samedi 25 janvier 2014

Université de Montréal résilie son abonnement à 70 % des revues savantes d'un éditeur

Les abonnements de l’Université de Montréal à 1 142 périodiques de la collection Wiley Online Library, qui en compte 1 510 au total, seront annulés à la fin du mois de janvier 2014. Les articles publiés dans ces périodiques à partir de ce moment ne seront donc plus disponibles en ligne à l’UdeM. L’accès aux numéros antérieurs sera toutefois préservé intégralement.

Ce geste est le résultat d’une réflexion enclenchée depuis un long moment déjà. Les compressions imposées par le gouvernement du Québec n’ont fait qu’accélérer cette décision. Le constat est simple : les bibliothèques sont acculées au pied du mur en raison des augmentations annuelles du prix des abonnements aux périodiques, qui se situent entre 3 % et 6 %. Elles ne peuvent réduire davantage les achats de livres pour absorber ces hausses de prix. Ce constat, de même que la solution, auraient été les mêmes d’ici quelques années, de toute façon.

Mentionnons, par ailleurs, que les bibliothèques de l’Université McGill sont aussi abonnées aux périodiques de John Wiley & Sons. En 2014, pour le même prix, l’Université de Montréal n’a droit qu’à 368 périodiques alors que l’Université McGill profite des 1 510 titres de cette collection. L’éditeur refuse de nous accorder les mêmes conditions sous prétexte que l’Université McGill a souscrit son abonnement à Wiley Online Library depuis plus longtemps. Pour avoir accès à la collection complète, l’UdeM devrait débourser, cette année, un supplément de 243 000 $, et ce, malgré une utilisation 45 % moins élevée.

« Le caractère essentiel des périodiques permet aux éditeurs commerciaux de tenir la clientèle universitaire captive depuis plusieurs années. Ils peuvent fixer les prix à leur guise d’autant plus que le marché est concentré dans les mains de cinq multinationales. John Wiley & Sons est l’une de ces multinationales avec lesquelles nous devons traiter », explique Stéphanie Gagnon, directrice des collections des bibliothèques de l’UdeM.

Depuis 1986, le budget consacré aux périodiques dans les grandes universités nord-américaines a crû quatre fois plus vite que l’inflation. Ce rythme étant intenable à long terme, une crise était inévitable. C’est ce qui a motivé la Direction des bibliothèques de l’UdeM à mener, l’automne dernier, une campagne de sensibilisation auprès de sa communauté.

« La communauté de recherche doit se mobiliser pour espérer obtenir de meilleures conditions financières, car peu d’éditeurs risqueront qu’un soulèvement les prive de leur matière première gratuite et de leur main-d’œuvre bénévole. Mais il est clair que les bibliothèques n’y arriveront pas seules parce qu’elles ne font pas le poids face à l’oligopole des éditeurs commerciaux », estime Louise Béliveau, vice-rectrice aux affaires étudiantes et au développement durable.

La Direction des bibliothèques réalise pleinement les impacts de ces annulations sur l’enseignement et la recherche puisque les abonnements maintenus représentent 71,4 % de l’utilisation en 2012. Désireuse de les atténuer quelque peu, elle a décidé d’abolir les frais de 3 $ pour l’obtention d’un article par le Prêt entre bibliothèques (PEB).

Au cours des prochains mois, le professeur Vincent Larivière, expert en bibliométrie et en infométrie à l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information, peaufinera la méthodologie employée pour la sélection des périodiques à conserver. Suivra une vaste consultation auprès de la communauté des chercheurs qui, en 2015, conduira vraisemblablement à certaines mises à jour.

EN BREF

En 2012, l’éditeur John Wiley & Sons a déclaré des profits de 437 millions pour des revenus de 1 milliard de dollars canadiens.
L'effort financier demandé par le gouvernement du Québec aux universités s’est traduit à l’UdeM par des compressions au budget de la documentation en 2012-2013 et en 2013-2014.

Les bibliothèques de l’UdeM renouvelleront l’abonnement à 368 périodiques sur les 1 510 que contient l’ensemble Wiley Online Library. Pour le même prix, l’Université McGill est abonnée à la collection complète.

Les numéros de périodiques publiés avant 2014 continueront d’être accessibles.

Les abonnements maintenus représentent 71,4 % de l’utilisation en 2012.

Les articles de périodiques peuvent être commandés par l’entremise du prêt entre bibliothèques (PEB). La livraison s’effectue par courriel à l’intérieur de cinq jours ouvrables. Les frais de 3 $ par demande sont abolis pour amoindrir l’impact de ces annulations.

La méthodologie pour la sélection des titres sera peaufinée et suivie d’une consultation auprès des chercheurs. La liste des titres retenus sera ajustée dès 2015.

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