jeudi 10 janvier 2019

Radio-Canada et opuscule d'Ayas et Gendreau : article partial à charge, généralisations, omissions, manque de contexte

Article (vos impôts à l’œuvre !) assez typique et prévisible de Radio-Canada sur l’ouvrage de l’abbé Gendreau et du Dr Ayas.

Tout commence avec le titre de l’article :


C’est inexact. Il s’agit plutôt que les parents eux-mêmes enseignent l’éducation à la sexualité à leurs enfants (l’opuscule traite de la maternelle à la 3e primaire)  en accord avec l’école...

Deux heures plus tard, la société d’État corrigeait son titre pour le rendre moins inexact, mais pas complètement correct, car il s’agit de retirer des classes d’éducation à la sexualité pas tant de ne pas donner de cours d’éducation à la sexualité.


Extrait de l’article :
Le communiqué parle ainsi d’une « impasse », en présentant le manuel comme une porte de sortie. Le message indique également, de façon erronée, qu’« en bref, les parents peuvent parler avec les enseignants et prendre une entente spéciale pour donner la matière eux-mêmes ».

Les écoles du Québec devront obligatoirement offrir [c’est « imposer » pas « offrir » si l’on comprend bien le journaliste !] le programme du ministère de l’Éducation dans ce domaine à partir du mois de septembre, tant pour les élèves du primaire que du secondaire.

L’imposition de l’éducation à la sexualité dans la grille des matières à enseigner dans toutes les écoles du Québec empêche-t-elle tout dialogue et aux parents de donner la matière eux-mêmes ? Est-ce cela que le journaliste veut dire ? Sait-il qu’en 1992 cette possibilité avait été accordée par le ministre de l’époque pour le cours d’éducation sexuelle de l’époque ? Il devrait faire ses devoirs et demander au ministère ce qui a changé...

L’article poursuit
Au ministère de l’Éducation, on se dit surpris par cette sortie de l’abbé Gendreau.

Dans une déclaration transmise par courriel, on juge que « l’éducation à la sexualité est essentielle au bon développement de l’enfant », et que le retour de ces cours « est très attendu par les parents »
« Surpris  » — Cet étonnement n’en est pas un pour ceux qui ont suivi la pétition contre le nouveau cours d’éducation à la sexualité. Le ministère avait été informé des résultats de cette pétition (plus de 33 000 signatures sans aucune publicité dans les médias). Nous sommes plutôt étonnés de « cette surprise ».

« Essentielle » — Tout dépend de quelle éducation à la sexualité, à quel âge (à 5 ans ?) et comment. C’est toute la question, mais là le journaliste ne creuse pas, n’émet aucune réserve, il ne fait que relayer et être du côté du manche.

Quant à très « attendu par les parents »... Il faut croire le ministère sur parole, mais surtout une nouvelle fois cette affirmation n’est pas contextualisée :



  • Le cours n’est pas attendu par les parents (tous), mais visiblement des parents (certains, peut-être même beaucoup)
  •  On comprend que la machine gouvernementale parvient avec nos impôts à créer une certaine bienveillance auprès des parents pour le nouveau programme en insistant sur des nouveautés peu controversées (lutte au cyberharcèlement, au sexto, etc.), mais en ne parlant jamais des sujets plus controversés abordés par exemple par les auteurs de cet opuscule.

    L’article à charge continue :

    La réaction n’a pas non plus tardé du côté des enseignants. En entrevue à RDI, Éric Gingras, président du Syndicat de Champlain, un regroupement d’enseignants, a été formel : les cours d’éducation à la sexualité sont bénéfiques.

    « Bien que l’on ait plusieurs problèmes avec l’implantation de ce projet, nous n’avons jamais été contre ça », a-t-il déclaré.

    À nouveau pas « des enseignants » (à savoir tous), mais « du côté d’enseignants ». Nous connaissons des enseignants qui ne sont pas d’accord avec le contenu ou qui sont inquiets de possibles dérapages par des enseignants idéologues.

    À nouveau « les cours d’éducation à la sexualité sont bénéfiques », tout dépend lesquels, donnés par qui, à quel âge, comment, à quels enfants, etc.


    Il existe un consensus social sur le fait qu’il faut parler d’éducation à la sexualité aux jeunes. On a permis aux parents de le faire, et vraisemblablement, ça n’a pas fonctionné.

    M. Gingras [président du Syndicat de Champlain] a par ailleurs rejeté les arguments de l’abbé Gendreau, selon qui les jeunes vivent une période de « latence sexuelle » entre les âges de 6 et 12 ans.

