mercredi 10 octobre 2012

Pourquoi 68 % des Français sont opposés à la suppression des devoirs scolaires

Alors que [le ministre français de l'Éducation] Vincent Peillon doit s’exprimer demain sur la modification des rythmes scolaires et sur l’organisation du temps scolaire hebdomadaire, un sondage Ifop pour Radio Alouette publié ce 9 octobre indique que 68 % des Français sont opposés à la suppression des devoirs scolaires à la maison pour les élèves du primaire. Ils sont 78% parmi les professions libérales et cadres supérieurs et 63% chez les employés et ouvriers.

Pourtant, faire faire leurs devoirs aux enfants n’est une sinécure pour personne, surtout quand les deux parents exercent une profession, comme c’est le cas la plupart du temps aujourd’hui. Si les Français sont si massivement favorables aux devoirs à la maison, c’est qu’ils sont vivement attachés à une certaine conception de l’école qui justifie pleinement le travail personnel à domicile : la conception qui veut que l’école ait pour finalité première de transmettre les connaissances, c’est-à-dire d’instruire, ce qui suppose de répéter chez soi ce que l’on a vu en classe, de faire un effort de mémorisation et d’effectuer des exercices d’entrainement pour parfaire la maîtrise de ces nouvelles connaissances et les ancrer durablement dans la mémoire.

Pourtant la FCPE, principale association de parents d’élèves, a demandé officiellement au ministre la suppression des devoirs à la maison au primaire. On peut lire sur son site « La FCPE et l’ICEM-Pédagogie Freinet dénoncent la persistance des devoirs à la maison. Personne n'en a jamais prouvé l'utilité ». Constat qui ne manque pas de sel au regard des résultats du sondage IFOP. Pourquoi cette position de la FCPE à rebours de celle des parents ? Parce que la FCPE est historiquement acquise à l’idée que le but premier de l’école est un but social et politique : transformer la société par l’école, en faisant de cette dernière un moyen d’annihiler les différences sociales.  [Au Québec, ce rôle est officiellement inscrit dans une des trois missions de l'école : elle doit « socialiser » l'enfant. En fonction de quelles règles et valeurs ? Celles des parents ou celles que l'État édicte ?] En clair, l’école nouvelle manière doit être telle que le fils de notaire ne soit pas avantagé à l’école par rapport au fils d’ouvrier. La FCPE le reconnaît sans s’en cacher sur son site internet : « [Les devoirs à la maison] ne font qu’accentuer les inégalités entre les enfants selon qu’ils peuvent ou non bénéficier d’aide à la maison. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ils sont proscrits en primaire par une circulaire de 1956. »

Ce sondage doit donc donner l’occasion au Ministre d’oser poser publiquement la finalité de l’école : a-t-elle pour but premier d’instruire (transmettre les connaissances) ou bien de réduire les inégalités sociales au moyen de l’enseignement ? C’est une question qui mériterait d’être posée au peuple dans le cadre d’un référendum. Rester dans le flou sur cette question, c’est prendre la responsabilité de refonder l’école sur les sables mouvants d’un malentendu majeur. C’est travailler sur les moyens pédagogiques sans avoir précisé préalablement au service de quelles finalités on en devait juger l’efficacité. Il est clair que cette ambiguïté n’est pas étrangère à la baisse de niveau de l’école française, depuis que cette dernière a fait passer les objectifs politiques (changer la société par l’école) au détriment d’objectifs scientifiques (transmettre les savoirs).

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