dimanche 4 juin 2017

375e de Montréal, récupération multiculturaliste ? (m-à-j)

Nous avions déjà fait part de nos craintes de voir le 375e anniversaire de la fondation de Montréal récupéré politiquement par le parti du « vivre ensemble » multiculturel qui occulterait la fondation d’une ville française point d’appui d’une colonie française, d’un effort mené par des gens très pieux (Ville-Marie) et l’importance de cette ville du point de vue historique et linguistique pour la francophonie nord-américaine.

Denis Bombardier revient sur cette récupération :

TOUS DES IMMIGRANTS ?

Rien ne nous sera épargné­­. Montréal est en fête et cette commémoration de la fondation de Ville-Marie par nos ancêtres français permet au maire Denis Coderre de conclure que « nous sommes tous des immigrants ». Tous, mais d’abord et avant tout les Canadiens français de souche. On a bien compris­­ le message.

Le maire n’en est pas à un raccourci près lorsqu’il veut nous faire part de la réflexion qui inspire ses initiatives. Pour comprendre sa vision orthodoxe du multiculturalisme, ne l’oublions pas, puisque Denis Coderre­­ a été dans une vie antérieure ministre libéral à Ottawa. Le multiculturalisme s’est développé et s’est épanoui, si l’on peut dire, pour en arriver à cette création surprenante qu’est le Canada post national tant vanté et incarné par Justin Trudeau. Dans ses voyages à l’étranger, il commande l’admiration­­ de nombre de gens qui ignorent par ailleurs ce qu’est le Canada­­ en dehors des clichés. Et c’est à l’initiative de Pierre-Elliot Trudeau, père de la Charte des droits que le multiculturalisme, cette réponse au nationalisme québécois, s’est imposé. Que Denis Coderre prenne ses aises avec l’histoire et nos ancêtres français ne devrait donc pas nous surprendre.

EXPANSION FRANÇAISE

Le hic est que les Français venus coloniser­­ le Canada n’étaient pas des immigrants. Ils ne fuyaient pas leur pays. Ils voulaient l’agrandir jusqu’en ces contrées lointaines sur lesquelles ils misaient pour s’enrichir. Pour imposer leur civilisation également. Il s’agissait, pour ces navigateurs qui étaient des aventuriers et pour ces missionnaires animés d’une foi vibrante et conquérante, de prendre possession du territoire au nom du roi de France. Ils ne se déracinaient donc pas, ils s’installaient tout simplement dans des terres qu’ils s’appropriaient, parfois en négociant des traités avec certaines tribus. Comme les Anglais l’ont fait eux-mêmes à l’intérieur de leur empire.

PROCÈS

Le procès du colonialisme de ces grands empires a déjà été fait. Avec raison, d’ailleurs. Mais on ne peut pas réécrire l’histoire selon les critères moraux d’aujourd’hui. Les idéologues qui plaquent notre réa­lité actuelle à la lecture de celle du passé en arrivent, eux, à conclure que nous, les Blancs, sommes criminels de tous les malheurs du monde. En prenant possession de la Nouvelle­­-France, nous serions devenus­­ les initiateurs du génocide des autochtones et à ce jour, nous en demeurons les coupables.
Cette petite phrase prononcée par le maire Coderre pour bien montrer son ouverture aux communautés culturelles du Québec d’aujourd’hui est une façon de dénoncer insidieusement les Québécois qui se revendiquent de leur histoire, de leur culture propre et de leurs ancêtres, qui ont bâti ce pays. C’est une invitation à un déracinement collectif de la majorité francophone. Quel paradoxe tout de même de lancer le message aux immigrants de conserver leur culture d’origine et d’exiger des Québécois de souche qu’ils se fondent, eux, dans cette diversité culturelle canadienne en marche.

Et si les Québécois, par leur silence et leur mémoire défaillante, donnaient­­ raison au maire Coderre ?
« 375 ans d’accueil »

Le Devoir publiait vendredi une chronique de Cathy Wong, chroniqueuse au Devoir, à Radio-Canada et la plus jeune présidente du Conseil des Montréalaises, une instance consultative auprès de l’Administration municipale en ce qui a trait à l’égalité entre les femmes et les hommes et à la condition féminine. Son article voulait célébrer la dimension autochtone de Montréal et les 375 années d’« accueil » de la communauté autochtone.
Tanite nita tshipa tshi uni-tshissitutatan (Où es-tu que je n’oublie pas)

