mercredi 20 novembre 2024

Michèle Tribalat : « Un tiers des enfants nés sur le sol français en 2023 a au moins un parent étranger, quelles leçons en tirer ? »

Selon les chiffres de l’Insee publiés jeudi 14 novembre 2024, 33,6 % des naissances en France en 2023 étaient issues d’au moins un parent étranger (30,28 % hors UE). Promue par l’UE, la relance de la fécondité par l’immigration n’enrayera pas le déclin démographique, analyse la démographe. Entretien avec Michèle Tribalat est démographe. Dernier livre paru : Immigration, idéologie et souci de la vérité (L’Artilleur, 2021).


LE FIGARO. — La semaine dernière, l’Insee a publié les chiffres définitifs sur la natalité en France en 2023 : sur la France entière, 33,6 % des naissances étaient issues d’au moins un parent né à l’étranger. Ce chiffre est-il surprenant ?

Michèle TRIBALAT. — Non, car le nombre de naissances décline globalement depuis 2010 (-20 %), mais plus vite lorsque les deux parents sont nés en France (-27 %). Quant aux naissances d’au moins un parent né à l’étranger, elles n’ont que peu baissé sur la période (-3 %). Ce sont les chiffres en France métropolitaine, pour éviter la petite discontinuité d’enregistrement avec l’apparition de Mayotte dans les données France entière en 2014. Donc la proportion de naissances d’au moins un parent né à l’étranger a gagné près de six points depuis 2010 (33,1 % en 2023 en France métropolitaine). Ce déclin global de la natalité est lié principalement au recul de la fécondité. Le nombre moyen d’enfants par femme a d’abord fléchi lentement, puis plus vite avec une baisse particulièrement abrupte en 2023, qui touche tous les âges, mais surtout les femmes âgées de 25-34 ans. En France métropolitaine, en 2023, les femmes ont eu 1,64 enfant par femme contre 2,02 en 2010. [Au Québec 1,38 en 2023 contre 1,7 en 2010.]

– A-t-on des informations détaillées sur le pays de naissance des parents ?

– Cette année, l’Insee a publié un nouveau tableau donnant, pour les pères (y compris les 0,2 % de deuxièmes mères) et les mères le détail des pays de naissances par état matrimonial à la naissance de l’enfant en 2023. Pour la France métropolitaine, dans 18 % des naissances le père est né en Afrique (dont la moitié au Maghreb). C’est 16 % lorsque c’est la mère. Viennent ensuite les naissances dont le parent est né en Europe (un peu plus de 4 % dans les deux cas). [En 2100, plus de la moitié des naissances dans le monde pourraient avoir lieu en Afrique.]

Si, dans l’ensemble, 57 % des naissances se sont produites hors du mariage, c’est beaucoup plus lorsque le parent est né en France, qu’il s’agisse du père ou de la mère (64 %). En effet si les naissances hors mariage sont devenues la norme dominante lorsque le père est né en France (ou la mère), tel n’est pas le cas pour tous les parents nés à l’étranger. Ainsi, les naissances hors mariage sont rarissimes lorsque la mère est née au Maghreb (par exemple, à peine 5 % pour les mères nées en Tunisie) et peu fréquentes lorsque c’est le père (15,6 % pour ceux nés en Tunisie). Si bien que la part des naissances de père né au Maghreb dans un mariage grimpe à 25 %. Les naissances hors mariage sont aussi très rares lorsqu’un parent est né en Turquie.

– Parmi ces 33,6 %, la part de naissances issues d’un seul parent né hors de l’UE (15,1 %) est moins élevée que celle des naissances issues de deux parents nés hors de l’UE (18,5 %). Comment l’expliquer ?

– Il est plus sage d’examiner l’évolution de la part des naissances d’au moins un parent né à l’étranger, car l’Insee a « changé de pied » en 2011 dans sa manière de traiter les pays de naissance du père inconnus, sans être très bavard sur ce qu’il a fait. Jusqu’en 2010, les deux groupes évoluaient de concert. Après, le nombre des naissances d’un seul parent né à l’étranger a décliné quand celui des naissances de deux parents nés à l’étranger augmentait. Il est plus prudent de ne pas trop épiloguer sur ces variations.

