mardi 7 janvier 2025

Canada — Près de 5 millions de visas temporaires vont expirer en 2025. Combien de leurs détenteurs partiront ?


Ottawa peut-il résoudre le problème des millions de visas canadiens qui expirent ?

La moitié des Canadiens pensent désormais que des « déportations massives » sont nécessaires pour mettre fin à l’immigration clandestine. Que faire des nombreux résidents temporaires ?

Selon des documents gouvernementaux obtenus par l’opposition conservatrice, près de cinq millions de visas temporaires expireront en 2025, soit environ un résident sur dix du Canada.

« Nous n’avons pas fermé les robinets assez rapidement », a déclaré le mois dernier le ministre de l’Immigration, Marc Miller.

Il admettait ainsi que le gouvernement libéral, après avoir accru les taux d’immigration à des niveaux extraordinaires, avait mis trop de temps à ralentir la récente vague de nouveaux arrivants : trois millions en l’espace de trois ans seulement.

Et certains de ces nouveaux arrivants ont traversé la frontière américaine, à la grande indignation du nouveau président Donald Trump, qui menace d’imposer des droits de douane élevés si le Canada ne fait pas le ménage à sa frontière.

Bien qu’il ait admis son erreur et suggéré que des hélicoptères commencent à patrouiller le long des frontières internationales du Canada, M. Miller est loin de reconnaître que le Canada a colmaté les brèches de son système.

Les infrastructures ne parviennent pas à répondre à la demande de la population. Et, malgré les avertissements, de nombreux travailleurs invités et étudiants étrangers montrent à bien des égards qu’ils n’ont pas l’intention de partir à l’expiration de leur visa.

L’opinion publique canadienne est clairement dépassée. Selon un sondage de l’institut Angus Reid, la moitié des Canadiens pensent désormais que des « déportations massives » sont nécessaires pour mettre un terme à l’immigration clandestine. Et le soutien aux objectifs en matière d’immigration a diminué de moitié depuis 2019.

De nombreux Canadiens estiment que les logements, les soins de santé universels, les commissions des réfugiés, le marché du travail et les services sociaux du pays ne sont pas en mesure de faire face au stress démographique. Trump ajoute une pression politique externe depuis qu’il a été réélu.

Il faut faire quelque chose au Canada, mais M. Miller a déclaré qu’il comptait sur le départ volontaire des gens. En attendant, le nombre de personnes impliquées est stupéfiant, ahurissant.

En décembre, les conservateurs ont obtenu du ministère de l’Immigration des informations selon lesquelles le nombre de visas temporaires qui expireront en 2025 s’élève à 4,9 millions, soit plus d’un pour dix résidents du Canada.

Le gouvernement fédéral n’admet pas ce chiffre énorme, mais il a reconnu que les visas de 500 000 migrants temporaires avaient déjà expiré. Et ils n’ont pas quitté le pays.

Pendant ce temps, on ne sait pas où se trouvent 30 000 de ceux qui sont tenus de partir. Ils figurent sur la liste des personnes recherchées par l’Agence des services frontaliers du Canada.

Le chef de l’opposition, Pierre Poilievre, a déclaré sur les réseaux sociaux qu’il était scandaleux que les libéraux ne sachent pas combien de migrants restaient illégalement dans le pays.

Quant à M. Miller, qui tente de réparer les dégâts causés par les ministres de l’Immigration John McCallum, Ahmed Hussen et Sean Fraser, il patauge.

Au printemps dernier, M. Miller s’est engagé à réduire le nombre de travailleurs invités et d’étudiants étrangers dans le pays à 2,1 millions.

L’économiste Mike Moffatt, que le Premier ministre Justin Trudeau a fait venir à l’automne dernier pour présenter à son cabinet une mise à jour spéciale sur l’immigration, est l’une des nombreuses voix qui affirment que ce chiffre est encore trop élevé.

M. Moffatt estime que le nombre de personnes titulaires d’un visa temporaire devrait être progressivement ramené à un million. Cela permettrait de ramener lentement à zéro le taux de croissance démographique du Canada, qui s’élève à plus de 3 % par an.

