samedi 29 septembre 2018

Zemmour (vidéos) : gouvernement des juges, concordances entre hier et aujourd'hui, Napoléon, Algérie, sentiments dans la politique

Soirée avec Éric Zemmour à l’occasion de la sortie de son livre « Destin français » tenue le mardi 25 septembre 2018 à Versailles au théâtre Montansier. La salle était comble.



Début de la transcription

[Applaudissements]

— Je tiens à vous rassurer, contrairement à l’ensemble des journalistes qui vous reçoivent sur leurs plateaux de radios ou télévisions depuis la sortie de votre livre, je ne vais pas vous psychanalyser. On se souvient de Rachida Dati il y a quelques années vous recommandant d’aller vous soigner et j’ai entendu Caroline Mécary la semaine dernière affirmer que votre obsession identitaire confinait à la névrose. Éric Zemmour ce sera ma première question est ce qu’on ne déplace pas aujourd’hui le terrain des idées et de la politique sur le champ psychiatrique et pourquoi ?

Zemmour. — Ce n’est pas d’aujourd’hui, ça fait plusieurs années. Déjà quand j’ai sorti le Suicide français, si vous vous souvenez bien, j’avais exactement les mêmes réflexions : j’avais des névroses des obsessions je devrais me faire psychanalyser, psychiatriser, je ne m’aimais pas, j’aimais qu’on me haïsse, voyez.

vendredi 28 septembre 2018

Le féminisme radical est la dernière utopie progressiste décomplexée

Dans un essai revigorant et courageux, Le Porc émissaire (Les Éditions du Cerf), Eugénie Bastié, journaliste du Figaro, analyse les ressorts profonds du nouveau désordre sexuel né de la vague Me Too et Balance ton porc. Elle en pointe les contradictions, les limites et les excès, plaidant pour une redécouverte apaisée et dépolitisée des mystères du corps, de l’amour et du désir.

Extraits choisis.


« Au tout début octobre 2017, lorsqu’ils révélèrent une série d’accusations en harcèlements, agressions sexuelles et viols mettant en cause le producteur Harvey Weinstein, les journalistes du New York Times et du New Yorker ignoraient qu’ils venaient d’enclencher une vague d’indignation planétaire qui serait vite qualifiée de tournant historique. La grande idéologie du temps, le féminisme, était en panne de bourreaux. À Cologne, en 2016, elle était restée aveugle aux viols commis par des migrants sur des femmes allemandes. [La police allemande avait même voulu cacher ce scandale.] À Washington, elle avait échoué à faire élire son égérie Hillary Clinton, laissant un affreux misogyne, Donald Trump, s’installer à la Maison-Blanche. 2017 allait sonner l’heure de la revanche. En fin, on allait pouvoir prouver que l’Occident n’avait aucune leçon à donner au reste du monde en matière d’égalité des sexes. Des années de militantisme, de luttes et de revendications n’avaient-elles pas fait de l’Europe un havre de paix et de sécurité pour les femmes ? Que nenni ! Avec des yeux horrifiés, nous allions découvrir soudainement que derrière le vernis d’une égalité de droit, le patriarcat exerçait encore quotidiennement sa férule sur la gent féminine. Que derrière le masque des relations consenties se tapissait, sournois, le rictus menaçant de la domination masculine.

Nous pensions être libres, mais en réalité, nous étions encore prises dans les rets d’une tyrannie d’autant plus fourbe qu’elle prenait l’apparence d’une libération des mœurs. Bref, l’Occident était un enfer pour les femmes. Dans une catharsis mondialisée, le bon grain était séparé de l’ivraie. Le torrent victimaire emportait tout sur son passage, du viol à la remarque insistante en passant par le harcèlement de rue, la main aux fesses et les relations non consenties a posteriori. Le sexe, la violence, la religion, l’infrastructure primitive de nos sociétés avancées était mobilisés au service d’une gigantesque psychanalyse collective. “C’est une révolution”, affirmaient les unes, tandis que d’autres agitaient le spectre de dérives liberticides.

Le fait divers devint fait de société, et le fait de société, événement historique. En mai 2018, on annonça que la remise du prix Nobel de littérature serait différée au motif qu’une dizaine de jeunes femmes accusait le mari d’une des académiciennes d’agressions sexuelles répétées. Fait historique, pour la première fois en 1949, hormis sa suspension lors de la Seconde Guerre mondiale, le Nobel n’avait pas été attribué faute d’un candidat ayant recueilli l’unanimité du jury. Quel meilleur symbole pouvait-on trouver du grand passage de l’ère du public au temps du privé ? Désormais, la lutte contre le harcèlement devait prendre l’importance qu’avaient hier les con fl its géopolitiques. Oh, certes, on continuerait de se massacrer dans les coins déshérités du globe. Mais la guerre qui empêchait les puissants de dormir était celle qui se déroulait sur l’oreiller. […] »

Préférer les mots aux actes

« Avec Me Too hélas, c’est la culture de la parole réparatrice qui allait l’emporter sur le vieux monde des tragédies intimes. Dans la société du spectacle, parler c’est agir et dénoncer c’est faire, les moyens ne se distinguant pas de la fin et la liberté d’expression revêtant par soi une vertu thérapeutique.

Il est d’ailleurs frappant d’observer que la libération de la parole, lorsqu’elle touche à la parole “raciste” ou plus simplement à la légitime inquiétude culturelle, est condamnée unanimement par cette même gauche qui encense la parole libérée des femmes. De même, la pratique de l’“amalgame”, sans cesse reprochée à ceux qui évoquent la radicalisation islamiste ou le terrorisme est utilisée ici sans complexe. Les mêmes qui rappellent sans cesse qu’il ne faut pas dire “les musulmans” vont durant cette séquence essentialiser sans complexes “les hommes” dans une entité diabolisée.

Aussi, le mouvement Me Too allait pousser jusqu’au bout ce que Saint-Exupéry appelait la “culture du manifeste”, cette propension à préférer les mots aux actes. La révolution est tout entière numérique, tout entière parole, tout entière virtuelle. Elle se montre, se donne en spectacle, comme ces actrices conspuant le patriarcat dans leurs robes noires conçues par des couturiers de luxe aux Golden Globes. Ou bien cette publicité, vue dans le magazine Voici : une femme, le poing levé, cheveux dans le vent avec ce titre “Liberté d’expression !”, et ce sous-titre : “Révolution capillaire avec ces trois coiffures en trois mouvements, signé Machin-Chose, hair stylist”. On parle, on s’étale, on “dit les choses”. On énonce, on dénonce, on twitte. On répand le feu de la révolte à coups de hashtags. Chacun veut en être, et quiconque n’a pas de porc à balancer se retrouve comme un gamin sans billes à la récré. Se taire faisait de vous un “allié·e·s” des porcs, une complice abusée et résignée inapte à se révolter ou une bourgeoise puissante et privilégiée incapable de solidarité. […] »

Libertaires et puritaines : même combat ?

« Entre un libertarisme pour lequel le corps ne compte que comme objet à la merci de la volonté et un puritanisme qui surévalue l’importance de la chair au point d’y enchaîner la conscience, faut-il vraiment choisir ? Entre un libertinage qui voit dans la relation érotique un jeu de consommation guidé par le seul plaisir et un rigorisme qui n’y perçoit qu’un rapport de domination uniquement gouverné par le pouvoir, faut-il vraiment opter ? Entre les liaisons dangereuses et les contractualisations mortifères, faut-il vraiment trancher ? Ou se pourrait-il que le féminisme existentialiste et le néoféminisme déconstructiviste s’opposent pour mieux converger ? Les libertaires et les puritaines font preuve d’une même erreur : celle du dualisme qui dissocie l’âme du corps et le corps de l’âme.


Pire encore, ces deux mouvements se nourrissent mutuellement. Le libéralisme libertaire vindicatif produit sa propre némésis sous la forme d’un politiquement correct liberticide. Ainsi que le pointe Jean-Claude Michéa dans Impasse Adam Smith, l’un des paradoxes du libéralisme est qu’il aboutit, sous couvert de proclamer la liberté, à une société d’interdits sans précédent. Comment une époque qui a autant renoncé à toute conception de la vie bonne peut-elle autant faire la morale ? En raison d’une judiciarisation tous azimuts qui est la conséquence directe de la volonté d’organiser la société autour d’une éthique minimale, à l’image de celle que professe Ruwen Ogien : n’avoir pour tout dogme qu’“il ne faut jamais nuire à autrui” aboutit à “tout ce qui pourrait nuire à autrui est susceptible d’être proscrit”.

Surgit alors le politiquement correct, cette euphémisation du langage destinée à pallier l’absence de décence commune. Surgissent alors la multitude des revendications victimaires et identitaires, chacun essayant de sanctuariser son ressenti dans un monde éclaté où règne la loi du plus fort. Surgit alors ce que Jean-Claude Michéa appelle la “guerre de tous contre tous par avocats interposés”. Dans un monde où on a impitoyablement désentravé le désir, il ne reste plus que les tribunaux pour régler les conflits, y compris sexuels. L’auteur du Complexe d’Orphée résume magnifiquement ce paradoxe : “Quand donc la tyrannie du politiquement correct en vient à se retourner contre la tyrannie du plaisir, on assiste au spectacle étrange de Mai 68 portant plainte contre Mai 68, du parti des conséquences mobilisant ses ligues de vertu pour exiger l’interdiction de ses propres prémisses.” Ce renversement définit à merveille les ambiguïtés du mouvement Me Too : les rejetons des déconstructeurs se plaignent d’un monde où, l’idée de civilisation ayant été abolie, la régulation des désirs ne peut s’exercer que par l’entremise du droit ou du marché. […] »

