mercredi 30 octobre 2024

Macron, en vieillissant, trouve du charme à la colonisation (arabo-musulmane)

Réaction d'Éric Zemmour aux déclarations récentes d'Emmanuel Macron.

On le savait depuis longtemps : souvent Macron varie, fol qui s’y fie. On l’avait connu anti colonialiste flamboyant, donneur de leçon impénitent : « la colonisation, avait-il lancé, à l’aube de son premier mandat, c’est un crime contre l’humanité ». Et puis, les années ont passé. Macron, en vieillissant, trouve du charme à la colonisation. C’est l’occasion d’échanges culturels entre deux civilisations, prétend-il désormais. Et ça laisse des merveilles architecturales aux peuples colonisés.

Vous croyez qu’Emmanuel Macron, Président de la République française, fait ainsi l’éloge de la colonisation par la France ? Vous n’y êtes pas du tout. Il évoquait El Andalous, c’est-à-dire l’époque bénie, selon lui, quand l’islam pendant sept siècles, entre le VIIe et le XVe siècle, occupa le sud de l’Espagne, et même une partie du sud de la France.

Et oui, pour Emmanuel Macron, la colonisation française est un crime contre l’humanité, mais la colonisation musulmane est un lit de roses. Un éternel regret.

Macron, c’est le chauvinisme à l’envers. C’est la haine de soi - ou plutôt, car cet homme a plutôt l’air de bien s’aimer - la haine de la France, de son peuple, de son histoire.

Macron, c’est l’ignorance surtout. Macron croit qu’il tire les leçons de l’histoire, alors qu’il ne fait que recracher un mythe. Un mythe qui avait pignon sur rue quand le jeune Emmanuel avait vingt ans et préparait l’ENA. Le mythe de l’existence harmonieuse des trois religions, juive, chrétienne et musulmane, sous la férule bienveillante et tolérante de l’islam. Le mythe de El Andalous. Un mythe déconstruit par un des plus grands historiens espagnols, Serafin Fanjul, il y a quelques années.

Oui, monsieur le Président, le livre a été traduit en Français. Et malgré les nécessaires restrictions budgétaires, je suppose que l’Élysée peut encore acheter des livres.

Lisez-le et offrez-le à tous vos collaborateurs. Ils découvriront - et vous avec - que la colonisation musulmane fut tout sauf bienveillante, que la conquête fut sanglante et féroce, qu’elle instaura un régime de discriminations, proche de l’apartheid dans l’Afrique du Sud du XXe siècle, pour les chrétiens et les juifs, qui n’avaient pas le droit de posséder des armes, de monter à cheval, devaient porter des vêtements particuliers, étaient les seuls à payer un impôt et vivaient dans des ghettos. On appelait ces sous-hommes des dhimmis.

Surtout, les fameux échanges culturels que fantasme Emmanuel Macron étaient réduits à néant. C’est même le propre de toutes les conquêtes islamiques, que ce soit en Europe ou au Moyen-Orient. Vainqueurs, les conquérants imposent toujours la langue arabe, le Coran et Allah. Tout le contraire des barbares venus du Nord, les Francs ou les Goths qui, lorsqu’ils s’emparèrent de l’Empire romain d’Occident, se convertirent au christianisme, parlèrent le latin, et épousèrent des femmes gallo-romaines. Enfin, ce sont des chrétiens et des juifs qui, vivant dans les pays du Moyen-Orient, conquis par les soldats de Mahomet, traduisirent en arabe, ou en latin, les précieux textes d’Aristote, ouvrant la porte à l’éclosion des connaissances et des découvertes de la Renaissance. En Europe et par l’Europe et pour l’Europe.

Sans Charles Martel, sans la Reconquista espagnole, sans les croisades, l’Europe n’aurait jamais connu un telle liberté et une telle explosion du savoir, car elle serait restée sous le joug islamique, qui interdisait tout autre livre que le Coran, et toute vérité qui ne venait pas d’Allah.

