lundi 22 janvier 2024

La baisse rapide des taux de fécondité pose des problèmes à l'Amérique latine

En 2016, le taux de fécondité de l’Amérique latine est passé sous la barre des 2,1 naissances par femme nécessaires au maintien d’une population stable. La région connaît l’une des baisses de fécondité les plus rapides au monde. Conjugué à l’allongement de l’espérance de vie et à des taux élevés d’émigration, principalement de personnes en âge de travailler, ce phénomène pose un problème à l’Amérique latine : la région vieillit très rapidement.  

Retraitées brésiliennes

Il a fallu 57 ans aux États-Unis pour doubler leur population de personnes âgées de plus de 65 ans, passée de 10 % à 20 %. L’Amérique latine est sur le point d’entamer la même transition en seulement 28 ans. Cela lui laisse peu de temps pour s’adapter à ce que Simone Cecchini, de la Commission économique des Nations unies pour l’Amérique latine et les Caraïbes, qualifie de « changement radical ». Il sera très difficile de faire face à l’explosion du coût des retraites et des soins de santé. Gérer le ralentissement de la croissance économique provoqué par la diminution de la main-d’œuvre en sera un autre.

Prenons l’exemple des retraites. Les pays dotés de systèmes à prestations définies, comme le Brésil et l’Argentine, doivent faire face à des dépenses croissantes en raison de l’augmentation du nombre de bénéficiaires. Le déficit des retraites du Brésil s’élève à 2,6 % du PIB et devrait atteindre 5,9 % d’ici à 2060. Dans les pays qui utilisent des systèmes à cotisations définies, comme le Mexique et le Chili, les retraités trouvent souvent que les paiements sont chiches. La multitude de travailleurs informels de la région ne dispose souvent d’aucune épargne-retraite. Selon la banque centrale du pays, 82 % des Salvadoriens ne cotisent pas à un régime de retraite et n’épargnent pas de manière indépendante pour leurs vieux jours.

La riposte à ces problèmes consiste souvent à distribuer de l’argent aux personnes âgées. Mais ces prestations sont déjà hors de prix. Près d’un quart du budget fédéral mexicain sera consacré à la « pension de bien-être » en 2024. D’ici à 2050, le nombre de personnes âgées de plus de 65 ans susceptibles de bénéficier de cette aide devrait doubler.

Les soins de santé pour les personnes âgées sont encore plus disparates. De nombreux pays d’Amérique latine manquent totalement de services destinés aux personnes âgées. Il y a très peu de maisons de retraite publiques dans la région. Les établissements privés sont coûteux. Traditionnellement, les familles s’occupent les unes des autres. Mais cela devient de plus en plus difficile, car de plus en plus de femmes — les soignants par défaut — travaillent ou ne veulent tout simplement pas s’occuper des personnes âgées.

Selon les recherches de Carola Pessino et de ses collègues de la Banque interaméricaine de développement, toutes les dépenses supplémentaires engendrées par le vieillissement de la population feront en sorte que les obligations des gouvernements d’Amérique latine dépasseront leurs recettes d’environ 3,8 % d’ici 2065 ; cet écart est de 1,7 % dans l’Union européenne. Une fois les personnes âgées prises en charge, il restera « peu de choses à dépenser pour le reste », déclare Mme Pessino.

L’échec du décollage

Les pays à fort taux de natalité, comme la Bolivie, pourraient essayer d’en tirer le meilleur parti. Mais la réussite d’une telle entreprise n’est pas dans les habitudes de la région. Les pays d’Amérique latine n’ont pour la plupart pas réussi à exploiter l’augmentation de leur population en âge de travailler, principalement parce qu’ils n’ont pas réussi à donner aux jeunes des emplois décents.

Au Costa Rica, par exemple, le taux de chômage des jeunes atteint 27 %. Le travail informel est en grande partie responsable de cette situation. Il est courant d’abandonner l’école pour accepter un travail temporaire et informel. Lorsque ce travail prend fin, l’élève ne retourne pas à l’école et n’a pas les compétences requises pour le marché du travail formel. Le fait de maintenir les enfants à l’école plus longtemps serait bénéfique pour l’ensemble de la région.

Là où les personnes à charge seront bientôt plus nombreuses que les travailleurs, il convient d’adopter une approche différente. Il est judicieux de relever l’âge auquel les gens cessent de travailler. Le Brésil a commencé en 2019 à relever l’âge de la retraite qui se situait à 55 ans pour les femmes et 60 ans pour les hommes auparavant. On estime que cela permettra d’économiser 200 milliards de dollars d’ici à 2029, mais il faudra bientôt aller plus loin. L’Uruguay a commencé à relever l’âge de la retraite à 60 ans l’année dernière. Des réformes similaires au Costa Rica sont entrées en vigueur le 12 janvier.

Les pays d’Amérique latine pourraient améliorer leur situation en augmentant leur productivité et en devenant plus attrayants pour les personnes en âge de travailler. On peut faire mieux. La productivité de l’Amérique latine est la deuxième plus faible de toutes les régions du monde après le Moyen-Orient. Il est essentiel de réformer les systèmes éducatifs qui ne permettent pas aux jeunes d’acquérir correctement les compétences dont ils ont besoin. Il semble plus difficile d’attirer les migrants. La croissance économique atone de la région et la montée en flèche des taux d’homicides ne sont pas séduisantes.

L'immigration en France est très familiale et peu éduquée

L'immigration en France est très familiale et peu éduquée, elle n'est pas conçue pour maximiser la contribution économique.

La France est le 1er pays occidental de l’Union européenne en matière d’immigration familiale.

Près de 30% des immigrés en France n'ont même pas le niveau du lycée (fin secondaire/début cégep au Québec).