mardi 28 août 2007

Le Ministère prétend « accompagner » les mennonites

On nous a transmis cette réponse du ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport à une lettre s'insurgeant contre le sort réservé à la petite communauté conservatrice mennonite de Roxton Falls (Québec).
Monsieur,

La Direction de l'enseignement privé a obtenu copie de votre courrier électronique transmis à la ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport afin d'y donner suite.

Les interventions du Ministère, loin de chasser du Québec les membres de la communauté Mennonite, visent à les accompagner afin que l’enseignement dispensé à leurs enfants le soit dans le respect des lois et des règlements en vigueur. Cette démarche a aussi été réalisée auprès des autres établissements qui ont contrevenu à la Loi sur l’enseignement privé.

Au Québec, les communautés comme celle des Mennonites peuvent créer des écoles privées répondant à leur croyance. Il va de soi que la mise en place de telles écoles doit se faire dans le respect des dispositions de la Loi sur l’enseignement privé, notamment celles relatives à la qualification du personnel enseignant, et des dispositions applicables du régime pédagogique.

Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments les meilleurs.

Maryse Malenfant
Direction de l'enseignement privé
Ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport

Dans ce dossier, l’« accompagnement » des mennonites a consisté à les amener à se plier aux objectifs inchangés du Ministère. On ne sache même pas qu’il y ait eu un véritable dialogue puisqu’on est toujours soumis aux communiqués identiques du MELS : « l’école doit embaucher des enseignants certifiés par le Ministère, le programme doit se conformer à celui que nous avons établi et ceci ne constitue en rien une atteinte aux droits religieux. » D'ailleurs, ce manque de véritable dialogue a déjà été clairement avoué par le porte-parole du MELS à Radio-Canada : « il n'y a aucun compromis possible. »

Rappelons les réponses de la communauté mennonite et de ses sympathisants :
  1. Les mennonites de Roxton Falls ne peuvent embaucher de personnel certifié par le MELS, car ils n’embauchent comme enseignants que des membres de leur Église qui doivent être des modèles dans la foi pour leurs enfants et ils désapprouvent, pour des motifs religieux, les écoles et universités qui sont pour l’instant, selon le ministère de l’Éducation du Québec, l’unique manière de devenir un enseignant certifié. Les autres provinces du Canada permettent aux membres de cette Église mennonite conservatrice d’enseigner dans leurs propres écoles non subventionnées.

  2. En ce qui a trait au programme, la vision du monde des mennonites est très différente des ouvrages généralement approuvés par le ministère qu’il s’agisse de littérature, des conceptions morales ou de ce qui touche à la création. Ceci ne veut pas dire que les mennonites s’opposent à des améliorations à leur programme au Québec, plus particulièrement dans l’enseignement du français, mais une fois de plus avec du matériel pédagogique qui serait conforme à leurs croyances. Notons que la question n’a jamais vraiment porté sur la qualité des matières de base enseignée, mais plutôt sur la non-adhérence au programme du ministère. Les enfants de ces mennonites conservateurs ne posent aucun problème d’insertion ou de socialisation dans le monde du travail dans d’autres provinces, bien au contraire, la majorité devenant apprentis et autonomes tôt dans leur vie.

  3. Le troisième point est le plus sensible pour Québec. En effet, il prétend respecter les convictions religieuses des mennonites, mais il n’a en rien prouvé la chose. Comment Québec peut-il prétendre respecter ces convictions dans ce dossier alors qu’il interdit l’école mennonite de Roxton Falls et que les mêmes écoles sont permises ailleurs au Canada ? Il semble bien que Québec soit donc moins conciliant sur le plan du respect des convictions religieuses que le reste du Canada. A-t-il même vraiment essayé, comme la Cour suprême du Canada l’indiquait dans un jugement de 1986 (Reine c. Jones, § 25), de veiller à respecter les convictions religieuses de ses citoyens « avec délicatesse et tact » ? On ne voit aucune trace de cette conciliation dans le rappel constant et rigide à la Loi et aux règlements. Et enfin, quand des gens comme les mennonites – industrieux, pieux et pacifiques – disent qu’ils sentent leurs droits religieux bafoués, qui est le ministère de l’Éducation, prétendument laïque, pour leur dire, en quelque sorte, qu’il n’en est rien, qu’ils ne comprennent pas bien leur religion et qu’ils saisissent mal toute la sagesse qui leur est imposée par le ministère de l’Éducation grâce aux menaces voilées de faire intervenir les services de la protection de la jeunesse (DPJ) ? Tout cela bien sûr afin de mieux « accompagner » les mennonites.
Se pourrait-il que, dans ce dossier, comme dans celui des écoles évangéliques du Québec dont nous reparlerons, les fonctionnaires « laïcs » du Ministère ne comprennent pas le sérieux des convictions religieuses des parents concernés au premier chef ? Pourquoi est-il si difficile pour Québec de se montrer aussi conciliant que les autres provinces canadiennes avec ces mennonites exemplaires, dont le seul défaut est de trop trancher avec le « siècle » et les habitudes ancrées du ministère ?

