isolement social.
Il va de soi que de telles conclusions, établies à partir d'une enquête conduite d'une manière exemplairement scientifique sur un échantillon d'environ 30 000 individus, ne peuvent qu'affoler les adeptes du « politiquement correct » en matière d'immigration (célébrée comme une « richesse ») et les partisans du multiculturalisme. Pour être honnête, il faut dire que Putnam qui est un « liberal » américain pense que ces difficultés liées à la diversité sont passagères et que, sur le long terme, l'immigration est une bonne chose (ou plutôt l'immigration passée, c'est-à-dire très majoritairement européenne, aux États-Unis aurait été une bonne chose).

Écouter une débat radiophique avec Robert Putnam (en anglais)



[à suivre]