Mais au-delà d’une querelle historique, les propos d’Emmanuel Macron résonnent particulièrement en France, où des millions de musulmans vivent, et dont un nombre croissant refuse de s’assimiler et impose ses moeurs, son Dieu, son Coran, sa langue arabe, dans des quartiers de plus en plus nombreux, où les Français de souche ont le choix entre partir ou s’islamiser.

Avec ses propos tenus au Maroc, c’est comme si le Président leur donnait carte blanche. Comme s’il bénissait « ces formidables échanges culturels » entre deux civilisations. Comme s’il appelait toujours plus d’immigration, arabo-musulmane à venir conquérir la France et l’Europe.

Emmanuel Macron est le premier président dhimmi de la République française.

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Il faut cesser de parler « des religions » et oser parler de l’islam et de l’islamisme

Extraits d'un texte de Mathieu Bock-Côté paru dans le Journal de Montréal.


On parle beaucoup de «religion», des «religions» et du «religieux» au Québec en ce moment.

Le discours est à peu près le suivant: l’envahissement du religieux dans nos sociétés serait très inquiétant, et il faudrait aujourd’hui aller jusqu’au bout de son refoulement hors de la vie publique, notamment en cessant de financer les écoles «religieuses».

[...]

La sécularisation de nos sociétés semble achevée, elles sont plus que jamais indifférentes à leur religion historique, le christianisme, et préfèrent se lover dans des spiritualités contrefaites, comme le new age, lorsqu’elles ont le souci de l’au-delà.

Résumons le tout d’une formule: ce n’est pas la religion qui revient, c’est l’islam qui arrive. Il arrive dans notre société, et dans toutes les autres sociétés occidentales.

Je le dis tout de suite pour qu’on ne me comprenne pas mal: l’islam est une religion parfaitement honorable, et il est en droit de se sentir chez lui dans ce qu’on pourrait appeler sa zone historique ou naturelle. J’ajoute, sur une base bien personnelle, que je ne suis pas de ceux qui exècrent le phénomène religieux en lui-même.

La chose devient toutefois plus complexe quand l’islam s’implante massivement en Occident, dans la suite des grands courants migratoires de notre temps.

[...]

 Il cherche moins à s’adapter aux sociétés où il s’installe qu’il n’entend les forcer à s’adapter à lui.

Il arrive dans nos sociétés porté par une dynamique idéologique, culturelle, démographique, qui déstabilise profondément les sociétés occidentales.

On ajoutera, car ce n’est pas un détail, et parce qu’il nous faut penser sur la longue durée si on veut comprendre la dynamique des sociétés humaines, que l’islam est animé à certains égards par une forme de revanchisme historique.

[...]

L’islam a connu un grand réveil au XXe siècle, dans une forme assez radicale. La fondation des Frères musulmans, en 1928, qui porte explicitement le projet d’une conquête islamique de l’Europe, comme l’a remarquablement démontré Florence Bergeaud-Blackler dans son livre Le frérisme, paru en 2023, ou la révolution khomeyniste en Iran, en 1979, qui entendait ramener l’islam à sa définition fondamentaliste, autrement dit, qui le convertissait à l’islamisme, en témoignent.

Les Occidentaux, longtemps, ne sont pas parvenus à le comprendre puisqu’ils s’imaginaient le monde entier engagé dans une dynamique de sécularisation semblable à la leur. L’islam, de leur point de vue, était appelé à connaître le même mouvement que le christianisme – ses manifestations intégristes étaient ainsi perçues comme les derniers spasmes d’un traditionalisme religieux agonisant.

[...]

Cela dit, l’islamisme est indissociable de l’islam – il en représente la radicalisation pathologique. Et une société qui s’islamise progressivement verra inévitablement l’islamisme croitre chez elle. Elle lui fournira le terreau nécessaire à cela.

Surtout, comme je l’ai dit un peu plus haut, l’islam ne s’est implanté dans le monde occidental, où il n’avait jusqu’ici qu’une présence marginale, qu’avec l’immigration massive des dernières décennies.

Qui a sérieusement cru un jour qu’on pouvait permettre et même encourager l’immigration massive de millions de personnes porteuses de cultures et d’une civilisation profondément étrangères au monde occidental en pensant que tout cela pourrait se passer sans le moindre souci? La question du nombre demeure ici la plus fondamentale.