    On a permis aux parents de le faire ? On a l’impression que les enseignants sont encore assez bons d'accorder aux parents la permission d’enseigner des choses à leurs enfants. Qui dit que « cela » n’a pas fonctionné ? Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ? Selon quels critères ? Chez combien de parents ? Faut-il préciser que l’éducation à la sexualité est déjà enseignée depuis longtemps dans les écoles québécoises (sous des formes différentes) et que « vraisemblablement, ça n’a pas fonctionné » non plus ?

    « M. Gingras a par ailleurs rejeté les arguments de l’abbé Gendreau »... Quelle légitimité le syndicaliste Gingras a-t-il dans ce domaine ? Est-il pédiatre, psychologue, philosophe ? Peut-il imaginer que tous les enfants ne sont pas les mêmes ? Le journaliste de Radio-Canada a omis de signaler que l’abbé Gendreau s’appuyait sur l’avis du Dr Maurice Berger, professeur en psychologie de l’enfance. Pour combler cette innocente omission, nous incluons ci-dessous une brève vidéo du Dr Berger (il se dit clairement athée dès le début de la vidéo, ce n’est donc pas la raison de cette omission par la SRC).



    Pour sa part, le président de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), Sylvain Mallette, invite l’archevêché de Montréal à laisser la pédagogie « aux experts et aux expertes que sont les profs ».

    « Je pense que l’archevêché, sous couvert de soutenir les profs, veut promouvoir un ordre du jour religieux en instrumentalisant une question très sensible, et en se préoccupant peu de la charge de travail des profs et des besoins des élèves », a-t-il indiqué sur les ondes de l’émission Midi Info.

    Ce corporatisme devient risible.

    L’anthropologie ou la philosophie entourant la sexualité n’est pas de la « pédagogie » que seuls des diplômés des facultés d’éducation du Québec, dûment patentés, peuvent enseigner comme des techniciens qui suivent des recettes de pédagogie.

    La question est d’abord celle du contenu de ces cours, de conceptions anthropologiques, philosophiques, spirituelles qui peuvent varier. M. Mallette peut-il concevoir que tout le monde ne partage pas les mêmes valeurs entourant la sexualité ? L’importance de la fidélité, de l’abstinence avant le mariage, la primauté de l’amour par rapport à la recherche du seul acte sexuel mécanique sont des sujets sur lesquels les gens peuvent légitimement être en désaccord. Pourquoi le gouvernement doit-il se mêler de lutter contre les « stéréotypes de genre » ? Les « pédagogues » ne sont que de petits soldats dans ces disputes en rien des autorités. Est-ce que la théorie du genre, la lutte contre l’hétérosexisme (officielle !) ou la bienveillance envers le mouvement trans sont des vérités révélées ? Ces aspects dans les programmes d’éducation à la sexualité « modernisés » ne pourraient-ils pas en fait faire plus de mal que de bien ? Même si cette matière est donnée par ces « pédagogues », ces « experts » (dès la maternelle !)

    Enfin, pourquoi cette crispation ? Pourquoi le ministère, les « pédagogues » ne peuvent-ils admettre la diversité des enfants, des sensibilités des parents ? Pourquoi ne pas permettre aux parents d’aborder ces questions de manière structurée à l’aide de ce genre de manuels ? 

    Pourquoi au Québec faut-il que ce soit toujours la taille unique pour tous ?



    Voir aussi

    Éducation sexuelle : retirez vos enfants des classes, propose l’archevêché

    Québec — Roberge (CAQ) veut que l’Éducation à la sexualité soit imposée à tous malgré couacs et difficultés

    La chronique hallucinante de Sophie Durocher sur le sujet : Que les curés s’occupent de leurs fesses !, le second auteur, le Dr Ayas, a-t-il, lui, le droit de parler ?

    Québec — le programme ECR serait là pour de bon selon le ministre Roberge

    Attitude de parent québécois face au ministère qui sourit et dit avec une belle constance « non ! »

    Éducation sexuelle: retirez vos enfants des classes, propose l'archevêché

    La Presse a publié un article sur le livre du Dr Ayas et de l’abbé Gendreau. On y sent poindre la désapprobation du journaliste qui cherche à montrer des contradictions dans la démarche des auteurs et à citer des phrases qui choqueraient des parents progressistes peu au courant de la recherche sur le sujet.

