samedi 10 février 2018

Histoire — « Deux siècles de régime républicain » en France

Le Cercle Pol Vandromme de Bruxelles a reçu Patrick Buisson le 31 janvier 2018. Essayiste, historien et politologue, le patron de la chaîne de télévision française Histoire brosse la fresque de plus de deux siècles de régime républicain en France en commençant par les massacres de Vendée et la très faible représentativité et légitimité de la Convention de 1792.

Il se penche ensuite sur le rôle des femmes (rejetées en partie par la Révolution et la République) et sur les fameuses « valeurs républicaines ». Il rappelle que seuls les ultra-royalistes étaient pour le suffrage universel (paysans, ouvriers et femmes) au XIXe siècle et non les républicains.



Patrick Buisson cite cet extrait de Jules Michelet, grand auteur du roman national révolutionnaire, sur les raisons pour lesquelles la Révolution devait se méfier des femmes à l’époque [1] :

La femme, qu’est-ce encore ? Le lit, l’influence toute-puissante des habitudes conjugales, la force invincible des soupirs et des pleurs sur l’oreiller... Le mari dort, fatigué. Mais elle, elle ne dort pas. Elle se tourne, se retourne ; elle parvient à l’éveiller. Chaque fois, profond soupir, parfois un sanglot. [...]

Ainsi, dans chaque famille, dans chaque maison, la contre-révolution avait un prédicateur ardent, zélé, infatigable, nullement suspect, sincère, naïvement passionné, qui pleurait, souffrait, ne disait pas une parole qui ne fût ou ne parût un éclat du cœur brisé. Force immense, vraiment invincible. À mesure que la Révolution, provoquée par les résistances, était obligée de frapper un coup, elle en recevait un autre : la réaction des pleurs, le soupir, le sanglot, le cri de la femme, plus perçant que les poignards.

Peu à peu, ce malheur immense commença à se révéler, ce cruel divorce : la femme, généralement, devenait l’obstacle et la contradiction du progrès révolutionnaire, que demandait le mari.

Pour Patrick Buisson, la démocratie actuelle en France réalise cette maxime de Valéry : « La démocratie c’est, d’une part, l’art d’empêcher les hommes de s’occuper de ce qui les regarde et, d’autre part, l’art de les faire choisir dans les domaines où ils n’entendent rien ».

Patrick Buisson souligne la fin du Progrès comme religion. « La liste des morts du progrès est interminable. Tout pouvait être justifié par la religion du progrès. » « Il ne s’agit pas de refuser le progrès, mais de mieux le canaliser ».

Enfin, l’ancien conseiller Sarkozy analyse la perte de prégnance des mythes qui ont sous-tendu la gauche pendant deux siècles : « les grandes mythologies politiques font l’histoire, ce n’est pas les guerres. Ce sont les mythes politiques. Eh bien, ceux qui ont permis le succès de la gauche pendant deux siècles sont en voie d’altération, de décomposition. »



[1] Éric Zemmour dira plus tard que la République actuelle n’a plus à craindre le vote des femmes, car l’Église n’est plus catholique aujourd’hui c’est le politiquement correct.

ECR : imposture et manipulation (2)

La chronique de Joseph Facal d’avant-hier sur le cours d’ECR lui ont suscité d’intéressants témoignages. Il relate ci-dessous le témoignage d'un élève en 3e année du secondaire au prénom fictif d'Olivier qui fréquente une école de la banlieue de Montréal et celui d'une mère d'élève.

Les profs, dit-il, « ne sont pas méchants, mais ils font quand même de la propagande ».

Au lieu de présenter objectivement le phénomène religieux, avec les arguments des croyants et des incroyants, les cours sont « profondément pro-religion ».

Les professeurs « ont peur de critiquer la religion de peur que les enfants d’immigrants aillent se plaindre à leurs parents ».

Amalgame

Le sujet de l’excision, dit Olivier, a été évoqué en classe. L’excision, c’est l’ablation partielle ou totale du clitoris.

On estime à environ 200 millions le nombre de femmes ayant subi cette mutilation dans le monde d’aujourd’hui­­­.

Quand les étudiants ont voulu en savoir plus, le professeur a dit « que ce n’était pas l’islam ».

L’excision est en effet pratiquée par des gens se réclamant de diverses religions, mais pourquoi avoir senti le besoin de faire cette précision particulière ? Je serais curieux de savoir.

On parle évidemment beaucoup de discrimination.

Le professeur, dit Olivier, amène toujours le sujet en évoquant l’apartheid sud-africain et les luttes des Afro-Américains dans les années 1960.

Puis, une fois qu’on a raconté cela aux jeunes – des pages d’histoire qu’il faut certes connaître –, le professeur, dit Olivier, fait « une association entre ça et les accommodements ».

Imaginez les amalgames, pour reprendre le mot à la mode, que vous pouvez provoquer, volontairement ou non, dans le cerveau de jeunes de 14 ans.

Les étudiants, dit Olivier, « quand ils sortent du cours font l’association être-contre-un accommodement-c’est-être-raciste ».