La malsaine politisation de Me Too

« Il est certain que le mouvement Me Too révèle un véritable malaise dont je n’entends pas nier l’ampleur. Simplement, une politisation excessive en corrode les ressorts profonds. Si la formule de Bossuet sur ceux qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes a une application, c’est bien ici. Le concept central de Me Too est celui du consentement et il renvoie en dernière instance à la liberté de l’individu telle qu’elle est comprise et exercée dans les sociétés libérales occidentales. Nous avons placé au cœur de la révolution sexuelle la liberté de choix, le pro choice ainsi que se définissaient les militantes pour le droit à l’avortement. Or, l’illusion d’une autonomie totale, déliée de tout rapport à l’autre, bute sur la complexité du rapport amoureux et de l’altérité radicale qu’il implique. L’illusion d’une banalisation de l’acte sexuel échoue sur le caractère tragique de la condition humaine. Telle est la vérité archaïque que nous voyons resurgir sous nos yeux, qu’il n’y a pas de sexe complètement libre, qu’il n’y a pas d’amour sans risque ni possibilité de tragédie. Nous redécouvrons que la liberté ne subsiste pas dans l’absence de contraintes car elle devient rapidement soumission à la loi du plus fort, mais qu’elle ne peut s’épanouir que dans la loi morale. Dans son livre L’Autre Héritage de 68. La face cachée de la révolution sexuelle, l’historienne Malka Marcovich fait tinter un autre son de cloche que les carillons commémoratifs qui ont retenti lors du cinquantenaire de Mai. À partir d’un grand nombre d’entretiens avec les acteurs de l’époque, elle reconstitue le voile jeté sur les dérives d’une fausse liberté. La revendication d’une liberté sexuelle totale, assortie au goût affiché pour la transgression, engendra alors de terribles excès : incestes entre frères et sœurs, entre parents et enfants, détournements d’élèves par leurs maîtres et actes pédophiles. Le climat intellectuel de l’époque portait au pinacle l’affranchissement, l’expérience et la précocité de la sexualité. Ainsi, dans une lettre ouverte publiée par Le Monde le 26 janvier 1977, des intellectuels tels que Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir ou Roland Barthes prirent la défense de trois pédophiles accusés d’avoir eu des relations sexuelles avec des enfants de 13 et 14 ans en qualifiant les faits de “simple affaire de mœurs”.

Tel est le monde dont nous avons hérité. Et ce sont aujourd’hui les descendants de ces déconstructeurs qui viennent pleurer sur le cadavre à la renverse de l’utopie sexuelle ? Les démons ne se jettent pas tout seuls à la mer. […] »

L’utopie démiurgique de façonner un homme nouveau

« La fin du communisme et le recul de la social-démocratie, la défaite du politiquement correct sur l’immigration ou l’islam et la victoire des populismes aux États-Unis ou en Europe ont fait que le féminisme a repris le flambeau de la contestation radicale de l’ordre établi. Il reste le dernier espoir d’un monde réconcilié. La dernière utopie progressiste.

Convaincu de sa mission civilisatrice, il espère expulser la part irréductible du tragique dans les rapports amoureux ainsi que la logique du don qui n’implique ni symétrie absolue, ni totale égalité dans les relations. “Nous allons mettre fin aux violences sexuelles.” Ainsi prophétise, l’index levé au ciel, une militante féministe sur un plateau de télévision. Comment lui dire ? Comment lui faire comprendre qu’il n’en sera rien ? Comment ne pas passer à ses yeux pour un esprit cynique qui se satisfait de l’ordre des choses ? Pourtant, aussi sûr que deux et deux font quatre et que le paradis n’est pas de ce monde, nous n’éradiquerons jamais les violences sexuelles. Parce que la perfectibilité morale de l’humanité n’existe pas. Parce qu’elle restera toujours la même. Parce qu’encadrer davantage les pulsions par le droit civil et la réprobation collective ne signifiera jamais les avoir supprimées.

Aucun gouvernement ne promet la fin de l’assassinat ou de la pédophilie. Si les responsables politiques affirment tous leur volonté de lutter contre ces fléaux, il n’y a qu’en matière de crimes sexuels, et plus précisément concernant les hétérosexuels, qu’ils affichent comme objectif une éradication complète et définitive. Chaque meurtre de femme, requalifié en “féminicide”, est jugé comme la permanence intolérable d’un “vieux monde” en train de s’effondrer, mais pas encore assez rapidement. Le domaine des violences sexuelles reste le seul où perdure l’utopie démiurgique de façonner un homme nouveau, débarrassé pour toujours de ses tares. »

Le porc émissaire : Terreur ou contre-révolution,
de Eugénie Bastié,
aux Éditions du Cerf,
à Paris,
paru le 28 septembre 2018,
175 pages,
ISBN-13 : 978-2204128384.

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Le néoféminisme dynamité

Vos impôts à l’œuvre : Télé-Québec et le féminisme extrémiste

Télé-Québec la chaîne de télévision québécoise publique à vocation « éducative » et culturelle paie des capsules militantes qui font la chasse aux mal pensants, aux hommes qui ne partageraient pas les opinions du féminisme radical. Ces hommes deviennent des « masculinistes ». Vos impôts à l’œuvre...

Alors, sans plus tarder, voici les chasseresses et leurs discours caricaturaux (patriarcat, taille de la queue, inégalité des résultats, la négation — elles parlent de « négationnisme » — de l’importance de la biologie et donc de différences d’intérêts légitimes entre les sexes) :



Les deux auteurs de cette capsule sont Lili Boisvert et Judith Lussier. Pour Lili Boisvert, « la chose que j’ai faite dont je suis le plus fière, c’est la fois où je me suis promenée dans la rue seins nus, dans le cadre de mon travail, pour parler de l’absurdité de la censure des seins féminins dans l’espace public. » Lili Boisvert est également animatrice. Elle a étudié en sciences politiques à l’Université de Montréal. Judith Lussier est animatrice et titulaire d’un baccalauréat en Communication et Sciences politiques de l’Université de Montréal. Elle a récemment fait parler d’elle quand elle a annoncé que, face aux critiques acerbes sur les réseaux sociaux, elle abandonnait sa chronique d’opinion largement consacrée aux idées féministes. On comprend qu’il est plus facile d’être subventionnée et de faire la leçon par le truchement d’une vidéo sans crainte d’être contredite à égalité de moyens (subventionnés).

Sur le patriarcat, la difficulté de définir l’égalité notamment salariale, des différences d’intérêt innées et légitimes entre hommes et femmes, une vidéo (millions de vues) de la part d’un professeur d’université, Jordan Peterson :



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Le paradoxe de l’égalité entre les sexes c. la théorie du genre (rediff)

Davantage de cours en anglais à l'université Laval

Le Journal de Québec nous l’annonçait le 26 septembre : « L’Université Laval pourrait offrir plus de cours en anglais ».

Première surprise : presque 2 % des cours de l’université Laval sont déjà donnés en anglais. 6,5 % des cours de la Faculté d’administration sont en anglais. La rectrice affirme : « C’est une réflexion qu’on a à avoir, c’est demandé dans certains secteurs, surtout aux études supérieures ».

Il faut bien prendre conscience que l’anglicisation en cours des cégeps va servir de tremplin et d’accélérateur à l’anglicisation des universités qui, comme on le constate, est déjà en cours.  Considérons la chute de popularité du MBA en français aux HEC depuis l’ouverture d’un programme en anglais.

Nous avons changé d’époque. Encore récemment, certains se rassuraient en disant benoîtement qu’il régnerait une « paix linguistique » et que la situation linguistique au Québec avait atteint un « point d’équilibre ».

Point d’équilibre fictif qui s’est accompagné d’une bilinguisation croissante à Montréal et à un apprentissage intensif de l’anglais intensif dès le primaire (alors que le nombre d’heures de français a été coupé au fil du temps, car le nombre d’heures de classe est limité) et le cégep en anglais ou en « bilingue » alors que dans certains quartiers de Montréal (et ailleurs), la majorité des enfants n’ont plus le français comme langue maternelle.

Comment espérer imposer le français comme langue commune de travail alors que la formation dans nos institutions d’enseignement se fait de plus en plus en anglais et que les universités anglaises (très largement financées par les contribuables francophones) forment de plus en plus de spécialistes — restons polis — mal à l’aise en français. Les exemples pourraient être multipliés.

Ne serait-il pas l’heure de revenir à une idée simple : pour que le français soit effectivement la langue commune, il faut que nos politiques scolaires et universitaires reflètent cette volonté dans les faits.

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Chute importante prévue du français dans les foyers québécois

Québec — Les immigrés allophones s’anglicisent rapidement

Recensement 2016 — recul du français, bilinguisme et anglais en hausse au Québec, bilinguisme stable dans le reste du Canada

Très forte augmentation des élèves allophones à Montréal

Québec : le problème grave de réussite des garçons francophones

Québec, faiblesse en français et valorisation de l’anglais


(l’île de) Laval s’anglicise


La francisation des immigrants au Québec est un échec

Nombre d’heures de français en diminution alors qu’une majorité de décrocheurs en 5e secondaire échoue en français

Démographie — En 15 ans, les minorités visibles sont passées au Québec de 7 % à 13 % de la population

Moins d’heures de français à l’école : le niveau de grammaire et d’orthographe baisse

Un Québec moins français et moins scolarisé...

Le Québec a-t-il besoin de tant d’immigrants ?

Éric Zemmour sur l'avortement

Lors d’une conférence donnée à guichet fermé mardi soir à Versailles, l’écrivain Éric Zemmour a déclaré :
Il y a 200 000 avortements par an. 1/5e des enfants à naître. C’est autant que la mortalité infantile au XVIIIe siècle. Tous les progrès médicaux pour supprimer la mortalité infantile sont supprimés par l’avortement.


Dans son dernier ouvrage (n° 1 des ventes), Destin français, Éric Zemmour rappelle :
Depuis le Ier siècle de l’ère chrétienne, l’Église a d’abord mené un combat contre la société romaine et son dédain pour le mariage, sa préférence pour le concubinage et le divorce ; elle a interdit les infanticides, les avortements et « ces enfants qu’on exposait sur des tas d’ordures pour être dévorés par les chiens et les chacals1 ». La crise démographique dans l’Empire romain a été une des causes majeures de l’invasion barbare, mais aussi de la crainte démesurée que suscitent ces vagues migratoires qui ne dépassent pourtant jamais quelques centaines de milliers de personnes.
1. Michel Rouche, Clovis, Fayard, 1996.





