dimanche 5 juillet 2009

École québécoise : le zéro disparaît, la plus basse note est parfois de 24 %

En septembre 2007, à la suite d'un tollé dans la population, la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, a fait disparaître les lettres et les cotes dans le bulletin pour les remplacer par les pourcentages. Mais les enseignants peuvent continuer d'évaluer leurs élèves avec des lettres, qu'il faut ensuite convertir en chiffres.

C'est ainsi que le zéro a été évacué de plusieurs grilles de conversion, qui varient d'une commission scolaire et même d'une école à l'autre. Selon le Soleil, à la commission scolaire de la Capitale par exemple, la plus basse note possible, qui correspond à la lettre E, est 24 %.

Selon le Professeur masqué qui aurait eu accès à un tableau de correspondance pour une autre commission scolaire, la transposition devait se faire de la sorte :

0 à 28 % = E = 28 %
29 à 36 % = E+ = 36 %
37 à 44 % = D = 44 %
45 à 52 % = D+ = 52 %
53 à 60 % = C = 60 %
61 à 68 % = C+ = 68 %
69 à 76 % = B = 76 %
77 à 84 % = B+ = 84 %
85 à 92 % = A = 92 %
93 à 100 %= A+ = 100 %

Il ajoutait que la conversion de la cote en pourcentage se fait quasi systématiquement à la hausse : « Cela vous surprend-il? Entre 53 et 60 %, il y a un monde, je crois. Mais dans l'œil de l'administrateur scolaire, à 53 %, tu passes ! »

Comment ? Grâce à une pondération administrative : « En langage clair, la direction de son école a la possibilité de faire varier cette pondération de 0 à 30 % de la note finale de l'élève. Bref, la direction s'immisce dans l'évaluation professionnelle des enseignants. En se basant sur quoi ? On ne le sait pas. S'assurer qu'il y ait le moins d'échecs possibles ? Contrebalancer l'effet négatifs d'examens mal foutus ? »

À la commission scolaire de la Capitale, la grille de conversion est calquée sur celle proposée par le ministère de l'Éducation, explique le directeur adjoint des services éducatifs, Roger Delisle, qui minimise la disparition du zéro. « L'enseignant porte un jugement sur l'ensemble de l'année. Ce serait très étonnant qu'on mette à l'élève un zéro dans ces circonstances », dit-il.

Toutefois, certains élèves sont eux-mêmes étonnés comme le rapporte Andrée Turbide, Syndicat de l'enseignement des Deux Rives. « Les élèves disent aux profs : Ça ne dérange pas, même si j'écris rien dans mon examen, je vais avoir 32 % ? »

Redoublement quasi inexistant

Par ailleurs, même si un élève obtenait un zéro dans son bulletin, rien n'indique qu'il redoublerait. Même si le redoublement est dorénavant permis par le Monopole de l'Éducation, il reste quasi inexistant dans les écoles du Québec. En 2007-2008, 2 % des élèves du primaire ont redoublé, selon les chiffres du ministère.

Une des raisons moins nobles de ce redoublement : le coût associé à celui-ci.

Dans certaines écoles secondaires, le nombre d'élèves qui redoublent est limité. « La direction nous a avertis qu'il y avait seulement 14 places pour des doubleurs », raconte un professeur de français de deuxième secondaire, qui a préféré que le Soleil ne l'identifie pas. « Qu'est-ce que je fais si j'ai 70  élèves qui coulent ? »

Et puis, il suffit parfois d'une simple intervention des parents pour éviter le redoublement. Une enseignante de Québec en a fait l'expérience avec son beau-fils. Elle n'a fait que poser quelques questions sur les résultats de l'élève et la direction lui a tout de suite proposé de le faire passer.