vendredi 13 décembre 2019

Québec — Aucun des prénoms de garçon les plus donnés en 2018 n'est typiquement français

Il est né 42 700 garçons et 41 100 filles au Québec en 2018. Le rapport de masculinité, qui rapporte les naissances masculines aux naissances féminines, est de 104,0 et correspond à peu près au niveau attendu, puisqu’il naît naturellement environ 105 enfants de sexe masculin pour 100 de sexe féminin.

Selon la Banque de prénoms de Retraite Québec, Emma était le prénom le plus souvent donné aux filles nées en 2018. Viennent ensuite Alice, Olivia, Léa, Charlie, Florence, Charlotte, Livia, Zoé et Béatrice. Des dix premiers prénoms féminins de 2018, neuf se trouvaient dans la liste de 2017. Livia rejoint le haut du classement, passant de la 21e à la 8e position, tandis que Rosalie glisse du 8e au 13e rang.

Chez les garçons, William est en tête du palmarès. Viennent ensuite Logan, Liam, Thomas, Noah, Jacob, Léo, Félix, Édouard et Nathan. Des dix prénoms masculins les plus populaires en 2018, deux ont changé par rapport à 2017, soit Félix et Édouard qui remplacent Raphaël et Alexis maintenant au 12e et 13e rang. Les dix prénoms les plus fréquents sont donnés à 11 % des filles et à 13 % des garçons nés en 2018.



Tous les prénoms masculins sont anglo-saxons (Logan, Liam, Noah plutôt que Noé) ou bilingues (de mêmes formes en anglais qu’en français si l’on excepte l’accent : Thomas, Jacob, Félix, Nathan). Seul Édouard se distingue mais il est très proche de l'anglais. Aucun de ces prénoms n’est typiquement français : Pierre, Jean, Arnaud, Étienne, Yves, Thierry, etc.

Les choses sont différentes pour les filles, mais c’est peut-être parce que nombreux prénoms féminins français (Alice, Charlotte, Béatrice) sont prisés par les Anglo-Saxons depuis longtemps. Mais on notera l’absence de prénoms typiquement français (non adoptés par les anglo-saxons) : Françoise, Ève, Marie-France, Jeanne,  Mahaut, Manon, Aurélie, etc.


Québec — Près du tiers des bébés ont au moins un parent né à l’étranger

Au Québec, la proportion de naissances comptant au moins un parent né à l’extérieur du Canada était de 32,6% en 2018, comparativement à 21,3% en 2000 et à 12,6% en 1980 (voir tableau ci-dessous). La hausse s’explique surtout par des naissances issues de deux parents nés à l’étranger, dont la part est passée de 7 % à 13 %, puis à 22 % au cours de la même période.

La proportion de nouveau-nés dont l’un des parents est né à l’étranger et l’autre au Canada a aussi augmenté, passant de 5% en 1980 à près de 11% en 2018. Selon les données provisoires, les principaux pays de naissance des mères nés à l’étranger sont l’Algérie, Haïti, le Maroc et la France. Ce sont les mêmes pays pour les pères, Haïti devançant toutefois l’Algérie.


Le Québec — un exemple pour la France ?

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Histoire — Avant Charlot, il y eut Max Linder

Gabriel Leuvielle, dit Max Linder (se prononce/lɛ̃dɛr/), né le 16 décembre 1883 au lieu-dit « Cavernes », à Saint-Loubès (Gironde) et mort le 1er novembre 1925 (à 41 ans) à Paris, fut un acteur et réalisateur français. Il fut, en France, l’une des plus grandes vedettes comiques au temps du cinéma muet ; son jeu et ses inventions ont notamment influencé la création du personnage de Charlot (Charlie Chaplin).


Avec tous ces films, d’une ou deux bobines, le plus souvent écrits et réalisés par lui-même, Max est un triomphe mondial, la première star internationale de cinéma en 1910 (grâce notamment aux encarts publicitaires de Pathé) quelques années avant qu’Hollywood invente les siennes4 (Douglas Fairbanks, Florence Lawrence, Florence Turner, Mary Pickford). Charlie Chaplin s’inspire plus tard de Max Linder pour créer son personnage.