La conférence (vidéo) complète est ici (1 h 30)



Voir aussi

Avortement — « le débat est clos » selon les médias et l’intelligentsia autoproclamée

Europe — Reflux du « droit » à l’avortement sur demande

États-Unis : les jeunes femmes adultes sceptiques envers le féminisme militant et l’avortement

Débat sur l’avortement : l’ainée est pro-avortement et défend l’ordre établi, la cadette pro-vie veut dialoguer


jeudi 27 septembre 2018

« Les fausses statistiques » du taux de réussite au Québec

Selon Marc-Nicolas Kobrynsky, diplômé de HEC Montréal et titulaire d’une maîtrise en gestion de la London School of Economics, qui tient un blogue à lactualite.com :


Le plan stratégique 2009-2013 comprend un indicateur : le taux de réussite aux épreuves uniques de français, langue d’enseignement, pour les écoles du secondaire, avec une cible de 90 %. C’est le seul indicateur de l’ensemble du plan qui montre la capacité du système d’éducation à former avec succès les élèves en français, primaire et secondaire confondus. Par extension, c’est le seul indicateur sur lequel le simple citoyen peut mesurer la santé future de la langue française dans la province, qui est au cœur de l’identité et de la pérennité du peuple québécois.

Lors de l’analyse de ce plan, en 2017, l’indicateur attire mon attention, parce que le taux de passage ne cesse de chuter entre les années 2009 et 2013, pour passer de 91,9 % à 90,6 %. L’indicateur disparaît ensuite du plan pour les années subséquentes. Avec une tendance négative claire, sa disparition semble à tout le moins surprenante.

Les premiers documents fournis par le Ministère montrent que ce taux s’établit à 90,9 % pour 2015. Bien que l’indicateur soit légèrement incomplet, sans la moyenne des notes à l’examen, 90 % des élèves qui obtiennent au moins la note de passage au test de français, c’est réconfortant, non ?

Réconfortant si on ne creuse pas plus loin. Et que l’on ne remet surtout pas en question les hypothèses ou les méthodes de calcul du Ministère. Parce qu’un petit coup de pelle et le portrait change de façon draconienne.

Primo, le taux de passation global est de 90,9 %, mais c’est seulement 88,7 % au public. Déjà, l’ensemble du système public n’atteint pas la cible du Ministère, mais il n’y a pas de raison de s’inquiéter. Après tout, une fois que tous les élèves de la province seront passés au privé, ce genre de détail disparaîtra.

Deuxio, la présence aux examens de français est 14 % plus basse que le nombre d’élèves inscrits. En gros, pour 100 élèves inscrits en 5e secondaire, seulement 86 se présenteront à l’examen de français. Mais voyez-vous, le Ministère ne compte pas ces 14 absents comme des échecs. Parce que, comme nous répond le Ministère, il ne faut pas considérer cet indicateur comme un taux de réussite aux épreuves des élèves inscrits en cinquième secondaire.

C’est fou comme l’éducation évolue rapidement. Dans mon temps, quand tu ne te présentais pas à un examen, tu avais un échec. Aujourd’hui, c’est incroyable, l’absence à un examen te fait simplement disparaître.

Réponse du Ministère à cette incohérence : l’élève peut avoir décroché.

En gros, on se retrouve avec deux possibilités, aussi graves l’une que l’autre. Dans un premier cas, 14 % d’élèves décrochent entre le début et la fin de la 5e secondaire, ce qui serait une catastrophe. Mais comme le Ministère s’entête à utiliser un indicateur de décrochage sur une base de sept ans, cette situation n’est jamais connue du grand public.

Dans le deuxième cas, 14 % ne se présentent pas à l’examen parce qu’ils savent qu’ils n’ont aucune chance de le réussir. Parce qu’ils sont découragés de s’y présenter par leurs professeurs, les directions d’école et les commissions scolaires, pour ne pas, justement, faire descendre la sacro-sainte moyenne. Parce que leur combustion spontanée et leur subséquente disparition servent bien le ministère de l’Éducation.

Dans les deux cas, le Ministère continue à bien paraître.
Mais la réalité, elle, est tout autre. Indépendamment des raisons, un élève sur quatre ne passe pas son examen de français de 5e secondaire. C’est un désastre sur le plan individuel, sachant qu’un DEC est maintenant nécessaire pour la plupart des emplois, mais aussi pour le peuple québécois. Quel est l’avenir du français comme fondation de notre identité si 25 % de notre jeunesse est incapable de passer l’examen de 5e secondaire ?

Tant qu’à être dans le sujet, ce taux augmente à 30 % pour la région de Montréal. Et 18 écoles sur les 30 qui obtiennent un taux d’échec de 20 % ou plus sont situées dans l’île.

Mais c’est tellement plus réconfortant de dire que le taux de réussite aux épreuves uniques de français, langue d’enseignement, est de 90,9 %. Les résultats du système public, les élèves qui ne se présentent pas à l’examen et la situation particulièrement inquiétante de Montréal ne méritent aucune mention.

Si les fausses allégations du Ministère en ce qui concerne la taille des classes sont inquiétantes, celles de la réussite de l’examen du français en 5e secondaire sont parfaitement scandaleuses.

Dans le premier cas, le Ministère laisse faussement croire qu’il a procédé à des améliorations dans le but de favoriser la réussite scolaire. Mais comme celui-ci publie un indicateur de réussite scolaire, aussi alambiqué soit-il, il est toujours possible de constater l’échec global de ses politiques à ce sujet.

Dans le deuxième cas, le Ministère laisse faussement croire que la situation du français est plus positive que la réalité dans le système scolaire. En publiant des statistiques fallacieuses sur le taux de réussite en français, le Ministère lèse irrémédiablement la population qu’il prétend servir, en la trompant sur ses compétences et sur la gravité d’un enjeu qui est fondamental à la pérennité du peuple québécois.

Le pape du pédagogisme français se moque du monde

Chronique d’Éric Zemmour sur le plus récent ouvrage du pape du pédagogisme Philippe Meirieu La Riposte, pamphlet contre Blanquer et plaidoyer pro domo. Dans lequel, selon le chroniqueur du Figaro, il se moque du monde.

On s’était donc trompé. On croyait avoir affaire à un bourreau alors que c’était une victime. On croyait tenir le Staline de l’éducation nationale, détruisant tout de son idéologie totalitaire ; on avait le François Bayrou du pédagogisme. On croyait qu’il trônait Rue de Grenelle, tyrannisant ministres et profs ; on le découvre timidement assis sur un strapontin, que personne n’écoute : « J’ai été amené, comme d’autres, à faire des propositions de réforme. Mais […] aucune des propositions auxquelles j’ai travaillé n’a été étudiée sérieusement ni reprise par le ministère de l’Éducation nationale. »

Philippe Meirieu se moque du monde. Il joue au sentimental à la larme facile ; il se pare des atours de Rousseau brocardé dans les salons, tandis qu’il nous fait plutôt penser à Calimero. Il écrit un pamphlet anti-Blanquer, en conservant une posture objective. Il veut faire croire que le combat se situe entre les réacs anti-pédagogistes qui rejettent toute expression des enfants et les hyper-pédagos qui refusent toute autorité. Lui est au milieu : un modéré, un centriste.

Tout le livre est construit autour de ce faux clivage, qui lui permet de mettre à égale distance, comme deux extrémismes également condamnables, le spontanéisme de l’élève qui « construit seul son savoir » et le cours magistral. Faux clivage, fausse opposition, faux extrêmes. Fausse objectivité mais vraie idéologie. Le passage le plus intéressant se situe au début de l’ouvrage lorsque, plantant le décor, Meirieu retrace la généalogie des pédagogistes, plongeant dans l’histoire des adeptes des méthodes éducatives nouvelles (Maria Montessori, Célestin Freinet et d’autres moins connus) « pédagogues (qui) se sont bien souvent retrouvés en pleine tourmente, n’accédant que fort rarement à un strapontin universitaire, victimes d’attaques tous azimuts, payant très cher en invectives de toutes sortes la petite notoriété à laquelle ils parvenaient parfois ».

Nos pédagogistes, selon la bonne vieille logique mafieuse, ont fait de l’entrisme Rue de Grenelle, noyauté les principaux postes et, profitant admirablement de la centralisation administrative française, diffusé leurs « méthodes nouvelles »

Au-delà du baragouin victimaire, on comprend bien que le pédagogisme est, comme toute idéologie, dépendant des conditions historiques de sa naissance, en l’occurrence les années 1920, après la Première Guerre mondiale : le pédagogisme sera donc pacifiste, humaniste, internationaliste, socialiste. Ses adversaires seront la guerre, l’armée, la discipline, l’autorité, la nation, la France, le drapeau, le patriotisme. Il sera avec les pacifistes des années 1930 (dont la plupart finiront dans la Collaboration en 1940 au nom de la paix et de l’Europe), avec les communistes en 1945 et les antiracistes depuis les années 1980. Trois pacifismes, trois universalismes, qui se jettent, comme le fleuve se jette dans la mer, dans l’alliance avec trois totalitarismes, noir, rouge, vert.

Meirieu a raison de brocarder ses contempteurs qui situent l’acte de naissance du pédagogisme en Mai 68. Il avait pris le pouvoir dès 1945 avec la mainmise communiste sur l’éducation nationale, incarnée par le fameux rapport Langevin-Wallon, que Meirieu révère encore aujourd’hui. Notre auteur nous résume son principe avec obligeance : « école unique pour l’organisation, éducation nouvelle pour la pédagogie ».

On ne peut être plus clair : nos pédagogistes, selon la bonne vieille logique mafieuse, ont fait de l’entrisme Rue de Grenelle, noyauté les principaux postes et, profitant admirablement de la centralisation administrative française, diffusé leurs « méthodes nouvelles » dans tout le corps du mammouth !