La place Jacques-Cartier, la rue Amherst (ce gouverneur anglais qui avait suggéré de donner des couvertures souillées aux autochtones pour leur transmettre la variole), le boulevard de Maisonneuve sont tous des espaces publics qui témoignent d’un Montréal colonial. Où sont ceux qui valorisent notre histoire millénaire ? Dans cet esprit, la « Commission de toponymie sauvage de Montréal », une initiative citoyenne, s’est prêtée à une action de dénomination l’été dernier. Le temps d’une action intempestive, l’angle des rues Mackay et Sherbrooke se nommait désormais ȣgmakw, le nom du frêne abénaquis. Ce genre de geste citoyen nous rappelle que, en dehors des quatre murs d’un musée, les références aux Premières Nations sur le territoire montréalais sont encore limitées. Où es-tu que je n’oublie pas ? se demande [la poétesse montagnaise] Joséphine Bacon. L’effacement de l’histoire entraîne aussi l’effacement de la mémoire. Pour l’amour de notre ville, multiplions les lieux de reconnaissance des Premières Nations.


En quête de son identité autochtone, Joséphine Bacon nous renvoie à notre vivre-ensemble. Depuis 1642, les Premières Nations accueillent sur leur territoire des vagues de migration : les Français d’abord, ensuite les Anglais, les Italiens, les Haïtiens, les Chinois, etc. Depuis 375 ans, nous sommes tous des enfants de grandes migrations et le territoire autochtone d’Hochelaga continue à accueillir les trois quarts des immigrants du Québec.

« Accueil » des Français par les Iroquois autour de Montréal
Si les Français furent bien accueillis par les Montagnais, les Hurons et les Algonquins, ils furent mal accueillis par les ennemis de ceux-ci. Il n’y a pas de tradition uniforme d’accueil des Français de la part des autochtones. C’est un point de vue racialiste (les Autochtones unis par opposition aux blancs), un point de vue anachronique.

Cette chronique étrange de cette habituée du Devoir, de Radio-Canada et animatrice de l’émission Droit de cité à CIBL FM a d’abord suscité cette réaction de Mathieu Bock-Côté :


Une fraude historique, entretenue par l’école québécoise

Mathieu Bock-Coté revenait à la charge le lendemain :,

Le 375e anniversaire de Montréal nous rappelle à quel point l’histoire est l’objet d’immenses manipulations idéologiques.

L’une d’entre elles cherche à nous faire croire que nous serions tous des immigrants, mis à part les Amérindiens, seuls vrais fondateurs de la ville et du pays.

Les Français ? Ils n’auraient été qu’une vague migratoire parmi bien d’autres dans l’histoire de Montréal. Ensuite seraient venues d’autres vagues, les Anglais, les Écossais, les Irlandais, les Italiens, les Grecs et tant d’autres.

Immigrants ?

Il faut dire que ce n’est pas vraiment nouveau. Même au ministère de l’Éducation, on tient aussi ce discours à propos du Québec.
On déclasse symboliquement la Nouvelle-France d’un trait de plume. On fait disparaître la France et son effort de colonisation. On réécrit l’histoire. On en invente une nouvelle, mensongère, mais conforme aux canons de la rectitude politique. C’est une histoire multiculturaliste. Une histoire fabulée.

On comprend l’enjeu politique de cette réécriture.

Il s’agit de nier aujourd’hui que la majorité historique francophone soit le cœur de la nation. On veut en faire une communauté parmi d’autres, ayant le même statut que n’importe quelle communauté immigrée­­.

Cette thèse a des conséquences identitaires.

On justifie historiquement un nouveau droit fondamental, celui de ne pas s’intégrer à la nation d’accueil.

On veut transformer les Québécois­­ francophones en étrangers­­ chez eux.

Nouvelle-France


Prétendre que nous sommes tous des immigrants, c’est insulter l’histoire de ceux qui ont fondé, défriché et inventé ce pays.
C’est humilier la mémoire de la Nouvelle-France. C’est mépriser sa grandeur mystique et conquérante. C’est nier nos racines françaises.
C’est nier notre identité et ridicu­liser nos combats pour la préserver.

Redisons-le : nous ne sommes pas tous des immigrants.

Nous voulons bien accueillir dans des proportions raisonnables ceux qui veulent s’ajouter à nous pour peu qu’ils s’intègrent. Nous ne voulons­­ pas pour autant nous effacer­­ et disparaître.