En 1912-1913, il part pour des tournées triomphales à l’étranger, d’abord en Espagne et en Allemagne, où il tourne des scènes qui seront insérées à ses films (Max toréador ou Max, professeur de tango), puis en Russie (Saint-Pétersbourg). Mais c’est surtout la guerre de 1914 qui interrompt cette carrière sans précédent alors que son contrat avec Pathé d’un million de francs prévoit de tourner 150 films sur trois ans, soit un film par semaine. Envoyé au front, gazé, il est définitivement réformé.



La Première Guerre mondiale met un coup d’arrêt brusque à la production cinématographique française pourtant pionnière. Le cinéma français, auparavant un des principaux producteurs de films mondiaux, ne s’en relèvera jamais vraiment. Dès le début, la mobilisation générale vide les studios de tous les hommes valides. Le nord de la France est occupée et détruite. Ce sont dès lors les films américains qui envahissent les écrans français.


PISA — analyse des résultats de la Finlande (en baisse) et de l'Estonie (1re en Occident)

Quand l’Estonie a obtenu son indépendance de l’Union soviétique en 1991. Elle a profité de l’occasion pour remodeler le système éducatif du pays. Mailis Reps, l’actuelle ministre de l’Éducation, affirme que les fonctionnaires et les politiciens ont cherché partout une source d’inspiration, de l’Amérique aux Pays-Bas. Mais ils n’arrêtaient pas de revenir à leurs voisins nordiques. Comme le rappelle Mme Reps, les débats se concluaient souvent sur cette observation : « Essayons cela, ça fonctionne en Suède ou en Finlande. »


Beaucoup d’autres pays ont fait de même.

Tous les trois ans, l’OCDE publie le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), dont la plus récente version est parue le 3 décembre. Le PISA teste les compétences en lecture, en mathématiques et en sciences des jeunes de 15 et 16 ans dans les États membres de l’OCDE, ainsi qu’une série de pays le plus souvent riches. Les résultats fournissent un moyen de comparer les élèves de ces pays. Voilà presque deux décennies que la première enquête a été publiée. À l’époque, il y eut une surprise. La Finlande, qui n’était pas réputée auparavant pour son système éducatif, est arrivée en tête dans le domaine de la lecture tout en excellant dans d’autres catégories.

Ce pays nordique semblait avoir découvert un moyen d’obtenir des résultats brillants sans la discipline et la charge de travail intense des champions d’Asie de l’Est comme le Japon et la Corée du Sud, qui partageaient le haut du podium à l’époque. Les pédagogues ont ensuite envahi Helsinki. Ils en sont revenus et ont fait savoir que non seulement l’éducation y était gratuite et complète, mais que les enseignants étaient très respectés (les syndicats adorèrent ce point) bien formés et bénéficiaient d’autonomie dans leur travail ce qui signifiait souvent permettre aux enfants de découvrir des choses par eux-mêmes. Les écoles dans des pays allant de l’Écosse à la Corée du Sud ont cherché à imiter l’éducation finlandaise. Le Québec ne fut pas en reste, les reportages se succédaient dans la presse canadienne sur la Finlande. Les visites de délégations étrangères en Finlande étaient devenues si courantes que le gouvernement finlandais décida de les rendre payantes. Il en coûte aujourd’hui plus de 1 700 dollars canadiens (1 200 euros) pour visiter une école finlandaise.

Notons ici que, dès 2009, une chercheuse comme Nathalie Bulle prévenait que les traits du système finlandais que copie l’étranger n’expliquent pas le succès finlandais, ils sont au contraire source de problèmes.

Élèves estoniens
Mais voilà, l’image de la Finlande en tant qu’utopie éducative est désormais quelque peu ternie. Les derniers résultats du PISA montrent une nouvelle baisse de ses résultats moyens, une baisse constante qui se poursuit depuis 2006. Les écarts entre les élèves riches et les élèves pauvres se creusent, ce qui est d’une cruelle ironie pour un pays qui se targue d’égalité. L’Estonie, autrefois pâle copie est aujourd’hui le pays plus performant parmi les pays de l’OCDE. Mart Laidmets, le secrétaire général du ministère estonien de l’Éducation, note avec plus qu’un soupçon de satisfaction que, bien que les délégations asiatiques continuent de s’envoler pour Helsinki, c’est de plus en souvent une simple escale pour venir à Tallinn.