De la belle ouvrage. Quand le général de Gaulle revenu au pouvoir en 1958 s’est aperçu de la catastrophe, il a tenté de revenir en arrière (si on en croit les Mémoires de son conseiller pour l’éducation, Jacques Narbonne), mais n’a jamais réussi à se faire obéir de ses ministres, aux mains des syndicats. Avant même Mai 68, de Gaulle lui-même a cédé, comme on le comprend en relisant les propositions très « modernistes » de son ministre de l’Éducation, Alain Peyreffite. Mai 68 n’est pas l’origine du pédagogisme, mais son triomphe : plus personne ne résiste aux nouveaux maîtres de l’école. L’objectif est bien l’annihilation de toute autorité et de tout enseignement des grandes œuvres françaises. Le mot d’ordre est alors de « détruire la culture bourgeoise ».


Le succès sera total. Dans la deuxième partie de son livre, Meirieu retrouve son naturel ennuyeux et jargonnant. Il confond obéissance et soumission, sélection et inégalité, noyant la transmission des savoirs dans « un collectif qui travaille vraiment », exaltant « l’école inclusive », mettant dans le même sac la mixité culturelle dans les lycées internationaux et dans les maternelles de banlieue « avec des bénéfices intellectuels et sociaux considérables pour les intéressés ». On comprend qu’il se moque de la culture dont il fait l’éloge hypocrite : « Que la connaissance en soi ne fascine plus, et c’est peut-être alors l’infinie richesse des miroitements du connaître qui pourra mobiliser nos élèves. Que la culture en tant que telle ne soit plus attractive n’est peut-être pas une mauvaise chose. »



Il nous explique que le but de toute éducation est de se « dégager de l’emprise du capitalisme pulsionnel promu par le néolibéralisme triomphant ». Il n’a pas lu les travaux de l’Américain Christopher Lasch qui avait analysé avec une rare finesse comment les industriels américains, passant d’un capitalisme de production à un capitalisme de consommation, avaient délibérément sapé toutes les structures qui enserraient l’individu roi : famille, patriarcat, église, patrie. Comme par hasard, cette mutation anti-autoritaire datait des années 1920, années de naissance des « méthodes éducatives nouvelles » chères aux pédagogistes à la Meirieu ! Ce dernier rejette aussi avec véhémence la démonstration, faite de livre en livre, par Jean-Claude Michéa, de l’alliance entre libéraux et libertaires, pour abattre toute discipline, toute autorité, toute transmission, dans la famille, comme dans l’école, afin que règne le seul individualisme, et cette fameuse « emprise du capitalisme pulsionnel » que Meirieu dénonce avec des larmes dans les yeux. Larmes de crocodile. On rit pour ne pas pleurer. On est passé de Calimero au Docteur Folamour.

La Riposte,
par Philippe Meirieu,
aux éditions Autrement,
Paris, 2018
286 pages,
17 euros.

mardi 25 septembre 2018

Québec — Près de 2 millions $ pour effacer le mot « amérindien » des manuels...

Radio-Canada essaie de nuancer (justifier ?) ces rééditions qui sont bien motivées politiquement (donner plus d’importance aux amérindiens et le passage indirect des Français au rang de Seconde nation et plus de peuple fondateur ?) 

Extraits :

L’histoire a fait couler beaucoup d’encre la semaine dernière après que des médias eurent rapporté que des livres d’histoire avaient été récemment renvoyés chez l’éditeur en raison du mot « Amérindien », qui n’est généralement plus d’usage [Par qui ? Qui définit l’usage ? Quelques experts, des bureaucrates ?]. Les quatre manuels ne dataient en outre que de 2016, au moment de la réforme du programme d’histoire du secondaire.

La réédition et la réimpression des manuels — effectués en réponse aux recommandations de la Commission vérité et réconciliation — ont coûté au gouvernement 1,6 million de dollars.

« L’angle des médias donnait l’impression que c’était un caprice des Premières Nations », souligne Ève Bastien, conseillère aux communications du CEPN.

Au moins 70 changements ont été apportés aux livres, dit-elle. À la demande de Radio-Canada, le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur a énuméré quelques-unes des modifications effectuées :
  • Modification des images pouvant représenter les Premières Nations de manière stéréotypée ;
  • Plus grande représentativité de la participation des Autochtones et de leur apport à la trame historique du Québec et du Canada (par exemple, ajouts de portraits ou de biographies d’Autochtones) ;
  • Meilleure prise en compte de la perspective autochtone quant à certains événements marquants, comme la période des pensionnats ;
  • Nuances à propos des alliances lors de la guerre anglo-américaine.
  • « Ce qui ressort de l’exercice de finalisation du programme d’études qui a conduit aux ajustements des manuels scolaires est une valeur ajoutée importante », indique le porte-parole du Ministère, Bryan Saint-Louis.

Radio-Canada n’a pu consulter qu’un seul des quatre livres. Il s’agit de Chroniques (des Éditions du renouveau pédagogique), publié au début de l’été pour les classes de 3e secondaire. Le manuel contient de nombreux encadrés sur l’histoire autochtone. Les termes « Autochtones » et « Premières Nations » sont employés.







Page dithyrambique sur le profond respect des « Amérindiens » pour la Terre (c’est en partie vrai, mais pas plus que le paysan européen de l’époque, peut-être moins) tirée d’un manuel ECR pourtant récent. Faudra-t-il aussi le réimprimer ?

Les commissions scolaires l’ont appris au début des vacances estivales. On leur annonçait alors que les livres neufs acquis en 2016 et 2017 lors de l’implantation du nouveau programme d’Histoire du Québec et du Canada n’étaient plus bons ; il fallait « bonifier » le contenu traitant des peuples autochtones, disait une sous-ministre. La nouvelle n’avait pas fait grand bruit. Qui oserait se plaindre ? Ce serait raciste...


Il appert que le ministère a décidé de payer de nouveaux livres d’histoire à tous les adolescents du Québec pour rayer le terme « Amérindiens ». « Les organisations scolaires ont dû récupérer les manuels de l’an passé pour les renvoyer à la maison d’édition. Et la maison d’édition a renvoyé les manuels avec les termes corrigés », raconte au Soleil le président de la Société des professeurs d’histoire du Québec, Raymond Bédard.

« Ce sont des changements de dernière minute qui ont dû être faits. Il y a eu des décisions ministérielles de dernière minute qui ont fait en sorte qu’il a fallu revoir les manuels pour des questions de terminologie », ajoute-t-il. « C’est pour les Autochtones en particulier. “Amérindiens”, ce n’est plus le bon terme. C’était le terme qui a été utilisé depuis fort longtemps, mais semble-t-il que ceux qui ont représenté les Premières Nations auprès du ministère ont décidé qu’ils ne souhaitaient plus cette appellation. »

Notons que ces représentants ne devraient pas décider de la langue française, elle ne leur appartient pas en propre. Le mot est présent dans les dictionnaires et il n’y en a pas un seul qui le dénonce. Il serait apparu en France dans les années 1930. L’O.Q.L.F. l’a officialisé en 1997. Il n’est pas péjoratif et s’intègre tout naturellement au français international. On s’étonnera de la célérité et de l’empressement du Monopole de l’Éducation du Québec pour plaire à cette police linguistique qui s’insurge comme le terme « amérindien ». Nous soupçonnons que l’insistance sur le terme Premières nations est d’abord motivée par des considérations politiques et qu’il s’agit surtout de faire comprendre que les autres (notamment les Français au Canada) font simplement partie des immigrants venus par la suite, peut-être tous à mettre dans le même sac puisque l’on ne parle plus guère aujourd’hui des deux peuples fondateurs du Canada.

Et puisque la demande de correction a été faite par le Monopole de l’Éducation, c’est le gouvernement national qui a ramassé la facture. Autour de 1,6 million $, indique le responsable des relations avec la presse, Bryan Saint-Louis, qui confirme que « les principales modifications traitent, notamment, de l’utilisation du terme “Premières Nations”, plutôt qu’“Amérindiens” ». Il affirme qu’il fallait également « mettre en valeur des perspectives autochtones et des éléments propres aux Inuits [Esquimaux] ».

Demande tardive

Le professeur d’histoire Raymond Bédard a siégé au comité-conseil ayant guidé le ministère dans la production du nouveau cours. Il rappelle que tous les intervenants ayant une opinion sur le contenu avaient pu se prononcer avant l’édition des livres.

La demande de modification terminologique est arrivée après l’approbation du programme dont la gestation a été pour le moins difficile et longue. « Il y a eu beaucoup de consultations. C’est d’ailleurs le programme où il y a eu le plus de consultations. »

« Un programme d’histoire nationale qui fasse l’unanimité de tous, c’est à peu près impossible. C’est à peu près impossible de satisfaire tout le monde. Au moins, le programme actuel […] satisfait la très grande majorité. »

« C’est un peu dommage parce qu’il y a des frais derrière cette opération-là », évalue M. Bédard. « Mais si c’est ça que ça prend pour avoir un certain consensus… On y est arrivé finalement. »

Chez lui, à la commission scolaire des Patriotes, les livres ont été livrés en août et les élèves ne lisent plus sur les Amérindiens, plutôt sur les Premières Nations.

Le changement de bouquin n’a toutefois pas été fait dans tous les établissements scolaires. À la Commission scolaire des Découvreurs de l’ouest de la capitale, des élèves auraient en main des ouvrages répercutant la vieille terminologie, selon le conseiller en communications, Alain Vézina.

Aux éditions CEC, le service à la clientèle note que le livre Les Périodes destiné à l’enseignement de l’histoire au secondaire a dû être réédité, réimprimé, puis échangé : « C’est pour le terme “Premières Nations” ».

Le vice-président de l’éditeur, Martin Vallières, soutient néanmoins qu’il y avait « plus que la terminologie » à modifier.

Le Soleil de Québec n’a pas été en mesure d’obtenir le nombre de livres à remplacer auprès du ministère de l’Éducation.

L’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador explique que le terme « Amérindiens » n’est plus d’usage. Il faut privilégier « Premières Nations », « Inuit » et « Métis ». Et pour faire référence à l’ensemble formé par ces trois groupes, il faut utiliser « Autochtones ».

Les changements ont été effectués dans le programme scolaire à la suite des recommandations émises par la Commission de vérité et réconciliation du Canada.

dimanche 23 septembre 2018

Quand maman et papa choisissent de faire l’école à la maison

La pratique de faire l’école à la maison n’est certainement pas nouvelle, mais une modification apportée l’an dernier à la Loi sur l’instruction publique au Québec vient davantage réglementer ce modèle d’éducation qui gagne de plus en plus d’adeptes tournant le dos au système traditionnel.