Si l’on tient compte du fait que le taux de natalité des Canadiens n’est pas suffisant pour remplacer ceux qui meurent, M. Moffatt a déclaré que cela signifierait quand même que le Canada aurait une « approche favorable à l’immigration ». En effet, le pays accepterait environ 300 000 nouveaux résidents permanents chaque année.

Comment en sommes-nous arrivés à cette situation confuse, où le gouvernement admet que les chiffres sont incontrôlables et qu’il ne peut même pas retracer, et encore moins contrôler, les mouvements de centaines de milliers, voire de millions, de travailleurs invités et d’étudiants étrangers du pays ?

En 2019, Douglas Todd du Vancouver Sun avait écrit une chronique optimiste sur la façon dont l’Agence des services frontaliers du Canada allait mettre en place des « contrôles de sortie » pour remédier à la perméabilité tristement célèbre de nos frontières.

L’idée était que des contrôles de sortie appropriés augmenteraient la probabilité que les fonctionnaires attrapent des terroristes locaux, des individus qui profitent illicitement des soins de santé financés par les contribuables et, en particulier, des personnes qui dépassent la durée de validité de leur visa.

Le plan consistait à mieux suivre les personnes qui quittent le pays par voie terrestre, maritime ou aérienne, en utilisant des techniques déjà en place en Australie, aux États-Unis et dans l’Union européenne. Mais même si des contrôles de sortie améliorés ont été institués en 2019, ils n’ont pas permis d’obliger les gens à respecter les règles relatives à la durée de leur séjour dans le pays.

Le nombre de résidents non permanents (orange) entrant au Canada a grimpé en flèche ces dernières années. Nombre d’entre eux dépassent la durée de validité de leur visa. Source : Mike Moffatt

Pour ajouter au désordre, l’année 2024 a été marquée par une augmentation considérable du nombre de résidents temporaires - 130 000 — qui ont tenté de dépasser la durée de validité de leurs visas de travail et d’études en demandant le statut de réfugié. Ils n’étaient que 10 000 il y a moins de dix ans. La procédure de demande d’asile peut durer plusieurs années.

En réponse aux questions de la rédaction de Postmedia, l’ASFC (Agence des services frontaliers du Canada) a déclaré qu’elle faisait ce qu’elle pouvait pour contrôler et pénaliser les personnes qui dépassent la durée de validité de leur visa. Plus précisément, les fonctionnaires ont déclaré que, pour diverses raisons, ils ont émis plus de 3 700 « mesures de renvoi » en 2024, contre 1 517 en 2020.

Sam Hyman, avocat à la retraite spécialisé dans les questions d’immigration à Vancouver, a déclaré que le Canada, contrairement à de nombreux pays, n’a pas de contrôles d’immigration à la sortie qui exigent que tous les voyageurs qui partent fassent l’objet d’un contrôle et que leur départ soit confirmé. Cependant, il a ajouté qu’il y avait un certain degré de surveillance au passage de la frontière.

Richard Kurland, avocat de Vancouver et éditeur d’une lettre d’information mensuelle sur les migrations appelée Lexbase, estime que des contrôles d’entrée et de sortie plus rigoureux, bien qu’utiles, ne résoudront pas à eux seuls la crise frontalière du Canada.

Il s’inquiète plutôt du fait que le gouvernement déploie un certain nombre de stratégies pour éviter d’être tenu pour responsable de la crise migratoire, d’abord en la « niant », puis en faisant « diversion » et maintenant en la « reconditionnant », tout en faisant de nouvelles promesses.

Après que M. Trudeau a passé des années à accuser les détracteurs de ses politiques migratoires élevées d’être xénophobes ou racistes, M. Kurland a déclaré que M. Miller et lui-même avaient fait un virage à 180 degrés l’année dernière et avaient présenté un mea culpa, admettant qu’ils avaient dépassé les limites.

Cependant, ils ont ensuite aggravé leur maladresse en promettant une amnistie générale aux résidents temporaires qui dépassent la durée de validité de leur visa.