C’est une leçon élémentaire d’anthropologie: les cultures, et on devrait plutôt parler des peuples, qui cohabitent sur un territoire ne le font pas paisiblement et sont inévitablement appelées à connaitre des frictions, pour savoir laquelle se posera comme culture de référence. C’est pour cela qu’elles sont normalement portées chacune à se constituer en État et à réclamer des frontières, pour clairement marquer le pays où elles s’institutionnalisent comme normes.

L’histoire de la différenciation des cultures et des nations se confond avec celle de la multiplication des frontières et des États.

Car une culture n’est pas seulement une série de préférences personnelles, ce n’est pas qu’un folklore familial privé, n’ayant pas vocation à déborder dans la vie publique: elle structure les rapports sociaux fondamentaux, les rapports entre les sexes, la conception de la pudeur, du sacré, de la violence, de la propriété. Cette vérité est encore plus évidente quand on parle de civilisations.

On ne saurait par ailleurs assimiler la résistance des Occidentaux à l’islamisation de leur société et des mœurs de leurs pays respectifs à de l’islamophobie. Philippe d’Iribarne a démontré dans un ouvrage déterminant que l’accusation d’islamophobie n’avait aucun fondement à propos des sociétés occidentales. Il avait justement pour titre Islamophobie : intoxication idéologique. Il décortiquait ce concept de fine manière en montrant que les Occidentaux acceptent aisément la pratique personnelle d’une foi, mais ne s’enthousiasment guère lorsqu’une religion-civilisation cherche à redéfinir de manière unilatérale le fonctionnement de leur société.

On pourrait ajouter que ce concept cherche à mettre dans le même sac la critique de l’islam, celle de l’islamisme, ainsi que le simple constat de la très difficile intégration de l’islam en Occident.

La bêtise intellectuelle, conjuguée à l’inculture, et à une naïveté d’enfant d’école qui se prend pour de la bienveillance, pousse les sociétés à l’autodestruction. Seuls les théoriciens et idéologues du multiculturalisme ont pu croire un instant que le vivre-ensemble diversitaire, paisible et fructueux, était possible, et même probable.

Dans leur esprit, l’État devait devenir culturellement neutre, et s’ouvrir à la diversité des identités en traitant la culture du pays d’accueil comme une identité parmi d’autres, sans droits spécifiques. Le seul obstacle à cette grande conversion multiculturaliste se trouvait dans l’intolérance prêtée aux sociétés occidentales, refusant le pari diversitaire, en refusant justement de devenir chacune chez elle une culture optionnelle. Au Québec, de ce point de vue, le rapport Bouchard-Taylor, paru il y a un peu plus de quinze ans, fut d’une bêtise himalayesque.

C’était une logique à la fois aliénante et déracinante, contraire à un principe élémentaire, sans lequel aucune paix civile n’est possible: à Rome, on fait comme les Romains. Les peuples historiques occidentaux redoutent désormais, avec raison, de devenir étrangers et minoritaires dans leurs propres pays. Le sort de Londres, de Bruxelles, de Malmö, de la Seine-Saint-Denis, en France, et de tant d’autres territoires dans le monde occidental laisse présager un triste avenir.

Si le Maroc et l’Algérie devenaient des pays majoritairement catholiques, ils ne seraient plus marocains et algériens que de nom. Ils auraient alors perdu leur identité. Nul ne leur souhaitera cela. De même, il faut convenir qu’une société occidentale qui deviendrait majoritairement musulmane, même si elle ne devenait pas islamiste pour autant, ne serait plus elle-même, et est en droit de ne pas souhaiter le devenir.

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« Toutes les religions ne se valent pas »

« Un Dieu, trois religions »

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Rémi Brague : « Dans les gènes de l'islam, l'intolérance »

Rémi Brague : Y a-t-il un islam des Lumières ?  

L’idée banale selon laquelle il suffirait d’oublier ce qui sépare ne mène à rien…

Le dialogue, au sens strict, entre les religions est impossible


 page 85 de Métamorphoses françaises de Jérôme Fourquet