Selon les nouvelles dispositions de la loi, les parents sont désormais obligés de transmettre chaque année un avis écrit à la commission scolaire de leur région pour signaler que leur enfant fera l’école à domicile. Stricto sensu, il ne s’agit pas d’une demande d’autorisation puisque l’instruction à domicile est un droit. Le ministère de l’Éducation exige aussi le dépôt d’un projet d’apprentissage et d’une évaluation annuelle de la progression de l’enfant.

En contrepartie, Québec s’est engagé à fournir aux parents un « Guide proposant de bonnes pratiques en matière d’enseignement à la maison » qui doit être dévoilé en juillet 2019. Les parents devront-ils s’y confirmer ?

Le ministère de l’Éducation est allé jusqu’à financer les activités de l’Association québécoise pour l’éducation à la maison (AQED) en lui versant une subvention de 250 000 $ à même l’enveloppe réservée à ses « partenaires en éducation » pour l’année 2018-2019. Nous n’avons pas été informés que l’organisation concurrente de l’AQED, la plus conservatrice HSLDA/ACPEQ ait reçu une tellement généreuse subvention.

L’AQED tenait son congrès annuel, ce week-end au Collège Jean-Eudes à Montréal. Après avoir plafonné autour de 300 membres pendant quelques années, l’organisme connaît une forte croissance et compte maintenant 763 familles inscrites.

D’après les données de l’association, on dénombre environ 4600 enfants qui font leur parcours scolaire à la maison au Québec.

Pour la présidente de l’AQED, Noémi Berlus, la hausse des adhésions s’explique surtout par la modification de la loi par Québec. Selon elle, les gens comprennent davantage la pertinence de l’association.

Pour ce qui est de la popularité grandissante de l’école à domicile, Amélie Delage, qui siège au conseil d’administration de l’organisme, croit qu’il s’agit d’abord d’un rattrapage normal par rapport au reste des pays industrialisés.

« Le Québec est un peu en retard par rapport aux États industrialisés d’Europe et d’Amérique du Nord. Le taux est en moyenne de trois pour cent des enfants qui font l’école à la maison et ici, on est à moins d’un pour cent », explique-t-elle.

Par ailleurs, les deux femmes soulignent que la société vit une grande vague de changements sociaux qui font écho à ces nouveaux modèles d’éducation.

« Les femmes allaitent plus, elles font du cododo [!!!]. Il y a tout un mouvement de “maternage” et ces enfants-là arrivent à l’âge scolaire », mentionne Noémi Berlus en ajoutant que les parents cherchent d’autres options que le modèle standardisé.

Les dernières années de restrictions budgétaires, de coupes dans les services particuliers dans les écoles ont aussi favorisé le mouvement. Notons que ces restrictions étaient toutes relatives : les dépenses et l’encadrement par élève ne font qu’augmenter au Québec.

« Il y a 40 pour cent des familles, parmi nos membres, qui ont un enfant avec un profil de douance et les écoles n’ont aucune ressource pour eux. De l’autre côté de la courbe, les enfants qui ont des besoins particuliers n’ont plus de services avec les coupures et les parents ne sont pas satisfaits », mentionne Mme Berlus.

La vie après l’école à la maison

Sa fille aînée vivant des troubles d’apprentissage liés à la dyslexie, Dominique Nadeau prend la décision de la retirer de l’école dès la première année et d’entreprendre son éducation à la maison. Une décision appuyée par l’enseignante de sa fille qui croit que l’enfant réussira mieux en ratio un pour un.

Comme l’expérience s’avère positive, la mère de famille applique la même recette à ses autres enfants et se retrouve avec une classe de six !

« La décision claire de le faire, c’était à cause de Daisy (son aînée) parce qu’elle a coulé ses examens de première année. Je me suis dit, on ne va pas continuer comme ça et qu’elle subisse des échecs à répétition », se souvient-elle.

La famille a donc vécu en marge du système d’éducation. La Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) les a bien visités quatre fois, mais toujours sans intervenir.

« La DPJ est venue, mais elle voyait qu’on avait un environnement stimulant et elle fermait le dossier. La dernière fois, on nous a dit qu’on ne les reverrait plus pour une question d’éducation à domicile », confie Mme Nadeau.

Ses six enfants, dont plusieurs ont atteint l’âge adulte, ont donc fait leur éducation de manière autonome, à leur rythme, et selon leurs intérêts. C’est une fois que l’on arrive au niveau supérieur que les choses se compliquent.

« Au Québec, c’est compliqué, mais pas aux États-Unis ni en Ontario. Même à l’Université McGill, l’éducation à la maison est reconnue », déplore la maman-enseignante.

Son fils Mathieu Villeneuve, âgé de 23 ans, a réussi à surmonter ces épreuves. Refusé au cégep parce qu’il n’avait pas de diplôme d’études secondaires reconnu, il s’est rabattu sur un diplôme professionnel, qu’il pouvait obtenir plus rapidement, avant de faire le saut directement à l’université.

« Je n’avais plus qu’à attendre trois mois pour entrer à l’université, au certificat en écologie, et j’ai été accepté tout de suite », raconte le jeune homme qui excelle en sciences depuis son tout jeune âge.

« Ma plus grosse difficulté a été de m’adapter à avoir des examens. Je n’avais jamais connu ça. Finalement, je me suis rendu compte que je n’avais pas tellement besoin d’étudier parce que j’apprends vite et je performe assez bien », confie le jeune homme qui étudie maintenant au baccalauréat en biologie à l’UQAM et qui entend faire son doctorat.

« J’ai eu besoin d’une adaptation pour les échéanciers à suivre, sur les travaux et les examens, mais ça s’est fait plutôt bien. Pour les travaux d’équipe, j’ai l’habitude avec ma famille ! », mentionne-t-il.

Dominique Nadeau ne s’inquiète pas pour le cheminement atypique de ses enfants. Sa fille aînée a surmonté ses difficultés d’apprentissage pour compléter une technique en physiothérapie sportive et les autres suivent tous leur passion.

« L’idée, c’est d’aller vers leurs intérêts. Ils ont lu des livres qu’ils n’auraient pas lus à l’école. On peut se permettre d’aller à des niveaux beaucoup plus élevés que l’école dans certaines matières. Je pense que ça développe la curiosité et l’envie de se dépasser », résume-t-elle.

Source (partielle) : La Presse canadienne

Instruction à domicile : Gabarit de projet d’apprentissage

La HSLDA communique :
Nous approchons de la première année scolaire qui se déroulera alors que la nouvelle loi et le nouveau règlement portant sur l’école-maison sont maintenant en vigueur. Nous nous affairons donc à ajouter des exemples de formulaires et des ressources pour vous aider à vous conformer à la nouvelle législation.

Jetez un œil au gabarit de projet d’apprentissage mis à votre disposition ci-dessous, lequel est accompagné d’exemples et d’informations sur la façon d’utiliser ce gabarit. Bien que le Règlement sur l’enseignement à la maison n’exige pas l’utilisation d’un formulaire spécifique pour votre projet d’apprentissage, ce gabarit a été élaboré afin de se conformer le plus exactement possible à la formulation et aux exigences du Règlement.

Le guide préparé par la HSLDA Canada et l’ACPEQ sera publié tôt la semaine prochaine (il est désormais disponible ici). D’ici là, vous trouverez plusieurs ressources utiles dans le modèle fourni ici, afin de vous accompagner dans la préparation de votre projet d’apprentissage.

Votre projet d’apprentissage doit être soumis au ministre au plus tard le 30 septembre 2018. Restez à l’affût pour de plus amples détails sur la façon de transmettre votre projet d’apprentissage et pour avoir accès à des gabarits et des exemples clairs de bilans de mi-parcours et de fin de projet qui devront être remis plus tard au cours de l’année scolaire. Nous sommes là pour répondre à toutes vos questions concernant le projet d’apprentissage et sur la façon de l’adapter à votre propre école-maison. Si vous avez des interrogations à propos du gabarit, de votre projet d’apprentissage ou de vos obligations pour l’année scolaire à venir, n’hésitez pas à communiquer avec nous !

Projet d’apprentissage 1

Projet d’apprentissage 2


Parti conservateur du Québec : pour la liberté des parents en matière d'éducation sexuelle

Ce carnet n’a pas de préférences pour ce qui est des élections québécoises de 2018, car tous les grands partis dans la course promeuvent des aspects peu recommandables en matières sociétales ou éducatives. Bien évidemment certains partis comme Québec Solidaire ont des programmes plus rédhibitoires que d’autres Voir aussi la fable « Demain, on mange gratis !»

Les lecteurs de ce carnet pourraient trouver intéressant le fait que le Parti conservateur du Québec (libertarien, très fédéraliste, probilinguisme au Québec, très peu conservateur moral en général) est le seul parti qui ait déclaré que les parents devraient pouvoir ne pas envoyer leurs enfants au cours d’éducation à la sexualité.



Le chef du Parti conservateur du Québec (P.C.Q.) sur le programme d’éducation à la sexualité

Voir aussi le carnet de Patrick Saint-Onge, candidat du P.C.Q., sur ce sujet dont nous reproduisons un extrait :
Après avoir été conscientisé suite à une recherche personnelle sur la question du programme d’éducation à la sexualité qui en vigueur dans les écoles du Québec, j’ai décidé de prendre une action politique qui correspond à mes convictions concernant la nature masquée de ce programme qui, sous le couvert d’une éducation à la sexualité (qui est une chose essentielle selon moi), cache un programme de sexualisation précoce de nos enfants.

Plusieurs professionnels de l’enfance (mais aussi des psychologues, des psychiatres, des pédopsychiatres, etc.) en France (http://www.etoile-psy.com/news/la-petition-des-professionnels-contre-leducation-sexuelle/) s’entendent pour dire que la rencontre précoce de l’enfant avec la sexualité adulte ou conçue par des adultes peut être fortement traumatique et va l’encontre du respect de son rythme affectif et cognitif. Je me suis soudainement rendu compte qu’une génération entière de nos enfants est en danger réel, et ce, sans que la population en soit consciente !