« Mais lorsque vous bénéficiez d’amnisties en matière d’immigration, pourquoi obéir aux règles, alors que tout ce que vous avez à faire est de vous cacher et d’attendre la prochaine amnistie ? », a déclaré M. Kurland. Après les critiques exprimées par le public, M. Kurland a déclaré que les libéraux ont dû retirer leur projet.

« Nous nous retrouvons avec la poule dans le python, a déclaré M. Kurland, et cette situation constituera une bombe à retardement en matière d’immigration pour celui qui remplacera le gouvernement Trudeau ».

Source : Vancouver Sun

France — Obtenons le financement public du libre choix


Le Vésinet, le 6 décembre 2024

 Chers amis,

Les écoles libres et indépendantes se développent à grande vitesse, avec une croissance de 10 % par an. Elles sont devenues un élément presque naturel du paysage éducatif français, mais il n’en a pas toujours été ainsi. Vous le savez, Créer son école, avocat inlassable de ces écoles depuis 20 ans, a une responsabilité certaine dans cet essor remarquable. Cela n’a été possible que grâce à vous, chers bienfaiteurs et amis, et à votre constant soutien moral et financier à notre association.

Plus le succès de ces valeureuses écoles est patent, plus les tracasseries administratives et les discriminations en tous genres s’abattent sur elles. Mais nous sommes sans cesse leur bouclier pour les défendre et amortir au maximum les coups qui les frappent, de sorte qu’elles continuent à se développer envers et contre tout. Citadelles de l’espérance, elles rendent le sourire à toujours plus d’enfants et leur transmettent notre précieux héritage européen : plus de 130 000 enfants bénéficient aujourd’hui d’une scolarisation dans l’une des 2 500 écoles libres et indépendantes de France !

Ces victoires, c’est grâce à votre mobilisation que nous avons pu les arracher, et je veux ici vous en remercier chaleureusement. Nous pouvons être fiers d’avoir tenu ensemble dans la tourmente, et d’avoir su développer ces écoles coûte que coûte. Mais nous pouvons faire plus. Nous pouvons faire en sorte que ce trésor qu’elles apportent bénéficie à bien plus d’enfants sur tout le territoire.

Nous seulement nous pouvons faire plus mais nous y avons même collectivement intérêt, parce qu’il ne suffit pas de former une élite morale et intellectuelle pour assurer l’avenir de notre pays. Bien sûr que c’est fondamental de forger des élites, pour tenir allumé le flambeau du génie européen. En quelque sorte, les écoles libres et indépendantes d’aujourd’hui jouent un rôle comparable à celui que jouèrent les monastères au Moyen-Âge, dans la sauvegarde et la transmission du patrimoine gréco-romain.

Mais il faut aussi apporter une solution accessible à tous les enfants, car la France ne demeurera la France que si notre culture et notre art de vivre sont inculqués à chacun de ses futurs citoyens. Et nous en sommes très loin.

Il n’est évidemment pas possible d’accueillir dans des écoles indépendantes tous les enfants qui sont dans l’école publique aujourd’hui. Et nous n’avons d’ailleurs pas les moyens de payer les frais de scolarité de 30, 50, 70 fois plus d’écoles qu’aujourd’hui, alors que l’État ponctionne des impôts toujours plus écrasants. En revanche, il est à notre portée de changer le mode de financement de notre système éducatif de sorte que l’argent public aille uniquement aux écoles plébiscitées par les parents. Il nous faut obtenir la mise en place d’un financement public des écoles publiques comme privées, qui dépendrait seulement du nombre d’enfants qui y ont été librement inscrits par leurs parents. C’est l’esprit du chèque éducation que l’on doit repenser pour l’adapter au contexte présent.

Nous n’y parviendrons pas en un seul jour, mais nous pouvons réussir, en conduisant une campagne résolue et bien organisée. D’autres États nous montrent la voie, à commencer par les Pays-Bas, le Danemark, la Suède, l’Irlande, ou certains États des États-Unis bien sûr.