    L’archevêché de Montréal a relayé hier une invitation à retirer les enfants de leurs classes d’éducation sexuelle afin de confier aux parents le soin de donner eux-mêmes le nouveau cours obligatoire en respectant « la pudeur naturelle » des jeunes.

    Les autorités ecclésiastiques font la promotion d’un manuel [portant sur le cours d’éducation sexuelle imposé aux enfants de maternelles en 3e année du primaire, il faudrait le dire ici] destiné aux parents catholiques, qui compare le nouveau programme à une agression. 

    Mais plutôt que de s’y attaquer de front devant les tribunaux, la conclusion d’ententes à la pièce est préconisée : « Les parents peuvent parler avec les enseignants et prendre une entente spéciale pour donner la matière eux-mêmes », indique un communiqué relayé hier par l’archevêché.

    [Rappelons que le ministre Michel Pagé en 1992 avait permis la dispense du cours tant que l’enfant dispensé recevrait de l’information équivalente]

    Le court manuel promu par l’Église reprend les objectifs obligatoires du Ministère en les adaptant à une perspective catholique.

    Rédigé notamment par le directeur du service de pastorale liturgique de l’archevêché (mais à titre personnel), le livre préconise de repousser à plus tard plusieurs discussions sur la sexualité.

    « Il est en effet reconnu par les psychologues les plus crédibles que l’enfant vit une période de latence de 6 à 12 ans environ, il serait comme sexuellement endormi », expliquent l’abbé Robert Gendreau et le médecin Riouf Ayas dans leur livre publié lundi.

    « Il sera donc toujours préjudiciable au sain développement de l’enfant de forcer sa pudeur naturelle. L’action gouvernementale en ce sens pourrait être considérée comme une agression, alors que c’est exactement ce qu’elle prétend vouloir prévenir. »

    – Extrait du livre de l’abbé Robert Gendreau et du Dr Riouf Ayas

    Le programme d’éducation à la sexualité devrait être implanté à partir de cette année dans plusieurs commissions scolaires du Québec. Son déploiement a été retardé en raison des réserves des syndicats quant à la formation des enseignants.

    Au primaire, il occupera cinq heures par année scolaire. Le temps qui lui est consacré triple au secondaire. Le droit de retrait est virtuellement impossible à exercer, sauf pour les victimes de crimes sexuels.  

    [Le Québec, pays du Monopole de l’éducation...

    Notez que la loi n'est en rien aussi restrictive, voir l'article 222 de la Loi sur l'instruction publique du Québec.

    222. La commission scolaire s’assure de l’application du régime pédagogique établi par le gouvernement, conformément aux modalités d’application progressive établies par le ministre en vertu de l’article 459.

    Pour des raisons humanitaires ou pour éviter un préjudice grave à un élève, la commission scolaire peut, sur demande motivée des parents d’un élève, d’un élève majeur ou d’un directeur d’école, l’exempter de l’application d’une disposition du régime pédagogique.

    Il n'est en rien question de victimes sexuelles ni même d'avoir été victime de quoi que ce soit. C'est l'interprétation qu'en fait le Monopole de l'Éducation qui rend ce droit virtuellement impossible... Et si les parents ne sont pas contents, ils peuvent essayer de gagner devant les tribunaux avec un État qui utilise avec prodigalité les deniers publics pour imposer son interprétation restrictive. C'était justement l'article de loi invoqué par les parents dans l'affaire Lavallée c. la commission scolaire de Drummondville. Voir La mère aux commissaires : « Qu'est-ce que ça vous prend comme préjudice grave ? »

    ]



    Des familles inquiètes

    En entrevue, l’abbé Gendreau a expliqué qu’il côtoyait « beaucoup de familles chrétiennes » inquiètes par rapport au nouveau programme et à la rapidité avec laquelle il aborde certains sujets. « Nommer toutes les parties du sexe de la femme, de l’homme, externes et internes... je pense que quand on est en première année, c’est un peu raide », a-t-il expliqué. D’autres informations arrivent « beaucoup trop tôt » dans le parcours des enfants, à son avis.

    Une réflexion a eu lieu et une solution a émergé, a-t-il relaté : « Après l’entente avec le professeur, on ne retire pas l’enfant du programme, mais on le retire de la classe. » Aux parents de prendre en charge ce cours à la maison, d’où la pertinence d’un manuel.

    Ce manuel contient d’ailleurs un contrat vierge à faire signer par l’enseignant. Il prévoit que l’enfant « sortira de la salle de classe » pendant les cours pour se rendre à la bibliothèque ou dans un bureau.

