samedi 9 juillet 2022

Français, que fait l'école québécoise ?

À la suite de la panne généralisée du réseau Rogers, de nombreux moyens de paiement électroniques ne fonctionnaient plus ce vendredi au Québec. Affichette explicative au poste d'essence Shell de Rawdon
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Près de 50% des médecins formés (en anglais) à McGill quittent le Québec

CTV nous apprend que :

Deux jeunes médecins urgentistes, élevés et formés à Montréal, quittent leur emploi après seulement deux ans pour retourner à Toronto — et ils disent que le modèle de soins de santé québécois et le projet de loi 96 sont à blâmer.

Les médecins, qui travaillent à l’Hôpital général juif, retournent en Ontario, un déménagement qu’ils ont déjà fait auparavant — mais cette fois, ils disent qu’ils ne s’attendent pas à rentrer chez eux de si tôt.

[…]

Le projet de loi 96 plafonne les niveaux d’inscription dans les cégeps de langue anglaise et devrait rendre l’accès aux collèges de plus en plus difficile pour les étudiants francophones et allophones, car leur croissance sera stoppée au niveau de 2019.

Compte tenu des restrictions, le couple veut s’assurer que leurs enfants ne passent pas toutes leurs jeunes années à étudier en français dans une province qui pourrait, plus tard, claquer la porte à leur réussite future.

« Ils gèlent les inscriptions au cégep anglophone et accordent la priorité aux étudiants venant des écoles anglophones — et c’est maintenant », a déclaré Denissova. « Qu’est-ce que ça va être dans 10 à 15 ans ? »

La seule solution serait d’envoyer les garçons dans des écoles privées anglaises à Montréal qui offrent une option de 12e année, afin qu’ils puissent complètement contourner le cégep et obtenir un diplôme d’études secondaires de l’Ontario [pour ensuite s’inscrire dans une université anglaise].

Mais alors, leur maîtrise du français pourrait en prendre un coup, ont noté les deux hommes. Ils disent qu’ils sont dans un piège à moins qu’ils ne quittent le Québec.

[…]

La nouvelle loi linguistique du Québec, communément appelée la loi 96, a scellé l’affaire pour eux.

Les médecins n’ont aucun mal à communiquer avec les patients en français ou en anglais. Ils sont trilingues : Denissova parle aussi le russe, Stasiak parle le polonais.

Les docteurs Philip Stasiak et Daria Denissova, deux immigrants allophones assimilés à l’anglais, avec leur fils aîné, quittent le Québec pour l’Ontario afin que leurs enfants puissent être éduqués et vivre en anglais
 

S’agit-il de médecins « bilingues » comme ceux qui ne parlaient qu’anglais à l’animatrice Sophie Durocher ? L’animatrice Sophie Durocher s’était en effet indignée qu’un hôpital de Montréal soit incapable de servir en français. Hospitalisée d’urgence, l’animatrice Sophie Durocher a été incapable de se faire soigner en français à l’Hôpital général juif de Montréal, le même hôpital que Mme Denissova et M. Stasiak.... Les deux chirurgiennes et le résident étaient unilingues anglophones.


Sophie Durocher n’est pas la seule à ne pas se faire servir en français dans des hôpitaux publics du Québec.

Pourquoi le Québec forme-t-il des médecins en anglais ? Pour les voir partir ?
 
Reprenons quelques extraits d’un article très intéressant de Frédéric Lacroix sur la question dans un article intitulé : L’Art d’obtenir un médecin pour le prix de deux.
 
La formation d’un médecin peut être grossièrement divisée en deux phases. La première, le diplôme de doctorat en médecine (le MD), est commune à tous les médecins. Des quotas stricts sont imposés aux universités quant au nombre d’étudiants québécois, canadiens et étrangers qui peuvent être admis annuellement dans chacune des facultés. Le tableau 2 montre la répartition des places d’études dans les facultés de médecine du Québec.


La deuxième phase, qu’on peut considérer comme la spécialisation du médecin, « le post-MD », est d’une durée variable et peut avoir lieu dans une université autre que celle qui a décerné le diplôme MD. La proportion de places d’études pour les résidents hors-Québec n’est pas réglementée au post-MD.

Départs après le diplôme MD

Donc, dès l’obtention de leur doctorat (le MD), certains étudiants iront poursuivre leurs études ailleurs qu’au Québec. Le graphique 1 montre la proportion de départs selon l’université au Québec :


On voit clairement que l’exode après le diplôme MD est un phénomène presque exclusivement mcgillois et que cette tendance est très marquée. Rappelons que la proportion d’étudiants étrangers au MD est relativement faible (sous la barre des 15 %) et que, par conséquent, l’exode mcgillois après le MD est largement imputable aux étudiants québécois. Le tableau 3 résume les données du premier graphique.


Afin de compenser cet exode, l’université McGill doit recruter massivement dans le Canada anglais et à l’étranger des médecins qui viendront compléter leur post-MD au sein du MUHC. Nous verrons plus bas que ceux-ci n’ont pas tendance à s’installer au Québec une fois leurs études terminées.

Départs après la formation post-MD

Une fois leur spécialisation complétée, les nouveaux médecins doivent décider de leur lieu de pratique. Ont-ils plus tendance à s’installer au Québec à la fin de leur spécialisation ? Le graphique 2 illustre le nombre de départs 2 ans après la complétion des études post-MD.


Alors que le taux d’exode des universités de langue française oscille entre 5 et 15 %, celui de McGill avoisine encore les 50 %. Lorsqu’on compare le taux d’exode après 2 et 5 ans, on constate que les médecins qui quittent, principalement pour l’Ontario et les États-Unis, ont peu tendance à revenir pratiquer au Québec. Le tableau 4 résume les données du graphique 2.