Absence de timbre commémoratif


Postes Canada publie fréquemment des timbres qui commémorent des événements historiques. Voici ceux disponibles en cette veille de la Fête des Patriotes... Nous avions déjà parlé de l’historicité problématique liée à un de ces timbres célébrant Mathieu da Costa pour le mois de l’histoire des Noirs alors qu’on ne sait même pas si da Costa est venu au Canada...! Mais bon, rien donc sur l’aspect historique de la fondation de Montréal.



On apprenait cette dernière semaine de mai que Postes Canada venait de publier pour la première fois un timbre pour l’Aïd al-Fitr et l’Aïd al-Adha. Plus tôt cette année, Postes Canada et India Post ont décidé de produire la toute première émission conjointe de deux timbres soulignant le Diwali, la fête des Lumières célébrée par les hindous. Ils seront émis le même jour dans les deux pays à l’automne 2017. Postes Canada émettra également un timbre consacré à Hanoukka en l’honneur de la fête juive de huit jours qui a lieu en décembre. Selon Postes Canada « Les timbres consacrés à l’Aïd, à Diwali et à Hanoukka s’appuient sur la tradition de nos timbres de Noël. Ils témoignent de notre fierté de vivre dans un pays diversifié des points de vue religieux, culturel et traditionnel. »




« Je ne suis pas une immigrée, mais une descendante de colons »

L’essayiste américaine (la polémiste pour ses adversaires) Ann Coulter s’est également insurgée contre l’utilisation du slogan « Tous immigrés ! » de la part de ceux qui veulent ouvrir au maximum les frontières des pays occidentaux.

À l’accusation qu’elle était ignorante et que, descendante de colons, elle était une immigrante comme tous, Ann Coulter a répliqué que « Non, les immigrants déménagent dans un pays préexistant, les colons en créent un nouveau. Je ne vis pas dans la “Nation cherokee” ». (Nations des Chéraquis sous le régime français... Puisqu’on parle d’histoire.)


Éducation — Bilan d'un quinquenat socialiste en France

Une année scolaire s’achève, et une autre va redémarrer d’ici quelques mois, après de longues grandes vacances pour les scolaires. Dans le même temps, beaucoup, parmi le personnel enseignant, comme chez les parents d’élèves, ont poussé un gros « ouf » de soulagement à l’annonce du départ de Najat Vallaud-Belkacem, qui aura marqué l’histoire de la Ve République comme étant l’une des ministres les plus détestées par une large frange de la population.

Son remplaçant, M. Blanquer, semble vouloir aller à contre-courant de la pédagogie de Madame Belkacem. Effet d’annonce, effet Macron, ou réelle volonté de changement ?

—  Quel bilan tirez-vous du quinquennat Hollande en matière d’éducation ?

Anne Coffinier, présidente de la Fondation pour l’école — Le quinquennat Hollande s’est ouvert sur une promesse tonitruante : le recrutement de 60 000 professeurs supplémentaires, qui n’a en pratique pas pu être tenue, notamment parce qu’elle s’est heurtée à la crise des vocations enseignantes. Du coup, d’une part, l’on a dangereusement baissé le niveau de recrutement des enseignants titulaires dans certaines disciplines où les candidats sont rares et, d’autre part, l’on recourt à un nombre excessif de contractuels aucunement formés (comme l’a montré l’émission d’Envoyé spécial).

À cela s’est ajoutée la réforme des rythmes scolaires : un cauchemar pour les parents en termes d’organisation, avec un contenu pédagogique douteux, et un casse-tête coûteux pour les maires.

De plus, le quinquennat a vu la mise en œuvre d’une prétendue réforme du collège d’une part et des programmes d’autre part, dont la nocivité a été unanimement dénoncée. Cette réforme dictée par un égalitarisme aveugle a fait beaucoup de mal à l’école publique qui n’a pu maintenir les filières et les matières les plus exigeantes, sous prétexte que tous les élèves ne seraient pas capables de suivre des tels enseignements.

Pour finir, il faut noter la promotion obsessionnelle par l’Éducation nationale d’une approche moralisatrice (même si c’est une anti-morale) et déconstructiviste de tout sujet abordé à l’école. Najat Belkacem s’est adonnée à un véritable matraquage idéologique faisant feu de tout bois pour inculquer dès le plus jeune âge aux enfants les nouvelles tables de la Loi issues de la théorie du genre et de la sainte charte de la laïcité. Ces délires ont pris des proportions affligeantes et nombre de familles très attachées à l’école publique ont dû se replier sur l’école privée pour préserver leurs enfants de telles âneries.

