Communiqué du Mouvement laïque québécois. Nous désapprouvons, bien évidemment, son refus d'exempter des parents de programmes de morale, religion ou philosophie contraires à leurs convictions. C'est pour nous une attitude foncièrement illibérale que nous dénonçons catégoriquement.
MONTRÉAL, le 20 févr. 2012 /CNW Telbec/ - Le vendredi 17 février, le plus haut tribunal du pays a rendu, sa décision dans la cause opposant la Commission scolaire des Chênes et des parents de Drummondville relativement à l'inclusion du cours d'éthique et de culture religieuse dans le programme scolaire québécois.
De conviction catholique, les parents demandaient que leur enfant soit exempté du cours ECR, jugeant qu'il portait atteinte à leur liberté de conscience et de religion, protégée par les chartes canadienne et québécoise de droits et libertés. Ils ont perdu leur cause. La Cour suprême n'estimant pas que l'exposition de l'enfant à des idées autres que celles prônées dans sa famille constitue un préjudice.
Cet appel à la Cour suprême comme celui mené par le gouvernement du Québec dans l'affaire du Collège Loyola entraînera des frais judiciaires élevés qui seront assumés par les contribuables québécois par l'entremise de nos impôts pour défendre un cours controversé qui ne qualifie en rien les élèves québécois. Le Mouvement laïque québécois estime qu'une enquête du vérificateur général serait justifiée pour connaître la totalité des montants engagés dans les procédures qu'a exigées la défense de ce cours devant les différentes instances juridiques.
Le programme ECR est devenu obligatoire en mai 2008. Il remplaçait les programmes d'enseignement moral et d'enseignement moral et religieux, catholique et protestant, dispensés jusqu'alors dans les écoles de la province.
Rappelons que le cours ECR a été élaboré dans la foulée du rapport Bouchard-Taylor et du rapport Proulx. Depuis 2000, le secrétariat aux affaires religieuses (SAR) et le comité aux affaires religieuses (CAR), maîtres d'œuvre de ce programme, ont pris en charge avec un bonheur inégalé et dans la controverse, le processus de déconfessionnalisation du système scolaire . (Le SAR et le CAR sont issus des anciens comité confessionnels (catholique et protestant) du MEQ).
Déjà en 2008, le Mouvement laïque québécois exprimait à la Ministre de l'éducation d'alors, Michelle Courchesne, ses réserves à l'égard du programme. ECR. Son volet éthique n'est sans doute pas dépourvu de valeur. Son principal vice est l'amalgame de ce dernier avec le volet culture religieuse.
La désignation du programme laisse entendre qu'il ya un lien nécessaire entre l'éthique civique, fondement universel du vouloir vivre ensemble dans une société moderne et les doctrines religieuses.
Nous contestions, par ailleurs, la pertinence d'un cours de culture religieuse au primaire où dans les premières années du secondaire. Un enseignement sur le fait religieux, sur l'histoire des religions et sur l'influence exercée par les religions dans l'histoire des civilisations pourrait avoir une certaine pertinence, à un âge, où les élèves ont atteint un niveau d'esprit critique leur permettant de mettre à l'étude les mythes, les symboles, les légendes et les paraboles et les traditions diverses léguées par l'Histoire comme discipline véritablement scientifique. Dès lors, pourquoi ne pas privilégier plutôt un programme d'histoire des civilisations qui tiendrait compte du fait religieux et des doctrines religieuses, mais aussi de l'évolution de la pensée philosophique et des idées politiques, du développement scientifique, de la littérature et des arts. Par ailleurs, le volet culture religieuse n'est pas vraiment un enseignement scientifique sur le fait religieux et s'intégrerait mal à une histoire des civilisations, il est plutôt conçu comme une illustration sommaire et anecdotique des différentes religions.
Ce jugement a au moins le mérite de ne pas remettre le droit à l'exemption à l'ordre du jour, ce que le MLQ n'a jamais réclamé dans ce dossier. Le Mouvement laïque québécois affirme l'urgence d'instaurer une véritable laïcité scolaire au Québec. C'est pourquoi il préconise l'abolition du volet de culture religieuse du programme ECR ainsi que l'abolition du Service d'animation à la vie spirituelle et à l'engagement communautaire, du Secrétariat aux affaires religieuses (SAR) et du Comité sur les affaires religieuses (CAR).
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