    « En contrepartie, nous nous engageons à remplir les objectifs pédagogiques à la maison », promettent les parents en signant le contrat.

    Robert Gendreau précise que chaque parent serait alors libre de donner les enseignements prévus dans des séances formelles ou au moyen de discussions informelles. L’abbé n’est au courant d’aucune entente du genre pour le moment.

    Personne au ministère de l’Éducation n’aurait été consulté quant à la légalité de ce type d’entente. Le ministère n’a pas répondu à La Presse, hier après-midi.

    Meilleures ventes

    Le manuel de l’abbé Gendreau et du Dr Ayas met de l’avant l’importance du mariage et de la foi dans la vie personnelle. Il propose notamment des passages bibliques à faire lire à l’élève et propose de « consolider ce que la nature nous a donné », plutôt que de soulever des questions d’identité sexuelle.

    Les deux coauteurs critiquent aussi à plusieurs reprises le programme du Ministère qu’ils se chargent pourtant de transmettre. [Ils n’ont guère le choix au Québec pays de la contrainte éducative : le journaliste suggère-t-il aux parents mécontents de passer plusieurs années devant les tribunaux, de dépenser plusieurs centaines de milliers de dollars sans nécessairement gagner à terme ? Ou seule la résignation silencieuse est-elle désormais admise ?] Ainsi, quand, en deuxième année, on demande d’aborder l’anatomie et la diversité des corps, les auteurs du manuel rechignent : « Cette réflexion n’est-elle pas prématurée à l’âge de 7 à 8 ans ? À cet âge, l’enfant est beaucoup plus disposé à entendre parler de Jésus que de sexualité », écrivent-ils.

    Le manuel met aussi en garde les parents contre les dérapages du programme, « qui pourrait en faire [des enfants] des proies faciles pour les prédateurs pédophiles qui attendent d’en abuser ».

    Le livre aborde seulement le programme de la maternelle à la troisième année du primaire. D’autres tomes réinterprétant le programme destiné aux autres groupes d’âge sont envisagés.

    Offert [vendu à un prix modique] sur Amazon.ca depuis le début de la semaine, le manuel s’est hissé parmi les ouvrages les plus vendus de sa catégorie sur la plateforme.

    Le manuel écrit par l’abbé Robert Gendreau et du Dr Riouf Ayas met de l’avant l’importance du mariage et de la foi dans la vie personnelle.

    Quelques extraits du manuel

    « Encourager une initiation précoce à la sexualité pose question, car cela peut attaquer la pudeur naturelle des enfants, déranger leurs sentiments d’intimité personnelle et détruire leur belle innocence. »

    « En premier lieu il faut développer chez l’enfant la pudeur, une pudeur saine et qui serait une première ligne de défense [contre les agressions sexuelles]. »

    « Il faut apprendre à ne pas en dire plus que ce que l’enfant veut savoir. »

    « Les filles seront toujours plus portées à jouer avec des poupées que les garçons. »


    [On sent que cela choquera le lecteur progressiste et que c’est peut-être la raison de cette courte citation sans contexte. La recherche université tend toutefois à prouver que c'est globalement vrai : dès la prime enfance les tout jeunes garçons sont plus attirés par les choses alors que les petites fillettes s’intéressent plus aux visages, aux gens. Voir Le paradoxe de l’égalité entre les sexes c. la théorie du genre et Jordan Peterson et l’égalité des sexes : députée et ex-ministre suédoise à du mal à comprendre. Notons que cette lutte ne réduit en rien les stéréotypes dans les choix de carrière en Scandinavie. Voir Plusieurs grandes études : l'égalité juridique des sexes renforce les différences sexuelles.

    Voici ce que disent les auteurs au sujet des « poupées » (3 passages), la réflexion des auteurs paraît raisonnable une fois citée en contexte:




    ]

    Voir aussi

    Jordan Peterson : l’État ne devrait plus enseigner l’éducation sexuelle

    Jordan Peterson et les jeunes « trans » (M-à-j avis de Debra Soh sur l’augmentation de ceux-ci)

    Québec — Clinique de changement de sexe débordée (épidémie psychologique sociale ?)

    Étude suggère augmentation du nombre d’adolescentes transgenres est en partie un phénomène social

    La priorité éducative du Québec (du moment) : Urgence : « Adapter l’école aux écoliers transgenres »

    Le genre et l’université : une chape de plomb s’abat