Tout cela est subtil : « c’est tout le long de l’année que ça se fait, petit pas par petit pas ».

Vertu ?

Une mère me raconte que sa fille a écrit dans un devoir : « Il est en droit de se demander si les paroles de vieux barbus écrites il y a plusieurs milliers d’années ont encore leurs places dans notre monde moderne où l’égalité, la liberté de penser et le droit de disposer de son corps et de sa sexualité sont un droit inaliénable ».

La mère ajoute : « Cette phrase révolutionnaire lui a valu la critique de son professeur et des élèves musulmans de sa classe. On l’a accusée d’être islamophobe, de ne pas être ouverte à la culture étrangère et d’attaquer­­­ la liberté religieuse. »

On me signale par ailleurs que les quatre attitudes face à la religion évoquées dans mon article de jeudi sont un exercice consistant à y associer le bon qualificatif. Merci pour la correction.

Mon propos demeure : ECR associe la discussion rationnelle du religieux au manque d’ouverture et de respect.

L’important est d’être du bon côté de la barrière idéologique et morale. C’est de l’endoctrinement.

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L'école québécoise : fabriquer un nouveau peuple

Mathieu Bock-Côté revient sur le programme d’éthique et culture religieuse imposé par le gouvernement québécois à tous les élèves québécois pendant toute leur scolarité (qu’ils soient inscrits dans une école publique ou une école privée catholique, voir Loyola) :

Joseph Facal a consacré une ré­cente chronique à l’endoctrine­ment de masse de la jeunesse québécoise dans le cadre du cours ECR. [Il en a consacré une seconde depuis lors.]

À la suite du témoignage d’un élève qui lui a fait parvenir des extraits troublants de son manuel scolai­re, Joseph Facal en est venu à l’essentiel : l’école québécoise est mise au service de la propagande multiculturaliste.

École

Elle fait la promotion de l’idéologie des accommodements raisonnables et caricature ceux qui s’y opposent comme des intolérants infréquentables. Grosse surprise !


Qu’on ne se demande pas ensuite pourquoi la jeunesse est aussi mal à l’aise avec la question identitaire : on l’a conditionnée à rejeter son identité, à diaboliser son histoire et à arracher ses racines. On l’a programmée dans cette perspective.


Elle a servi de génération-cobaye dans la fabrication d’une nouvelle société façonnée pour accueillir positivement l’immigration massive et la mondialisation. Et ce, même si l’intégration fonctionne mal.

Est-ce vraiment le rôle de l’école de politiser ainsi l’enseignement au service d’une idéologie ?

Derrière cela, il y a aussi une vision pas très démocratique de la société. En gros, le peuple réel, celui qui existe avec ses mœurs, ses habitudes, ses mentalités, son identité, sa culture, serait inadéquat. On le croit corrompu par le racisme, la xénophobie, l’intolérance et autres tares du même genre. Il faut donc le réformer, le rééduquer, le transformer.

Peuple

Bref, le peuple réel déçoit ses dirigeants parce qu’il ne chantonne pas l’hymne aux accommodements raisonnables, alors on va faire table rase en lui infligeant une campagne permanente de « sensibilisation à la diversité ».

Disons-le plus méchamment et plus clairement : on veut fabriquer un nouveau peuple. Et le cours ECR est au cœur du dispositif idéologique et pédagogique devant le fabriquer rapidement.

Si le PQ ou la CAQ remportent les prochaines élections, on est en droit d’espérer une chose simple dans les premiers mois de leur gouvernement : son abolition.

Voir aussi


Joëlle Quérin sur le cours d’éthique et de culture religieuse


Prof. Gary Caldwell sur le cours d’ECR (1ere partie)




L'immigration transforme rapidement la Rive-Sud de Montréal

Selon la Commission scolaire Marie-Victorin (Brossard, Saint-Lambert, Longueuil), 52 % des 35 842 élèves qu’elle accueille sont issus de l’immigration.

La proportion d’immigrants dans Montréal et ses banlieues continue de prendre de l’ampleur. Ainsi, dans son dernier rapport annuel, on apprend que la Commission scolaire Marie-Victorin (CSMV) a accueilli 35 842 élèves jeunes et adultes dans 73 établissements pour la période 2016-2017.

Sur ces 35 842 élèves, 52 % sont issus de l’immigration selon les données présentées en printemps 2017 par la CSMV ; la majorité vient de pays comme la Colombie, la France, le Maroc, la Chine, Haïti et l’Algérie. La CSMV a recensé 108 langues maternelles ou parlées à la maison.

Les proportions d’élèves issus de l’immigration et résidant à Longueuil étaient plus variables : 57,3 % d’entre eux résidaient à Greenfield Park, 47,8 % dans l’arrondissement du Vieux-Longueuil, 40 % dans l’arrondissement de Saint-Hubert, et 42 % étaient établis dans la Ville de Saint-Lambert.

Sources : Le Courrier du Sud et CSMV