Par contre, ceux qui ont compulsé les données mises en ligne récemment sur la natalité par pays de naissance des parents ont pu constater l’innovation (woke?) de l’Insee. Jusqu’aux données publiées l’an dernier, les enfants qui naissaient avaient un père et une mère. Celles mises en ligne récemment sur les naissances ont bien encore une mère, mais plus de père. Suivant les nouvelles consignes de l’état civil, l’Insee parle alors de second parent qui, dans 0,2 % des cas, peut être une femme. Cela s’appelle avoir le sens des proportions ! On aimerait donc que l’Insee cesse d’annuler la paternité afin de ne pas déplaire aux âmes sensibles et qu’il distingue les deux catégories de second parent : le père et la deuxième mère dans le cas des unions lesbiennes.

– Les naissances issues de deux parents français sont passées de 72 % en 2000 à 66,4 % en 2023 en France, et celles de parents issus de deux pays hors de l’UE ont augmenté de 73 %. Quelles prévisions est-il possible de faire pour la démographie française ?

Il va falloir surveiller l’évolution de la fécondité des femmes âgées de 25-29 qui baisse et celle de la fécondité des femmes âgées de 30-34 ans qui a elle aussi commencé à baisser. Si la fécondité à 25-29 ans s’effondre comme on l’a vu par exemple en Espagne, sans que celle des 30-34 ans ne remonte suffisamment ou continue de baisser, la France pourrait rejoindre l’Espagne où le nombre moyen d’enfants par femme est descendu à 1,16 en 2022. Le report des naissances à des âges toujours plus élevés a ses limites liées à la fertilité déclinante.

La Commission européenne, qui plaide pour que l’immigration étrangère vienne compenser le déclin démographique et amener les travailleurs qui vont manquer à l’UE, a tendance à enjoliver les choses. Dans sa communication [qui verse dans le lyrisme outrancier pour ce carnet] du 27 avril 2022, elle énonçait les bienfaits que l’immigration qu’elle appelle de ses vœux ne manquerait pas d’apporter : « la migration légale peut constituer en soi une forme d’investissement dans l’économie et la société dans son ensemble qui favorise les transitions écologique et numérique de l’Union tout en contribuant à rendre les sociétés européennes plus soudées et résilientes ». Cependant, ajouter des personnes venues de l’étranger sans pouvoir compter sur une fécondité suffisante pour alimenter le bas de la pyramide des âges des populations européennes, c’est se condamner à recommencer lorsqu’elles auront vieilli. [L’immigration de personnes principalement adultes ne rajeunit pas sensiblement la population…]

Source : Le Figaro

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Femmes tradi : retour du « patriarchat », montée en puissance de l'« extrême-droite » ?

Chaque mois, une nouvelle tendance émerge sur TikTok. Cette fois-ci, on s'attaque à celle des #tradwives. Des influenceuses d'un nouveau genre qui ont comme particularité celle d'être conservatrices et anti-féministes. Ce qu'elles souhaitent ? Rester à la maison pour s'occuper de leur foyer, puis de leur mari quand ce-dernier rentre du travail.

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Que vend Jaguar ? Plus des voitures, apparemment.

La dernière publicité de Jaguar qui se veut inventive et originale (plutôt que prévisible dans son rituel diversitaire et laid, y compris dans son choix de « modèles ») :

L'emblème de la marque, la typographie ont également changé.

Le constructeur britannique de voitures de luxe Jaguar a dévoilé un nouveau logo et une nouvelle image de marque en prévision de sa relance en tant que marque exclusivement électrique.

Le constructeur automobile, propriété de Tata Motors, lancera trois nouvelles voitures électriques en 2026, après avoir retiré les nouvelles voitures de la vente il y a plus d'un an pour se concentrer sur la réinvention de la marque.

Dans le cadre de sa refonte, Jaguar a dévoilé mardi un tout nouveau logo, ainsi qu'un nouveau design de félin « bondissant » et des slogans promotionnels tels que « adieu l'ordinaire » et « casser les codes ».

