mercredi 13 février 2008

France — « L’école laïque, gratuite et obligatoire » constitue un mythe fondateur

« L’école laïque, gratuite et obligatoire » constitue un mythe fondateur de la IIIe République. Cependant ni le principe de la gratuité de l’enseignement ni celui de son obligation ne datent de cette époque : les petites écoles de l’Ancien Régime n’étaient pas payantes, les milliers de Frères des écoles chrétiennes donnaient un enseignement gratuit depuis 1681, pour instruire gratuitement les enfants du peuple ; et Louis XIV avait édicté l’obligation scolaire jusqu’à quatorze ans, en 1698.

En 1880 à la chambre des députés, Paul Bert, personnalité marquante du parti républicain, reconnaissait que 85 % des enfants étaient scolarisés dans le primaire mais mal scolarisés car ils l’étaient par l’Église.... l’important dans les lois Ferry, c’est la laïcité [ou le laïcisme]. En 1998, Jean-Michel Gaillard fit remarquer lors d’un colloque organisé à la Sorbonne, que « la laïcité loin d’être idéologiquement neutre, était un combat mené par les instituteurs contre la monarchie et le cléricalisme ». En décrétant la laïcité, Ferry veut en réalité que les enfants soient coupés des milliers de religieuses et de religieux qui se consacrent à l’enseignement primaire.
(Jean Sévillia, Historiquement correct, pour en finir avec le passé unique, p.284).

« Théoriquement, l'« école obligatoire » date de Louis XIV et non de Jules Ferry. » (François Bluche, Louis XIV, Fayard, Saint-Amand-Montrond 2002, p. 494). Le principe de l'obligation scolaire se trouve déjà en 1698 dans un un édit de Louis XIV, même si celui-ci fut peu suivi d'effets. À l'étranger il avait été mis en œuvre par la Prusse en 1717, ébauché par l'Autriche en 1774 avant d'y devenir effectif en 1869.

Les frères des écoles chrétiennes dispensaient déjà aux enfants du peuple une instruction gratuite.

Et la loi Guizot en 1833 garantit la gratuité de l'école pour les indigents.
Là où Jules Ferry va innover, c'est vrai, c'est en liant gratuité et obligation avec la laïcité...
(Jean Sévillia, Quand les catholiques étaient hors la loi, Perrin, 2005, p. 70).