L’exemple de la Finlande permet d’expliquer pourquoi il y a eu peu de progrès globaux depuis le début des enquêtes PISA en l’an 2000. L’espoir au tournant du millénaire était que la richesse de nouvelles informations permettraient d’identifier ce qui produit un bon système scolaire, incitant les autres à suivre leur exemple et à le généraliser. Ce n’est pas tout à fait comme ça que les choses se sont passées. Bien que les dépenses par élève aient augmenté de 15 % dans les pays de l’OCDE, les résultats moyens en lecture, en mathématiques et en sciences restent sensiblement les mêmes que lors des premiers tests en l’an 2000. Choisissez un pays au hasard et il est tout aussi probable que ses résultats se soient améliorés que détériorés aux tests PISA.

Comme toujours, les résultats de cette année incluent de nombreux points positifs. Les excellents résultats de Singapour se sont encore améliorés. Même si Singapour n’est plus le pays le plus performant. C’est la Chine ou plus précisément les municipalités de Pékin et de Shanghaï (Chang-haï) ainsi que les provinces du Jiangsu (Kiang-sou) et du Zhejiang (Tché-Kiang) ; l’OCDE refusant de considérant les résultats des régions chinoises plus éloignées, car elle ne peut en garantir la véracité. Dans les régions de Chine retenues, le résultat moyen des élèves en mathématiques est de 591, contre 489 en moyenne dans les pays de l’OCDE, ce qui donne à penser que les adolescents de la région ont environ trois ans d’avance sur la moyenne de l’OCDE. Les pays de rang intermédiaire, notamment la Jordanie, la Pologne et la Turquie se sont aussi améliorés.

Pour chaque Jordanie qui monte, il y a une Finlande qui baisse.

Stabilité globale des résultats, malgré l’augmentation des dépenses en éducation

Une partie de l’absence de progrès global est que les écoles ont moins d’influence sur les résultats que ce qu’on suppose généralement alors que la culture et la société d’un pays en ont plus, ce qui signifie que même les décideurs bien informés ont relativement peu d’influence. Comme le fait remarquer John Jerrim de l’University College de Londres : « Les pays d’Asie de l’Est continueront d’arriver en tête. » Si une solution miracle pour améliorer l’éducation existait, elle aurait déjà été découverte. Pourtant, cela ne veut pas dire qu’on ne peut rien apprendre de PISA. Beaucoup de pays ont vu leurs résultats augmenter ou chuter sans changement culturel spectaculaire. Et, comme le suggèrent les données, une partie de l’absence d’amélioration globale, malgré l’augmentation des dépenses, est qu’au-delà d’un certain niveau (environ 60 000 $ américains par élève, cumulativement entre l’âge de six et 15 ans), il n’y a pas beaucoup de relation entre les dépenses et les résultats des tests.

Importance de la culture, de l’immigration

L’importance de la culture se voit en Estonie et en Finlande, deux pays avec une longue histoire de haut niveau d’alphabétisation, souvent promue par l’Église protestante locale vectrice de la culture nationale menacée par de puissants voisins.

D’autres facteurs échappent également au contrôle des ministres de l’Éducation. L’immigration joue un rôle important, les élèves immigrants récents ont de moins bons résultats que la plupart des élèves de souche dans le monde. La Finlande a connu une légère augmentation du nombre d’élèves immigrants qui ont été soumis à l’enquête PISA au cours de la dernière décennie. Plus de 80 % de ces élèves immigrés ne parlent pas le finnois à la maison, ce qui peut expliquer le grand écart dans les résultats de ces élèves et ceux nés en Finlande. L’Estonie a connu une augmentation similaire du nombre d’élèves immigrés, mais ces nouveaux arrivants sont beaucoup moins susceptibles d’être pauvres que ceux de son voisin nordique.