Le nouveau logo sur mesure, qui s'écrit JaGUar, « mélange harmonieusement les majuscules et les minuscules », selon la société.

Jaguar a annoncé son passage aux véhicules électriques en 2021.

La nouvelle image de marque de Jaguar comprend également un nouveau design de chat cabré, embossé sur du laiton.

Le directeur général Rawdon Glover a déclaré que le retrait des nouvelles voitures de la vente était « intentionnel », car il visait à créer une barrière entre les anciens modèles et les nouveaux véhicules Jaguar.

« Nous devons changer la perception qu'ont les gens de ce que représente Jaguar », a-t-il déclaré.

« Et ce n'est pas une chose simple et facile à faire. C'est pourquoi il est très utile d'avoir une coupure entre les anciens et les nouveaux véhicules. »

Gerry McGovern, directeur de la création de Jaguar Land Rover (JLR), a déclaré que Jaguar avait « ses racines dans l'originalité » et que son fondateur, Sir William Lyons, pensait qu'elle « ne devait être une copie de rien ».

La nouvelle marque Jaguar est « imaginative, audacieuse et artistique » et « unique et intrépide », a-t-il prétendu.

Anciens logos
Avant (à gauche), après (à droite)

Selon le Daily Mail, l'homme à l'origine de la nouvelle image de marque de Jaguar est un concepteur américain qui soutient le mouvement Black Lives Matter et s'est vanté d'avoir créé « plus de 15 groupes IDE » (inclusion diversité et équité) chez le constructeur automobile.

Santino Pietrosanti (ci-contre) s'est précédemment vanté de son action en faveur de la diversité chez Jaguar en déclarant : « Nous sommes passionnés par notre personnel et nous nous engageons à favoriser une culture diversifiée, inclusive et unifiée qui soit représentative non seulement des personnes qui utilisent nos produits, mais aussi de la société dans laquelle nous vivons tous. »




Face à la dépendance aux écrans : ces parents qui reprennent les choses en main

En France, les 3-17 ans passent en moyenne 3 heures par jour devant les écrans. Les enfants reçoivent leur premier smartphone en moyenne à l'âge de 9 ans et 9 mois. Quant aux notifications, un enfant en reçoit en moyenne 236 par jour.
 
Pour évoquer les dangers d'une utilisation inappropriée des portables ou des jeux vidéo et le risque de dépression chez les enfants, nous avons lancé un appel à témoignage auprès de nos abonnés. Deux cents parents nous ont répondu. Leurs retours sont sans appel : l'écrasante majorité se sent dépassée par la gestion des écrans au sein de leur famille. Nous sommes partis à la rencontre de ceux qui ont su trouver des solutions.