L’introduction du financement public du libre choix de l’école fera faire de puissantes économies à l’État. Chaque enfant passant d’une école publique à une école privée fait économiser jusqu’à la moitié des dépenses publiques d’éducation. Dans le contexte budgétaire actuel, c’est vraiment un atout auxquels les hommes politiques ne peuvent qu’être sensibles. Notre pays n’a plus les moyens financiers de garder plus longtemps le système éducatif actuel qui est à la fois trop coûteux et pas assez performant. La méritocratie scolaire était le fondement du pacte républicain. Elle n’existe plus aujourd’hui, et tout le monde en convient. Il est urgent de permettre de nouveau aux élèves méritants d’origine modeste de s’élever socialement grâce à l’école. Et ce n’est pas simplement en renforçant l’autorité et la place des fondamentaux à l’école que l’on pourra relever notre école publique. Cela aurait pu suffire il y a… 40 ans, mais plus aujourd’hui, au regard de ce que sont devenus l’ensemble des acteurs éducatifs : les élèves bien sûr mais aussi leurs parents, les enseignants et, plus largement, tout l’écosystème éducatif. Nous ne pouvons plus faire l’économie d’une profonde restructuration de notre système d‘éducation français, et la voie de la réforme de son financement est la plus efficace pour y parvenir. Elle permettra aussi de redonner vie à la méritocratie en France.

Cette refonte du système éducatif par la réforme de son financement devra être préparée dans le détail et expliquée dans le cadre d’une campagne d’information et d’influence de longue haleine. Il y a urgence à lancer le chantier du libre choix de l’école sans plus tarder. Nous ne pourrons pas continuer bien longtemps à payer des impôts si lourds tout en payant ou soutenant par nos dons des écoles indépendantes de plus en plus nombreuses. C’est intenable.  

Il nous faut investir aujourd'hui avec détermination pour que demain, ce soient les impôts qui financent les écoles que les familles auront librement choisies. Il est temps d’allouer l’argent public à des écoles qui fonctionnent et qui confortent le rôle éducatif des parents. Non plus à des écoles publiques en faillite qui pèsent sur les finances de l’État sans pour autant offrir une instruction de qualité.

C’est le moment d’être audacieux et déterminés en lançant une puissante campagne d’influence qui aboutisse à l’adoption d’une loi donnant enfin aux familles le libre choix de l’école. Le pire qui puisse arriver à une vieille nation comme la nôtre est de baisser les bras, par lassitude, devant les grands chantiers politiques qui s’imposent.

Ne nous résignons pas. Seules les batailles qui ne sont pas livrées sont perdues d’avance. Rendons le pouvoir aux familles et aux contribuables. Nous le devons à nos enfants comme à nos ancêtres. Aidez-nous à faire campagne pour obtenir le financement public du libre choix de l’école.

Nous comptons sur vous. Nous avons deux à trois ans pour construire et mener à bien cette campagne. Si nous gagnons, vous n’aurez plus tant à dépenser en frais de scolarité pour vos enfants tout en payant des impôts écrasants pour financer une école publique en faillite. Soutenez-nous maintenant et vous réaliserez demain de fortes économies tout en rendant à notre pays une école dont il puisse être fier.


Faites sans tarder un don à Créer son école.


NB-1 : Créer son école continuera bien sûr, en parallèle, comme elle le fait depuis 20 ans, ses missions traditionnelles de soutien aux écoles libres et indépendantes, en les finançant, conseillant, défendant en justice, formant, mettant en réseau, etc.

NB-2 : Pour rappel, 66 % de votre don est déductible de votre impôt sur le revenu. Un don de 200 euros vous revient, après déduction, à 68 euros seulement.

Pour un don déductible au titre de l’IFI, vous pouvez soutenir la Fondation Kairos pour l’innovation éducative-Institut de France, que j’ai fondée pour conduire des actions complémentaires à celles de Créer son école, au bénéfice des enfants. En savoir plus : https://www.fondationkairoseducation.org/