Enfin, les ministères de Vincent Peillon comme de Najat Belkacem ont été marqués par une antagonisation voulue et revendiquée des relations entre la famille et l’école, puisque le gouvernement a officiellement confié à l’école publique la mission d’arracher les enfants à l’influence de leur famille. C’est dans cet état d’esprit que Najat Belkacem a lancé une véritable chasse aux sorcières contre les écoles indépendantes, parce qu’elles sont plus soucieuses d’être en harmonie avec la vision éducative des familles (dans le respect de l’ordre public et des bonnes mœurs, bien sûr) que d’être conformes aux attentes idéologiques de l’Éducation nationale.

Ainsi, des centaines et des centaines d’écoles indépendantes ont été inspectées en moins d’un an par de véritables commandos venus en nombre avec un esprit trop souvent inquisitorial et malveillant. C’est ainsi que de toutes petites écoles ont été inspectées de manière impromptue par des brigades constituées d’une dizaine d’inspecteurs ! Najat Belkacem a prétexté la nécessité de prévenir la radicalisation islamiste pour renforcer les inspections sur toutes les écoles indépendantes (alors que les terroristes français étaient tous, faut-il le rappeler, des enfants de l’Éducation nationale), et a fini par inspecter surtout les écoles catholiques indépendantes, alors qu’elle se résignait — impuissante — à voir fonctionner comme si de rien n’était l’école musulmane Al-Badr de l’imam Rahhaoui de Toulouse pourtant condamnée par le juge à la fermeture.

Que vous inspire la nomination du nouveau ministre de l’Éducation nationale ? Il semblerait que le ton et la pédagogie ne soient pas les mêmes qu’avec Belkacem, qui en fit même la grimace…

—  La nomination de J.M. Blanquer est en soi une assez bonne nouvelle. Il connaît le système éducatif, a une vraie volonté de réforme, et sait très bien ce que des écoles réellement libres peuvent apporter au pays et à son école publique. Tout dépendra de l’attitude des syndicats qui sont, hélas !, capables de bloquer ses réformes « par principe ». Jusqu’à présent, aucun ministre de l’Éducation nationale n’est arrivé à imposer sa volonté à cette administration. Y arrivera-t-il ? Saura-t-il neutraliser les forces corporatistes et sectaires si bien implantées dans ce ministère depuis si longtemps ?

— Comment se porte l’école, en cette fin d’année scolaire 2016-2017 ?

—  Mal, secouée par des réformes successives qui l’ont bouleversée sans régler le fond des problèmes. Les professeurs sont très fatigués, très las de cette situation. Ils savent qu’il faut tout réformer profondément, mais ont peur de souffrir encore et en vain, comme ce fut leur expérience ces 15 dernières années.

Ils ont perdu la confiance dans l’administration centrale et à notre sens, le seul moyen de réformer est de rendre l’initiative aux professeurs eux-mêmes, sans plus rien leur imposer de nouveau depuis la rue de Grenelle, si ce n’est d’être responsables de leurs méthodes et de leurs résultats. C’est l’esprit de ce que veut faire le nouveau Ministre, mais y arrivera-t-il ? Une telle liberté pour les professeurs et les écoles rimerait avec l’effondrement du pouvoir des syndicats qui se nourrissent de la centralisation, de l’uniformité statutaire, etc. Il faut libérer les professeurs de la chape de plomb que le pouvoir abusif des syndicats et de l’administration hypertrophiée fait peser sur eux sans leur apporter de soutien et de solution dans leur vie quotidienne de professeur. C’est en rendant aux professeurs leurs libertés professionnelles et en les jugeant sur leurs résultats professionnels et non plus sur leur conformité idéologique qu’on rendra de nouveau attractif le métier de professeur.

— Quels vont être les points clés pour les rentrées à venir ?

— La question est de savoir si les ambitions affichées par le duo Macron-Blanquer vont être suivies d’effet : relèvement du niveau du baccalauréat par exemple, davantage d’autonomie pour les directeurs d’établissement. L’assouplissement de la réforme des rythmes scolaires, laissé à la discrétion des communes, est au moins une bonne chose, facile à mettre en place. Quels seront leurs rapports avec les syndicats ? C’est là la clef, comme pour les autres réformes de Macron d’ailleurs (cf. réforme du droit du travail).