Par la suite, j’ai été surpris de constater qu’un seul des 5 grands partis politiques de la campagne électorale en cours au Québec était en désaccord avec l’implantation de ce programme et désirait le suspendre afin de consulter les parents pour donner une bonne direction à ce programme par la suite ; sur les quatre autres grands partis au pouvoir présentement, il y a en même deux qui considèrent que ce programme ne va pas assez loin pas assez vite ! Pour moi, le choix est devenu évident, voter pour le Parti Conservateur du Québec signifie voter pour la protection de nos enfants.

Voir aussi


Vos impôts à l'œuvre : marionnette trans pour « expliquer » aux jeunes écoliers


Éducation à la sexualité — Me Jean-Yves Côté et les droits des parents

Richard Martineau : « L’école sert à extirper l’enfant de son milieu familial et à l’exposer à d’autres valeurs » [sexuelles]

France — Éducation sexuelle, la ministre qui fait « comme si »


Ontario — le programme d'éducation à la sexualité des libéraux est abrogé

Syndicats : « Adapter l’école aux garçons nuirait à leur réussite »

Lutter contre le décrochage des garçons en adaptant l’école à leurs intérêts nuirait à leur réussite scolaire et à l’égalité des sexes, affirment d’une même voix des organismes communautaires et des syndicats. Bel unanimisme idéologique.

Cinq organisations, dont la Centrale des syndicats du Québec, ont profité de la campagne électorale pour réclamer jeudi des mesures visant à « éliminer la reproduction des stéréotypes sexuels » dans le réseau scolaire, afin de favoriser la réussite pour tous.

Syndicats féministes contre les méchants experts

Cette prise de position idéologique s’inscrit dans la foulée du dossier publié au début septembre, dans lequel six des plus grands experts en éducation au Québec présentaient dix solutions pour lutter contre le décrochage des garçons, indique Marie-Ève Carpentier, porte-parole du Regroupement des organismes communautaires québécois en lutte au décrochage.

« C’est toujours le même discours, perpétré par les mêmes experts, qui disent qu’il faut des solutions ciblées pour les garçons » qui ont davantage besoin de bouger, alors qu’« au contraire », la recherche démontrerait que de telles mesures reproduisent « des stéréotypes sexuels qui sont responsables du décrochage scolaire », affirme sans ambage Mme Carpentier sans préciser à quelle recherche elle fait référence.

Adapter l’école aux besoins et intérêts des garçons fait partie de solutions qui « occultent complètement le décrochage des filles et « cristallisent des stéréotypes qui nuisent à l’égalité entre les femmes et les hommes », ajoutent les cinq organisations dans un communiqué conjoint pétri de féminisme radical.

Rappelons que « stéréotypes sexuels » signifient dans la bouche de militants féministes oser affirmer que les garçons et les filles, ce n'est pas la même chose. Or toutes les études psychologiques et biologiques affirment que c'est bien le cas, même si bien sûr les femmes et les hommes partagent énormément de points communs. Voir cette discussion de Jordan Peterson avec une journaliste féministe britannique.




Évacuer les garçons et affirmation sur les stéréotypes sexuels sans fondement scientifique

De son côté, le professeur spécialisé en adaptation scolaire Égide Royer persiste et signe. Ne pas reconnaître les difficultés scolaires des garçons est en soi une forme de sexisme, lance-t-il.

Lors de l’entrée à la maternelle, la proportion d’enfants vulnérables dans au moins un domaine du développement est deux fois plus élevée chez les garçons que chez les filles. Parmi les élèves en difficulté dans le réseau scolaire, 65 % sont de sexe masculin.

Par ailleurs, expliquer l’échec scolaire par les stéréotypes sexuels « ne tient tout simplement pas la route » sur le plan scientifique, ajoute M. Royer.

Québec fier féministe militant, au dernier rang pour la réussite des garçons

À l’échelle canadienne, c’est au Québec où l’écart entre le taux de diplomation des garçons et des filles est le plus grand, selon un rapport de l’Institut du Québec.

Taux de diplomation après cinq ans

  • Filles: 73%
  • Garçons: 62%

Taux de diplomation après sept ans

  • Filles: 84%
  • Garçons: 76%

Rappel : les dix préconisations de six experts pour aider les garçons à l'école

1) Intervention précoce et dépistage dès le début du primaire

Dès l’entrée à l’école, il est important d’intervenir tôt afin d’éviter que les élèves ne prennent du retard.


2) Développer le goût de la lecture chez les garçons

Aimer plonger le nez dans un livre qui correspond aux goûts des garçons peut prévenir le décrochage scolaire.


3) Savoir gérer les troubles de comportement

Une bonne gestion de classe peut diminuer les troubles de comportements, qui peuvent mener à l’abandon scolaire.


4) Organiser des activités parascolaires pour tous

Participer à des activités à l’école en dehors de la classe diminue les risques d’abandon.


5) Des tuteurs et mentors au secondaire

Un lien de confiance avec un adulte à l’école peut faire toute une différence.


6) Organiser l’école en fonction des intérêts des élèves

Regrouper les élèves selon leurs intérêts et leur enseigner en s’adaptant à cette réalité.


7) Découvrir des métiers et professions sur les bancs d’école

Donner un sens aux études en misant sur des projets d’avenir.


8) Adapter davantage l’école aux garçons

Faire bouger les élèves, apprentissages par des projets concrets, nouvelles technologies: autant de façons d’adapter l’école aux besoins et intérêts des garçons.


9) Augmenter les modèles masculins dans le réseau scolaire

Avoir davantage d’hommes à l’école permettrait de convaincre les garçons que l’éducation n’est pas qu’une affaire de filles.


10) Renforcer le rôle des pères dans l’éducation de leurs enfants

Des papas qui s’impliquent davantage à l’école peuvent avoir une influence positive.


L'Ontario veut protéger la liberté d'expression dans ses universités

Le nouveau gouvernement conservateur de l’Ontario exige que les universités et les collèges introduisent une politique en matière de liberté d’expression d’ici le 1er janvier 2019.

Les collèges et universités de l’Ontario ont jusqu’au 1er janvier prochain pour adopter une politique sur la liberté d’expression sur les campus de la province, exige le gouvernement Ford, sans quoi, leur financement pourrait être revu à la baisse.

Pour veiller à ce que les collèges et les universités se conforment aux exigences, les établissements devront présenter un rapport annuel pour faire état de leurs progrès au Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur (COQES).

Les collèges et les universités qui ne satisfont pas les exigences relatives à la liberté d’expression pourront faire l’objet de sanctions, dont la réduction du financement octroyé par la province.

Par ailleurs, les étudiants dont les actions contreviennent à la politique en matière de liberté d’expression seront soumis aux mesures disciplinaires en vigueur dans cet établissement.

Les collèges et les universités doivent être des lieux où les étudiantes et étudiants peuvent échanger des idées et des opinions différentes dans le cadre de débats ouverts et respectueux, a déclaré le Premier ministre, Doug Ford, par voie de communiqué.

Les collèges et universités ont jusqu’au 1er janvier 2019 pour élaborer et mettre en œuvre cette politique.

On se rappellera les incidents liés à Jordan Peterson, professeur de psychologie à l’Université de Toronto afin de le priver de subventions et de Lindsay Shepherd, assistante à l’université Wilfred Laurier (voir L’assistante intimidée par l’université Wilfrid Laurier ne croit pas en la sincérité des excuses de l’université et Jordan Peterson poursuit l’Université Wilfrid-Laurier).


Quelques protestataires empêchent une conférence de Jordan Peterson à l’université York (des dégâts à la propriété de l’université seront constatés par la police et au moins un protestataire arrêté pour ceux-ci). Huit cents personnes étaient réunies pour écouter Jordan Peterson.




Protestataires à l'université McMaster envahissent une classe et empêchent Jordan Peterson de s'exprimer aux cris de « Merde transphobe ». Jordan Peterson explique qu'il faut garder son calme et laisser les déraisonnables parler afin que tous puissent se rendre compte de leur manque de raison.

vendredi 21 septembre 2018

Une bibliothèque idéale – Que lire de 0 à 16 ans ?


Ce nouveau guide vous propose une sélection commentée de près de 2 000 titres classiques et contemporains. Ils ont été choisis pour la qualité littéraire du texte, la beauté des illustrations et la valeur des histoires. Ils sont classés par thèmes et par tranches d’âge, de 0 à 16 ans.

Toutes les trois passionnées de littérature jeunesse, les auteurs ont réuni pour vous ce qui leur semble le meilleur de la littérature jeunesse actuelle et une sélection judicieuse de classiques réellement accessibles. En bonus, des conseils de lecture, de nombreux index, les portraits de quelques écrivains célèbres.

Pour les parents, les enseignants, les bibliothécaires…
Une bibliothèque idéale – Que lire de 0 à 16 ans ?
par Anne‐Laure Blanc, Valérie d’Aubigny, Hélène Fruchard
aux Éditions Critérion et La Fondation pour l’école,
à Paris,
en 2018,
288 pages,
17,90 €

Quatre pages :





mercredi 19 septembre 2018

Jordan Peterson poursuit l'Université Wilfrid-Laurier

Jordan Peterson, professeur à l’Université de Toronto et psychologue clinicien, réclame 1,75 million $ en dommages et intérêt pour préjudice à l’Université Wilfrid Laurier, située en Ontario. Cette nouvelle poursuite s’ajoute à celle déposée en juin dernier dans laquelle celui-ci réclame 1,5 million $ pour diffamation alors qu’il avait été comparé à Adolf Hitler par des membres du comité disciplinaire de l’Université Wilfrid Laurier.


Cette accusation infamante avait été proférée en privé à l’occasion d’une conversation entre trois membres du comité disciplinaire et Mlle Lindsay Shepherd, une assistante de l’Université. Celle-ci s’était vue sanctionner par l’Université Wilfrid Laurier pour avoir diffusé une vidéo de la chaîne gouvernementale TVO en classe de communications. Lors de cette vidéo, Jordan Peterson exprimait sa position dans le cadre d’un débat contradictoire avec un autre professeur sur l’utilisation des pronoms neutres. Mlle Shepherd, laquelle avait enregistré la conversation en question à l’insu de ses interlocuteurs, l’avait ensuite diffusée en ligne pour informer le public du traitement qu’elle avait subi.