Le déclin de la Finlande peut faire paraître pour des idiots savants ces pédagogues qui se sont précipités pour copier les écoles finlandaises. Mais en creusant les choses, on peut encore tirer des leçons de la Finlande. Bien que le pays ait la réputation de privilégier une méthode pédagogique « câline », il y a peu ses méthodes pédagogiques étaient plus traditionnelles et directives. En 1996, quatre ans avant le premier lot de résultats PISA, un groupe de chercheurs britanniques a visité le pays. Ils y ont découvert « des classes entières qui suivaient ligne par ligne ce qui était écrit dans le manuel, à un rythme déterminé par l’enseignant... Nous sommes déplacés d’une école à l’autre et nous avons vu des leçons presque identiques — vous auriez pu échanger les maîtres et les élèves n’auraient pas remarqué la différence. » Comme l’a noté Gabriel Heller Sahlgren, un économiste, la plupart des enfants qui ont obtenu un score si élevé lors de la première série de tests en 2000 avaient justement suivi ce genre de scolarité traditionnelle.

Au moment où les résultats PISA 2000 ont été publiés, de nombreuses écoles finlandaises avaient commencé à évoluer dans une direction très différente, ce qui déconcerta nombres d’observateurs et décideurs politiques en tournée dans les écoles finlandaises. Une étude à venir d’Aino Saarinen et ses collègues aux universités d’Helsinki et d’Oulu analyse les données PISA de 2012 et 2015 pour constater que les enfants des écoles qui accordaient le plus de liberté aux élèves pour décider de leur propre apprentissage étaient précisément ceux qui avaient obtenu les pires résultats en mathématiques et en sciences. Ceux des familles pauvres et migrantes ont le plus souffert. Plutôt que d’adopter une heureuse solution médiane entre la lecture collective d’un manuel ligne par ligne et le fait d’abandonner les enfants à eux-mêmes, les écoles finlandaises ont continué à expérimenter. Une série de nouveaux établissements scolaires a ainsi été construite sans salles de classe. Un nouveau programme d’études, introduit à partir de 2016, encourage les leçons sans matières définies à l’avance.

Malgré tout, il subsiste de nombreuses similitudes dans l’organisation des systèmes éducatifs estoniens et finlandais. Très peu d’écoles sont payantes, par exemple, et les deux systèmes cherchent à minimiser le nombre d’examens et la ségrégation selon le niveau des élèves. Rando Kuustik,directeur de l’école Jakob Westholm dans le centre de Tallinn, dit que sa priorité est le bonheur de ses élèves et qu’ensuite sa mission est de « les aider à mieux se débrouiller dans le monde que lorsqu’ils sont entrés à l’école ».

Estonie un cas particulier

Bien que les enseignants de M. Kuustik commencent à modifier leur style d’enseignement notamment en faisant plus de place au travail de groupe, « nous sommes encore une école très traditionnelle », explique-t-il. Avant que les élèves ne travaillent en groupe, l’enseignant s’assure qu’ils maîtrisent la matière sur laquelle ils vont travailler en groupe. Les règles sont claires et les enseignants dirigent les leçons de l’avant de la classe (le style magistral tant honni par certains pédagogues). Les universitaires font état d’une image semblable dans l’ensemble du pays. Tim Oates de Cambridge Assessment, une société qui organise des examens dans le monde entier, salue le programme d’études rigoureux et cohérent du pays.

Une grande partie de cela peut servir de leçon. Mais tout pays qui espère importer le modèle estonien dans son intégralité risque d’être déçu. Le pays a connu une croissance économique rapide au cours des trois dernières décennies, ce qui est généralement associé à de meilleurs résultats scolaires. L’émigration d’une partie de la population (souvent moins nantie) ainsi qu’un indice de fécondité très faible (environ 1,5 enfant/femme comme au Québec) signifient que la population scolaire a chuté de 29 % depuis 2000 et font de l’Estonie un système éducatif inhabituel. L’Estonie a perdu près de 15 % de sa population depuis 1989 (fin de l’URSS) passant de 1 565 662 à 1 324 820 habitants en 2019. Andreas Schleicher, responsable de l’éducation à l’OCDE, note qu’il existe un « degré sain de concurrence » entre les écoles pour attirer les élèves restants. Dans les écoles primaires rurales, il n’est pas rare d’avoir des classes formées de deux ou trois élèves seulement, dit Mme Reps, ce qui signifie que ses élèves reçoivent une instruction qui s’apparente à des cours particuliers donnés par des précepteurs. Une école a même réussi à rester ouverte pendant deux ans sans aucun élève, chose que la plupart des autres pays n’auraient probablement pas imitée.

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