Un moyen de forcer les syndicats à évoluer est de permettre à de vraies alternatives à l’Éducation nationale de se développer, conformément aux idées de Condorcet. Tant que l’école publique est seule à bénéficier du privilège de la gratuité, elle se met à l’abri de toute véritable concurrence et donc de toute obligation de se remettre en cause et d’être véritablement juste et performante. Si le Ministre veut sauver l’école publique, il faut qu’il la soumette à des stimulations extérieures et libère le choix des parents. En disant cela, je ne fais aucunement l’apologie d’une quelconque privatisation de l’Éducation nationale. Je soutiens juste que les privilèges dont l’Éducation nationale jouit jouent en fait contre elle et qu’il est temps de l’en libérer et de lui demander de faire ses preuves comme c’est le cas pour les écoles libres.

— Et au niveau de la Fondation pour l’école, quelles sont vos réussites de ces dernières années ? Et les perspectives qui s’ouvrent à vous ?

Les écoles indépendantes sont entrées dans le paysage. Les 93 créations d’écoles à la rentrée dernière montrent que la forme de l’école réellement libre est une forme qui convainc un nombre toujours croissant de personnes de tous milieux et de tous horizons.

Cet essor des écoles indépendantes s’inscrit dans une tendance profonde de la société civile à vouloir se réapproprier des pans entiers d’action assumés par l’État — souvent mal. C’est une sorte de logique de « reempowerment » qui est à l’œuvre, conformément au principe de subsidiarité.

Nous avons toujours cru à la Fondation pour l’école et à Créer son école que le meilleur service que l’on pouvait rendre à l’école publique était de la pousser à la réforme par une stimulation extérieure. L’effet positif de l’essor des écoles hors contrat sur les écoles sous contrat se fait déjà sentir. Sous peu, je ne doute pas qu’on verra un effet similaire sur les écoles publiques. Le fait que le Ministre Blanquer soit pragmatique et qu’il connaisse la réalité des écoles indépendantes françaises et étrangères est encourageant.

Il faut relever aussi que le thème de la liberté scolaire s’est invité de manière décisive dans la campagne, et ce à plusieurs reprises (rapports Fillon/Poisson, débat Marine Le Pen/Najat Vallaud-Belkacem, éléments de programme de Macron sur davantage de liberté et de souplesse au sein de l’Éducation Nationale…).

Au nombre des succès de cette année à mettre à l’actif de notre Fondation pour l’école, on trouve la censure par le Conseil constitutionnel du caractère inconstitutionnel du projet du Ministre de l’Éducation Najat Vallaud-Belkacem de prendre le contrôle des créations d’écoles indépendantes en passant d’un régime de déclaration à un régime d’autorisation.

S’agissant de nos projets et priorités pour ces deux prochaines années, ils portent sur deux axes : premièrement, le soutien pédagogique aux professeurs à travers la création d’une Plateforme numérique de partage de cours et le renforcement de nos actions de formation, et, deuxièmement, le renforcement de l’accessibilité au droit au libre choix de l’école.

— Le niveau scolaire a-t-il vraiment baissé en France ? Qu’est-ce qui permet de l’affirmer par delà l’idéologie ?

— Faire confiance aux retours de terrain et au bon sens, au-delà des indicatifs objectifs comme les classements type PISA ou TMISS. Nous avons tous, autour de nous, des enfants qui galèrent pour apprendre à lire, des parents déboussolés qui n’arrivent pas à aider leur fils ou leur fille dans leurs devoirs du soir aberrants, des parents de collégiens qui s’étonnent de ce que leurs classes de 3e (14-15 ans) ou leurs 4es (13-14 ans) n’ont lu qu’un livre en un an… Il faut faire confiance à tous ces échos qui nous renseignent, sur le fait que, oui, le niveau baisse. Il n’y a qu’à voir aussi le succès dans les titres de presse des séries d’articles/jeu-concours du type » Repassez votre certificat d’études ! » (L’internaute, Le Parisien, Valeurs actuelles, réédition des énoncés chez Larousse…) pour mesurer l’écart qui s’est creusé, depuis des décennies bien sûr, mais avec une accélération ces dernières années.

Si on veut creuser un peu plus, on peut s’amuser aussi à faire des comparatifs de programmes officiels… des sujets de maths, qui passent en quelques années de la 6e, puis à la 5e, puis à la 3e… tout cela, ce sont des signes d’abaissement du niveau !

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