Voir aussi

L’assistante intimidée par l’université Wilfrid Laurier ne croit pas en la sincérité des excuses de l’université
(M-à-j)


Université Wilfred Laurier (Ontario) — S’opposer aux pronoms transgenres (Jordan Peterson), c’est comme Hitler..
.


La croisade des LGBT contre la liberté d’expression et les distinctions linguistiques immémoriales

lundi 17 septembre 2018

Voltaire : méprisant, ami des despotes étrangers, flagorneur, anglomane, raciste, hypocrite et pingre mais adulé aujourd'hui

Extraits du Destin français, on comprend que les gardiens du temple enragent dans les médias...

La flatterie des grandeurs

Voltaire (F.-M. Arouet)
Il tempête. Il éructe. Il tonne. Il menace. Il vocifère. Il agonit les faibles d’injures, mais courbe l’échine devant les puissants. Il reçoit avec faste dans sa demeure de Ferney les riches et les gens titrés, il en chasse les pauvres et les manants. Il se plaint, gémit, se lamente, souffre mille morts, sempiternel moribond hypocondriaque, Volpone de comédie toujours entre la vie et la mort, pour mieux apitoyer et circonvenir.  

On se croit avec Louis de Funès, mais on est avec Voltaire. On croit entendre de Funès : « Les pauvres sont faits pour être très pauvres et les riches très riches » ; mais c’est Voltaire qui dit : « Il faut absolument qu’il y ait des pauvres. Plus il y aura d’hommes qui n’auront que leurs bras pour toute fortune, plus les terres seront en valeur. »

On se croit avec de Funès frappant ses domestiques : « Vous êtes trop grand, baissez-vous, un valet ne doit pas être si grand ! », mais c’est Voltaire qui dit : « Il faut un châtiment qui fasse impression sur ces têtes de buffles… Laissons le peuple recevoir le bât des bâtiers qui le bâtent, mais ne soyons pas bâtés. »

Voltaire ou de Funès ? « Il eut toujours l’air d’être en colère contre ces gens, criant à tue-tête avec une telle force, qu’involontairement j’en ai plusieurs fois tressailli. La salle à manger était très sonore et sa voix de tonnerre y retentissait de la manière la plus effrayante1. »

Voltaire ou de Funès ? « J’ai honte de l’abrutissement et de la soumission basse et servile où j’ai vécu trois ans auprès d’un philosophe, le plus dur et le plus fier des hommes2. » Voltaire ou de Funès ? « En général le respect pour les grands avilit le fait qu’on admire ce qui est bien loin d’être admirable. On loue des actions et des discours qu’on mépriserait dans un particulier3. »  

Voltaire est un de Funès lettré, un de Funès en majesté ; un de Funès en robe de chambre et perruque coiffée d’un bonnet de patriarche. De Funès pouvait tout jouer, industriel ou commerçant, flic ou mafieux, restaurateur ou grand d’Espagne ; Voltaire pouvait tout écrire, poésie, tragédie, roman, conte, essai politique, récit historique ou épopée. Le personnage incarné par Louis de Funès, avec un génie comique incomparable, traduisait l’avènement, dans la France pompidolienne du milieu du XXe siècle, d’une nouvelle bourgeoisie, avide et brutale, amorale et cynique, pressée de faire fortune et de parvenir. Voltaire incarne, avec un génie littéraire incomparable, l’avènement, dans la France de Louis XV du milieu du XVIIIe siècle, d’une nouvelle bourgeoisie, avide et brutale, amorale et cynique, pressée de faire fortune et de parvenir. La même soif de reconnaissance. Le même arrivisme. Le même mépris de classe. Le même darwinisme libéral. La même cruauté sociale. Le même règne de l’argent.

Un confident de Voltaire évoque ses « 150 000 livres de rentes dont une grande partie gagnée sur les vaisseaux ». La traite des Noirs « n’est pas sans doute un vrai bien », reconnaît Voltaire dans une formule alambiquée, avant d’écrire à son homme d’affaires : « J’attends avec toute l’impatience d’un mangeur de compote votre énorme cargaison bordelaise. » En octobre 1760, Voltaire sable le champagne avec quelques amis pour fêter la défaite au Québec des Français dans une guerre « pour quelques arpents de neige ». L’humiliation patriotique et le déclassement géostratégique lui paraissent de peu d’importance eu égard à l’enjeu commercial : sauvegarder en échange les possessions françaises aux Antilles et leurs exploitations sucrières, très abondantes et très rémunératrices, même si elles utilisent une main-d’œuvre d’esclaves alimentée par la traite des Noirs.

Notre humaniste détourne le regard. Business is business. Le travail est le souverain bien. Surtout le travail des pauvres. « Forcez les gens au travail, vous les rendrez honnêtes gens. » Il vante les déportations en Sibérie comme les forçats dans les colonies anglaises condamnés « à un travail continuel ». Il pense comme Quesnay, le chef de file des économistes physiocrates, « qu’il est important que le petit peuple soit pressé par le besoin de gagner » ; et n’a aucune compassion pour les « deux cent mille fainéants qui gueusent d’un bout du pays à l’autre, et qui soutiennent leur détestable vie aux dépens des riches ».…

Le grand importateur des « idées anglaises »

Notre grand homme habille son insensibilité sociale et sa cupidité insatiable des oripeaux savants de la liberté. Il a rapporté d’Angleterre ce mariage de libéralisme économique et de libéralisme politique et philosophique. Il est le grand importateur de ces « idées anglaises » que nos armées vont bientôt répandre dans toute l’Europe, après avoir bouleversé la France, pour le meilleur, mais aussi pour le pire : « Les Français ne furent que les singes et les comédiens de ces idées, leurs meilleurs soldats aussi, en même temps, malheureusement, que leurs premières et plus complètes victimes, car la pernicieuse anglomanie des “idées modernes” par étioler si bien l’âme française qu’on ne se rappelle plus, aujourd’hui, qu’avec une surprise presque incrédule son XVIe et son XVIIe siècle, sa force profonde et passionnée de jadis, son pouvoir créateur, sa noblesse… La noblesse européenne — noblesse du sentiment, du goût, des mœurs, bref, la noblesse de tous les sens élevés du mot — est l’œuvre et l’invention de la France ; la vulgarité européenne, la bassesse plébéienne des idées modernes est l’œuvre de l’Angleterre4. »  

L’attrait était trop grand. Le goût du changement. La fascination des grands mots et des grands principes. La liberté de penser, d’écrire, de parler ; la liberté de commercer aussi. La liberté de croire ou de ne pas croire. Les droits de l’homme. La tolérance qu’il défend urbi et orbi, pour la réhabilitation de Calas ou du chevalier de La Barre, et qu’il pratique si peu : « La tolérance ? Prêchez-la d’exemple », lui lance Madame du Deffand. Ses proches seuls ont deviné que la tolérance voltairienne reposait non tant sur le respect de chacun que sur le mépris de tous. 

Même mépris de la « populace » catholique qui a persécuté les Calas et de ces « imbéciles » de Calas. « Nous ne valons pas grand-chose, mais les huguenots sont pires que nous. » Mépris des Juifs : ces « ennemis du genre humain » ; cette « horde vagabonde des Arabes appelés Juifs ».

Mépris des pauvres : « Il me paraît essentiel qu’il y ait des gueux ignorants… Le vulgaire ne mérite pas qu’on pense à l’éclairer… Les frères de la doctrine chrétienne sont survenus pour achever de tout perdre:  ils apprennent à lire et à écrire à des gens qui n’eussent dû apprendre qu’à dessiner et à manier le rabot et la lime, mais qui ne veulent plus le faire. »

Mépris du peuple : « C’est une très grande question de savoir jusqu’à quel degré le peuple, c’est-à-dire neuf parts du genre humain sur dix, doit être traité comme des singes. »

Mépris des Français : « La chiasse du genre humain… les premiers singes de l’univers… une race de singes dans laquelle il y a eu quelques hommes… Au-dessous des Juifs et des Hottentots. » 

Mépris de l’humanité : « Regardons le reste des hommes comme les loups, les renards, et les cerfs qui habitent nos forêts. »

C’est à ce point d’intersection que se rejoignent le tempérament et l’idéologie. Son humanisme est perverti par son sentiment de supériorité. Voltaire s’approprie le mot célèbre de Terence : « Je suis homme ; rien de ce qui est humain ne m’est étranger » ; mais il décide qui est homme et qui ne l’est pas. Il y a les « honnêtes gens » et la « canaille ». Pour cette « canaille », un Dieu est indispensable pour les « empêcher de me voler ». Voltaire animalise à tour de bras ses ennemis : « Il est juste d’écarter à coups de fouet les chiens qui aboient sur notre passage », autant que la populace, les « sauvages », les Noirs, les Hottentots, les Juifs : « animaux calculants », les « bêtes puantes de jésuites ».

C’est le cœur de son désaccord avec Rousseau : « Il n’y a que lui qui soit assez fou pour dire que tous les hommes sont égaux. » C’est surtout le cœur de son conflit avec l’Église catholique. Dans son combat inexpiable contre le catholicisme, on ne sait qui est la poule et qui est l’œuf ; on ne sait si Voltaire récuse l’égale dignité de tous les hommes parce que c’est un credo catholique ou s’il vomit le catholicisme parce qu’il défend l’égale dignité de tous les fils d’Adam : « Notre aumônier prétend que les Hottentots, les nègres et les Portugais descendent du même père. Cette idée est bien ridicule... voilà bien une plaisante image de l’être éternel qu’un nez noir épaté avec pas ou point d’intelligence. »

Dans son livre Naissance du sous-homme au cœur des Lumières, Xavier Martin montre comment la remise en cause par Voltaire du message universaliste chrétien le conduit irrémédiablement à une hiérarchisation entre les hommes, mère de toutes les dérives ; comment sa haine du christianisme l’amène naturellement à celle du peuple qui l’a inspiré. Jésus : « Un Juif de la populace, né dans un village juif, d’une race de voleurs et de prostituées… un ignorant de la lie du peuple, prêchant surtout l’égalité qui flatte tant la canaille… » Saint Paul : « menteur et méchante bête », qui « parviendrait à ruiner l’Empire romain en faisant triompher le principe d’égalité de tous les hommes devant un seul Dieu ». Sans oublier la Genèse, ce « roman asiatique », un texte alourdi de « toutes les dégoûtantes rêveries dont la grossièreté juive a farci cette fable ».