Québec — baisse constante du nombre d'élèves

Près d’un million d’élèves du primaire et du secondaire reprennent le chemin des classes cette semaine au Québec.

Ils seront toutefois moins nombreux cette année sur les bancs d’école. On estime que 897 000 élèves fréquenteront les écoles publiques québécoises cette année, soit environ 18 000 de moins que l’an dernier. Ajoutons à ces élèves du secteur public 125 000 élèves principalement du secteur privé subventionné qui est astreint à appliquer le même programme et la même pédagogie que ceux du secteur public, mais qui y peut adjoindre quelques matières particulières.

Selon André Caron, président de la Fédération des commissions scolaires du Québec, les écoles de la province ont perdu quelque 50 000 élèves au cours des 5 dernières années. En calculant le nombre de naissances dans la province, on prévoit que cette tendance s’accentuera, avec une baisse de 85 000 élèves pour les 5 années à venir.

Pour l’instant, le réseau primaire est surtout touché. Pour le secondaire, le pire est à venir : une chute de 21% d’ici 2015, année où on prévoit une certaine stabilisation.

Par rapport à la baisse d’effectifs qui frappe le réseau d’éducation public, le privé s’en tire bien. La Fédération des établissements d’enseignement privés prévoit encore une légère croissance cette année, indique son porte-parole Auguste Servant. « Dans les régions où les écoles publiques subissent de fortes baisses, nous n’avons pas d’établissements privés, explique M. Servant. Notre croissance est directement imputable à la grande région de Montréal, où se trouve à peu près la moitié de nos établissements. »

Rappelons que depuis la Révolution tranquille et le rapport Parent (1963-1964) qui allaient voir la formation d’un ministère de l’Éducation et la mainmise grandissante de l’État sur l’instruction au Québec, l’indice synthétique de fécondité du Québec est passé de 3,6 enfants par femme en 1964 à 1,5 en 2004.

France  — 30 000 élèves sur liste d'attente dans l'enseignement catholique

Selon une dépêche de l'AFP reproduite par La Croix , trente mille élèves français sont inscrits sur une liste d’attente afin de pouvoir rejoindre des établissements de l’enseignement catholique privé sous contrat avant la rentrée scolaire, a annoncé lundi Gilles du Retail, directeur de l'information de l'enseignement catholique.

« Environ 30 000 élèves sont sur liste d’attente, d’après une première enquête menée en juillet dans nos comités académiques », a-t-il déclaré à l'AFP, précisant que ce chiffre serait affiné à la fin septembre.

Rappelons qu'en France, l’enseignement catholique sous contrat (97 % de l'enseignement privé) compte 8 500 écoles, collèges et lycées et 2,1 millions d'élèves en tout (sur 12 millions d'élèves au total dans le public et le privé). Depuis les accords Lang-Cloupet de 1992, un étroit carcan de règles administratives limite les ouvertures de classes en proportion des élèves inscrits dans le public et la pédagogie de ces écoles sous contrat. L’État qui tient les cordons de la bourse – les impôts et taxes payés par les parents – s’est assuré par les accords Lang-Couplet que le privé sous contrat ne représentera jamais plus de 20 % du public.

Les écoles catholiques sous contrat n’ont pas le droit de choisir leurs professeurs, ni d’adapter leur pédagogie, leurs horaires, leurs programmes et leurs manuels aux besoins de leurs élèves. Quant au « caractère propre » de l'enseignement sous contrat, il est souvent réduit à la portion congrue : faiblesse de l'enseignement et de la vie religieuse dans nombre d'écoles de l'enseignement dit catholique. Cette faiblesse a amené Mgr Cattenoz, évêque d'Avignon, a exprimé le vœu que l’enseignement catholique « replace le Christ au centre » de cet enseignement. Dans une interview publiée par Famille chrétienne, Mgr Cattenoz estime qu’« aujourd'hui, beaucoup d'établissements catholiques n’ont plus de catholique que le nom ». Il remarque que dans son diocèse, « pour un certain nombre d’établissements, être chrétien se limite à faire de l'humanitaire », et juge que trop peu de projets éducatifs sont centrés sur « la découverte de la personne de Jésus-Christ ».

Mgr Cattenoz désire que l’enseignement catholique « garde vraiment un caractère propre » et prévient qu’« à force de faire un catholicisme mou, on n’aura bientôt plus de catholicisme du tout ».