vendredi 11 septembre 2020

École Covid-19 — cours de multiculturalisme 101 prime sur le cours de sciences ?

L’historienne Catherine Ferland indique que son fils a vu récemment ses cours de sciences pures disparaitre de son horaire au profit de cours d’éthiques et de culture religieuse.

Respect des « bulles classes » oblige, les horaires d’élèves de 4e et 5e secondaire ont dû être modifiés à la dernière minute. C’est le cas pour le fils de l’historienne de Québec Catherine Ferland, dont les cours de sciences fortes ont été remplacés par des cours... d’éthique et culture religieuse. Une décision illogique pour la mère de famille, qui souligne que les groupes-classes ne sont de toute façon pas respectés pour certains cours et en dehors des classes.

Mais Catherine Ferland y voit surtout « un impact majeur » sur l’avenir, puisque sans sciences ou sans maths fortes, c’est l’admission dans plusieurs programmes aux niveaux collégial et éventuellement universitaire qui est en jeu.

Mme Ferland a dénoncé la situation sur Facebook, mardi. Elle explique que son fils « s’est fait retirer ses sciences fortes, remplacées par des cours d’éthique et culture religieuse (???) », et que « certains de ses amis ont même perdu leurs maths fortes ».

« Tout ça pour soi-disant respecter les “bulles-classes”... mais attention, leur groupe de concentration se retrouve pourtant avec des élèves du régulier (pas la même “bulle”) pour certains cours. Aucune logique et, surtout, un impact majeur sur l’avenir. On ne parle pas ici de ne pas pouvoir faire de parascolaire : sans sciences fortes, plein de programmes de cégep et d’université deviennent soudainement inaccessibles », fulminait Mme Ferland.

La colère de l’historienne n’est pas du tout dirigée contre la direction et le personnel de l’école, « qui font un boulot incroyablement difficile », a-t-elle tenu à préciser sur le réseau social, puis au cours d’un entretien avec Le Soleil, mercredi.

« C’est comme si on leur demandait d’assembler un casse-tête de 2000 morceaux, sans image de référence, auquel il manque des pièces et auquel on a ajouté quelques pièces pas rapport à la dernière minute », illustre-t-elle.

Capture d’écran de la page Facebook de Mme Ferland

Catherine Ferland a d’ailleurs préféré taire le nom de l’école (du Centre de services scolaire de la Capitale), avec qui elle est en discussion pour tenter de régler la situation.

Je sens beaucoup de bonne volonté de la part des écoles de nous trouver des solutions. Essayer de trouver la manière d’offrir ses contenus quand même plus tard à l’année au besoin ce sera après les fêtes ou peut-être même en cours d’été.

Le problème, pour l’instant, c’est surtout les ressources. Les écoles se retrouvent avec des situations impossibles à régler, avec des dizaines, des centaines d’élèves à accommoder tout d’un coup, ajoute-t-elle.

On n’a pas de réponses fermes à me donner, je vois que l’école pédale très très fort pour le moment. C’est un peu le flou total.

Circonstances inédites

Le centre de services scolaire de la Capitale explique jongler avec les horaires depuis la rentrée, rappelant que les choix de cours ont été faits en février dernier, soit avant la pandémie. Depuis, les consignes ont évolué.

Depuis juin, lors du dévoilement du Plan de la rentrée, les écoles secondaires ont élaboré des horaires et eu l’obligation de revoir certains choix de cours et d’options pour maintenir des groupes-classes stables tout en permettant une fréquentation scolaire des élèves à temps plein, explique Véronique Gingras, porte-parole du centre de services.

Les écoles analysent le parcours des élèves avec une équipe de professionnels et tentent de prendre les meilleures décisions possible dans ces circonstances inédites. Pour tout cas particulier, nous invitons le parent et l’élève à clarifier la situation directement auprès de l’école, conclut la porte-parole.



Le calvaire des profs masqués en classe: « J'ai mal à la gorge à force de parler fort et je suis essoufflée »

Après seulement une semaine d’école, certains professeurs se plaignent de maux de gorge et de fatigue, dus au port du masque. Des conditions de travail qui peuvent, selon certains spécialistes, être potentiellement dangereuses pour la santé.

« Déjà vendredi dernier, en fin de journée, j’avais un petit mal de gorge », décrit Marie Briard, professeure de psychologie à l’Institut Notre-Dame de Namur. Cette enseignante admet que le début d’année est éprouvant. « On se sent souvent à bout de souffle, même si des études tendent à prouver qu’au niveau de l’oxygénation, ça va, analyse-t-elle. C’est quand même compliqué et un peu inquiétant. Ce début d’année scolaire est un peu insécurisant dans la mesure où on se sent déjà épuisé en fin de journée ».




Cette professeure n’est pas la seule à être épuisée en début d’année. Dans cette école, beaucoup de collègues s’inquiètent. « C’est assez fatigant, car on est obligés d’élever la voix et au niveau de l’articulation, on doit faire beaucoup d’efforts pour se faire comprendre par nos élèves, considère Émilie Dorval, professeure de français à l’Institut Notre-Dame de Namur. À la fin de la journée, j’ai mal à la gorge d’avoir parlé fort ».

« On va voir dans le futur si les professeurs vont pouvoir continuer, estime Sylvie Satin, directrice de l’institut Notre-Dame de Namur. Car s’ils ont toujours mal à la gorge, si ça les irrite : qu’est-ce que cela va donner au niveau des maladies ? »

Le port du masque permanent pourrait même être dangereux et en particulier pour les enseignants qui parlent toute la journée. « De par ce forçage, [il peut y avoir] essentiellement des lésions du bord libre des cordes vocales, c’est-à-dire des polypes, des hémorragies, parfois sur la longueur des nodules, qui vont être extrêmement délétères à la voix », décrit Gauthier Desuter, laryngologue aux cliniques universitaires Saint-Luc.

Du côté syndical, la CSC Enseignement demande une réunion d’urgence avec la ministre de l’Enseignement, Caroline Désir, afin d’assouplir la règle, ou au moins, de permettre au personnel des moments d’aérations.

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