Notre historien iconoclaste note que Drumont dans La France juive comme Fourier ou Proudhon, dans leurs diatribes antisémites, citent copieusement Voltaire. Chamberlain, célèbre antisémite anglais du XIXe siècle, fonde lui aussi « sa récusation de l’unité de l’espèce humaine sous l’autorité des Lumières ». Le coup de grâce est donné par le plus grand historien de l’antisémitisme en Europe, Léon Poliakov : « L’écrasement de l’infâme préludera (à travers autant de médiations qu’on voudra) à des égorgements autrement vastes. » Le peuple vendéen sera le premier à subir dans sa chair ce déni d’humanité. D’autres ne tarderont pas à être qualifiés de « sous-hommes » et d’animaux. « Le christianisme avait fait prévaloir l’unité du genre humain. Le règne de la raison va paradoxalement battre en brèche cette conception adamique de l’humanité en minant l’idée même de l’unité de l’espèce », souligne Georges Bensoussan, historien de la Shoah.

La division de l’humanité en races distinctes, et bientôt inégalitaires, sortira au XIXe siècle de cette remise en cause voltairienne de l’unité chrétienne de l’espèce humaine. Les Chamberlain, Gobineau, Rosenberg ne sont pas les produits odieux des anti-Lumières, mais les fils des Lumières. Pas les rebelles contre Voltaire, mais ses enfants dégénérés. Les bâtards de Voltaire !

L’auteur de Candide a de la chance : la postérité progressiste et humaniste refuse cette leçon pourtant implacable. Et se bouche les oreilles lorsque Poliakov retourne l’ironie voltairienne contre le maître : « On continuera donc à combattre le racisme au nom de ces apôtres des Lumières qui en furent les inventeurs de fait. »

Voltaire est encore plus grand mort que vivant

Ces efforts démythificateurs sont vains. Voltaire est encore plus grand mort que vivant. Son talent littéraire souverain intimide jusqu’aux plus hostiles. Même Joseph de Maistre prend des précautions avant d’abattre l’idole : « Il ne faut louer Voltaire qu’avec une certaine retenue, j’ai presque dit à contrecœur. L’admiration effrénée dont trop de gens l’entourent est le signe infaillible d’une âme corrompue. »

Pourtant de Maistre voit juste avec deux siècles d’avance. La postérité n’a pas conservé grand-chose de son œuvre protéiforme : quelques contes où sa légèreté ironique fait merveille, comme Candide ; mais rien de ses tragédies, encore moins de ses poésies ou épopées (La Henriade !) ne subsiste dans les mémoires. Ses textes politiques n’ont pas la profondeur de ceux de Montesquieu ou de Rousseau. Il est un pamphlétaire de talent, un activiste de génie. La profondeur allemande du XIXe siècle fait de Voltaire un usurpateur de la « philosophie ».

En dépit de tout, François-Marie Arouet, dit Voltaire, incarne, à nos yeux qui refusent de se dessiller, la liberté et la modernité, la fin de l’obscurantisme religieux et de la superstition, l’ère de la raison souveraine et de l’individu qui s’émancipe des corsets holistes de la société traditionnelle. « Voltaire, c’est la fin du Moyen Âge », s’inclinera encore Lamartine.   Mais pourquoi lui ? Ses thuriféraires évoquent les persécutions qu’il aurait subies, ses séjours à la Bastille, les bastonnades des grands pour son irrévérence, son mot célèbre et insolemment prophétique : « Votre nom finit où le mien commence. » En 1717, il a 23 ans ; il est emprisonné pour avoir écrit des vers injurieux contre le Régent ; mais il sort de la Bastille onze mois plus tard après avoir envoyé un poème au Régent… qui lui verse une pension. En 1726, après la volée que lui inflige le chevalier de Rohan-Chabot, tout Paris se presse pour le visiter. L’appartement qui lui sert de prison s’avère trop petit pour recevoir la foule qui se bouscule ; il faut le libérer.

On a connu persécutions plus cruelles. Celles que connaissent notamment les Polonais envahis en 1768 par Catherine II. Voltaire la défend pourtant : « L’impératrice de Russie non seulement établit la tolérance universelle dans ses vastes États, mais elle envoie une armée en Pologne, la première de cette espèce depuis que la terre existe, une armée de paix qui ne sert qu’à protéger les droits des citoyens et à faire trembler ses persécuteurs. »

Voltaire invente à cette occasion la guerre humanitaire, la guerre pour la paix, la guerre pour la liberté des peuples qu’on occupe. Il est prêt à tout pour protéger ses amis souverains. Il qualifiera même le meurtre de son mari par l’impératrice de « bagatelle ».

En revanche, il ne passe rien au roi de France, ce « despote ». Louis XV a un irrémédiable défaut : il ne le reçoit pas, ne dîne pas avec lui en tête à tête, n’entretient pas de conversation épistolaire. Ne lui demande pas son avis sur la politique à mener ; ne recherche pas son aval avant de déclarer la guerre. En dépit des pressions, des supplications de la Pompadour, Louis XV ne goûte pas la compagnie de Voltaire, le trouve pédant, fat. Louis XV est de l’ancienne roche, il a un confesseur de l’Église catholique. Ces Capétiens sont désuets ; ils n’ont pas compris les temps nouveaux : ils ne traitent pas Voltaire (et les autres philosophes) en directeur de conscience : « Aucun prince ne commencera la guerre, disait Frédéric II, avant d’en avoir obtenu l’indulgence plénière des philosophes. Désormais ces messieurs vont gouverner l’Europe comme les papes l’assujettissaient autrefois. » L’impératrice russe Catherine II ne dira pas autre chose à propos de son long compagnonnage avec Diderot : « Tout au long de ces années, j’ai fait semblant d’être l’élève et lui le maître sévère. »

dimanche 16 septembre 2018

C’est l’heure de décentraliser l’éducation


D’Éric Lanthier avec quelques modifications éditoriales mineures.


Accorder plus de pouvoir aux écoles aiderait davantage les élèves à terminer leurs études secondaires en sept ans ou moins. Pour les Québécois francophones, il s’agit d’autodétermination, pour nos voisins, c’est de l’autonomisation.

Daphné Dion-Viens nous informait récemment que le décrochage scolaire était à la baisse. Or, lorsqu’on passe au peigne fin chaque région du Québec, on s’aperçoit qu’il y a de grandes différences d’un endroit à l’autre. Cette constatation nous révèle qu’il est temps de donner plus de place à la décentralisation. Plus le système sera décentralisé, plus les solutions se rendront aux bénéficiaires sur le terrain, nos enfants. Effectivement, selon l’UNESCO, la décentralisation « […] peut permettre une identification plus rapide des problèmes et faciliter la recherche de solutions plus appropriées ».

Des inspirations

Par exemple, au Salvador, les écoles qui sont gérées par la communauté ont réussi à augmenter la participation des parents et accusent moins d’absentéisme tant chez les enseignants que chez les élèves. Au Nicaragua, les élèves qui fréquentent les écoles plus autonomes réussissent mieux aux examens.

Plus d’autonomie, plus de leadership

Un des avantages de la décentralisation, c’est qu’elle concourt à une définition claire et précise des responsabilités de chaque palier. Le rôle de l’État est d’établir les objectifs pédagogiques et le contenu notionnel à apprendre, et de concevoir un environnement éducatif qui contribue au développement de l’élève. Quant à l’école, elle a pour mission d’assurer un leadership qui amènera un maximum d’élèves à découvrir le plaisir d’apprendre et à développer leur créativité. Cette direction devra encadrer judicieusement les jeunes en fonction de leur plein potentiel.

Une culture rassembleuse

Deblois et Corriveau avaient découvert que le décrochage scolaire était davantage lié à la culture de l’école qu’aux structures administratives. En effet, plus l’école réussira à insuffler le désir d’apprendre aux élèves et à susciter chez eux un sentiment d’appartenance, plus elle contribuera à la persévérance dans les études de notre relève. Or, pour y parvenir, les structures administratives doivent accorder plus d’autonomie à l’école.
La décentralisation

Plus l’État contrôlera l’ensemble du système, moins les écoles auront le pouvoir de créer un milieu stimulant pour les jeunes. Une direction d’école qui désire le faire a besoin d’une plus grande latitude. Les directeurs veulent se mettre au service des élèves et de leur réussite, leur désir d’intervention dans leur vie scolaire va plus loin que celui d’une petite pièce dans une gigantesque machine. Plus l’école se réfugie dans un modèle unique de type « taille unique », moins elle saisit les besoins particuliers des élèves et moins elle y répond.

Une initiative à imiter

Récemment, le Journal de Québec nous informait qu’à la commission scolaire du Fleuve-et-des-Lacs, chaque école secondaire détenait son propre « comité de pilotage de la persévérance scolaire ». Ces comités ont pour mandat d’accompagner chacun des élèves. Leurs membres proposent des parcours adaptés à ceux qui sont moins motivés à persévérer. Quelle sage initiative !
En 2018, l’école doit offrir un encadrement qui répond aux besoins particuliers du plus grand nombre. Une des meilleures solutions est de couper dans les structures administratives. Cet élagage permettrait au ministère de l’Éducation d’investir davantage auprès de sa clientèle. À défaut de quoi, certaines régions, comme l’Outaouais, peineront pour combien de temps encore à stimuler leurs adolescents à terminer leur parcours scolaire dans un délai raisonnable ? Inspirons-nous du Salvador, du Nicaragua et du Bas-du-Fleuve pour offrir à notre clientèle estudiantine un environnement stimulant et adapté à ses réalités.