samedi 23 août 2008

Madagascar — Le « non » des évêques

Les catholiques de Madagascar, par la voix de Mgr Razanakolona, ne sont pas partants pour appliquer la réforme gouvernementale proposée dans le programme électoral de 2003 du parti au pouvoir.

Les écoles catholiques ne souhaitent pas mettre en application le nouveau système de l’enseignement qui consiste à prolonger jusqu’à sept ans le cycle primaire et qui consacre le malgache comme seule langue d’enseignement jusqu’à la classe de 5e, par la suite l'anglais ou le français serait enseigné en complément. Le réseau catholique privilégie le français comme langue d'enseignement.

La décision a été prise à l’issue d’une session extraordinaire de la conférence épiscopale tenue pendant quatre jours à Antanimena. Les évêques se sont déclarés « non convaincus par la réforme ». « Les écoles catholiques continueront à appliquer l’ancien système sans pour autant faire obstacle à la réforme que l’État envisage d’introduire » , ont-ils déclaré devant la presse hier. L’archevêque de Tananarive, Mgr Odon Marie Arsène Razanakolona a représenté ses « frères » à cette occasion. Les évêques se sont dits prêts à continuer à coopérer avec le Ministère de l'Éducation et de mettre en place la réforme dans leurs écoles après avoir pu juger les effets de celle-ci d'ici quelques années.

Rejet prévisible

Le rejet prévisible des écoles catholiques risque de bouleverser le système scolaire malgache. Elles représentent en effet au moins 40 % des écoles privées à Madagascar. On considère généralement que l’enseignement dispensé par les écoles catholiques est meilleur que celui fourni par les écoles primaires publiques et les autres écoles privées confessionnelles. Quant à ces dernières, elles ne se sont pas encore officiellement prononcées sur ce nouveau système de l’enseignement. Les Églises anglicane et adventiste, ont aussi leurs écoles. En tout cas, ce rejet des écoles catholiques ne manquera pas d’être récupéré par l’opposition qui mène actuellement une campagne de sensibilisation contre cette réforme scolaire.

Anglomanie du président malgache

Le président Ravalomanana, chrétien évangélique, qui maintient des liens très serrés avec les pays anglophones, a récemment décidé de faire de l’anglais la troisième langue nationale du pays. Cette question suscite également des polémiques, étant donné que la langue anglaise est totalement inconnue de la grande majorité de la population malgache. Les observateurs soulignent d’ailleurs que le nombre de professeurs de français est insuffisant et que la première langue du pays présente des variantes très prononcées qui rendent parfois impossible la communication entre des personnes habitant des régions distantes. Madagascar fait partie de la SADC, la Communauté des États de l’Afrique australe. Les autorités pensent que ce changement linguistique va permettre de développer les échanges commerciaux et tout particulièrement avec l’Afrique du Sud, qui est la grande locomotive de cette zone du continent. Les premiers volontaires du Peace Corps sont arrivés cette année pour enseigner l'anglais dans les écoles malgaches.