Le 17 mai 2023, le Musée de la Civilisation a inauguré l’exposition Unique en son genre, qui propose « une série de contenus afin d’éclairer et favoriser une meilleure compréhension des dynamiques qui sont liées [à l’identité de genre] ». Cette exposition est présentée comme une œuvre éducative visant à ouvrir le dialogue. Cependant, elle se révèle être une véritable propagande. Ariane Beauféray et Laurence Godin-Tremblay, deux doctorantes formées respectivement en science et en philosophie, nous expliquent pourquoi.
Une exposition pour informer?
« Nous sommes un musée de société qui évolue avec celle-ci et qui doit donc rester agile pour suivre cette évolution (et parfois même pour tenter de devancer la société en la “brassant” un peu) », indiquait en 2021 Stéphan La Roche, PDG du Musée de la Civilisation.
Comme les questionnements de genre sont en croissance au Québec, il semble opportun d’y dédier une exposition. Cela correspond par ailleurs à l’une des missions du musée, qui est de « faire connaître l’histoire et les diverses composantes de notre civilisation ». Selon le PDG, le musée mène à bien cette mission en « transmettant des connaissances » et en interpelant l’esprit critique du visiteur grâce à « des points de vue multiples pouvant rejoindre le plus grand nombre ».
Lors de notre visite, nous avons toutefois observé que l’exposition vise plutôt à convaincre le visiteur qu’à l’informer, en imposant un point de vue unique et biaisé sur le genre. Or, il existe un mot pour qualifier une œuvre qui fait la promotion d’une idéologie en présentant une perspective réduite et déformée de la réalité : ce mot est propagande.
Dans ce texte, nous dressons tout d’abord un portrait général de l’exposition, de ses créateurs et de leurs intentions. Puis, nous commentons plusieurs aspects présentés en suivant la chronologie de l’exposition. Nous terminons en proposant une réflexion sur le concept de genre. Bonne visite avec nous!
La biologiste Ariane Beauféray s’émerveille des différences sexuelles
PREMIÈRE PARTIE
Propos général, origines et intentions
Repentez-vous de votre binarité
Dès l’entrée, l’exposition impose au visiteur ses « vérités ». Elle lui dicte le seul vocabulaire adéquat pour parler de l’expérience humaine et scinde l’identité de tous en cinq composantes (sexe, genre, identité de genre, expression de genre, attirances sexuelle et romantique). Toutes ces composantes se trouveraient sur un continuum, et les médecins « assigneraient » sexe et genre à la naissance.
Puis viennent les exemples concrets : biologie, culture et témoignages illustrent le propos principal. Et ce propos est fort simple : il faut sortir de la binarité imposée par la société. Car « deux catégories, c’est insuffisant! ».
Quitter la binarité et adhérer plutôt au continuum du genre se compare à passer d’une vie en noir et blanc à une vie en couleurs, plus nuancée et plus riche. À la fin de l’exposition, on comprend que délaisser la binarité oblige également à faire disparaitre la masculinité et la féminité. En effet, « malgré les normes sociales qui encadrent l’expression de genre, il n’y a pas de caractéristiques fondamentalement féminines ou fondamentalement masculines. Les caractéristiques sont tout simplement humaines et tout le monde devrait avoir le droit de s’approprier celles qui lui conviennent ».
Il ne reste au fond qu’une seule identité : celle d’être humain.
Des militants pour créateurs
D’où viennent donc ces déclarations pleines d’assurance? À la scénarisation de l’exposition, on trouve Marie-Philippe Drouin, qui dirige l’organisme Divergenres et qui se dit non-binaire. Et dans le comité scientifique comme dans le comité consultatif de l’exposition, il n’y a quasiment que des activistes LGBTQ+ proposés par GRIS-Québec.
L’exposition n’est donc pas descriptive, et encore moins critique; elle sert une propagande « éducative et trans affirmative » – c’est ainsi que Marie-Philippe Drouin qualifie l’expérience offerte au musée –, qui impose sa loi avec « bienveillance et ouverture ».
Le militantisme est particulièrement flagrant dans le guide de l’exposition. Il interdit clairement toute remise en question, puisqu’il s’agirait de « micro-agressions ». Remettre en question, c’est agresser; agresser, c’est mal; remettre en question, c’est donc mal. Il faut même aller plus loin, et devenir un allié de la cause LGBTQ+, ce qui implique « d’admettre ses erreurs ». Comment ne pas qualifier de propagande une exposition qui qualifie automatiquement toute opinion contraire d’erreur?
Cette exposition ferme le dialogue plus qu’elle ne l’ouvre, contrairement à ce que prétend le PDG du Musée. Les quelques personnes qui ont tenté d’entrer en discussion avec des guides ou autre personnel du Musée ont d’ailleurs frappé un mur.
Lire la suite sur le site du Verbe
Voir aussi
Le chromosome X inactif responsable de la prévalence des maladies auto-immunes chez la femme ?
Le paradoxe de l'égalité entre les sexes c. la théorie du genre (rediff)
Biologie — L’expression de 6 500 différences génétiques distinguent l’homme de la femme
Étude — La testostérone change la structure du cerveauLe cerveau des femmes est mieux préparé que celui des hommes pour faire face aux défauts génétiques
Paradoxe confirmé : l’égalité juridique des sexes renforce les stéréotypes sexuels (chasser le naturel, il revient au galop ?)
Boris Cyrulnik : l’école valorise la docilité des filles et dévalorise la hardiesse des garçons
Cerveau masculin et cerveau féminin
Le paradoxe de l’égalité entre les sexes c. la théorie du genre
Étude norvégienne — Plus un homme participe aux tâches ménagères, plus il y a risque de divorce
Jordan Peterson et l’égalité des sexes : députée et ex-ministre suédoise à du mal à comprendre
Pourquoi l’éducation jouerait un rôle moins important qu’on ne le pense
Étude de 2018 (n=2064) : pas d’effet de menace du stéréotype sur résultats en maths des filles
Jordan Peterson sur l’écart salarial, l’imposition des pronoms trans et la gauche radicale
Décadanse, Libération piège à c... ?, nouveau livre de Patrick Buisson