Dans cette grande maison des rives bordelaises, l'ambiance est calme, apaisée. Nous sommes le mercredi après-midi, soit le jour des enfants. Il est 16 heures et le jeune Aymeric, qui est en CE1, est à son cours de poney avec son père. Seuls Alexis, en troisième, et sa mère, Caroline, sont présents pour le moment. On n'entend ni télé allumée ni jeux vidéo. Pas l'ombre d'un smartphone à l'horizon. Celui de la mère se trouve dans un petit panier, dans l'entrée. « Si les enfants n'ont pas encore de portable, on essaye de s'appliquer des règles avant qu'Alexis n'ait le sien en première. On cherche à favoriser le mimétisme », précise Caroline. En montrant l'exemple à son adolescent, les règles à respecter devraient être plus facilement appliquées, estime-t-elle. Caroline fait partie des 200 abonnés qui ont répondu à notre appel à témoignage début septembre. La question portait sur la gestion des écrans dans les familles. Beaucoup nous ont confié leur détresse et leurs dilemmes. Sans en faire une généralité, la grande majorité des parents se dit dépassée, perdue face à cette technologie et ce panel d'applications. Certaines familles ont déclaré mener une « guerre quotidienne » avec leurs enfants, comme Martin *, qui n'arrive pas à mettre de limites à son adolescent malgré les conseils de psychologues. « Il ne veut simplement pas poser le téléphone après l'heure accordée. Concrètement, que puis-je faire? » questionne désespérément l'homme d'une quarantaine d'années, originaire de Metz. Pour certains, la bataille est parfois poussée jusqu'à la rupture familiale. Paul *, de la région parisienne, en a fait les frais. Ce quadragénaire, dont la deuxième fille est complètement « scotchée » à son portable, nous a confié que les disputes à répétition ont finalement fini par atteindre son couple. Après avoir essayé de nombreuses solutions données par des professionnels, sans résultat, les parents viennent de prendre la décision de se séparer pendant un temps. Pour sortir de cette voie en apparence sans issue, nous avons décidé de donner la parole aux familles qui semblent toucher du doigt l'équilibre entre l'utilisation des écrans, qui peut être positive à certains égards, et le développement de leurs enfants. Nous les avons rencontrés pour voir comment ils parviennent à trouver un juste milieu au coeur du foyer familial. Pour les deux parents de Bordeaux, l'éducation de leurs enfants a été le fruit de « plusieurs tâtonnements », selon Alexandre. Les écrans, qui sont un réel enjeu éducatif aujourd'hui, ont pris une place centrale dans ces questionnements. D'autant qu'ils sont tous les deux professeurs - en classe préparatoire pour Caroline et dans le secondaire pour Alexandre. De par leur expérience en tant qu'enseignants, ils ont eu l'occasion d'observer l'incidence des smartphones sur la concentration de leurs élèves. « Les réseaux sociaux favorisent la sécrétion de dopamine - l'hormone du plaisir - pour un moindre effort, explique Caroline. D'où la difficulté de demander à un enfant qui vient de passer une heure devant les jeux vidéo d'apprendre ses verbes irréguliers en anglais ou de faire un exercice de maths », avance-t-elle. Dans leur salon, il n'y a pas de télé, mais les livres, eux, sont omniprésents. Une grande bibliothèque recouvre le mur principal de la salle à manger, la table est remplie de bandes dessinées. « Nous sommes une famille de lecteurs », sourit Caroline. Mais aimer lire, cela ne s'apprend pas tout seul, précise-t-elle, citant Michel Desmurget, un chercheur français spécialisé en neurosciences cognitives. Sur les conseils de l'ouvrage Faites les lire! , elle a transmis cette passion à ses enfants grâce à la lecture partagée. Elle commence le livre avec eux, ils le terminent seuls. Aymeric est encore un peu petit pour lire tout seul, et Alexis est désormais un peu trop grand. Du coup, ils profitent de ce moment à deux pour discuter.

Un sevrage qui demande des efforts

« J'essaye de les nourrir le plus possible, poursuit Caroline. Pour cela, je les accompagne régulièrement dans leurs activités. » Elle se souvient de sa première conversation avec Alexis au sujet des écrans, quand il était en CP. Caroline l'a jugé assez mature pour discuter de ce qu'il pourrait voir sur internet. Et l'alerter : « Un jour, tu tomberas sur des images qui ne sont pas belles, qui te choqueront et que tu ne voudras pas voir. Il faut que tu sois prêt à te protéger, à dire non et tu pourras venir nous en parler. » « On ne peut pas éviter que nos enfants soient confrontés à internet, mais on peut les préparer à prendre du recul par rapport à ce qu'ils vont rencontrer comme images ou comme informations », analyse-t-elle aujourd'hui. De son côté, Alexandre, qui n'est pas particulièrement fan des Monopoly ou autres jeux de société, a cherché à faire découvrir à ses fils ce qu'il aimait : la randonnée. Comme beaucoup d'enfants, ils n'appréciaient guère marcher. Aymeric a malgré tout commencé à y prendre plaisir en jouant à la guerre avec des pommes de pin. La lecture partagée, les puzzles, un panel de jeux, du sport, des séances cinéma, des expositions.... « Plus l'enfant est nourri, plus son cerveau s'enrichit. Mais, bien sûr, tout ça ne s'est pas fait du jour au lendemain. C'est parce qu'on lui a demandé des petits efforts chaque jour depuis la petite enfance qu'il pourra fournir des efforts plus tard », considère la maman.